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me confondre et ce sera le bon moment, au terme de la discussion, au moment du vote.

A droite. Parlez! Ne vous arrêtez pas aux interruptions!

M. THIERS. Eh bien, nous avons supprimé l'autorisation préalable. Aujourd'hui, tout le monde, pourvu qu'il n'y ait pas, de la part des autorités compétentes, objection sous le rapport de la moralité, pourvu que la capacité soit constatée par un examen dont vous réglez aujourd'hui les conditions, tout le monde pourra enseigner, tout le monde, vous, le clergé, notre honorable collègue et l'évêque de Langres; c'est la liberté sans restriction.

Voix à gauche. Et les livres !

M. THIERS. Et les livres? Je vais vous répondre.
Plusieurs voix à droite. — C'est jugé! Ne répondez

pas!

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M. THIERS. J'en demande pardon à quelques-uns de mes honorables amis qui me disent: C'est jugé! Non, rien n'est jamais assez jugé; nous parlons devant le pays, l'occasion est solennelle, il faut que nos arguments soient sans réplique. (Rires à gauche.)

Mais, mon Dieu! la réplique, vous l'aurez. Opposez quelque chose de sérieux à ce que je dis.

Tout le monde pourra enseigner, à moins d'objections contre la moralité, et après la preuve de la capacité. Que voulez-vous de plus ? (Interruption à gauche.)

Autrefois, on disait : Vous enseignerez telle chose

et pas telle autre : aujourd'hui nous disons à quiconque se présente, toujours à cette double condition que j'indiquais tout à l'heure: Il n'y aura pas d'établissement de plein exercice ou d'établissement qui ne serait pas de plein exercice; vous pouvez enseigner tout ce que vous voudrez enseigner. Quand vous aurez formé des élèves, on ne leur dira plus: Vous venez de tel établissement de plein exercice, ou pas de plein exercice, de tel établissement libre ou pas libre, de tel établissement ecclésiastique ou laïque; non. On leur dira: Vous venez de chez un maître que la loi avait accepté, présentez-vous pour les grades, et, si vous prouvez que vous avez le savoir nécessaire, sans examiner votre origine, on vous admettra. Est-ce la liberté, n'est-ce pas la liberté?

Voix à droite. - Oui! Oui!

M. THIERS. · Maintenant, cherchez dans le passé; ne déclamez plus, cherchez dans ce passé, remontez à l'origine de la question, et dites-nous si les conditions de la liberté d'enseignement ont été un seul jour, depuis vingt ans que la controverse dure, si les conditions de la liberté d'enseignement ont été entendues d'une autre manière; si vous trouvez dans les discussions antérieures la preuve que les conditions de la liberté d'enseignement n'étaient pas celles que j'énonce, c'est-à-dire que tout individu qui a prouvé sa moralité et sa capacité peut enseigner, tout enseigner, je me déclare battu et je reconnais que la loi est mauvaise, mais je vous mets au défi, en remontant

jusqu'à vingt ans de discussion en arrière, de m'apporter une autre condition de la liberté d'enseignement. Voix à gauche. - Et les jésuites!

M. THIERS. Je vais arriver aux jésuites.

Maintenant, un de nos collègues, tout à l'heure, s'est récrié et a dit : « Et les livres ! » Je le remercie de l'interruption, et je vais vous prouver à quels nonsens on est conduit quand on veut nier des vérités aussi palpables que celles-là.

Y a-t-il quelqu'un qui ait jamais admis que la liberté d'enseignement doive être sans répression aucune, soit quant aux professeurs qui manqueraient aux lois de l'État, aux lois de la morale, soit, quant aux livres qui contiendraient des manquements à toutes ces choses sacrées?

Vous avez la liberté de la presse. Y a-t-il quelqu'un parmi vous qui la voulût sans répression, sans limites? Je mets de côté les lois présentes; je sais qu'il y en a plusieurs dont vous êtes à peu près les auteurs, et que vous trouverez détestables, soit!..... (Rumeurs et dénégations à gauche.) Je sais que vous êtes les auteurs de plusieurs articles qui sont aujourd'hui en vigueur.

M. PASCAL-DUPRAT.

contraire!

M. THIERS.

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Vous ne voulez pas même de celles

qui ont été faites quand vous étiez en majorité. Soit!

J'abolis les deux années d'histoire qui viennent de s'écouler. (Rumeurs à gauche.)

Je les abolis. Vous ne vous plaindrez pas de moi. (Rires à droite. - Nouvelles rumeurs à gauche.)

M. PASCAL-DUPRAT. - Nous n'avons pas oublié vos dix-huit ans, monsieur Thiers; nous nous en souviendrons!

Voix à gauche. Les lois de septembre vous appartiennent, monsieur Thiers!

M. THIERS. Eh bien, vous n'êtes pas les auteurs des lois présentes; soit! Mais je vous demande ceci : Admettez-vous, par exemple, en matière de liberté de la presse, qu'on puisse tout écrire contre l'État, contre les lois, contre les institutions? Admettezvous cette liberté de la presse sans mesure? Répondez! Non, vous ne l'admettez pas. Eh bien, s'il n'y a personne qui ose, ici, se lever pour me dire qu'il est possible de concevoir une liberté de la presse ainsi faite qu'on pourra tout écrire contre l'État, contre la loi, contre les individus, je vous demande, à plus forte raison, s'il est possible d'admettre une liberté d'enseignement sous laquelle on pourra tout enseigner contre la loi, contre la morale, sans aucune répression.

Une voix à gauche. Non, c'est évident.

M. THIERS. C'est évident. Si donc il est évident qu'en matière d'enseignement on ne peut pas laisser tout enseigner, comme en matière de presse on ne peut pas laisser tout dire, vous m'accorderez que je suis la chaîne d'une logique entre les chaînons de laquelle je ne laisse pas un seul intervalle; vous m'accorderez que je ne manque pas à la liberté d'ensei

gnement, quand je veux établir, avec la Constitution, qu'il y aura une surveillance de l'État.

Eh bien, cette surveillance de l'État, elle porte sur les livres, elle porte sur les individus qui enseignent. Maintenant, de ce que nous avons ajouté à la liberté complète, que j'ai analysée tout à l'heure, la surveillance qui consiste dans l'inspection, dans les conseils académiques, et dans le conseil supérieur; de ce qu'il y a des conseils, soit dans les départements, soit au centre de l'État, faisant la police de l'enseignement, vous n'êtes pas fondés à dire que la liberté n'existe pas. C'est la liberté avec le gouvernement de la liberté ; c'est la liberté que tout le monde est obligé d'admettre à moins d'être insensé. (Très bien! Très bien!) Maintenant il ne reste plus que cette objection à laquelle nous avons répondu tant de fois. Ce gouvernement ne vous plaît pas; il est composé d'une manière qui ne vous rassure pas.

Mon Dieu, nous l'avons discuté; je le répéterai encore ce conseil supérieur, objet ordinaire, continuel, de toutes les attaques, comment l'avons-nous composé? Quatre ecclésiastiques sur vingt-huit individus... (Exclamations à gauche.)

Un membre à gauche. Cela est vieux; donneznous quelque chose de plus nouveau!

M. THIERS. Cela n'est pas nouveau? Cela est fastidieux?... Croyez-vous, permettez-moi de vous le dire parce que nous sommes polis envers nos adversaires, croyez-vous que nous ne pourrions pas aussi

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