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heur des nations. C'est avec le temps, avec beaucoup d'ordre, de sécurité, de bonne volonté et de lumières réunies, que petit à petit on arrive à faire le bien; mais il n'est personne qui le tienne tout entier dans sa main.

Et vraiment ceux qui le tiendraient dans leur main et qui ne le laisseraient pas échapper sur l'humanité seraient les plus atroces des hommes! Mais quand on ne l'a pas, et vous ne l'avez pas plus que nous, on est criminel de venir l'annoncer sans cesse. C'est ce crime que nous voulons arrêter. (Applaudissements et bravos répétés à droite et au centre.)

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M. THIERS.-Soit! Eh bien, en quittant cette tribune, je vous réitère encore la sommation d'apporter ce bien suprême! Les réponses que vous ferez à mes raisonnements sur la presse ne sont pas les plus pressantes; faites-les si vous voulez; mais la meilleure réponse à me faire, la vraie manière de me confondre, c'est d'apporter ici ce bien suprême dont vous vous dites les possesseurs, et que vous ne possédez pas plus que nous.

Si vous ne l'avez pas, venez donc nous aider à le réaliser lentement par l'ordre d'abord, et puis par beaucoup d'efforts successifs, si vous ne voulez pas être placés un jour dans cette horrible et funeste impuissance dont je vous menace.

VIII.

20

Si vous devez être, dans l'avenir, les maîtres de notre pays, venez, préparez avec nous ce bien désirable; mais n'annoncez pas que vous êtes capables de le donner, car, le jour où vous seriez appelés à le donner sans pouvoir tenir parole, vous seriez accusés de n'avoir été que des imposteurs en promettant au peuple ce que vous n'aviez pas à votre disposition.

(Applaudissements prolongés à droite et au centre.)

Le projet de loi fut adopté par 400 voix contre 146.

CLVII

RAPPORT

SUR LE PROJET DE LOI RELATIF A DES

CRÉDITS EXTRAORDINAIRES

POUR L'EXPÉDITION DE ROME

PRÉSENTÉ LE 12 OCTOBRE 1849

A L'ASSEMBLÉE NATIONALE

Nos troupes s'étaient emparées de Rome, où régnait l'anarchie la plus profonde, et leur présence y avait bientôt rétabli l'ordre et la tranquillité. Mais le général Oudinot et notre agent diplomatique, M. de Corcelle, désireux l'un et l'autre de se décharger de l'administration des États pontificaux, s'étaient empressés d'en remettre la direction absolue et entière à trois cardinaux délégués du saint-père, sans avoir stipulé au préalable les conditions et garanties de réforme que leur devoir, suivant les intentions bien connues du gouvernement français, eût été d'exiger. Aussi, en arrivant à Rome, les cardinaux délégués avaient-ils rétabli tous les anciens procédés de police et d'administration, et le pape, demeuré provisoirement à Gaëte, s'était borné à adresser à ses sujets une proclamation dans laquelle il annonçait son prochain retour dans ses États et ne faisait même pas mention des grands services que venait de lui rendre la France. Mécontent de la faiblesse et de l'imprévoyance témoignées, dans cette circonstance, par le général Oudinot et M. de Corcelle, le gouvernement français les rappela l'un et l'autre,

et, sous l'influence du même mécontentement, le président de la république crut devoir faire partir pour Rome son aide de camp, M. Edgard Ney, en lui écrivant, avec mission de la communiquer au nouveau commandant de nos troupes, le général Rostolan, une lettre qui fit grand bruit alors. Cette lettre, qui n'avait pas été soumise à l'adhésion du conseil des ministres, contenait une invitation officieuse d'avoir à réclamer une amnistie générale, la sécularisation de l'administration, l'octroi d'institutions libérales, et les instructions officielles envoyées à nos agents étaient d'ailleurs conçues dans le même sens.

Sur ces entrefaites, le pape, se décidant à rentrer à Rome, annonça par un motu proprio les concessions qu'il entendait faire. Ces concessions étaient : 1° la création d'un conseil d'État dont les membres, choisis par le pouvoir pontifical, devaient donner leur avis sur toutes les affaires administratives; 2° l'institution d'une consulte nommée également par le saint-père, à l'examen de laquelle seraient soumises toutes les questions de finances; 3° l'organisation de conseils provinciaux, également à la nomination du saint-père, chargés de discuter les intérêts de leurs provinces et choisissant sous leur responsabilité, les agents d'exécution; enfin des conseils municipaux, élus par des électeurs propriétaires, devaient délibérer et statuer sur toutes les affaires communales. Une amnistie aussi était accordée, mais avec des restrictions telles, qu'elle ne pouvait s'appliquer qu'à un très petit nombre d'individus. Ce motu proprio était loin de répondre aux désirs du gouvernement français. Néanmoins ce dernier, pour éviter un conflit, jugea prudent de ne soulever aucune objection, se réservant de prendre ultérieurement les mesures nécessaires pour que les promesses faites fussent tout au moins accomplies; mais, comme les frais de l'expédition avaient de beaucoup dépassé les prévisions et qu'il importait de maintenir nos troupes à Rome, sous peine

de les y voir remplacées par des forces autrichiennes, trois projets de loi furent présentés à l'Assemblée nationale à l'effet d'ouvrir un crédit de 140,000 francs au ministre des affaires étrangères, un crédit de 1,945,000 francs au ministre de la marine, et un crédit de 6,818,000 francs au ministre de la guerre, le tout afférent à l'expédition de Rome.

Ces trois projets furent soumis à l'examen d'une commission spéciale, qui fut d'avis de les adopter, et chargea M. Thiers d'exposer les motifs de sa résolution.

Messieurs,

L'intervention de la France dans les affaires de Rome a été le sujet de fréquentes discussions, soit dans l'Assemblée constituante, 'soit dans l'Assemblée législative. De nouveaux faits s'étant produits, le gouvernement a eu la sage pensée de devancer lui-même toutes les demandes d'explication, en vous apportant spontanément, dès la reprise de vos travaux, une suite de projets de lois qui étaient nécessaires pour régulariser les dépenses de notre expédition, et qui devaient fournir en même temps l'occasion des plus amples éclaircissements. Une Commission formée dans votre sein a examiné, sous tous ses rapports, moraux, religieux et politiques, la grave question dont il s'agit; elle a entendu MM. les ministres, pris connaissance de nombreux documents, et elle me charge de vous soumettre le résultat de ses réflexions.

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