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aussi il y a un centre universel, autour duquel sont rangés tous les systèmes de la nature. Mais où est-il, et dans quel point de l'espace? Descartes place dans le soleil le centre du système auquel nous sommes attachés. Ce système est une des roues de la machine; le soleil est le point d'appui. Cette grande roue embrasse dix-huit cent millions de lieues dans sa circonférence, à ne compter que jusqu'à l'orbe de Saturne. Que seroit-ce si on pouvoit suivre la marche excentrique des comètes! Cette roue de l'univers doit communiquer à une roue voisine, dont la circonférence est peut-être plus grande encore; celle-ci communique à une troisième, cette troisième à une autre, et ainsi de suite dans une progression infinie, jusqu'à celles qui sont bornées par les dernières limites de l'espace. Toutes, par la communication du mouvement, se balancent et se contre-balancent, agissent et réagissent l'une sur l'autre, se servent mutuellement de poids et de contre-poids, d'où résulte l'équilibre de chaque système, et, de chaque équilibre particulier, l'équilibre du monde. Telle est l'idée de cette grande machine, qui s'étend à plus de centaines de millions de lieues que l'imagination n'en peut concevoir, et dont toutes les roues sont des mondes combinés les uns avec les autres.

C'est cette machine que Descartes conçoit, et qu'il entreprend de créer avec trois lois de méca

nique. Mais auparavant il établit les propriété générales de l'espace, de la matière et du mouve ment. D'abord, comme toutes les parties sont en chaînées, que nulle part le mécanisme n'est inter rompu, et que la matière seule peut agir sur 1 matière, il faut que tout soit plein. Il admet don un fluide immense et continu, qui circule entre le parties solides de l'univers; ainsi le vide est pro scrit de la nature. L'idée de l'espace est nécessaire ment liée à celle de l'étendue, et Descartes confon l'idée de l'étendue avec celle de la matière: car o

peut dépouiller successivement les corps de toute leurs qualités; mais l'étendue y restera, sans qu'o puisse jamais l'en détacher. C'est donc l'étendue qu constitue la matière, et c'est la matière qui constitu l'espace. Mais où sont les bornes de l'espace Descartes ne les conçoit nulle part, parceque l'imagination peut toujours s'étendre au-delà. L'u nivers est donc illimité: il semble que l'âme de ce grand homme eût été trop resserrée par les bornes du monde; il n'ose point les fixer. Il examine ensuite les lois du mouvement: mais qu'est-ce que le mou vement? c'est le plus grand phénomène de la nature. et le plus inconnu. Jamais l'homme ne saura comment le mouvement d'un corps peut passer dans un autre. Il faut donc se borner à connoître par quelles lois générales il se distribue, se conserve ou se détruit; et c'est ce que personne n'avoit cherché

erreur,

avant Descartes. C'est lui qui le premier a généralisé tous les phénomènes, a comparé tous les résultats et tous les effets, pour en extraire ces lois primitives: et puisque dans les mèrs, sur la terre et dans les cieux, tout s'opère par le mouvement, n'étoit-ce pas remettre aux hommes la clef de la nature? Il se trompa, je le sais; mais, malgré son il n'en est pas moins l'auteur des lois du mouvement: car, pendant trente siècles, les philosophes n'y avoient pas même pensé; et dès qu'il en eut donné de fausses, on s'appliqua à chercher les véritables. Trois mathématiciens célèbres * les trouvèrent en même temps: c'étoit l'effet de ses recherches et de la secousse qu'il avoit donnée aux esprits. Du mouvement il passe à la matière, chose aussi incompréhensible pour l'homme. Il admet une matière primitive, unique, élémentaire, source et principe de tous les êtres, divisée et divisible à l'infini; qui se modifie par le mouvement; qui se compose et se décompose; qui végète ou s'organise; qui, par l'activité rapide de ses parties, devient fluide; qui, par leur repos, demeure inactive et lente; qui circule sans cesse dans des moules et des filières innombrables, et, par l'assemblage des formes, constitue l'univers: c'est avec cette matière qu'il entreprend de créer un monde.

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Je n'entrerai point dans le détail de cette créa-
Huygens, Wallis et Wren..

tion. Je ne peindrai point ces trois éléments si con nus, formés par des millions de particules entas

sées, qui se heurtent, se froissent et se brisent; ce éléments emportés d'un mouvement rapide autou de divers centres, et marchant par tourbillons; I force centrifuge qui naît du mouvement circulaire chaque élément qui se place à différentes distan ces, à raison de sa pesanteur; la matière la plu déliée qui se précipite vers les centres et y va for mer des soleils; la plus massive rejetée vers les cir conférences; les grands tourbillons qui engloutis sent les tourbillons voisins trop foibles pour leu résister, et les emportent dans leurs cours; tou ces tourbillons roulant dans l'espace immense, e chacun en équilibre, à raison de leur masse et de leur vitesse. C'est au physicien plutôt qu'à l'orateur à donner l'idée de ce système, que l'Europe adopta avec transport, qui a présidé si long-temps au mouvement des cieux, et qui est aujourd'hui toutà-fait renversé. En vain les hommes les plus savants du siècle passé et du nôtre, en vain les Huygens, les Bulfinger, les Malebranche, les Leibnitz. les Kircher et les Bernoulli ont travaillé à réparer ce grand édifice; il menaçoit ruine de toutes parts, et il a fallu l'abandonner. Gardons-nous cependant de croire que ce système, tel qu'il est, ne soit pas l'ouvrage d'un génie extraordinaire. Personne encore n'avoit conçu une machine aussi

grande ni aussi vaste; personne n'avoit eu l'idée de rassembler toutes les observations faites dans tous les siècles, et d'en bâtir un système général du monde; personne n'avoit fait un usage aussi beau des lois de l'équilibre et du mouvement; personne, d'un petit nombre de principes simples, n'avoit tiré une foule de conséquences si bien enchaînées. Dans un temps où les lois du mécanisme étoient si peu connues, où les observations astronomiques étoient si imparfaites, il est beau d'avoir même ébauché l'univers. D'ailleurs tout sembloit inviter l'homme à croire que c'étoit là le système de la nature; du moins le mouvement rapide de toutes les sphères, leur rotation sur leur propre centre, leurs orbes plus ou moins réguliers autour d'un centre commun, les lois de l'impulsion établies et connues dans tous les corps qui nous environnent, l'analogie de la terre avec les cieux, l'enchaînement de tous les corps de l'univers, enchaînement qui doit être formé par des liens physiques et réels, tout semble nous dire que les sphères célestes communiquent ensemble, et sont entraînées par un fluide invisible et immense qui circule autour d'elles. Mais quel est ce fluide ? quelle est cette impulsion? quelles sont les causes qui la modifient, qui l'altèrent et qui la changent? comment toutes ces causes se combinent ou se

divisent-elles pour produire les plus étonnants

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