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213 reschal. Le titre de cette Bible porte : « Biblia cum summariorum apparatu pleno quadruplicique repertorio insignita.» On lit à la fin: « Lugduni, in officina Jacobi Mareschal » (1519). Cette famille Mareschal a donné deux autres imprimeurs et libraires, Jean et Pierre M., qui exerçaient leur double profession à Lyon en 1495. (Lyon.) V. de V.

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Faire péter le Cheval de Bronze (VI, 138). L'avarice de Henri IV est proverbiale et les Mémoires du temps n'ont point ménagé le Béarnais à cet égard. Sa statue équestre, placée sur le terre-plein du PontNeuf a, jusqu'à la Révolution, été nommée par les Parisiens le Cheval de Bronze; sur les plans, elle n'est désignée que de cette façon. L'expression s'explique dès lors d'elle-même : elle est une double allusion. C'est dans le même ordre d'idées qu'il faut chercher l'explication de « Chien d'aumônier du Cheval de Bronze, >> Fort mal payé par le susdit cheval, l'aumônier devait peu nourrir son chien qui avait de bonnes raisons pour être très-maigre. MOSCA.

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-Que faut-il entendre par le cheval de bronze? Eh! mon Dieu, celui-là précisément qui, aujourd'hui encore, sur un pont qui n'est plus neuf, à Paris, porte Henri IV. Or, cette monture inanimée ne saurait donner aucun signe de vie, ni hennissement, ni ruade, ni pétarade. Donc c'est au sens allégorique et proverbial que se doit prendre la locution précitée. On dit figurément d'un homme d'une sordide avarice qu'il crache rarement au bassinet, » pour signifier qu'il ne dépose pas souvent une pièce de monnaie sur le plateau tendu au nom et pour le soulagement des pauvres. Celui-ci, à l'égal d'un pistolet rouillé, « est dur à la détente. » Il ne se relâche jamais de sa lésinerie. De celui-là vous tireriez plus difficilement la moindre chose, un zeste de noix, une maille, un sou rouge, que d'un âne mort un bruit odorant. D'après cela, un cheval de métal s'éclatet-il avec fracas, qu'est-ce autre chose qu'un homme dur, sans entrailles ni compassion, la plupart du temps, et se répandant avec ostentation, une fois ou deux, en menues largesses? Dès lors, un Harpagon est souvent appelé un aumônier, un chiche aumônier, un « chien d'aumônier du Cheval de bronze. » Et comme le roi Henriot était autrefois entouré, sur son terre-plein du Pont-Neuf, aux heures du tépide soleil, d'une multitude de truands, de mendiants, de rufians, de baguenaudiers, de ribauds de l'un et l'autre sexe, indépendamment de ces tire-laine qui allaient dérobant manteaux et chapeaux; tous les habitués de cette sorte de poêle des gueux, de cette autre Petite Provence, véritable succursale de la « Cour des mi

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racles,» étaient dits indistinctement « les courtisans du Cheval de bronze.»

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Que le sel petille, que le feu des yeux petille, et que petille aussi la vivacité, la sagacité de l'esprit, rien de mieux dans tout cela, il s'agit de petits objets auxquels sied à merveille un verbe diminutif. Mais c'est le verbe positif qui est de rigueur en parlant du cheval. Hélas! ce malencontreux verbe positif n'est guère de mise ici que sous sa forme ausonienne « pedere. » Anciennement pourtant nos pères étaient moins méticuleusement timorés : Une pâtisserie renflée, gonflée, la même que nous connaissons à présent sous le nom de « chou, » ou de « casse-museau, » était dite jadis un pet, » de nonne ou non; voilà pour le cloître. Au sanctuaire, un point d'orgue, c'était un « pet d'orgue. » A la cour, enfin, par des « pets en coques,» on entendait des malices, des tours, des fredaines de Messieurs les pages. Mais partout, si un malade qui s'était vu à deux doigts du monument, avait fini par échapper la camarde, ce malade avait «< fait un pet à la mort. » Quand un arbitre s'efforçait en vain d'accorder un différend, il pouvait entendre dire de lui-même : « La bouche du juge en pète. » D'ailleurs, s'élever au-dessus de sa condition, sortir de sa peau, déployer des ailes plus larges que son nid, qu'est-ce, je vous prie, que la monnaie oblitérée, à demi effacée de l'âpre locution: « p.... plus haut que la zone de l'anus?» J'allais oublier, que, au delà du Rhin, si une demoiselle vient à pouponner, le gage de sa tendresse prend le plaisant sobriquet de « pet à vingt ongles. >> (Grenoble.) J. P.

<< Heures perdues.....» et autres heures' (VI, 139). Je crois que l'heure du berger est celle de l'apparition de la planète de Vénus. Les premiers astronomes ont été des bergers, et la beauté de l'étoile po'laire lui ayant fait donner le nom de Vénus, on l'aura, par excellence, appelée l'heure du berger. Depuis, le sens s'en est étendu et l'heure de l'apparition de Vénus a été celle des amours. Un avocat, depuis conseiller à Amiens, faisait la cour à la fille d'un horloger de Paris. Un jour, entrant dans la boutique, il s'écria:

Est-ce l'effet de la magie
Ou le talent de l'horloger?
L'heure ici jamais ne varie...

C'est toujours l'heure du berger.

On a quelquefois entendu l'heure du berger dans le sens de l'heure favorable, l'heure du succès inattendu, comme, dans le conte des Cent Nouvelles nouvelles, l'heure du charretier, mais c'est une dé ces extensions qui changent si souvent le sens primitif des mots. E. G. P.

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Edition originale de « Candide » (VI, 140). L'année 1759 vit éclore, en effet, plusieurs éditions de ce célèbre roman. Au lieu de répondre à la question de M. E. T., j'ajouterai peut-être à ses perplexités, en lui signalant, non pas deux, mais quatre exemplaires de l'édition de Candide de 1759, qui ne sont pas identiques.

Ces quatre exemplaires, portés au Catalogue d'une vente d'amateur qui a dû se faire du 21 au 24 mars dernier (voir les numéros 423 à 426), par le libraire Bachelin-Deflorenne, sont accompagnés de la note suivante : « Les caractères de toutes ces éditions sont différents. Il nous a été impossible, malgré nos recherches, de désigner celle qui parut la première. » (Nîmes.)

CH. L.

- Je possède moi-même deux éditions de Candide, à cette date de 1759; toutes deux sans indication de lieu. L'une, en assez gros caractères, de vingt lignes à la page, comporte 299 pages; l'autre, en plus petit texte, compte vingt-quatre lignes à la page, et 240 pages seulement. Dans cette dernière, je trouve, à la treizième ligne de la page 84, ces mots : Qui a une belle moustache.

En ajoutant à ces deux éditions celle que signale M. E. T. qui porte ces mots par erreur à la quinzième ligne, cela ferait trois éditions de Candide à la date de 1759. Quelle est la véritable édition originale? (Reims.) V. DIANCOUrt.

Petit crevé, Gros crevé (VI, 141; V, 594). - Le gros crevé dont parle Mine de Sévigné était Louis-Victor de Rochechouart, comte, puis duc de Mortemart et duc de Vivonne. Il était si gros que son haut-dechausse ne rejoignait point son justaucorps; sa bedaine saillante semblait sortir de ses vêtements et on l'avait surnommé le Gros Crevé; il mourut à cinquante-trois ans « aussi pourri de l'âme que du corps,» dit encore Mme de Sévigné. On disait de lui, qu'il avait les mœurs et l'esprit d'un diable. Il fut général des galères dans la triste expédition de Candie (1669) et dut en partie sa fortune de cour à sa tante, Mme de Montespan. MOSCA.

Un bon mot souvent rajeuni (VI, 143). M. Notbrun met sur le compte de Henri IV une anecdote qui, suivant La Monnoye, date de bien plus loin. Voici son épigramme:

Répartie d'un Grec à Auguste. Auguste, un jour, dans un Grec, beau jeune [homme,

Reconnaissant et sa taille et ses traits,
Lui demanda si sa mère jamais
De son pays n'étoit venue à Rome.

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Gaston,

Le roi Elisabeth (VI, 146). duc d'Orléans, demandait un jour au chansonnier Blot de qui étaient certains couplets satiriques dont il le soupçonnait d'être l'auteur. «Ma foi, Monseigneur, lui répondit Blot, si vous voulez que je vous dise mon sentiment, je crois qu'ils se sont faits tout seuls. »

Il y a ainsi, dans le domaine de l'histoireanecdote, des formules courantes dont il est souvent bien difficile, sinon impossible de désigner le premier auteur. Ainsi l'irréconciliable qui lança contre le roi d'Angleterre Jacques Ier le distique suivant n'a pas eu l'attention de mettre son nom au bas :

Rex fuit Elisabeth, nunc est regina Jacobus. Error naturæ sic in utroque fuit.

Même négligence de la part de celui qui en donna cette assez mauvaise imitation française :

Tandis qu'Elisabeth fut roy
L'Anglais du monde fut l'effroy;
Maintenant babille et caquète,
Régi par la reine Jacquette.

Et voilà un mot lancé dans la circulation, sans certificat d'origine et..... sans égard pour la curiosité des lecteurs de l'Intermédiaire. E. J. B. R.

Aux rois Marie-Thérèse et Elisabeth, il faut ajouter le roi Christine. C'est Boufflers qui nous le fait connaître dans une lettre adressée à sa femme. Il était à Stralsund, chez le comte L... Celui-ci lui fait voir une grande salle, « pleine de rois, de reines et de princes et de princesses de Suède, à commencer par Gustave Vasa jusqu'au roi actuel... » En me faisant entrer dans la salle, il me dit : Vous allez voir tous les..... de la Suède, il vouloit dire les rois; mais il y a suppléé par le mot équivalent en suédois, que tu demanderas à la comtesse; moi, je n'ai pas le courage de le prononcer. Ce qui m'a le plus diverti, c'est qu'en me montrant le portrait de la reine Christine, il l'a honoré du titre de grand..., c'est-à-dire de grand roi en trois lettres. (Fragment d'une relation d'un voyage de plaisir dans la Pomeranie suédoise.) A. TIONEB.

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mot.

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<< Du Purgatoire, 5 mars 1870.

« C'est bien fait, -et je vous assure que je ris de bon cœur dans l'autre monde. M. de Voltaire m'a accusé d'avoir mangé les déjections des laitières, et voilà qu'on l'accuse, lui, d'avoir mangé les siennes propres. Réflexion faite, je retire ce dernier Est-il possible qu'un homme qui, quatre jours avant sa mort, embrassait si tendrement M. de Lally, en soit venu (horresco referens) à cet excès de.... tendresse pour ses œuvres? Est-il possible, lui qui a toute sa vie, combattu la superstition et le fanatisme, qu'il soit devenu fanatique et superstitieux au point de vouloir juger par lui-même du goût des tartines d'Ezechiel? Est-il possible que le docteur Tronchin, trop ami de la tolérance tant prêchée par son malade, ne se soit pas opposé à l'accomplissement d'un acte qui ne devait point se perpétrer dans le Temple du goût? Quel cruel démenti à ces paroles que le roi Voltaire jetait en un jour de triomphe à ses adorateurs: Vous voulez donc m'étouffer sous des roses!

« Grave et délicate question! Problème sérieux entre tous ceux que mon siècle a légués au vôtre et dont j'attends avec impatience la solution, Monsieur le Directeur. Eh bien! je suppose un instant (cela m'est permis, à moi) qu'il en a mangé; qu'en conclure? que ce n'est pas là son meilleur ouvrage. D'accord; j'ajouterai même que ce n'est pas son plus mauvais. Et quand même il aurait avalé sa couleuvre tout entière! - Parbleu! il en a fait avaler bien d'autres ! Feu PAPAREL.

« P.-S.-Comme je n'ai pas sans doute l'honneur d'être connu d'un grand nombre de vos lecteurs, veuillez les renvoyer aux Questions sur l'Encyclopédie de M. de Voltaire, article Déjections. C'est un article de haut goût.

Feu P. >>

Je pense, avec feu Paparel, qu'il serait bon que des hommes compétents et spéciaux vidassent la chose une fois pour toutes. On n'aime pas à revenir là-dessus, même en carême. CÉRÈS fils et Ce.

Le révérend père Marie-Maximilien Harel, religieux minime, est l'auteur de: VOLTAIRE, Recueil des particularités curieuses de sa vie et de sa mort. Mon exemplaire a appartenu à féu E.-T. Simon, de Troyes, professeur à la faculté des lettres de Besançon. Il a annoté le volume. Je cite quelques uns de ses renvois : Calomnie! Toute sa vie prouve le contraire. Il n'avait faim que de renommée. Mensonge! billevesées! mensonge! archi-mensonge! Maximes d'un grand inquisiteur. Fa

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Lepan, dans sa Vie politique, littéraire et morale de Voltaire..... (Paris, chez l'auteur, île Saint-Louis, quai Bourbon, no 19, ou rue Dauphine, no 46, 1824), répond ainsi à la demande du correspondant de Doullens: « Les philosophes ont prétendu que Voltaire était mort avec calme; d'autres cependant l'ont peint dans des fureurs effrayantes. Ces derniers se sont appuyés du témoignage du duc de Richelieu et de Tronchin, son médecin ordinaire et son ancien ami. Il suffit de rappeler le caractère de Voltaire) pour se figurer ce que dut être sa mort. » (P. 354.)

A. TIONEB.

Condamnation de l'« Emile » de J.-J. Rousseau (V, 166). — Le réquisitoire de l'avocat du roi, Omer-Joly de Fleury, se trouve (p. 1 à 5) dans l'Arrêt de condamnation du 9 juin, imprimé à Paris, chez Simon, 1762, 7 p. in-4°, et réimprimé dans plusieurs éditions des Euvres de J.-J. Rousseau, notamment dans celle de Genève, 1782, in-8, supplément, t. 1er, p. 356, et dans celle de Kehl, 1784, in-12, t. XXV, p. 322. Quant à la Censure de la Faculté de théologie, elle a été publiée à Paris, chez Le Prieur, 1762. 1 vol. in-8° de 352 p. (Bibl. imp. D. no 29513 de l'inventaire). Les p. 4 à 14 de ce volume continuent le discours du Dr Gervaise.

E. J. B. R.

Hippolyte (Aug.), acteur et peintre (VI, 167). — Ily avait en 1811 un acteur de ce nom au Vaudeville. Brazier, dans sa Chronique des petits Théâtres, le cite parmi ceux qui jouèrent Laujon de retour à l'ancien Caveau, pièce composée à l'occasion de la mort de Laujon, et qui furent invités à dîner avec les membres du Caveau moderne, le 20 janvier 1812. J'ai vu aussi une de ces petites images d'acteurs, que l'on publiait alors, et qui le représentait jouant, avec ses camarades Duchaume et Saint-Léger, trois forts de la Halle dans la Famille des Lurons. On trouve dans Désaugiers (p. 143, t. III, de l'édition in-32) des couplets A mon ami Hippolyte. Mais rien dans cette chanson, qui n'est certainement pas le chef-d'œuvre de son auteur, n'indique que cet Hippolyte fût le même que l'acteur, ni qu'il fût peintre, ni de quelque autre profession. Le seul renseignement que l'on en puisse tirer, c'est qu'il était encore plus gros que Désaugiers, ce qui serait assez d'accord avec l'image dont je parlais plus haut, et que l'on dînait bien chez lui. O. D.

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Les fils des croisés du palais de Versailles (VI, 169). M. E. E. touche ici à une des plus délicates questions de l'histoire contemporaine, question qui n'a pas encore été abordée en face, et qu'il faudrait traiter, non à priori, mais avec des preuves nombreuses et irrécusables. Cette question se subdivise en deux : 1o quelle est l'origine des documents qui ont servi de base principale à la composition héraldique et généalogique des salles dites des Croisades, au musée de Versailles? Quelle est la valeur de ces documents pour l'histoire de la noblesse française? 2o Comment le roi Louis-Philippe, qui avait l'esprit si juste, si pratique, si dégagé de préjugés, a-t-il été amené à donner une si large place dans son musée de prédilection à la manie, à la vanité nobiliaire de son temps? Comment s'est faite, sous son règne, cette espèce de recherche officielle de la noblesse se rattachant aux croisades, recherche qui a fait admettre environ 1,200 noms et autant d'armoiries dans les salles des Croisades?

Nous pensons qu'il y aurait un gros livre à faire et des plus curieux sur ces deux questions, et ce livre, nous n'avons pas l'audace de l'entreprendre; mais nous faisons appel aux personnes qui pourraient apporter à l'œuvre quelques matériaux inconnus. Quant à nous, qui n'avons que des données insuffisantes, des renseignements vagues, nous nous bornerons seulement à recueillir ici le peu que nous savons sur ce sujet, bien digne d'être mis en lumière pour l'honneur de l'érudition et dans l'intérêt de l'érudition.

D'autres diront ce qu'étaient Courtois et Letellier, dont les noms encore obscurs ont été, pour la première fois peutêtre, mis au grand jour dans le procès phénoménal de Vrain-Lucas. Contentonsnous aujourd'hui d'exposer sommairement la « prodigieuse mystification » que nous aurions bien à cœur de pouvoir dévoiler.

Vers l'année 1839, le bruit courut qu'on avait retrouvé dans un grenier à Amiens une vieille caisse renfermant tous les titres originaux des sommes empruntées à des banquiers génois ou lombards, au XIIIe siècle, par les barons et seigneurs français qui avaient accompagné le roi Louis IX en Terre-Sainte, et qui, manquant d'argent pour fréter des navires et pour payer

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les frais de l'expédition, avaient dû recourir à des emprunts garantis sur les revenus féodaux de leurs terres. Comment les titres originaux de ces emprunts sont-ils venus de Gênes à Amiens? Comment avaient-ils été rassemblés dans une seule caisse, restée inconnue pendant six siècles? On raconta là-dessus des histoires « mirobolantes et supercoquentieuses. » Toujours est-il qu'un certain nombre de titres furent produits et soumis à l'examen d'experts paléographes qui les trouvèrent bons, excellents, incontestables, et qui leur accordèrent un certificat d'origine.

Alors ces titres commencèrent à faire leur chemin dans le monde de la noblesse; on les colporta, on les vendit et très-cher (5 ou 600 fr. pièce), aux gens qui pouvaient y retrouver le nom d'un ancêtre et la preuve que cet ancêtre avait figuré parmi les croisés. Les titres pullulèrent; la précieuse caisse était intarissable et la vente allait de mieux en mieux. Cette vente sous le manteau dura cinq ou six ans. Il faut dire que tous ces titres avaient à peu près le même aspect et contenaient le même texte, les uns en italien, les autres en latin, quelques-uns en français. Mais les personnes, que ces titres intéressaient, n'y regardaient pas de si près; tout leur était bon, pourvu que leur nom y fût, et cela se payait au poids de l'or. On peut estimer à 5 ou 600 mille francs le total de la somme réalisée avec les parchemins des croisés.

C'est alors que le roi Louis-Philippe eut l'idée lumineuse, l'idée profondément... politique, de fonder les Salles des Croisades, au Musée de Versailles...

PIERRE L'HERMITE.

Le combat de la barrière de Clichy (VI, 179, etc.)—Un dernier mot, s'il vous plaît, J'ai vu faire le tableau, sujet de la petite discussion à laquelle je viens me mêler, pour la clore..... j'espère. Horace Vernet, dont je fréquentais l'atelier dès 1818, a peint la scène historique dont le personnage principal est le maréchal Moncey, rue des Martyrs, no 11, en l'année 1820. Je ne saurais nommer toutes les personnes qu'Horace a représentées et qui ont posé devant lui; mais je me rappelle le nom de quelques-unes. L'officier supérieur qui reçoit un ordre de la bouche du maréchal, est M. Odiot, l'orfévre; Emmanuel Dupaty, homme de lettres, est le capitaine qu'on voit à mi-corps, à droite, l'épée renversée dans sa main, et la tête coiffée d'un chapeau orné d'un long plumet. Horace Vernet dont on voit un peu de la joue droite est le garde national penché derrière la culasse d'un canon. Le garde qui, debout, à droite arrange la batterie de son fusil, c'est Charlet. Deux officiers sont à cheval, à gauche du maréchal, auprès duquel ils

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ont les fonctions d'aides de camp; le premier, reconnaissable à la balafre qui sillonne une de ses joues, est le colonel Moncey; je ne me souviens point du nom de l'autre. M. Jazet, qui grava le tableau d'Horace et mit au salon en 1824, je crois, sa reproduction faite à l'aqua tinta, un de ses meilleurs morceaux, M. Jazet pourrait dire quels sont, dans le grand nombre des acteurs de la scène fidèlement reproduite par Horace, ceux dont les noms m'échappent. Lui aussi vit faire le tableau et sait, comme moi, que le peintre dont la mémoire était prodigieuse y reproduisit fidèlement les détails qu'il avait vus de son coup d'œil rapide. Le petit soldat, un bras cassé, assis à droite, les soldats blessés, debout à gauche, tout, jusqu'à la femme à la chèvre, est historique. M. Robert Fleury, qui a tant grandi depuis, venait d'entrer dans l'atelier de Vernet, quand celui-ci peignit le combat de Clichy. Il s'en souvient parfaitement, mais comme moi il a oublié les noms de quelques-uns des personnages qui y figurent. Emmanuel Dupaty, mon ami pendant plus de vingt ans et mon collaborateur pendant une dizaine d'années, m'a souvent entretenu de la journée du 30 mars 1814, comme il m'entretenait du combat naval du 13 prairial an II, auquel il avait assisté, aspirant de marine, à bord du vaisseau le Patriote.Que la garde nationale ait fait effort pour empêcher l'ennemi d'entrer à Paris par la la barrière de Clichy, que le maréchal Moncey ait présidé à cette énergique tentative, rien n'est plus certain. Imagine-t-on Horace Vernet peignant, en 1820, une action de 1814, fille de sa fantaisie, quand tout le monde aurait pu lui dire : « Peintre, vous mentez à l'histoire, vous faites du roman par un patriotisme mal entendu. Soyez dans la fiction, si vous voulez, mais n'y compromettez pas des noms historiques. >> A. JAL.

Trouvailles et Curiosités.

Un Vaucanson grec. Dans le n° XII du livre X des Nuits Attiques, Aulus Gellius rapporte ce qui suit : « On attribue au « pythagoricien Archytas un prodige éton« nant... Car la plupart des auteurs grecs « les plus illustres et le philosophe Favori«nus, qui a fait tant de recherches sur les antiquités, nous ont transmis comme un fait certain qu'Archytas fit une colombe << de bois avec une si grande perfection mécanique, qu'elle vola. Elle se soutenait « sans doute par des moyens d'équilibre et <«< l'impulsion lui était donnée par l'air « qu'elle recelait intérieurement. Je crois «< convenable de rapporter, sur un sujet

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Le secret de l'étain, pour la vaisselle, sous Louis XIII. Si, comme je n'en doute, il se rencontre quelque chimiste parmi les lecteurs de l'Intermédiaire, je lui soumets le passage suivant du Journal d'un voyage à Paris en 1657 et 1658, publié par A.-P. Faugère (Paris, Duprat, 1862, p. 276).

C'est à la date du 29 septembre 1657:

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L'après disnée nous fusmes nous promener à pied, et, en passant devant la maison de cet homme qui a treuvé le secret de raffiner si bien l'estain qu'il puisse résister au feu autant de temps que l'argent et les autres métaux les plus difficiles à fondre, nous y entrâmes et treuvasmes que c'est une merveille de voir que dans un plat de son estain il en fait fondre un d'argent. Voilà un beau secret découvert, et qui faict desja que les personnes de condition se servent de sa vaisselle, qui couste moins et faict le mesme effet que celle d'argent, estant aussi belle, aussi légère et d'autant d'esclat. Il les vend cent sols la livre, quand ce sont des pièces où il y a peu de façon; celles qui en ont beaucoup, il les vend plus cher. >> MOSCA.

L'Histoire romaine à l'Académie. Deux fragments que je détache du discours prononcé par M. de Sacy, dans la séance du 10 mars dernier :

(.....

Le triomphe du christianisme, sorti tout sanglant encore de la dernière et de la plus violente des persécutions, celle de Dèce et de Dioclétien. » Et plus loin : « Lorsque la persécution se ralluma sous Dèce et sous Dioclétien, une paix assez longue avait presque éteint le courage du martyre dans l'Eglise. ».

Ainsi, pour l'honorable académicien, Dèce et Dioclétien étaient contemporains, ou tout au moins le second avait succédé immédiatement au premier. Or, la persécution dirigée par Dèce contre le christianisme eut lieu de 249 à 252, et celle de Dioclétien (la dernière celle-là), de 303 à 313. Entre les deux se placent celles de Valérien (258-260) et d'Aurélien (275). C'est à peu près comme si, en écrivant l'histoire de France, on disait : « La dernière guerre que les Français aient faite

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