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I

OBJECTION XVe.

SUR LA SIXIÈME MÉDITATION.

DE L'EXISTENCE DES CHOSES MATÉRIELLES.

« Car Dieu ne m'ayant donné aucune faculté » pour connoître que cela soit ( à savoir que Dieu, » par lui-même ou par l'entremise de quelque créa>>ture plus noble que le corps, m'envoie les idées » du corps), mais au contraire, m'ayant donné une grande inclination à croire qu'elles me sont envoyées ou qu'elles partent des choses corporelles, »je ne vois pas comment on pourroit l'excuser de » tromperie, si en effet ces idées partoient d'ail>> leurs ou m'étoient envoyées par d'autres causes » que par des choses corporelles; et partant il faut >> avouer qu'il y a des choses corporelles qui exis

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>> tent. >>

C'est la commune opinion que les médecins ne pèchent point qui déçoivent les malades pour leur propre santé, ni les pères qui trompent leurs enfants pour leur propre bien; et que le mal de la tromperie ne consiste pas dans la fausseté des paroles, mais dans la malice de celui qui trompe. Que M. Descartes prenne donc garde si cette proposition, Dieu ne nous peut jamais tromper, prise universellement, est vraie; car si elle n'est pas vraie, Voyez Méditation vi, page 334.

ainsi universellement prise, cette conclusion n'est pas bonne, donc il y a des choses corporelles qui existent.

RÉPONSE.

Pour la vérité de cette conclusion il n'est pas nécessaire que nous ne puissions jamais être trompés, car au contraire j'ai avoué franchement que nous le sommes souvent; mais seulement que nous ne le soyons point quand notre erreur feroit paroître en Dieu une volonté de décevoir, laquelle ne peut être en lui : et il y a encore ici une conséquence qui ne me semble pas être bien déduite de ses principes.

OBJECTION XVIo.

SUR LA SIXIÈME MÉDITATION.

<< Car je reconnois maintenant qu'il y a entre » l'une et l'autre (savoir entre la veille et le som» meil) une très notable différence, en ce que >> notre mémoire ne peut jamais lier et joindre nos »songes les uns aux autres et avec toute la suite >> de notre vie, ainsi qu'elle a de coutume de join» dre les choses qui nous arrivent étant éveillés. » Je demande si c'est une chose certaine qu'une personne, songeant qu'elle doute si elle songe ou non, ne puisse songer que son songe est joint Voyez Méditation vi, page 349.

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et lié avec les idées d'une longue suite de choses passées. Si elle le peut, les choses qui semblent ainsi à celui qui dort être les actions de sa vie passée peuvent être tenues pour vraies, tout de même que s'il étoit éveillé. De plus, d'autant, comme il dit luimême, è, que toute la certitude de la science et toute sa vérité dépend de la seule connoissance du vrai Dieu, ou bien un athée ne peut pas reconnoître qu'il veille par la mémoire des actions de sa vie passée, ou bien une personne peut savoir qu'elle veille sans la connoissance du vrai Dieu.

RÉPONSE.

Celui qui dort et songe ne peut pas joindre et assembler parfaitement et avec vérité ses rêveries avec les idées des choses passées, encore qu'il puisse songer qu'il les assemble. Car qui est-ce qui nie que celui qui dort se puisse tromper? Mais après, étant éveillé, il connoîtra facilement son erreur.

Et un athée peut reconnoître qu'il veille par la mémoire des actions de sa vie passée; mais il ne peut pas savoir que ce signe est suffisant pour le rendre certain qu'il ne se trompe point, s'il ne sait qu'il a été créé de Dieu, et que Dieu ne peut être trompeur.

FIN DU TOME PREMIER.

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