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me sers ici égalent ou même surpassent en certi tude et évidence les démonstrations de géométrie j'appréhende néanmoins qu'elles ne puissent pas être assez suffisamment entendues de plusieurs tant' parcequ'elles sont aussi un peu longues et dépendantes les unes des autres, que principalement parcequ'elles demandent un esprit entièrement libre de tous préjugés, et qui se puisse aisément détacher du commerce des sens. Et, à dire le vrai, il ne s'en trouve pas tant dans le monde qui soient propres pour les spéculations de la métaphysique que pour celles de la géométrie. Et de plus il y a encore cette différence, que dans la géométrie, chacun étant prévenu de cette opinion qu'il ne s'y avance rien dont on n'ait une démonstration certaine, ceux qui n'y sont pas entièrement versés pèchent bien plus souvent en approuvant de fausses démonstrations, pour faire croire qu'ils les entendent, qu'en réfutant les véritables. Il n'en est pas de même dans la philosophie, où chacun croyant que tout y est problématique, peu de personnes s'adonnent à la recherche de la vérité, et même beaucoup, se voulant acquérir la réputation d'esprits forts, ne s'étudient à autre chose qu'à combattre avec arrogance les vérités les plus apparentes.

C'est pourquoi, Messieurs, quelque force que puissent avoir mes raisons, parcequ'elles appar

ennent à la philosophie, je n'espère pas qu'elles ssent un grand effet sur les esprits, si vous ne 5 prenez en votre protection. Mais l'estime que ut le monde fait de votre compagnie étant si ande, et le nom de Sorbonne d'une telle autoté que non seulement en ce qui regarde la foi, près les sacrés conciles, on n'a jamais tant déféré jugement d'aucune autre compagnie, mais aussi n ce qui regarde l'humaine philosophie, chacun royant qu'il n'est pas possible de trouver ailleurs lus de solidité et de connoissance, ni plus de pruence et d'intégrité pour donner son jugement, e ne doute point, si vous daignez prendre tant e soin de cet écrit que de vouloir premièrement corriger (car ayant connoissance non seulement de mon infirmité, mais aussi de mon ignoance, je n'oserois pas assurer qu'il n'y ait aucunes erreurs), puis après y ajouter les choses qui y manquent, achever celles qui ne sont pas parfaites, et prendre vous-mêmes la peine de donner une explication plus ample à celles qui en ont besoin, ou du moins de m'en avertir afin que j'y travaille; et enfin, après que les raisons par lesquelles je prouve qu'il y a un Dieu et que l'âme humaine diffère d'avec le corps auront été portées jusques à ce point de clarté et d'évidence, où je m'assure qu'on les peut conduire, qu'elles devront être tenues pour de très exactes démonstrations,

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tion, et rendre un témoignage public de leur v rité et certitude; je ne doute point, dis-je, qu'apr cela toutes les erreurs et fausses opinions qui or jamais été touchant ces deux questions ne soie bientôt effacées de l'esprit des hommes. Car la v rité fera que tous les doctes et gens d'esprit sous criront à votre jugement; et votre autorité, qu les athées, qui sont pour l'ordinaire plus arro gants que doctes et judicieux, se dépouilleront d leur esprit de contradiction, ou que peut-être il défendront eux-mêmes les raisons qu'ils verron être reçues par toutes les personnes d'esprit pou des démonstrations, de peur de paroître n'en avoi pas l'intelligence; et enfin tous les autres se ren dront aisément à tant de témoignages, et il n'y aura plus personne qui ose douter de l'existence de Dieu et de la distinction réelle et véritable d l'âme humaine d'avec le corps.

C'est à vous maintenant à juger du fruit qui re vindroit de cette créance, si elle étoit une fois bie établie, vous qui voyez les désordres que son dout produit: mais je n'aurois pas ici bonne grâce d recommander davantage la cause de Dieu et de la religion à ceux qui en ont toujours été les plus

fermes colonnes.

PRÉFACE.

J'ai déjà touché ces deux questions de Dieu et e l'âme humaine dans le Discours français que je is en lumière en l'année 1637, touchant la méhode pour bien conduire sa raison et chercher la érité dans les sciences: non pas à dessein d'en raiter alors à fond, mais seulement comme en pasant, afin d'apprendre par le jugement qu'on en eroit de quelle sorte j'en devrois traiter par après; car elles m'ont toujours semblé être d'une telle mportance, que je jugeois qu'il étoit à propos d'en parler plus d'une fois; et le chemin que je tiens pour les expliquer est si peu battu, et si éloigné de la route ordinaire, que je n'ai pas cru qu'il fût utile de le montrer en français, et dans un discours qui pût être lu de tout le monde, de peur que les foibles esprits ne crussent qu'il leur fût permis de tenter cette voie.

Or, ayant prié dans ce Discours de la Méthode tous ceux qui auroient trouvé dans mes écrits quelque chose digne de censure de me faire la faveur de m'en avertir, on ne m'a rien objecté de remarquable que deux choses sur ce que j'avois

répondre ici en peu de mots avant que d'entr prendre leur explication plus exacte.

La première est qu'il ne s'ensuit pas de ce qu l'esprit humain, faisant réflexion sur soi-même ne se connoît être autre chose qu'une chose qu pense, que sa nature ou son essence ne soit seule ment que de penser; en telle sorte que ce mo seulement exclue toutes les autres choses qu'or pourroit peut-être aussi dire appartenir à la nature de l'âme.

A laquelle objection je réponds que ce n'a point aussi été en ce lieu-là mon intention de les exclure selon l'ordre de la vérité de la chose (de laquelle je ne traitois pas alors), mais seulement selon l'ordre de ma pensée; si bien que mon sens étoit que je ne connoissois rien que je susse appartenir à mon essence, sinon que j'étois une chose qui pense, ou une chose qui a en soi la faculté de penser. Or je ferai voir ci-après comment, de ce que je ne connois rien autre chose qui appartienne à mon essence, il s'ensuit qu'il n'y a aussi rien autre chose qui en effet lui appartienne.

La seconde est qu'il ne s'ensuit pas, de ce que j'ai en moi l'idée d'une chose plus parfaite que je ne suis, que cette idée soit plus parfaite que moi, et beaucoup moins que ce qui est représenté par cette idée existe.

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