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lousie, quelle surveillance n'exerçait-il pas sur son fils, et ensuite sur son petit-fils devenu son héritier immédiat!

Il était donc dans la tradition des cours, qu'au début des troubles, Philippe d'Orléans devint le chef ostensible des antagonistes de la cour. Égaré par ses liaisons, atteint de la dépravation qui signalait les hautes classes, la faiblesse de son caractère donnait aux flatteurs un grand empire sur lui; mais souvent aussi agissaient-ils en son nom, quoique à son insu. Une foule de factieux, depuis Mirabeau jusqu'à Danton, Barrère et Marat, allèrent recevoir l'or du PalaisRoyal, mais ne tardèrent guère à s'en éloigner, soit qu'ils fussent déterminés par la nullité de l'homme, ou que leur cupidité du moment fût satisfaite. Ses courtisans et tous ceux qui, de temps à autre semblaient agir pour lui, ne parvinrent jamais à se donner la consistance d'un parti, ni le prince pour chef; ils ne firent que des tentatives incohérentes. Lui-même tout en montrant le désir de s'élever dans la nouvelle France, n'entretenait là-dessus qu'un espoir vague et confus. Mécontent, il entra sans desseins raisonnés dans les rangs du tiers état, et, en premier lieu, pour se venger de la cour; il avait des prétextes plausibles et même de justes griefs à produire (V. 19-20 novembre 1787); mais on peut douter qu'aucun démagogue doué de quelque sens, jouissant de quelque influence, ait voulu s'unir à ce personnage, qui, dès 1789, délaissé de tous les hommes un peu jaloux de ne pas perdre tout droit à l'estime publique, commençait à se voir abandonné de ceux que son nom et son importance de situation avaient séduits. Il faut donc avouer que ce qu'on nomme le parti d'Orléans n'exista point, si l'on conserve au mot parti sa véri

table acception; tous les hommes judicieux et de bonne foi doivent en être convaincus. Il est vrai, néanmoins, que lors des premières discussions à l'assemblée constituante, plusieurs novateurs étaient d'avis que les améliorations ne pouvaient résulter que d'un changement de dynastie. Mais cette idée, successivement adoptée par quelques agitateurs éphémères, ne réunit jamais un certain nombre de conjurés agissant avec suite et d'après un plan arrêté; or voilà ce qui constitue une faction, un parti.

Ce qu'il y a de certain, à l'égard de ce prince, c'est qu'atteint d'un vice trop souvent remarqué chez les descendans de Hugues Capet, pour ne pas sembler héréditaire, d'une certaine faiblesse d'âme qui ne permet ni de faire ni d'empêcher le mal, il ne montra de la fermeté qu'en entrant dans sa prison et en montant à l'échafaud.

En définitive, quoique le duc d'Orléans se reconnut incapable de se mettre à la tête d'un parti, que peutêtre il ne le voulût pas, on ne saurait douter qu'à la naissance des troubles il n'ait été le but ou d'instrument des projets incohérens de quelques êtres corrompus (Mirabeau, Chauderlos - Laclos, Lusignan, Syeyès, Barrère, Sillery-Genlis, Dumouriez, etc., etc., etc.), cherchant à former une faction ou une spéculation dont il serait ou paraîtrait le chef. Les premiers moteurs du renversement de l'ancien ordre ne songeaient certainement pas à l'établissement d'une république; ce mot ne se prononça qu'à l'époque du voyage de Varennes. Mais, dès 1789, parmi les spéculateurs de constitution, il y en eut qui, désirant tempérer et régulariser la monarchie, et croyant qu'un monarque investi du pouvoir absolu par le droit d'une filiation incontestable, droit qu'étayait le droit divin, ne consentirait

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jamais à faire de bonne foi tous les sacrifices nécessaires, purent supposer qu'un accord avec une autre famille serait plus sûr, parce que cette famille n'ayant rien à réclamer, ne pouvant rien exiger, se contenterait de la faible portion d'autorité qu'on lui remettrait. En effet, cette considération politique avait été l'une des principales causes qui firent appeler, en 1688, le stathouder au trône d'Angleterre.

Voilà, nous pensons, ce qu'il y a de plus vrai, de plus raisonnable à dire relativement à la faction du duc d'Orléans. Nous avons étudié avec la plus grande attention les événemens et les hommes de la révolution; nous avons pratiqué plusieurs des personnages qui y ont joué de grands rôles; nous avons recherché avec un soin minutieux tous les éclaircissemens qu'il était en quelque sorte possible de se procurer sous un prince dont nous avons constamment suivi les mouvemens : c'est d'après toutes ces données que nous énonçons notre opinion, et nous la croyons fondée. Nous n'ajouterons plus qu'une observation (nous croyons utile de nous répéter) c'est une faute, ou tout au moins une trèsgrande imprudence politique, que de laisser à un prince placé près du trône, et qui n'a pas l'espoir d'y monter d'après l'ordre de la nature, une fortune aussi immense que l'était celle du duc d'Orléans : à l'époque de 1789, il jouissait, en effectif ou en réversibilités, d'un revenu de quatorze millions; comment, dans une telle situation, un prince ne serait-il pas tenté, soit par son ambition, soit par celle de ses courtisans, de renverser la branche régnante et de se placer sur le trône ?

L'abjuration du culte catholique et du christianisme 7 novemb est faite, au sein de la convention, par l'évêque de

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8 novemb.

Io novemb.

Paris, accompagné d'une partie de son clergé, plusieurs autres évêques constitutionnels, et Julien, dit de Toulouse, ministre du culte protestant, tous conventionnels. Grégoire seul refuse et avec le plus grand courage de renoncer à son caractère ecclésiastique et aux croyances du catholicisme. Dans la séance de ce jour, des sans - culottes ivres, conduisant des baudets et des mulets couverts d'ornemens sacerdotaux, chargés des vases et des ustensiles d'or et d'argent dont on a dépouillé les églises, servent de cortége aux profanateurs; ils traversent plusieurs grandes rues de Paris, traînant les calices et les saints ciboires dans les ruisseaux, et proférant les plus horribles imprécations contre notre divin Sauveur; ils arrivent à la barre de la convention, y font entendre leurs chants de cannibales, dansent et défilent aux applaudissemens des députés et des tribunes. Les abjurations à la tribune, à la barre ou par écrit se succèderont en si grand nombre pendant plusieurs jours, que Robespierre et Danton, `s'élevant contre cet autre genre de momeries, feront décréter qu'elles ne seront plus reçues qu'au comité d'instruction publique! Ce comité est chargé de présenter un projet de décret tendant à substituer un culté raisonnable et civique au culte catholique.

Une loi révolutionnaire porte que les enfans dont les pères et les mères auront subi un jugement emportant la confiscation de leurs biens, seront reçus dans les hospices destinés aux enfans abandonnés!!!

Le délire irréligieux est à son comble; la convention décrète que « le culte catholique sera remplacé par le >> culte de la Raison,» auquel l'église Notre-Dame

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de Paris est dédiée. On verra, aux jours consacrés, une prostituée assise sur l'autel figurer la déesse du lieu; l'on entendra l'académicien Laharpe nier l'existence de Dieu; ce littérateur, perché sur le maître'autel de Notre-Dame, un bonnet rouge à la main, anathématisera Jésus-Christ, et le défiera de faire éclater sa puissance. Les autres églises de Paris sont mises sous l'invocation d'êtres métaphysiques, de la liberté, de l'amour conjugal. Les sectaires de la déesse de la Raison, renouvelant les fureurs des iconoclastes, briseront les statues, déchireront les tableaux qui retracent, de quelque manière, le catholicisme ou la royauté (V. 7 mai 1794).

Madame Roland, femme d'un très-grand caractère, 10 novemb. du républicanisme le plus prononcé, et particulièrement dévouée à la faction des girondins, est exécutée, Elle laisse des Mémoires, qui jettent un grand jour sur plusieurs époques importantes de la révolution. Son époux se suicidera le 15 novembre.

Bailly, ex-constituant, ex-maire de Paris, bien plus connu par sa conduite politique que par ses travaux littéraires ou scientifiques, quoique sociétaire des trois académies, est exécuté. La haine que les juges lui portent leur fait joindre à l'exécution de la sentence des

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L'Église Notre-Dame et l'archevêché de Paris servirent de théâtre aux profanations du culte et aux spoliations du clergé. C'est dans un grand dîner donné à l'archevêché, dîner dont l'évêque d'Autun, Talleyrand-Périgord, faisait les honneurs, que fut décidée la spoliation des biens de l'Église et du clergé catholique. Le prélat d'Autun se distingua, entre tous les convives, par la profondeur de ses vues politiques et l'exactitude de ses estimations du produit net de la vente des biens du clergé.

II novemb.

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