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est praticable, ce n'est pas pour nous livrer à une fâcheuse et inutile querelle de parti, c'est uniquement pour ramener les esprits de bonne foi au sentiment du possible, et leur prouver qu'en ce genre il ne suffit pas de vouloir, de désirer, de promettre, pour pouvoir. Du reste, ne nous disputons pas à l'occasion du bien fait ou à faire ancienne ou nouvelle société, peu importe! Charité privée, charité publique, charité religieuse, individus, corporations, État, tout le monde doit être bienvenu dans cette œuvre; tout le monde y est nécessaire; tout le monde, avec le plus grand zèle, courra la chance d'y être insuffisant. Sachons que les infirmités humaines sont immenses, et que ce n'est pas assez du concours de toutes les volontés agissant librement pour les soulager. Ne repoussons personne, admettons tous ceux qui se présenteront. Bornonsnous seulement à ne pas tromper le peuple, à ne pas nous tromper nous-mêmes, en promettant ce qui ne se peut pas. En cherchant à nous placer dans la réalité, nous n'avons pas voulu diminuer la masse du bien possible loin de nous une telle impiété ! Nous avons voulu seulement diminuer la fatale et dangereuse masse du bien promis, et malheureusement impraticable.

Au surplus, votre Commission pense qu'une discussion générale est nécessaire sur les questions traitées dans ce rapport.

Si tel des principes généraux de votre Commission était contesté; si telle des idées qu'elle a condamnées,

comme certains établissements de crédit industriel ou foncier, comme certaines associations ouvrières, comme la retenue obligatoire, comme l'intervention de l'État à prix d'argent dans l'organisation des caisses de retraites, semblait, au contraire, devoir être adoptée, et donner lieu à des dispositions législatives, des décisions de l'Assemblée, exprimées par des renvois à la Commission, ou des ordres du jour motivés, pourraient amener une solution définitive. Ce n'est qu'après une pareille épreuve que ces importantes questions devront être considérées comme résolues. Du reste, votre Commission se met à vos ordres, et attendra que vous ayez fixé la manière de procéder qui vous semblera la plus convenable. Elle a voulu, pour le présent, vous faire connaître ses principes, la direction imprimée à ses travaux, et l'état même de ces travaux. Tel est l'objet du rapport préalable et général que nous avons l'honneur de vous soumettre. S'il n'a pas pour objet la loi sur l'assistance que le gouvernement vous a présentée il y a quelques mois, c'est qu'il est impossible de se fixer sur l'établissement d'une administration générale de l'assistance en France, avant d'être fixé sur les questions que nous venons de discuter devant vous. Ces questions une fois résolues, il sera possible de se prononcer sur l'utilité et la convenance d'une pareille création. Avant de créer un instrument, il faut connaître l'objet auquel l'instrument doit s'appliquer. Votre Commission a donc cru devoir ajourner son rapport sur cette loi, pour soumettre auparavant à votre

examen les questions générales. Les solutions qu'elle vous propose, quoique adoptées à la presque unanimité, ont toutefois été contredites par une minorité. Quelque peu nombreuse que fût cette minorité, il est néanmoins de notre devoir de vous déclarer qu'elle a existé, et qu'elle a opiné contre plusieurs des conclusions de ce rapport. Vous prononcerez, Messieurs, entre elle et nous, avec la sagesse et la fermeté qui n'ont cessé de vous distinguer depuis le commencement de vos travaux.

CLXI

DISCOURS

SUR

L'INSTRUCTION PUBLIQUE

(CONSEILS ACADÉMIQUES DÉPARTEMENTAUX)

PRONONCÉ LE 13 FÉVRIER 1850

A L'ASSEMBLÉE LÉGISLATIVE

Dans le cours de la deuxième délibération sur ce projet de loi, M. Wallon proposa de substituer à l'art. 7 présenté par le gouvernement et portant qu'il serait établi une académie par département, une nouvelle rédaction ainsi conçue : « Il y aura une académie par ressort de cour d'appel, un recteur et un conseil académique au chef-lieu de chaque cour, et un conseil spécial d'instruction primaire dans chaque chef-lieu d'arrondissement. » A l'appui de cet amendement, son auteur fit observer que non seulement la création d'une académie par département entraînerait une augmentation considérable de dépense, mais qu'elle désorganiserait un cadre éprouvé par quarante années d'expérience et aurait pour résultat inévitable l'affaiblissement du niveau des études. M. de Montalembert répondit que l'institution des académies départementales était une des dispositions fondamentales de la nouvelle loi, qu'en adhérant à cette institution, la commission avait voulu placer au centre même du département le

VIII.

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foyer de l'enseignement national en y faisant intervenir trois forces qu'on n'aurait pu réunir dans des conditions normales au chef-lieu de chaque cour d'appel, à savoir, l'église, l'administration et le suffrage universel. En effet, à quel titre à ce chef-lieu aurait-on pu faire entrer dans le conseil le préfet, l'évêque, le représentant du conseil général du département, lorsqu'on en aurait exclu leurs collègues des autres départements du ressort? C'était donc au chef-lieu de chaque département qu'un conseil académique devait être établi, et M. de Montalembert n'hésitait pas à reconnaître que c'était en vue d'y introduire l'évêque, et avec lui l'influence du clergé et de la religion, que le système proposé avait obtenu la préférence. Cette influence, en effet, était indispensable pour rétablir dans l'enseignement la morale qui chaque jour s'en éloignait davantage, et l'orateur avait la confiance que l'instruction n'aurait pas à en souffrir.

M. Barthélemy Saint-Hilaire prit ensuite la parole pour défendre l'Université contre les attaques injustes dont elle était l'objet, pour démontrer que c'était en vue d'un intérêt politique surtout que l'organisation proposée avait été imaginée, qu'on espérait en effet, par un nouveau système d'éducation s'emparer de l'esprit de la jeunesse, modifier ses tendances ramener la société à des idées contraires aux grandes innovations opérées en 1789, et qu'une pareille tentative était grosse de périls.

M. Thiers monta de nouveauà la tribune pour défendre et l'art. 7 du projet de loi et l'ensemble du système de ce projet.

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