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licitée par une révolution, n'avait manqué à aucun de ces soins. Les tours, les bureaux de nourrices, les sociétés de maternité, datent de temps fort anciens. L'ingénieuse et touchante invention des crèches et des salles d'asile, la vigilance de la loi étendue sur les enfants travaillant dans les manufactures, ou tombés trop jeunes sous les coups de la justice, datent des dernières années de la monarchie. Le cœur de cette société n'était donc pas demeuré froid et insensible devant les misères de l'enfance. Mais rien n'est jamais achevé en ce monde, et tout ce qui avait été imaginé en ce genre reste à compléter ou à perfectionner. Dans une bonne intention on avait voulu supprimer les tours il faudra probablement les rétablir. Il y a quelques améliorations à apporter aux salles d'asile on vous les proposera. Il faut faire exécuter la loi qui défend d'abuser des forces des enfants dans les manufactures; il faut réformer en entier le système de l'emprisonnement pour les jeunes détenus: il faut enfin s'occuper de l'apprentissage; trois lois sont nécessaires sur ce sujet ; elles sont déjà prêtes, et déposées ou près de l'être.

Pour l'âge mûr, avons-nous dit encore, il faut s'en rapporter davantage à l'homme, qui, ayant l'usage de ses forces, n'a pas besoin que la société s'occupe autant de lui, et qui doit plutôt lui rendre des services qu'en attendre d'elle. Néanmoins on a prétendu de notre temps que l'État pouvait, par des établissements de crédit, mettre les capitaux à la portée de tous les

ouvriers des villes comme des campagnes, travaillant individuellement ou collectivement. Votre Commission ne croit point à ce système exagéré de banque; elle croit peu au crédit foncier, tel qu'on voudrait l'établir à l'imitation de l'Allemagne, et condamne absolument celui qui tendrait à l'introduction du papier-monnaie. Elle repousse formellement les associations qui ne se fonderaient qu'avec un capital fourni par l'État, et elle espère peu des autres, parce qu'elles ne présentent pas un principe d'action suffisant.

On a prétendu que l'État était obligé de fournir du travail à qui lui en demanderait. Votre Commission, s'appuyant sur le bon sens et sur la Constitution, repousse l'idée d'une obligation pareille. Mais elle croit qu'il serait sage de distribuer autrement les travaux de l'État, de les ralentir pendant que l'industrie prospère, pour les développer quand elle chôme. Si l'examen la confirme dans son opinion, elle vous proposera, à cet égard, une institution nouvelle qui atteindrait le but désiré. Après les travaux de l'État mieux répartis, il reste la colonisation, à laquelle votre Commission croit qu'on peut recourir quelquefois, et dont l'Afrique fournirait une utile application. Ce sujet soulève des discussions, qui sont déjà entamées, non terminées, dans le sein de votre Commission. Les dépôts de mendicité complètent la série des secours que la société peut offrir à l'homme privé de travail. Votre Commission, fidèle au principe que chaque homme valide doit se suffire à lui-même, à moins de maladies ou d'acci

dents extraordinaires, regarde les Sociétés de secours mutuels comme le moyen d'assistance le plus naturel, le plus vrai, le plus digne, pour l'homme dans l'âge mûr. Une loi vous est soumise pour mieux régler le régime de ces sociétés.

Entre les soins que l'ouvrier néglige le plus, il faut ranger celui des logements. Ici votre Commission a cru que la société pouvait quelque chose par sa prévoyance. Une loi a été rédigée, discutée, et vous a été soumise avant ce rapport.

Arrivant ainsi au terme de la carrière de l'homme, et touchant à l'époque où il ne pourra plus rien pour lui-même, il faut se demander comment il pourvoira à ces jours de défaillance. L'économie est le moyen naturel et légitime. Quelle est la meilleure économie? Est-ce celle des caisses d'épargne, ou bien celle des caisses de retraite? Votre Commission s'est prononcée pour la première, qui, en créant un capital toujours à la disposition de l'ouvrier, lui permet de s'élever dans son état, de former ses enfants, de se préparer ainsi le véritable asile des vieux jours, une famille aisée et reconnaissante. La société, dans ces derniers temps, n'a rien laissé à désirer sous le rapport des caisses d'épargne. Mais, en préférant le premier mode d'économie, votre Commission ne repousse pas le second, celui des caisses de retraite, si ces caisses sont particulières et fondées avec les subventions de ceux qui doivent en profiter. L'économie qui contribuerait à fonder une caisse des retraites doit-elle être forcée ?

Votre Commission regarde cette contrainte comme impraticable, car elle tendrait à mettre l'État à la place de tout le monde, et à le rendre dépositaire et responsable des économies de toute une nation, ce qui serait insensé et inexécutable. Nous répétons que votre Commission repousse pour lui un tel fardeau. Elle croit peu prudent de marcher au même but par une voie indirecte, celle des subventions ou primes fournies par l'État. Elle repousse toutefois les subventions moins péremptoirement que la retenue forcée. Votre Commission, tout en croyant qu'on fait sortir l'État de sa véritable sphère d'action en l'obligeant à s'occuper des retraites de tout ce qui n'est pas fonctionnaire, admet que l'État soit le trésorier de ces nouvelles caisses d'épargne, converties en tontines. Une loi présentée par une commission spéciale, et amendée par le gouvernement, va être discutée devant vous, et vous fournira l'occasion de vous prononcer.

Enfin restent pour la vieillesse les hospices, dont on ne peut pas développer à volonté les ressources, mais dont on peut rendre l'usage moins pénible pour le peuple, moyennant quelques modifications dont l'utilité, l'à-propos, sont en discussion.

Tel est le cercle entier que nous avons eu à parcourir.

Ce qui est bon, incontestable, l'ancienne société, inspirée par son cœur et par la religion, l'avait imaginé ou dans les anciens temps ou dans les temps les plus récents. Pas un jour elle ne s'était arrêtée dans la voie

du bien, car dernièrement encore elle inventait et créait les crèches, les salles d'asile, les caisses d'épargne, les colonies pénitentiaires pour les jeunes détenus, les règlements pour le travail des enfants, et, si elle renonçait aux tours, c'était par un désir d'amélioration, désir erroné à notre avis, mais dont il est facile de revenir. Ce que la société ancienne ou contemporaine a laissé à faire, est justement ce qui est douteux, problématique, contestable, et c'est par ce motif que cela reste à faire, car on a couru tout d'abord à ce qui était simple, naturel, incontestablement bon et utile. Mais, bien que les institutions auxquelles on n'a pas encore eu recours soient les plus contestables, il n'en résulte pas qu'elles soient toutes condamnables, qu'on ait, par conséquent, tout inventé autrefois, tout perfectionné, et qu'il faille désormais s'arrêter. Loin de nous une telle erreur, qu'on nous imputera, mais que nous ne commettons pas !

Quoiqu'il y ait beaucoup de bien anciennement accompli, il en reste donc beaucoup à faire, mais ce bien n est pas celui qu'on rêve, et pas tout celui qu'on imagine. En cela comme en toute chose, l'État, qui n'est que l'homme lui-même, est enfermé dans l'étroite limite du possible, et promettre d'en sortir ce n'est pas en sortir, c'est prendre un engagement insensé, c'est créer des espérances qui deviennent ensuite des douleurs, souvent même du désespoir. Et si nous avons mis quelque soin à montrer que l'ancienne société avait beaucoup fait, et déjà essayé presque tout ce qui

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