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toutes les industries; nous les avons toutes appelées, toutes entendues, contradictoirement. Je possède des documents considérables, et c'est sur ces documents certains que j'appuie les chiffres que je cite. Qu'on les conteste, je les rétablirai; mais, en apportant ces détails, je traite la vraie question. (Oui! Oui!)

Je dis et j'affirme que le tisserand qui gagnait 30 sous en gagne 40, que le fileur qui en gagnait 40 en gagne 50, et gagne quelquefois 3 francs. Voilà pour la filature.

Pour la métallurgie, si je vous disais à quel point, grâce aux nouveaux procédés, les prix ont changé, vous en seriez surpris, vous les contesteriez bien plus. Il existe à Paris quelques-uns des plus grands établissements qui soient en France; allez-y: si l'on veut ordonner une enquête, nous irons tous, et vous pourrez vous convaincre de la vérité.

Eh bien, voici ce que j'affirme. Grâce aux perfectionnements résultant de la concurrence, dans la métallurgie, les prix ont doublé, triplé quelquefois. Un tourneur, un forgeron, un ajusteur (je prends les noms spéciaux des professions), qui gagnaient 3 fr. gagnent aujourd'hui 5, 6 et 7 fr. Il y a une profession dans la métallurgie, celle des mouleurs, qui arrive à gagner jusqu'à 8 et 10 fr. Mais, Messieurs, ne croyez pas que je veuille vous faire un tableau de prospérité pour vous endormir sur les malheurs du peuple; non, je veux seulement vous faire suivre la véritable marche des choses, et chercher les vrais moyens, qui ne sont pas ceux qu'on vous propose.

Maintenant comparons les prix de la maind'oeuvre aux prix des objets de consommation. Les voici. Quant à la nourriture, les prix sont à peu près les mêmes la viande a un peu augmenté; le pain (j'ai ici un tableau du prix du pain dans les principales villes manufacturières depuis 1814), le prix du pain est le même; les salaisons, qui sont l'une des matières les plus importantes de l'alimentation, ont peu varié et se sont beaucoup améliorées.

Quant aux vêtements, tout ce qui est coton est de 80 pour cent meilleur marché; les tissus qui coûtaient 35 sous coûtent aujourd'hui 7 sous. Pour la draperie, qui est encore un objet important de la consommation de l'ouvrier, les prix sont réduits de 50 pour 100. Pour les logements, les prix sont augmentés, c'est vrai; savez-vous dans quelle proportion? Les logements de l'ouvrier qui représentaient 90 francs représentent 120 francs. Cette augmentation tient à une cause accidentelle, le penchant des industries à se rapprocher des grandes villes. C'est un malheur. La législation y peut quelque chose. Proposez-nous des moyens convenables, nous y adhérerons, pourvu qu'on ne viole aucun des principes sur lesquels la société repose.

Je ne repousserai pas, quant à moi, des propositions qui auraient pour but d'abandonner des terrains de l'État, de les accorder à des constructeurs qui bâtiraient des maisons d'ouvriers. Là il y a des moyens praticables; indiquez-les, nous vous écouterons comme

d'honnêtes gens voulant le bien les uns et les autres, non comme des factieux cachant de mauvaises intentions. (Bruit. Interruption.) Cela ne s'adresse à personne, à personne! (L'agitation continue.)

Non, je n'applique à personne cette expression. M. BUVIGNIER. Faites expliquer l'orateur sur le mot factieux.

M. LE PRÉSIDENT. L'orateur a dit qu'il ne l'applipliquait à personne dans cette enceinte.

M. THIERS. Je ne l'applique à personne.

M. FLOCON. Les factieux sont les royalistes. (Agitation.)

M. THIERS. -J'entends un interrupteur, je ne sais lequel.

M. FLOCON.Il y en a plusieurs.

M. THIERS.- Qu'il se nomme!

(M. Flocon se lève.)

Voix nombreuses.

M. LE PRÉSIDENT.

A l'ordre! à l'ordre!

Je ne veux pas permettre que

la discussion dégénère ainsi en interpellations ou en réponses. M. Thiers a la parole.

M. FLOCON. - Je demande à répondre. (A l'ordre! A l'ordre!)

M. THIERS.Je n'abandonne pas la parole, monsieur le président.

M. FLOCON, de sa place. - L'orateur... (Bruit.)

M. LE PRÉSIDENT.-M. Flocon veut dire probable

ment que

c'est lui qui a interrompu.

M. FLOCON. Je ne puis pas me nommer, si ce

n'est pas à mon interruption qu'on veut répondre. (A l'ordre! A l'ordre!) L'orateur a dit...

-

M. LE PRÉSIDENT. L'orateur ne renonce pas à la parole, il a seul la parole.

M. THIERS. Je répondrai.

M. FLOCON. A quoi?

M. DE RANCE et d'autres membres.

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Rappelez à l'ordre, monsieur le président; c'est votre devoir. M. THIERS. Je prie l'Assemblée de me permettre d'interrompre pour quelques instants le cours de mes idées. Il y a un mot qui est prononcé quelquefois de ce côté (montrant la gauche), et qu'on vient de prononcer de nouveau : c'est le mot de royaliste. Est-ce que nous avons jamais désavoué nos opinions passées? (Interruption.)

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M. LE PRÉSIDENT. Veuillez ne pas interrompre. Ne passionnez pas le débat; il est déjà assez grave de sa nature.

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M. THIERS. Je suis habitué à ces colères des partis; je les ai essuyées il n'y a pas longtemps encore, et je les ai toujours bravées... (Vives exclama tions à gauche.)

Je les ai bravées et je les braverai encore, quand mon devoir l'exigera. Je suis fàché que celui qui m'interrompt n'ait pas eu l'honneur d'appartenir aux anciennes assemblées; je lui rappellerais que, lorsque des hommes qui (aujourd'hui ils nous le disent) étaient républicains sous la monarchie, à laquelle ils avaient prêté serment, lorsque ces hommes prenaient la pa

role, si quelqu'un, dans l'ancienne majorité, leur avait reproché d'être des républicains, nous aurions fait taire ce membre de la majorité comme violant le droit du député. (Exclamations à gauche.)

A droite. Oui! Oui! Très bien!

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M. LE PRÉSIDENT. Veuillez ne pas interrompre. L'assemblée ne doit pas permettre que l'on change le caractère de ce débat; c'est un débat général.

M. FLOCON. Je demande la parole pour un fait personnel.

M. LE PRÉSIDENT.-M. Flocon aura la parole après M. Thiers.

M. THIERS. Nous faisions, dis-je, respecter les droits de tout le monde, nous vous faisions écouter. (Nouvelle interruption.)

Montrez votre justice, je suis charmé qu'elle éclate à tous les regards. Nous vous faisions écouter, nous faisions respecter autant que possible les droits de tout le monde; et vous qui nous avez donné la république, apparemment pour que nous fussions plus libres, lorsqu'une partie de cette assemblée, qui a eu comme vous, et peut-être plus que vous, l'honneur du suffrage universel, lorsque cette partie de cette assemblée veut faire entendre sa voix, vous prétendez lui interdire la parole par des qualifications rappelant les anciens partis auxquels nous avons appartenu!...

Je dis que, lorsqu'on agit ainsi, on prouve qu'on est un parti sans justice et sans mémoire. (Très bien! Très bien! - Rumeurs à gauche.)

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