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est revenu d'une première erreur, quand nous avons ncore, malgré le trouble qui est dans les esprits, assez de liberté de jugement pour apprécier ce qu'on nous présente, venir ici proposer le papier-monnaie, sans que rien puisse l'excuser, sans que rien puisse le justifier, sans qu'il offre la moindre ressource à l'État, c'est ce qui m'arrache le mot, peut-être un peu dur, mais que je crois justifié, le mot d'exécrable.

(Vive approbation sur presque tous les bancs. L'orateur, en descendant de la tribune, reçoit les félicitations d'un grand nombre de ses collègues.)

Le projet du comité fut rejeté par 578 voix contre 210.

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L'article 109 du projet de Constitution soumis à l'Assem blée nationale, dans sa séance du 19 juin, disposait que tous les Français, sauf les exceptions fixées par la loi, devaient en personne le service militaire, et que le remplacement était interdit. Postérieurement la commission avait supprimé les mots en personne, ainsi que la phrase : le remplacement est interdit, et avait proposé de renvoyer à la loi organique du recrutement le soin de statuer sur la question du remplacement. Lorsque l'article 109 vint à discussion en séance publique, un membre de l'Assemblée, M. Deville, demanda que le texte primitif fût rétabli, fondant son opinion à cet égard sur ce que l'article ainsi rédigé serait plus conforme aux principes démocratiques et d'égalité, et qu'il appartenait plutôt à la Constitution, statuant sur l'organisation de la force publique, qu'à une loi spéciale, de résoudre une question aussi grave que celle du service personnel et du remplacement militaire.

M. le général de Lamoricière, ministre de la guerre, et

VIII.

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M. de La Rochejacquelein, favorables l'un et l'autre au principe du remplacement, insistèrent pour que ce principe fût immédiatement consacré par la Constitution, et un amendement dans ce sens, portant que le remplacement était maintenu et que les conditions en seraient déterminées par une loi spéciale, fut proposé par MM. Bourbousson et WaldeckRousseau.

M. Thiers prit la parole pour le soutenir, et il insista sur cette grave considération que, si la faculté de remplacement était supprimée, la durée du service personnel devrait être réduite, et qu'une pareille réduction serait la destruction, dans l'armée, de l'esprit militaire.

Citoyens représentants,

Si je monte à cette tribune pour traiter devant vous la question qui vous est soumise, ce n'est pas que je regarde le vote comme douteux, c'est parce que je crois utile pour le pays tout entier d'éclaircir cette importante question.

Les opinions que je viens émettre devant vous, sur le sujet qui vous occupe, sont chez moi fort anciennes, fort réfléchies. Elles sont le résultat de longues études sur la force de notre pays, sur les éléments qui la constituent, sur la force des pays voisins, et si, malgré la divergence de nos sentiments, vous me permettez de parler de mon patriotisme, j'ose le dire, elles sont le fruit d'un ardent patriotisme.

Nous appartenons ici à des partis divers. Nous dif

férons sur les formes de gouvernement, et, en admettant tous la forme actuelle, nous voulons les uns une république moins démocratique, les autres une république plus démocratique. Les gouvernements délibérants sont faits pour qu'on ait le droit de différer même sur des sujets fondamentaux. Mais il y a une occasion dans laquelle nous devons être tous du même avis, c'est quand il s'agit de la grandeur du pays. Alors tous les partis doivent disparaître, toutes les nuances d'opinions s'effacer; et, s'il y avait même, je n'hésite pas à le dire, s'il y avait quelques sacrifices d'opinion à faire, quand il s'agit de la grandeur du pays, il faudrait s'y résigner; et je vous déclare que moi, qui appartiens à une opinion bien connue ici, s'il fallait, comme cela est arrivé hier dans la question de la centralisation, où j'ai voté contre les hommes avec lesquels je vote ordinairement, s'il fallait faire le sacrifice de mes penchants, je n'hésiterais pas si la force du pays y était intéressée, et je vous honore assez dans votre patriotisme (l'orateur se tourne vers la gauche) pour croire que, si, dans l'opinion que je viens exprimer ici, il y avait quelque chose de contraire à vos inclinations ordinaires, le grand intérêt de la puissance du pays vous entraînerait.

J'espère donc, non pas vous convaincre, mais vous donner au moins des raisons qui vous toucheront, car, je le répète, elles sont prises dans le grand et capital intérêt de la puissance du pays.

Je dis ceci, parce que je voudrais sur-le-champ écar

ter les préoccupations diverses qui pourraient nuire à la question, pour lui rendre son vrai caractère, son unique caractère, qui est la meilleure organisation de la force publique. Et, après m'être adressé à tous les partis, je m'adresserai au cabinet, et je lui dirai que ceux de ses membres qui m'ont vu, dans le sein de la commission de Constitution, soutenir avec chaleur, avec toute la force dont je suis capable, les opinions que je vais exposer, doivent avoir bien compris, bien reconnu, que je ne cherche pas en ce moment à créer une difficulté au ministère. Loin de moi cette pensée. Je ne l'avais pas avant l'entrée des derniers membres qui en font partie, je l'aurais encore moins après... (bruit), et j'espère que, continuant à garder aujourd'hui la réserve à la fois digne et convenable que le cabinet a toujours gardée dans les discussions relatives à la Constitution, sans abdiquer le droit que chacun de ses membres a comme représentant, il laissera à l'Assemblée le soin de résoudre elle-même la grave question dont elle est en ce moment occupée.

Messieurs, cette question se présente sous deux points de vue essentiels : d'abord sous le point de vue social, et puis sous le point de vue militaire.

On reproche à la faculté de remplacement d'être contraire à la véritable égalité, et quelques personnes, en bien petit nombre, il est vrai, ont semblé croire que peut-être la force publique serait mieux organisée, si le remplacement était supprimé. Eh bien, Messieurs, j'espère vous démontrer que le remplace

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