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Deuxième procès-verbal.

« L'an deuxième de la République française une et indivisible, le 26 prairial, neuf heures du matin, nous, Joseph-Etienne Delètre et Marc-Antoine Baudot, députés à la Convention nationale, commissaires nommés par décret du 18 pluviôse et 22 floréal, pour la levée des scellés apposés chez les députés de la Convention nationale mis en arrestation ou hors la loi, et pour remettre les pièces aux différens comités de la nation qu'elles concernent;

En vertu de notre arrêté du 25 du présent mois, portant indication à ce jour pour l'examen des papiers qui sont sous les scellés par nous apposés, ainsi que ceux apposés par le juge de paix de la section de la République, chez Fabre d'Eglantine, cidevant député à la Convention nationale, où étant arrivés vers l'heure susdite, assistés du citoyen Gougis, secrétaire, Charbonnier, commissaire de la police des Tuileries, Louis François, membre des comités révolutionnaires de la même section, Jean Heuzet, membre du comité de bienfaisance de la section de la République, assesseur du juge de paix, faisant les fonctions de juge par intérim, et Jacques-François Hablau, commissaire du département pour nous assister dans la continuation de nos opérations; où étant arrivés à l'heure susdite, et assistés comme dessus, rue de la Ville-l'Evêque, n..., maison qu'occupait ledit Fabre d'Églantine; étant montés dans un appartement au premier, avons trouvé le citoyen Louis-Jean Gautier, gardien desdits scellés, lequel s'était chargé, à la suite de notre précédent procès-verbal, de nous représenter les scellés qui étaient restés à sa garde, sains et entiers, à la première réquisition qui lui en serait faite. Cet examen fait des scellés, tant par ledit juge de paix par intérim que par le commissaire du département, qui les ont reconnus sains et entiers, et comme tels levés et ôtés, pour ensuite être procédé par nous à la continuation de l'examen des papiers qui se trouvent sous iceux, ainsi qu'il suit :

› 1. Entretien du colonel adjudant général Chérin avec le général prince de Cobourg, le 13 avril 1793.

» 2. Sauf-conduit délivré à Fabre d'Églantine par le roi.

3. Deux lettres du général Kellermann, datées de Metz, l'ane du 27 et l'autre du 30 octobre 1792, pour renseignemens. » 4. Notes sans datè ni signature.

» Et attendu qu'il est deux heures sonnées après midi, nous représentans du peuple soussignés, assistés comme dessus, etc.; etc.

Troisième procès-verbal.

1. Note relative au citoyen Leprince.

2. Lettre d'Urbain Dauvergne à Fabre d'Églantine, relative à Charles Pougens.

3. Lettre de Bernard à Fabre d'Églantine, sans date ni renseignemens.

» 4. Note pour renseignemens.

» 5. Lettre de Daubigny et Westermann, du quartier-général de Mouzon, armée du centre, du 24 août 1792.

6. Extrait de deux lettres de Servan et Kellermann, du quartier général de Longuyon, le 21 octobre 1792, auxquelles est jointe la capitulation de Longwy.

7. Lettre de Kellermann, du quartier général de Longuyon, le 21 octobre 1792.

8.

Copie d'une lettre écrite par la reine.

› 9. Note intitulée l'Ami du dauphin.

> 10. Lettre du ministre de la guerre Servan à Fabre d'Églantine, pour renseignemens.

11. Lettre sans date ni signature, pour renseignemens, sur les armées.

12. Adresse et réclamation du sieur Blanchet et de ses créanciers unis. A remettre au conseil de liquidation.

› 13. Note sans date ni signature, pour renseignemens.

14. Lettre de la Courtille, le 30 août; l'an quatrième de la liberté, par laquelle on demande à Fabre d'Églantine un passeport.

» 15. Lettre de Sambat, pour renseignemens. ›

Quatrième procès-verbal.

« 1. Note sans signature ni date, pour renseignemens. , 2. Lettre de Sully.

» 3. Lettre de Fréron, datée de Paris, le 2 septembre.

> 4. Lettre de Lemoine-Crécy, du 27 avril 1793.

3. Lettre de Pache à Fabre d'Eglantine, du 14 décembre 1792.

»6. Lettre signée Henifs, pour renseignemens.

> 7. Lettre de Fabrefond, datée de Nanci, le 1er avril 1793.

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8. Dénonciation des commissaires de Saint-Dominique contre Brissot, Gensonné et autres.

› Nous, représentans du peuple susdits et soussignés, assistés comme dessus, etc., etc.

-Nous empruntons à une brochure intitulée : Réponse de Philippeaux à tous les défenseurs officieux des bourreaux de nos frères dans la Vendée, etc., les trois lettres suivantes de ce conventionnel à sa femme.

Première lettre de Philippeaux à sa femme.

« Au Luxembourg, le 11 germinal.

Je te conjure, ma tendre et vertueuse amie, de soutenirle coup qui nous frappe avec autant de calme et de sécurité que j'en éprouve dans ma nouvelle demeure; je crois y être aussi bien que peut l'être un prisonnier. La cause qui m'a procuré cet acte de vengeance doit élever et agrandir nos ames. Sois digne d'elle et de moi, en repoussant toute atteinte de douleur et d'accablement. Il est beau de souffrir pour la République et le bonheur du peuple. Je te salue et te presse contre mon cœur.

» PHILIPPEAUX.

> Je viens d'apprendre que Danton, Camille et Lacroix sont également arrêtés: j'en ignore la cause..

Seconde lettre de Philippeaux à sa femme.

« Au Luxembourg, le 12 germinal.

› J'ai reçu hier, ma vertueuse et tendre amie, le paquet de linge et d'ustensiles que tu m'as envoyés.

› Je t'engage d'aller à la Convention avec mon fils, et de lui demander pour quel crime je suis arrêté, séquestré de la société entière, et réduit à ne pouvoir pas même lire un journal. Tu connais mon cœur; jamais il n'eut rien de mystérieux pour toi, et tu sais que le plus ardent amour de la République, le plus pur dévouement à son salut, est mon unique passion. Il y dans mon arrestation une bien fatale méprise, ou une grande scélératesse. Je voudrais que cette énigme me fût expliquée, pour connaître au moins mon sort. Au surplus, du courage et de la dignité : la femme d'un martyr et d'un homme vertueux ne doit prendre le ton suppliant vis-à-vis de personne.... Si vous êtes justes, brisez les fers de la vertu outragée. Si vous êtes des lâches ou des méchans, je n'ai plus rien à vous dire.

» Envoie-moi, je te prie, une demi-livre de tabac ; car j'en manque depuis hier au soir, et je dirais presque comme le bon Suisse, que c'est comme si on manquait de pain. Au reste, tous les égards de l'humanité me sont offerts, et si tu obtiens la permission de me venir voir, tu seras contente de mon petit logement.

› Embrasse mon Auguste. >

Troisième et dernière lettre de Philippeaux à sa femme.

« Au Luxembourg, le 15 germinal.

. Enfin, ma vertueuse et respectable amie, je n'ai plus le tourment du doute sur le genre du crime, dont les ennemis de toutes vertus ont jugé convenable à leur politique de m'accuser. Hier, à onze heures et demie du soir, un huissier du Tribunal révolutionnaire est venu me signifier l'acte d'accusation, avec la liste des jurés et témoins, en présence desquels je vais paraître à neuf heures. Je me nourrissais dans ce moment des réflexions d'Hel

vétius sur la probité, la gloire et la vertu. Sans admettre les sophismes ingénieux de ce philosophe sur les principes matériels et périssables de nos facultés intellectuelles, j'ai toujours été son disciple sur la morale et le tendre amour de l'humanité. J'avais malheureusement oublié les Dialogues du bon J.-JACQUES, qui avaient fortifié mon ame, et versé un baume consolateur sur les blessures que lui a faites depuis trois mois la noire méchanceté de mes implacables ennemis... Je me suis couché à minuit, non sans agitation. Un sommeil paisible de cinq heures me rend frais et dispos pour la grande épreuve que je vais subir; mon cœur et ma conscience m'assurent qu'elle n'aura rien de fatal.... Cependant, mon amie, comme la justice des hommes est sujette à tant de passions et d'erreurs, je suis résigné à tout; s'il faut à la patrie une victime bien pure et bien dévouée, j'éprouve un certain orgueil à lui servir d'holocauste. Le supplice injuste d'un homme de bien avance quelquefois plus une révolution que celui de mille scélérats. J'aime à croire que tu te pénétreras de ces grandes idées, et te roidiras contre toute faiblesse, indigne de la cause sublime pour laquelle je suis proscrit. Porcia et Cornélie doivent être les modèles, comme j'ai toujours invoqué l'ame de Brutus et celle de Caton. Je laisse auprès de toi une tige précieuse, digne de la République; tu te dois tout entière à l'éducation de cet être intéressant. Communique-lui ton ame et la mienne; les exemples de son père le porteront à la vertu. Quand il sera d'un âge à pouvoir s'élever aux idées sublimes, pénètre-le du sentitiment de l'Étre-Suprême et de l'immortalité de l'ame. Ce dogme consolateur est le seul refuge de la liberté flétrie et opprimée. J'espère qu'alors la République sera bien affermie; car je la crois impérissable, malgré toutes les horreurs dont on la souille. Qu'il se contente de dire: Mon père a concouru de tout son être à cimenter le bonheur de ses semblables; mais point de ressentiment ni de vengeance contre mes oppresseurs; ne seront ils pas assez punis par leurs remords? Que jamais aucune passion odieuse ne déshonore la gloire de mon sacrifice. Quand on a tout fait pour sa patrie, c'est elle-même qui doit nous venger, sans y être pro16

T. XXXII,

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