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reusement pour la société, et plus encore les souverains, la théorie du despotisme avec la doctrine de la royauté. Il est temps enfin de renoncer à cette funeste erreur, qui, en détachant les nations de leurs chefs et de Dieu même, a ébranlé les trônes, rompu tous les liens sociaux, et précipité l'Europe dans un abîme de calamités. Nous dirons, avec l'Esprit saint, aux Rois éblouis de leur puissance, et qui en méconnoissent les limites et la règle : « Entendez maintenant, ô Rois : <«< instruisez-vous, vous qui jugez la terre ! » Et à ceux qui partagent et qui entretiennent leurs funestes illusions, à ceux qui assoupissent leur conscience par de trompeurs enseignements, que dirons-nous, sinon ce que disoit le Prophète : « Malheur à vous qui << donnez au mal le nom de bien, et au bien << le nom de mal, appelant les ténèbres la lu<«<mière, et la lumière les ténèbres ! Malheur « à vous qui êtes sages à vos propres yeux, << et qui vous applaudissez de votre prudence! << Comme le feu dévore la paille, vous serez

1 Ps. II, 10.

<< ainsi dévorés, et ce qui restera de vous s'élè<< vera comme la cendre dans les airs: car vous << aurez rejeté la loi du Seigneur des armées << et profané la parole du Saint d'Israël 1. »

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Afin d'établir le droit de commander et le devoir d'obéir, ce qu'on ne sauroit faire à moins de remonter plus haut que l'homme, le gallicanisme reconnoît d'abord, d'après l'Écriture, que toute puissance est de Dieu1 en ce sens qu'il institue immédiatement le Souverain, pour gouverner les peuples dans l'ordre temporel; puis détruisant, entre cet ordre et l'ordre spirituel, toute subordination nécessaire, et les séparant l'un de l'autre d'une manière absolue, il déclare que les Rois et les souverains ne sont soumis à aucune puissance ecclésiastique, par l'ordre de Dieu, dans les choses temporelles ; de sorte que, dans l'ordre temporel, c'est-à-dire en tout ce qui regarde l'exercice propre de la souveraineté, les souverains n'ont aucun juge,

Is., V, 20 et seq.

. Rom., III, 1.

3 Déclarat. de 1682, art. 1er.

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ni temporel, sans quoi ils ne seroient pas sou→ verains, ni spirituel, sans quoi ils ne seroient pas indépendants, comme souverains, de la puissance ecclésiastique ou spirituelle. D'où il suit, d'un côté, que personne n'ayant le droit de discuter leurs actes, ce qu'ils commandent est toujours légitime, ou supposé tel; et, d'un autre côté, que la doctrine gallicane sur la souveraineté est identique avec la doctrine de Jurieu et de J.-J. Rousseau, selon laquelle le souverain n'a pas besoin de raison pour valider ses actes.

De plus, les souverains n'ont et ne peuvent avoir, d'après les principes gallicans, en ce qui regarde l'usage du pouvoir, aucune règle de conduite extérieurement obligatoire; ne sont assujettis à aucune loi de justice immuable et universelle car cette loi, toute spirituelle, n'est que la religion même, en tant qu'elle détermine les devoirs de chaque homme envers Dieu et les autres hommes. Si donc elle obligeoit les souverains, elle les obligeroit, comme tous les hommes, en vertu de l'autorité par qui seule on la connoît certainement, et qui a reçu la mission divine de

la conserver sur la terre. Ils seroient donc sou→ mis, sous ce rapport, à la puissance ecclésias tique, dans les choses temporelles, puisqu'ils seroient obligés de régler l'exercice de leur pouvoir, dans les choses temporelles, sur la loi que promulgue la puissance ecclésiastique.

De ces maximes fondamentales et qui constituent, à proprement parler, tout le gallicanisme, il tire deux conclusions qui s'en déduisent rigoureusement:

1° Que la souveraineté qu'il appelle légi time, et qui seroit nommée plus exactement légale, est inamissible par son essence; en un mot, que quiconque arrive au pouvoir selon la forme établie par les lois politiques du pays, ne peut plus, en aucun cas, être privé de son droit, ou cesser d'être souverain légitime, fût-il tyran, hérétique, persécuteur, impie'; qu'il n'est jamais permis ni de se soustraire à son empire, ni d'opposer à ses volontés une résistance active; et qu'à quelque degré qu'il opprimât le peuple, le peuple

Les Vrais principes de l'Église gallicane; par M. D. Frayssinous, évêque d'Hermopolis; p. 71, 3e édition.

éternellement seroit tenu de souffrir l'oppres-sion, par l'ordre de Dieu.

2o Que bien qu'il ait, comme homme, les mêmes devoirs que les autres hommes, il n'en est aucun qui l'oblige extérieurement comme souverain. « Les Princes, dit Pierre « Dupuy, font bien quelquefois des choses << honteuses, qu'on ne peut blâmer quand << elles sont utiles à leurs états; car la honte << étant couverte par le profit, on la nomme << sagesse1». L'intérêt, voilà donc leur règle, tant envers les autres Princes, qu'envers leurs sujets. Nulle loi de justice pour eux. Ils peuvent légitimement tout ce qu'ils veulent, par cela même qu'ils le veulent ; et s'il semble qu'ici nous exagérions, qu'on écoute le gallicanisme lui-même :

« Le Roy donc en Israël, représentant l'Église à advenir, qui est la présente, <«< qu'est-il ? N'est-il pas juge sur tous? chef << de son armée? le plus hault et le plus sou

1

Apologie pour la publication des preuves de l'Église gallicane; par Pierre Dupuy. France cathol., XVe livraison, p. 144.

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