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de véritables mammifères, parfaitement reconnaissables, malgré leurs caractères souvent étranges. Quelques-uns, et ce sont les plus anciens, sont remarquables par l'étroitesse et la simplicité de leur cerveau; d'autres se distinguent de tous les types connus par la structure et l'arrangement de leurs dents. M. Lemoine les envisage au point de vue de leurs caractères généraux, de leurs classifications, de leurs rapports avec les plus anciennes faunes tertiaires d'Europe et d'Amérique et avec les mammifères encore plus anormaux de l'époque secondaire.

Des mammifères, M. Lemoine passe aux oiseaux dont quelquesuns atteignent une taille gigantesque, puis aux reptiles représentés par des crocodiles, des tortues, des batraciens, des sauriens, etc., enfin, aux poissons qui diffèrent de tous les types qu'on rencontre ailleurs, et parmi lesquels dominent les poissons ganoïdes, si rares aujourd'hui. L'auteur examine ensuite les animaux invertébrés, ainsi que les plantes dont il a fait, l'année dernière, au Congrès des Sociétés savantes, l'objet d'une communication particulière.

En ce qui touche le développement du cerveau chez les espèces fossiles, M. Milne-Edwards rappelle que Lartet a constaté depuis longtemps, à propos des viverriens, que plus les espèces étaient anciennes dans un même groupe, plus le cerveau était réduit et simple.

M. PASQUIN présente une note, au nom de M. Vaultrain, sur le réveil instantané, à la suite d'un orage, d'un torrent disparu depuis longtemps, dans la commune de Sigur (Ariège). Des photographies, que M. Pasquin fait passer sous les yeux de la section, établissent quelle était la force du courant et l'étendue des phénomènes qu'il a produit. M. CARTAILHAC insiste sur l'importance de ce fait, au point de vue géologique. A voir l'énorme quantité de débris accumulés, on pourrait prendre pour une moraine en place ce qui n'est que le résultat du transport actuel par un torrent.

M. SARRAN D'ALLARD nous a donné la description des terrains tertiaires et crétacés de la ligne d'Alais au Rhône. D'Alais à Brouzet, le chemin de fer recoupe les divers horizons de la formation tertiaire lacustre, composée tantôt d'argiles et de poudingues, tantôt de calcaires à cyrènes et d'argiles rouges détritiques. Il traverse ensuite les calcaires lacustres anciens à Cyclophorus heliciformis qui émergent de dessous le Bartonien et correspondent au Danien de Rosnac; puis la voie franchit les assises variées des terrains néocomiens, l'étage aptien avec ses ammonites, le gault représenté par les calcaires à orbitolines, les calcaires phosphatés à Ammonites auritus, des grès sableux ferrugineux et sans fossiles,

et, enfin, l'étage cénomanien qui est peu développé, assez difficile à reconnaître, renfermant cependant quelques rares échinides caractéristiques de l'étage. Cet ensemble de couches est surmonté par une formation geysérienne de grès lustrés et de sables rouges qui déborde les terrains sous-jacents, et ailleurs a débuté plus tôt avec le gault supérieur. C'est le Taviau, d'E. Damas, et la zone à Ammonites inflatus (sans fossiles en cet endroit), de M. Carez, qui admet une discordance. Suivant M. Sarran d'Allard, cette fausse transgression est due à l'origine et à la durée des grès lustrés et du phénomène hydrothermal. Tandis que la voie se maintient dans le néocomien supérieur, on rencontre, dans la vallée de la Tave, les grès d'Uchaux, et au sommet de la montagne de Sabran, le calcaire à hippurites. Un lambeau de molasse marine se montre dans un repli des grès de Mornas. A portée de Cavillargues, la ligne recoupe des affleurements de pliocène inférieur et les alluvions anciennes ou récentes de la Tave et enfin du Rhône. A la gare de Sardoise, affleure un poudingue à éléments altérés. Sur certains points se sont manifestés des mouvements orogéniques, faibles et des plissements; les uns sont antérieurs, les autres sont postérieurs au dépôt de la mollasse.

M. DE MONTESSUs revient sur son sujet favori et nous donne de nouveaux et intéressants détails sur les oiseaux de la France qu'il étudie depuis tant d'années, et dont il possède une si magnifique collection. Il insiste principalement sur les services que les oiseaux rendent à l'agriculture, en absorbant, chaque jour, une quantité incommensurable d'insectes. M. de Montessus montre combien, dans ces dernières années, est cruelle et acharnée la guerre livrée à tous les oiseaux, mais surtout aux oiseaux migrateurs. Les engins de toutes sortes, les plus vastes filets, l'électricité elle-même, sont employés pour les arrêter au passage lorsqu'ils reviennent, fatigués, de leurs migrations lointaines. Beaucoup servent à l'alimentation et encombrent les marchés; un plus grand nombre encore sont vendus à des industriels et employés à orner le chapeau des dames. Il en résulte un fait désastreux que chacun de nous a pu constater: les petits oiseaux qui peuplaient la campagne et, chaque année, se répandaient dans les jardins, les parcs et les bois, sont bien moins nombreux qu'autrefois. C'est à peine, au printemps, si l'on voit de loin en loin quelques hirondelles isolées raser la surface de l'eau, à la poursuite des insectes. Si l'on ne remédie promptement à une pareille destruction, plusieurs espèces de petits oiseaux disparaîtront entièrement de nos contrées, et l'agriculture sera privée d'un puissant auxiliaire pour la destruction des insectes.

A la réunion de l'année dernière, M. de Montessus avait signalé la découverte d'un monde souterrain dans les mines du Creusot, et avait indiqué quelques-unes des transformations que ces animaux avaient subies sous l'influence de ce milieu nouveau pour eux. Cette année, M. de Montessus nous a présenté le Catalogue complet des animaux, mammifères, coléoptères, arachnides, qui vivent et se multiplient dans les mines du Creusot et s'y sont acclimatés. Le séjour dans ces régions obscures n'a pu apporter encore que de très légères modifications dans l'organisme, car il remonte à peine à une quarantaine d'années. Mais le travail de M. de Montessus formera un point de départ, et l'étude physiologique de ces petits animaux, arrivés dans les mines à la suite de l'homme, deviendra de plus en plus intéressante, au fur et à mesure qu'ils vivront et se multiplieront.

M. de Montessus, en publiant le résultat de ses recherches et de ses observations, en réunissant de très belles collections qu'il met à la disposition des travailleurs, en fondant la Société d'histoire naturelle de Châlons-sur-Saône, qui lui doit sa prospérité actuelle, a rendu de véritables services à la science. C'est un homme plein de dévouement et sympathique à tous; aussi chacun a applaudi lorsque, le lendemain, dans la séance générale, le Ministre de l'Instruction publique l'a nommé Chevalier de la Légion d'honneur.

NOTE

SUR LE DÉVEPOPPEMENT

DE L'ECHINOSPATANGUS NEOCOMIENSIS

D'ORBIGNY

Par M. J. LAMBERT.

J'ai recueilli, il y a quelques années, dans une petite couche du terrain Néocomien des environs d'Auxerre, un nombre considérable d'Echinospatangus à tous les états de développement, depuis la taille de 4 1/2 mill., jusqu'à celle de 38 mill. Ces oursins gisent dans un petit lit de marne jaunâtre, intermédiaire entre le calcaire à spatangues et les argiles à Ostrea Leymeriei. La couche qui les renferme affleure près d'Auxerre sur l'ancien chemin de St-Georges; mais elle est bien plus facile à étudier et plus riche en petits oursins à Venoy et à Beine; on la retrouve avec les mêmes caractères à Bernouil, dans le Tonnerrois.

Les nombreux Echinospatangus que j'y ai recueillis appartiennent à un type intermédiaire entre les E. cordiformis et E. Ricordeaui et me paraissent présenter tous les caractères de l'E. neocomiensis, d'Orbigny. Cette dernière espèce me semble, comme à M. Cotteau, bien distincte de ses congénères par sa forme renflée, quoique déclive en dessus, son sillon antérieur échancrant faiblement l'ambitus, sa face inférieure plane, son apex central et surtout la disposition de ses pores dans l'ambulacre impair (1).

Il m'a paru intéressant de profiter de ma découverte pour rechercher quels phénomènes présentent les diverses phases de développement d'un type aussi ancien et appartenant au premier genre

(1) L'allongement des génitales postérieures et l'excavation de la face postérieure me paraissent des caractères variables, qui se retrouvent d'ailleurs accidentellement chez le vrai E. cordiformis.

qui ait représenté, au début de la période crétacée, la grande famille des Spatangidæ (1), dont les espèces, après s'être multipliées dans les couches de la craie et du terrain tertiaire, peuplent aujourd'hui toutes nos mers.

Je n'ai d'ailleurs pas la prétention de révéler ici des faits nouveaux après les belles et grandes études de MM. Loven et Al. Agassiz, sur les genres vivants, le processus général de leur développement peut être considéré comme connu, et mes observations sur les Echinospatangus ne font que confirmer des principes généraux actuellement incontestables. Je crois cependant devoir faire connaître les résultats de mes recherches parce que les espèces fossiles se prêtent si rarement à un examen de cette nature qu'on ne saurait négliger les occasions par elles exceptionnellement offertes à l'étude, et aussi parce que l'Echinospatangus, appartenant à un type ancien assez différent des Abatus et des Echinocardium, il y avait lieu de constater s'il suivait bien dans ses développements les mêmes phases que ces derniers.

Chez un oursin crétacé, l'ossification complète du test étant un élément indispensable de la fossilisation, on ne peut guère retrouver que des traces effacées de l'état embryonnaire. Non seulement la membrane larvaire, mais les plaquettes buccales ou anales n'ont pu se conserver; on devait même supposer que dans ces conditions le système abactinal, dont les éléments sont moins solidement ossifiés que ceux du système périsomatique, ferait défaut chez beaucoup de jeunes échantillons. L'expérience confirme ces prévisions, et au-dessous de la taille de 7 mill. l'apex n'a qu'exceptionnellement résisté à la fossilisation.

Le plus petit échantillon recueilli a déjà une taille de 4 1/2 mill. de diamètre antéro-postérieur, sur 4 de largeur et 3 de hauteur. A cet âge, la forme générale s'éloigne peu de celle de l'adulte; le sillon antérieur, seulement indiqué, échancre à peine l'ambitus; le périprocte très développé, déjà nettement séparé de l'apex, mais relativement très élevé, pyriforme, acuminé supérieurement, s'ouvre dans une dépression très sensible du test. Le péristome pentagonal, assez éloigné du bord antérieur, parait entouré d'une aréole déprimée, radiée, dans laquelle, s'ouvrent les pores péristomaux. Cet aspect particulier résulte de l'absence du léger bourrelet qui entoure le péristome de l'adulte et de la position des

(1) C'est avec raison qu'Alexandre Agassiz emploie pour désigner les familles un terme latin. L'habitude contraire des échinologistes français me semble en désaccord avec les vrais principes de la nomenclature zoologique.

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