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divers et de local, altère sa vraie notion. Qu'importe à la Religion, qu'importe à l'Église ce qu'a fait ou pensé un despote du dix-septième siècle? Ces influences et ces surveillances, tous ces mots ambigus dans 'lesquels on s'enveloppe, que signifient-ils ? L'Etat, sous le rapport religieux, est ou supérieur à l'Église, ou indépendant de l'Église, ou soumis à l'Église. Dans le premier cas, il opprime et persécute, dans le second il est étranger au christianisme et à ses lois, dans le troisième seul il est catholique; et il a le droit de choisir entre ces trois positions, comme chaque homme a le droit de choisir entre la foi et l'athéisme entre l'ordre et le désordre, entre la vertu et le crime; et comme le choix de l'homme ne lui crée aucun pouvoir sur l'objet de sa foi et la règle de ses actions, le choix de l'État ne lui crée aucun pouvoir sur la vérité, sur Dieu. Obéir librement n'implique, en aucune manière et à aucun degré, le droit de commander. On osera donc très fort affirmer qu'il y a de la tyrannie, du sacrilege, dans un système d'influences

et de surveillances qui impliqueroit une autorité quelconque du souverain dans l'Église et sur l'Église; on osera dire que, s'il ne doit pas rester indifférent à l'exer cice de la religion de l'Etat, en ce sens qu'il lui doit la protection de sa force, qu'il doit, autant qu'il est en lui, maintenir la Loi fondamentale de la société, il ne doit pas prétendre intervenir à un autre titre en rien de ce qui touche l'ordre religieux; que son pouvoir doit toujours suivre, jamais précéder celui de l'Église, bien moins encore l'influencer et le surveiller, car on ne surveille et on n'influence que ce qui dépend de soi en quelque façon. Seconder telle est sa fonction dominer est son crime.

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Lui refusera-t-on cependant le pouvoir d'arracher l'enseignement de cette religion qu'il a choisie, aux mains qui pourroient la dénaturer et la corrompre? Que ce soit son droit, nous ne le disons pas ; nous disons que c'est son devoir. Mais entendez comment.

L'Église parle, elle déclare qu'un enseignement erroné, corrompt, dénature sa doctrine; le Prince alors intervient pour donner force au

jugement de l'Église, et l'harmonie la plus parfaite subsiste entre les deux Puissances; l'une décide, l'autre agit: voilà l'ordre; et cet ordre n'est jamais troublé que lorsque le Prince, s'érigeant en juge de l'Église que son devoir est d'écouter, rejette ses décisions, corrompt et dénature lui-même sa doctrine; lorsqu'à la Religion catholique, apostolique, romaine, il veut substituer, par exemple, la religion de Louis XIV et de Bossuet. Contestez-lui ce droit, refusez de le reconnoître pour l'arbitre suprême de tout ce qui, dans l'Église, se produit sous des formes terrestres, il se trouvera bien vite des écrivains gagés pour soutenir qu'il peut, à raison même de l'obéissance promise par lui en devenant chrétien, surveiller , influencer, réformer l'enseignement de ceux à qui Jésus-Christ a dit: Allez et enseignez; que le contraire seroit un véritable vasselage; qu'il est esclave, s'il ne commande pas. « L'État alors se « mettant tout entier dans l'Église, au lieu « d'appeler l'Église à lui, perdroit par ce << seul fait sa constitution primitive, et de

<< monarchique qu'il étoit se transformeroit << en théocratie. >>

Ici c'est aux peuples à écouter. La doctrine catholique sur les rapports des Puissances spirituelle et temporelle, se réduit à ces deux points: 1° Que le Souverain ne possède légitimement aucune autorité sur les esprits et sur les consciences; en d'autres termes, que la vérité et les devoirs sont indépendants de ses pensées et de sa volonté; 2° Qu'il existe une Loi de justice immuable, universelle, obligatoire pour lui, comme pour ses sujets, et que cette Loi de justice, fondement de son droit et de la société, l'Église est chargée de la conserver, et de la défendre contre les abus de la force, qui tend sans cesse à l'altérer. La Puissance spirituelle exerce ainsi, suivant l'institution de Jésus-Christ, une double fonction; elle maintient l'ordre, en prescrivant, au nom de Dieu, l'obéissance au Pouvoir qui vient de lui; elle maintient la liberté, en obligeant ce même Pouvoir à régner selon la justice elle le déclare soumis, sous ce rapport, aux mêmes devoirs que tous les hommes, et du reste libre et indépendant. Ap

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pelez, si cela vous plaît, ce régime une théocratie; les mots ne font rien aux choses: dites que l'État, perdant sa constitution primitive, cessera d'étre une monarchie : il s'ensuivra seulement qu'une monarchie, pour vous, est un gouvernement, ou qui ne reconnoît aucune loi de justice, ou qui crée à son gré cette loi: et c'est là, en effet, ce qui sort de toutes vos maximes. Il faut que les peuples le sachent enfin, il faut qu'ils voient à nu le fond de vos doctrines, afin qu'éclairés sur leurs conséquences, et consultant leurs vrais intérêts, leurs droits légitimes, et tout ce qu'il y a dans l'âme humaine de sentiments élevés, ils se décident entre l'inexprimable infamie de la servitude dont vous établissez la théorie, et la noble, la sainte liberté que leur offre le catholicisme.

Et remarquez ce principe, que l'État ne doit pas se mettre tout entier dans l'Église, mais appeler l'Église à lui, sous peine de se transformer, par ce seul fait, de monarchique qu'il étoit, en théocratie. Donc il y aura théocratie toutes les fois l'État reconnoîtra pleinement, dans l'ordre spiri

que

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