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traire, à se rendre plus criminelles encore, c'est-à-dire, à commettre l'infanticide. Les départements se sont déjà prononcés en grand nombre sur ce sujet, et le moment approche où la question, envisagée sous les aspects les plus divers, éclairée par des expériences de tout genre, pourra être définitivement résolue par le législateur. C'est à la sous-commission chargée des établissements relatifs à l'enfance qu'est remis le soin de préparer, à ce sujet, des propositions convenables.

La même sous-commission examine si l'on ne pourrait pas multiplier, étendre les sociétés de maternité; s'il n'y a pas moyen de mieux régler les bureaux de nourrices, de mieux garantir contre la cupidité des femmes de la campagne les enfants abandonnés que l'État leur confie; s'il n'est pas possible de mieux ordonner, d'étendre encore davantage, de rendre plus salutaires aux enfants, sans les rendre plus dispendieuses, les Salles d'asile. Elle a déjà préparé trois projets de loi qui vous seront incessamment présentés, le premier relatif au travail des enfants dans les manufactures, le second à l'apprentissage, le troisième aux jeunes détenus. Le résultat de ce dernier devra être d'envoyer tous les jeunes détenus dans des colonies pénitentiaires agricoles, analogues à l'établissement de Mettray.

Enfin les établissements des Sourds-Muets, des Jeunes Aveugles, si admirables comme exemples de ce qu'on peut faire pour suppléer avec certains dons

de la nature à ceux qu'elle a refusés à l'homme, ces établissements peuvent-ils s'étendre, se multiplier, de manière à ne pas rester à l'état de simples modèles intéressant la science, la philosophie, soulageant les infirmités de quelques grandes villes, pour devenir des établissements usuels, et y recevoir les sourdsmuets et les aveugles de la France entière? Telle est la dernière question soumise à cette sous-commission, qui n'est pas la moins chargée des trois sous-commissions entre lesquelles se partage l'œuvre si vaste de pourvoir aux misères sociales.

C'est là l'ensemble des propositions relatives à l'enfance et à l'adolescence. On peut rêver une autre manière de faire le bien, la rêver de bonne foi, faute d'esprit pratique ou de lumière suffisante; on peut aussi, sans y croire, la proposer comme un moyen de tromper et d'irriter les masses, et alors promettre qu'il n'y aura ni un enfant sans mère, ni une mère sans aisance, ni un enfant fatigué par le travail, ni un enfant en peine de se tracer sa voie dans la carrière de l'industrie, et proposer de réaliser toutes ces promesses avec les finances publiques, sauf à s'arrêter bientôt, non devant l'injustice du fardeau des impôts, mais devant un obstacle plus positif, plus invincible, celui de l'impossibilité radicale de pourvoir aux dépenses créées. Mais, si l'on ne sort pas des vrais principes sociaux, on ne pourra imaginer d'autres manières de venir au secours de l'enfance, que celles que nous avons indiquées. Qu'on tire de celles

là tout ce qu'elles peuvent donner, et l'on aura déjà produit immensément de bien, et réparé immensément de mal. Épuisons au moins le possible avant de songer à l'impossible.

AGE MUR.

L'âge mûr, où l'homme jouit de toutes ses forces, et peut mieux se passer du secours des autres, est l'àge qui, dans un système sensé d'assistance, doit réclamer à un moindre degré les institutions de bienfaisance. Si le principe, que chacun doit se suffire à lui-même, à moins d'infirmités ou de circonstances extraordinaires, et que nul ne doit faire peser sur la société le fardeau de sa paresse ou de son imprévoyance, si ce principe est vrai, c'est surtout à l'âge mûr qu'il est applicable. L'homme à cet âge doit se suffire, non seulement à lui-même, mais suffire aux besoins de sa femme, de ses enfants, de son père et de sa mère; aux besoins de sa femme, pour qu'elle le soigne à son tour dans les moments de chagrin et de maladie; à ceux de ses enfants, pour qu'ils lui rendent ces soins plus tard aux jours de sa vieillesse ; à ceux de ses parents enfin, pour acquitter la dette qu'il contracta envers eux aux temps de son enfance. Un homme valide, laborieux, doué d'une intelligence ordinaire, qui ne se livre pas à tous les vices, peut, avec son travail, dans nos sociétés civilisées, suffire à ces diverses obliga

tions, à moins de circonstances heureusement accidentelles comme une maladie, un chômage, une grêle, une inondation. Que la société s'efforce, dans ces cas accidentels, de secourir l'homme valide, c'est un noble soin à imposer à sa prévoyance, à demander à sa vertu, et dont l'accomplissement sera la mesure de l'estime qu'elle mérite. Mais, hors ces cas exceptionnels, la société qui voudrait, à quelque degré que ce fût, se charger du sort d'une partie de ses membres, en ferait des oisifs, des turbulents, des factieux, aux dépens de tous les citoyens laborieux et paisibles auxquels le même privilège ne s'appliquerait pas. Elle périrait sous la ruine financière et la violence des factions encouragées par l'oisiveté. Une partie des citoyens, et la meilleure, payerait de ses sueurs les loisirs de ceux qui bouleverseraient le pays et contribueraient à le plonger dans la misère.

Tels sont les principes vrais, éternels, de la société humaine. Mais c'est justement cet àge, pour lequel nous ne disons pas qu'il n'y ait rien à faire, mais pour lequel nous affirmons qu'il y a moins à faire que pour aucun autre, c'est cet àge qui a donné lieu aux plus funestes, aux plus extravagantes utopies. Moins, en effet, il y a de bien sérieux et réel à réclamer, plus on en demande aux gouvernements, qui, de tyrans qu'ils sont rarement dans notre siècle, devenus esclaves, se trouvent exposés aux exigences des passions les plus folles.

Ainsi, récemment, et au milieu du trouble des

esprits, on a demandé à l'État d'assurer, dans tous les temps, à toutes les professions, du travail toujours prêt; de mettre à la portée de chaque ouvrier qui voudrait se faire entrepreneur des moyens de crédit; de fournir même des fonds à ceux qui voudraient s'associer pour exercer en commun le rôle d'entrepreneurs; de répandre les capitaux non seulement dans les villes mais dans les campagnes, à l'aide d'un système de crédit foncier, dont le premier instrument serait le papier-monnaie. Votre Commission a soigneusement examiné ces prétendus moyens de secourir l'homme en pleine jouissance de ses facultés, et, pour l'âge mûr comme pour l'enfance et la vieillesse, elle a fait le départ entre les moyens chimériques et les moyens positifs, entre les moyens innocemment chimériques et les moyens perfidement chimériques. Elle a donc successivement discuté le droit au travail, les systèmes de crédit ayant pour but de mettre les capitaux à la portée de l'ouvrier dans les villes, du cultivateur dans les campagnes, les associations ouvrières instituées pour exploiter collectivement, avec ou sans les fonds de l'État, les diverses industries, et elle m'a chargé de vous exposer dans quelle mesure et par quels motifs elle admettait ou repoussait ces divers systèmes. Si elle a repoussé absolument les uns, ou témoigné peu de confiance à l'égard des autres, elle a néanmoins reconnu qu'il était des misères pour l'âge mûr comme pour l'enfance et la vieillesse, misères malheureusement trop réelles, auxquelles la so

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