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<< tienne et Catholique, étant le premier ser<< ment que nos Rois font, lorsqu'on leur met << la couronne sur la tête, de maintenir la Religion Catholique, Apostolique et Ro<< maine, sous lequel serment ils reçoivent << celui de fidélité de leurs sujets, et non

<< autrement. >>

Tel étoit anciennement le droit public, non seulement de la France, mais de l'Europe entière. Il n'est point de nation qui ne reconnût la Religion catholique, apostolique, romaine, comme la Loi première et fondamentale de l'État; c'est-à-dire, que partout l'ordre politique avoit sa racine dans l'ordre religieux, et que l'on n'imaginoit pas l'existence possible d'une société civile indépendante de la société spirituelle: d'où il résultoit que le Prince infracteur de cette Loi première et fondamentale, étoit déchu de droit, et pouvoit être déclaré de fait déchu de la souveraineté ; car, d'un côté, il violoit le serment qui formoit le lien entre lui et le peuple; et, de l'autre, en détruisant la société spirituelle, base nécessaire de la société politique,

il dissolvoit la société tout entière, et par conséquent sa propre souveraineté.

Ainsi l'avoient conçu toutes les nations chrétiennes ; et de là s'ensuivoit le droit manifeste, ou plutôt le devoir sacré de recourir aux moyens les plus efficaces pour maintenir l'ordre légitime, sauver la Religion, la justice, les lois, et prévenir la ruine totale de P'État. La constitution de la France offroit, dans l'assemblée des états généraux, un expédient moins violent que l'emploi des armes, pour atteindre ce but. Mais, à l'époque dont il s'agit, l'expérience avoit montré l'insuffisance de ce remède.

<< Il avoit paru quelque rayon d'espérance, << quand sur les fréquentes plaintes et cla<< meurs de ce Royaume, on publia la convo<< cation des Etats généraux à Blois, qui est « l'ancien remède des plaies domestiques et << comme une conférence entre le Prince et << les sujets, pour revenir ensemble à compte « de la due obéissance d'une part, et de << la due conservation d'autre, toutes deux << jurées, toutes deux nées avec le nom

« Royal et règles fondamentales de l'Etat « de France; mais de cette chère et pénible « entreprise ne resta sinon l'autorisement du « mauvais conseil d'aucuns, qui se feignant << bons politiques, étoient en effet très mal << affectionnés au service de Dieu et bien de « l'Etat lesquels ne s'étant contentés de << jetter le Roi, de son naturel très enclin à << la piété, hors de la sainte et très utile dé<< libération qu'à la très humble requête « de tous ses Etats, il avoit fait de réunir « tous ses sujets à une seule Religion Catho<< lique, Apostolique et Romaine, afin de les << faire vivre en l'ancienne piété avec laquelle «< ce Royaume avoit été établi, s'étoit con<< servé, et depuis accru jusques à être le plus puissant de la Chrétienté, qui se pouvoit « alors exécuter sans péril et presque sans per<< résistance, lui auroient au contraire « suadé être nécessaire pour son service << d'affoiblir et diminuer l'autorité des Princes «<et Seigneurs catholiques, qui avec grand « zèle avoient grandement hazardé leurs vies la << combattant sous ses enseignes, pour « défense de la Religion Catholique: comme

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<< si la réputation qu'ils avoient acquise par << leurs vertus et fidélité, les eût dû rendre << suspects, au lieu de les faire honorer. >>

La foiblesse de Henri III, l'empire qu'exerçoient sur lui des hommes insensés et pervers, le renversement des anciennes règles, le progrès sans cesse croissant de l'influence calviniste, le pouvoir royal près de tomber entre les mains d'un Prince élevé dans l'hérésie, et qui alors même combattoit pour elle, tout cela ne justifioit que trop les alarmes des catholiques.

D'autres griefs d'une autre nature venoient se joindre en foule à ces graves appréhensions: les lois sans force, les droits les plus saints violés ouvertement, tous les Ordres de l'Etat opprimés par un arbitraire intolérable : <<< outre le mépris des choses sacrées de la

<< sainte Eglise de Dieu, en laquelle désormais << tout est tollu et pollu, la Noblesse annul« lée, asservie et vilennée et tous les jours << foulée misérablement de taxes et indues «< exactions qu'elle paie malgré elle, si elle << veut substanter la vie, c'est-à dire, boire, << manger et se vêtir; les villes, les officiers

<< Royaux et menu peuple serrés de si << près par la fréquentation de nouvelles <«< impositions que l'on appelle inventions, << qu'il ne reste plus rien à inventer, sinon « le seul moyen d'y donner un bon re« mède >>.

Que faire en ces circonstances? Falloit-il souffrir qu'on abolit, avec la Religion catholique, apostolique, romaine, la loi première et fondamentale de l'Etat? Falloit-il ployer sous l'oppression, abandonner des droits non moins légitimes, non moins sacrés que ceux de la royauté même, consentir à l'établissement d'un régime arbitraire, en sacrifiant toutes les antiques libertés nationales, et enfin, par je ne sais quelle superstition d'obéissance, accepter passivement la servitude, et laisser périr la société chrétienne? Les catholiques ne le pensèrent pas. Chacun d'eux, élevant la voix, s'écria comme Mathathias: « Quand tous obéiroient au Roi, et renonce<roient à la loi de leurs pères, pour se sou<< mettre à ses commandements; moi, mes fils « et mes frères, nous obéirons à la loi de nos « pères. Que Dieu nous soit propice! Il ne

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