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1er novemb.

3 novemb.

de l'instrument de mort teint de sang. S'il fut aussi cruel, il fut bien moins injuste ce Louis XI, à qui l'on reproche d'avoir fait placer les enfans d'un vassal révolté, d'un prince rebelle, du duc d'Armagnac, sous l'échafaud où leur père était décapité, afin qu'ils fussent arrosés de son sang !

Dans une lettre que Fouché avait écrite à ce comité de Moulins, il disait : « Je suis étonné de votre >> embarras..... Il vous manque des blés: organisez >> votre armée révolutionnaire, et mettez sur l'échafaud >> les fermiers, les propriétaires, qui sont rebelles aux » réquisitions. Il vous manque des logemens, emparez» vous des hôtels de vos détenus... En un mot, mar>> chez de pied ferme à la régénération universelle. »

L'état des prisons de Paris se porte à trois mille deux cent trois détenus.

Carnot, membre du comité de salut public ́(directeur en 1795, 96, 97), fait connaître à la convention l'importance des ateliers créés et des mesures improvisées, pour obtenir avec rapidité de nombreux et formidables moyens de défense contre l'ennemi, en exécution du décret du 23 août, par lequel ce comité se trouve immédiatement chargé de cette vaste entreprise. Tout était à créer, ouvriers, matériaux, outils. La poudre manquait aux armées; on n'avait pas même la matière première; mais on obtint aussitôt d'abondantes ressources dans Paris, dont le sol recèle depuis tant de siècles les débris de tous les élémens terrestres et putréfiables. On fouille les caves, les cuisines; on enlève les cendres des foyers, on soulève les pavés; on cherche dans tous les décombres pour en extraire les parties

imprégnées de salpêtre ; tous les murs sont dépouillés du sel qui s'y est attaché. Ces travaux, exécutés avec intelligence et activité, donnent de prompts et d'immenses résultats. Dans plusieurs quartiers de Paris, on lit ces mots sur les portes : Pour donner la mort >> aux tyrans, les citoyens logés dans cette maison » ont fourni leur contingent de salpêtre. » Ces inscriptions subsisteront pendant plus d'une année (V. 22 septembre 1794).

Le duc d'Orléans est exécuté. On sait que ne se 6 novemb. trouvant pas assez avili par l'opprobre dont il a flétri ce nom, ce prince s'est ignominieusement imposé le nom d'Égalité.

Après l'appel nominal (15 janvier 1793) sur la question: «< Louis est-il convaincu de conspiration? etc. >> Louvet a manifesté son indignation d'avoir vu le matin le plus proche parent de Louis XVI voter contre lui. Manuel a parlé dans le même sens (V. 16, 17, 18 janvier). « Je ne vois pas ici, a-t-il dit, des ju» ges; car des juges ne se calomnient point, et sur>> tout ils ne souffrent pas parmi eux des parens des >> accusés ; et vous avez permis qu'Égalité donnât son >> avis sur la première question............. Une >> nouvelle question m'a frappé, a dit Duprat (lors » de l'appel sur la seconde question), et je dis oui » avec d'autant plus de confiance que Philippe d'Or» léans a dit non. » — « Il est temps, a dit Barba» roux, que le peuple français reprenne l'exercice de » sa volonté suprême pour écraser une faction. Au >> milieu, je vois Philippe d'Orléans que je dénonce >> dans ce moment à toute la république. Je sais que » je m'expose à tous ses poignards; mais comme la » vie d'un homme est incertaine, j'ai dû faire cette

» déclaration. » Dans la séance du 16, au moment où l'on délibérait sur cette question : « Quelle >> peine sera infligée à Louis, etc. ?» Salles a dit : << Il ne nous reste plus que le choix des maux de » la patrie; heureusement que Louis nous laisse » de tous ses parens celui qui peut le plus dégoû» ter de la royauté. » - « ... Puisse le génie » tutélaire de ma patrie, a dit Louvet, la préserver >> des maux qui la menacent! Puisse sa main venge>>resse écraser les tyrans qu'on nous garde! » ..... Duprat a demandé qu'il ne restât pas en France un seul rejeton de la famille des Bourbons. En votant la mort, Barbaroux a ajouté : « Dans quelques jours

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je voterai aussi pour l'expulsion des Bourbons.....» (Procès des Bourbons, contenant des détails historiques sur la journée du 10 août 1792, les événemens qui ont précédé, accompagné et suivi le jugement de Louis XVI; les procès de Marie-Antoinette, de Louis-Philippe d'Orléans, d'Élisabeth, et de plusieurs particularités sur la maladie et la mort de Louis-Charles, fils de Louis XVI; l'échange de Marie-Charlotte, et le départ des derniers membres pour l'Espagne, etc.; deux volumes in-8°. Hambourg, 1798.) Cet ouvrage renferme un grand nombre de pièces importantes ; il est fait dans un très-bon esprit, et se recommande par une exactitude et une impartialité entières; l'auteur, parfaitement informé des faits principaux, appuie leur récit de preuves positives; il ne commet aucune erreur, et rapporte les choses telles qu'elles se sont passées. Pour apprécier l'importance des matériaux rassemblés dans le Procès des Bourbons, etc., il suffit de savoir que le ministre de la police, Fouché, eut ordre exprès de Bonaparte de faire rechercher tous les exemplaires

des perquisitions

qui pouvaient se trouver à Paris ; furent faites chez tous les libraires, et l'on fit jusqu'à quinze perquisitions de nuit et de jour chez un imprimeur soupçonné de faire une édition de l'ouvrage. Ce livre donnait des inquiétudes à Bonaparte, parce que l'auteur s'y montrait royaliste, et dévoilait la longue série des horreurs de toute espèce qu'on avait accumulées sur les membres de la famille des Bourbons.

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Dès le 16 janvier 1793, le duc d'Orléans, effrayé des dangers que lui présageaient les flots d'ignominie répandus sur sa personne dans la journée du 15, dans la séance du 16 et dans celle du 18, publia sa profession de foi adressée à ses concitoyens. Il dit dans cette lettre qu'on calomnie son républicanisme; qu'il n'a aucune connaissance des projets ambitieux que ses ennemis lui attribuent; il ajouté : «........ J'estime >> ceux des membres de la convention qui veulent la » république, qui la veulent une et indivisible, et qui, >> contens d'établir la liberté, ne cherchent pas à envahir » le pouvoir; j'ajoute que je n'estime que ceux-là. >> Plusieurs d'entre eux ont prononcé à la tribune >> qu'ils immoleraient le premier à qui ils verraient » des projets ambitieux je pense comme eux, et » dans ce cas j'immolerais ce que j'ai de plus cher... » Signé L.-P.-J. ÉGALITÉ. »

La trahison de Dumouriez vint aggraver la situation politique du duc d'Orléans, et la rendit presque irrémédiable. Dans sa séance du 4 avril, la convention décrète 1°. la femme et les enfans de Valence, la citoyenne Égalité et son fils, la citoyenne Montesson, seront mis en état d'arrestation; 2°. les citoyens Sillery et Égalité père ne pourront sortir de Paris, sous aucun prétexte. On fait ensuite lecture d'une

lettre datée du 30 mars, écrite par le duc de Chartres-Orléans (général Égalité) à son père: «...

» L'armée (dit ce général) est dans un désordre .ad» mirablę; je vois la liberté perdue; la convention » a oublié tous principes; nos troupes de ligne sont » détruites; le régiment des Deux - Ponts est réduit >> à cent cinquante hommes. Peut-on, avec les volon>> taires, lutter contre toute l'Europe?..... Il m'est >> venu une ébullition sur tout le corps; j'ai craint » que ce ne fût une maladie de peau. Ma soeur vient » à Saint-Amand, elle y sera plus tranquille. Je ne >> sais comment s'arrange l'affaire de l'émigration : » si vous désapprouvez cette démarche, parlez, tout >> sera bientôt réparé. Je vous embrasse, cher papa... >>

Le 6 avril', la convention rend le décret suivant: «Tous les membres de la famille des Bourbons se>>ront mis en état d'arrestation, pour servir d'ôtages » à la république. Le comité de sûreté générale est >> chargé de déterminer le lieu où ils seront détenus. >> Le 7, le ministre de la justice, en vertu du décret de la veille, fait arrêter et conduire à la mairie le citoyen Philippe Égalité, et annonce qu'il attend la

Pendant cette séance, il se passait au Palais-Royal une scène qui peint les hommes de cette époque. M. de Monville, homme d'esprit et de plaisir, vivait dans l'intimité du duc d'Orléans (Égalité). Cet épicurien, renommé par son amabilité non moins que par les délices de son intérieur, aimait le jeu avec passion : le duc d'Orléans le visitait souvent au Désert, maison de campagne dont M. de Monville avait fait un chef-d'œuvre de l'art et du goût. Ils jouaient depuis long-temps tête à tête, lorsque M. de Monville observa que l'heure du dîner avait sonné depuis long-temps; on le servit sur la table même du jeu, mets par mets. Pendant ce repas, l'on discutait à la convention sur le sort du prince. Merlin (de Douai) vint le lui annoncer; ce député allait et venait de la salle du Manége au Palais-Royal, pour rendre compte de la tournure que prenait la délibération. Merlin vient enfin annoncer que l'arrestation du

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