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de Bouddha, s'il en existoit en France. Ce n'est pas, je pense, trop demander, et vingt-cinq millions de catholiques ont bien le droit aussi de se compter pour quelque chose, le droit de ne pas trouver bon que l'on fasse d'eux un peuple de serfs, des espèces d'ilotes ou de parias. On s'est trop habitué à ne voir en eux qu'une masse inerte, née pour subir le joug qu'on voudra lui imposer. Le repos de l'avenir exige qu'on se détrompe à cet égard. Que le libéralisme s'en souvienne.

Nous demandons la liberté de conscience, la liberté de la presse, la liberté de l'éducation : et c'est là ce que demandent comme nous les catholiques belges, opprimés par un gouvernement persécuteur. Ils ont senti que, menacés d'une église nationale, ils ne pouvoient éviter le schisme qu'en opposant

à l'odieuse et lâche tyrannie du Pouvoir, les droits imprescriptibles des nations chrétiennes, et en les défendant avec cette énergie qui triomphe tôt ou tard, parce qu'à la longue il n'est point de puissance qui prévale contre ce qui est juste et vrai. Il ne s'agit point ici de querelles politiques, de systèmes d'administration; il s'agit de ce qu'on ne peut sans crime ravir à nul homme quel qu'il soit, et il est temps enfin que les eatholiques sachent si l'on entend les mettre hors de la loi commune, et les réduire à un esclavage tel qu'il n'en exista jamais d'égal dans le monde. Que l'on s'explique là-dessus, car alors la question changeroit. Jusque-là il est permis de discuter toutes celles qui se lient à de si grands intérêts: il est permis de réclamer ce qu'on ne sauroit refuser à personne sans violer les principes

mêmes sur lesquels repose l'État, et les garanties les plus solennelles.

Cet écrit étoit achevé, lorsque nous avons acquis la certitude que la lettre de Rome, dont le ministère a voulu se servir pour diviser l'Épiscopat, loin de contenir aucune approbation des Ordonnances, louoit au contraire les réclamations et la fermeté des Évêques, et ne parloit de la piété du Roi, que comme d'un motif d'espérer qu'il en modifieroit l'exécution: et cette espérance eût été, certes, une entière et douce certitude, si le Roi avoit été maître de suivre en cela les religieuses inspirations de sa conscience et de son cœur. Les ministres répondront seuls de la violence qu'ils ont faite à ses sentiments connus, ainsi que de l'indigne fourberie par laquelle ils ont essayé de tromper les catholiques françois et leurs premiers Pasteurs.

Au reste, on ne sauroit trop admirer la noble constance qu'ont déployée presque tous ceux-ci. Fermes dans leur résistance aux dispositions antichrétiennes qu'ils avoient signalées dans les Ordonnances, il a fallu plus que du courage à M. Feutrier pour oser supposer leur adhésion, malgré les déclarations les plus formelles soutenues jusqu'à la fin. L'histoire, en dévoilant les impostures sans nombre accumulées par ce Prélat dans ses correspondances et dans le Journal officiel, dira ce qu'une sorte de pudeur nous empêche de dire avant elle.

Tandis qu'il s'efforce de surprendre la bonne foi des Évêques et d'abuser la France sur leur pensée réelle, M. de Vatimesnil poursuit la persécution avec une ardeur qui lui a justement mérité les éloges et la confiance de la faction

révolutionnaire. Déjà nombre d'écoles ont été détruites, beaucoup d'autres sont menacées de l'être prochainement; et comme si le meurtre légal de tant d'établissements où la jeunesse trouvoit un asile contre l'impiété et les mauvaises mœurs ne suffisoit pas à cet exécuteur des hautes-œuvres du libéralisme, il organise encore un vaste système d'espionnage et de délation, pour atteindre jusqu'aux curés qui, recueillant au fond des campagnes, dans la solitude de leurs presbytères, une partie des débris de ces grandes destructions, oseroient en secret parler de Dieu à quelques pauvres enfants, les instruire de sa loi, et les préparer à l'annoncer au monde. Grâce aux soins du ministre, des départements presque entiers ne tarderont pas d'être privés complètement de tout moyen d'éduca

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