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l'Eglise romaine, de 1198 à 1431, M. L. Delisle montre que le mot Apren. désigne le siège épiscopal d'Apros en Macédoine, dans la province de Verissa, que le Hugues en question était évêque in partibus d'Apros et qu'il convient dès lors de le rayer de la liste des évêques d'Avranches, où il était difficile de concilier sa présence avec ce que l'on sait de la vie de Richard l'Anglais, qui occupa ce siège de 1259 à 1269.

M. Le Verdier fournit des explications au Conseil sur le projet de publication de la correspondance du P. P. Miromesnil, conservée à la Bibliothèque de Rouen, et comprenant la période qui s'étend de 1757 à 1768. Il dépose sur le bureau la copie de cette correspondance, qui est de nature à former plusieurs volumes. Le projet est renvoyé à l'examen d'une Commission composée de MM. Félix, Héron et Huet.

M. le Président propose, au nom de M. Hippolyte Sauvage, la publication, dans le prochain recueil de Mélanges, d'un manuscrit inédit de la Bibliothèque Nationale, intitulé: Origine et Antiquités de la ville de Vire.

M. Héron propose, pour le même recueil, une chronique rouennaise du xvr° siècle, qu'il a recueillie à la Bibliothèque Nationale.

Ces deux documents feront l'objet d'un rapport ultérieur.

II

DOCUMENTS HISTORIQUES

EXTRAIT DU JOURNAL DE JACQUES PAPAVOINE, BOURGEOIS

DE ROUEN (1673-1723), RELATIF A LA SÉDITION DE ROUEN DE 1709.

Le récit qui suit est emprunté à un document dont il a été question dans notre dernier Bulletin, le journal de Jacques Papavoine. Il ne nous reste rien à dire de l'auteur, ni de sa manière d'écrire. L'émeute de 1709 est un fait assez notable dans l'histoire de Rouen. Les Délibérations de l'Hôtel-de-Ville ne la font que très imparfaitement connaître. Il nous a semblé qu'on s'en rendrait un compte plus exact en lisant le récit qu'en a fait, sans souci de publicité, un témoin oculaire, auquel il faut pardonner son style inculte et reprocher seulement sa passion et sa partialité. Disons, en effet, que, lorsqu'on lit la Correspondance des contrôleurs généraux des finances avec les intendants des provinces, publiée par M. de Boislisle, t. III, pp. 140, 141, 142, 143, 179, 180, on voit que rien ne subsiste des accusations dirigées par Papavoine contre M. de Courson. Les vrais coupables furent certains conseillers du Parlement, « jaloux de ce que la police des blės eût été confiée par le gouvernement à l'Intendant ». Celui-ci accusait le procureur général et un conseiller d'avoir débité les mauvais contes», propres à soulever le peuple contre sa personne. Dans une lettre confidentielle

au contrôleur général, le Premier Président dénonce tout particulièrement le conseiller clerc Papavoine de Canappeville, plus imprudent que mal intentionné, parlant << beaucoup à tort et à travers, sans savoir, bien souvent, << les conséquences de ce qu'il disoit » et le procureur général M. de Bernières-Baudot, lequel agissoit au<< tant par bêtise que par malice, poussé par des gens plus dangereux... et que par ses discours on prendroit << moins pour un procureur général du Roi que pour un << procureur du parti opposé au Roi. » (Correspondance des contrôleurs généraux, p. 181.)

CH. DE B.

Janvier 1709. L'hiver a esté extraordinairement rude par toute l'Europe que, de vie d'homme, l'on a veu un pareil hiver si long, ayant continué à Rouen par cinq fois, de sorte qu'après Pasques l'on se chauffoit. Ce qui a causé disette de bois, manquer de travail, tout arresté, les vivres manquer pour les chemins impraticables par les grandes neiges qui ont tombé dont jamais furent pareilles, plusieurs morts de froid, pieds et mains gelés. Charté de bois : ce qui valoit 14 s. a esté vendu 45 s. S'est ensuivy au commencement d'avril charté de grains et de vivres : le pain de 3 s. 6 d. à 15 et 18 s. les 6 marques ou 6 livres; la viande de mesme. Sidre, vin, eau-de-vie renchéris de plus d'une moitié; pauvreté, misere, argent très court, petite gaigne, metiers demeurés, plein de pauvres, force hausse, droits d'entrée sur tout, qui minent et réduisent le peuple à l'extremité, guerre contre l'Allemagne, l'Angleterre, Hollande, Portugal, la Savoye; l'Espagne à quy la France subvient d'hommes et

d'argent ainsy que les mécontents de Hongrie. L'argent de l'écu à 4 1. diminué jusques à 3 1. 7 s.; nouvelle fonte, reforme des espèces de 4 1. et louis d'or de 16 1. 10 s. ainsy que les menues espèces reformées; charges, impôts, capitation, droits augmentez et journellement de nouvelles inventions de charges imposées sur toute sorte de personnes. Lorsque l'on demande justice, les debours, les frais, les droits des officiers sont si grands qu'il est comme impossible de pouvoir y subvenir, ce qui porte mille et mille personnes à se laisser périr d'affaire, aimant mieux perdre leur bien que de plaider, abandonnant le tout en proye au plus fort; parjures, fraude... nulle conscience, sans charité; médisance, usure, sont en usage pour persecuter le juste et l'homme craignant Dieu et l'opprimer; plus de religion, plus de confiance dans le commerce; enfin le mal est à son comble, ne tenant pour la vraye religion en ce temps-ci que l'argent. Celuy qui en a, celuy qui sait l'attraper finement et par ruse, subtilité, celuy-là est un très honneste homme. Il a la bonne religion du temps, il est riche, il a de l'or, de l'argent, c'est un homme d'honneur et de bien. Mais n'a-t-il ny or ny argent il est heretique..., buffeté, critiqué, blâmé de sa trop bonne conscience, regardé comme un homme abandonné de Dieu et de sa bienveillance, mais il attend patiemment sa délivrance de son Dieu, le juste juge...

Le grand et pénible hiver a esté très cruel, fort terrible et amer à passer. Le travail a cessé par diverses fois. Rien de plus cher que le bois, et les vivres chers. Enfin, les blés ont gelé en la plus grande partie : il a fallu les relabourer, les resemer en orges et avoines. La fleuraison est très belle et plus que belle, mais sans feuilles. Après quoi toute la fleur est tombée. Le quart des arbres morts, et pas de fruits, de

sorte que dans un très long espace de contrées, de pays, de provinces, point de pommes à couteau ni à sidre, point de poires. L'année ne se pourra pas dire, tant en grains qu'en boisson, avoir le tiers d'année de récolte. Point de nois : tous les noyers sont morts. Abricots, orangers, citronniers, pruniers morts sans ressource. Les grains, blé, orge, avoine, seigles, fèves, pois... tout d'une charté horrible, l'argent rare, travaux et métiers faillis; le pain depuis 2 s. la livre à Paris à 8 s.; à Rouen, pauvreté, misere et la guerre... Nul ne peut payer ce qu'il doit pour loyer..., les rues couvertes de pauvres et nécessiteux,... rien de plus désolant et chétif. Dieu, le père de toute substance et de nourriture, nous veille faire la grâce de passer ce temps de calamité sans murmure, ains le louer, le glorifier, le prier qu'il nous reçoive en mercy, nous accorde sa paix, son amour et sa crainte!

Les blés ont monté jusques à 6 1. le boisseau pesant. Enfin le travail a manqué le 1er juillet generalement.

L'Intendant de la province Lamongnon (1) a enharré par sous-main les grains, et a esté accusé... d'en avoir fait enlever de la province et fait revendre à la halle au double de ce qu'il avoit payé (2), fait le mesme des sidre et boissons, mesme des toiles brunes à la halle, point rendu de justice, et autres concussions.

Le 2e (juillet) grand murmure du peuple. Les drapiers,

(1) Guillaume-Urbain de Lamoignon, marquis de la Motte, comte de Launay-Courson, nommé intendant à Rouen le 3 novembre 1704.

(2) « Le blé de l'Intendant étoit du blé que M. de Courson avoit très sagetent fait serrer dans les greniers de la Ville pour suppléer à la halle lorsque celui des blatiers et des marchands de grains n'y suffiroit pas et qu'il y faisoit porter de temps en temps, lorsqu'il voyoit que la halle n'étoit pas abondante.» (Lettre du Premier Président. Correspondance des Contrôleurs généraux, etc., t. III, p. 181.)

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