Slike stranica
PDF
ePub

31 mars.

1er avril.

4 avril.

[ocr errors]

Dumouriez négocie, en secret avec des Autrichiens: il leur livre Bréda et Gertruydemberg, comme des gages de la sincérité de son projet d'attaquer la convention et le gouvernement républicain.

[ocr errors]

Un arrêté pris par les commissaires de la majorité des sections de Paris (V. le 12), déclare qu'ils se constituent en assemblée centrale de salut public correspondant avec les départemens, sous la sauvegarde du peuple; exposant en outre que leur objet est de surveiller les administrations, les ministres la convention nationale elle-même ( V. 15 avril ), de veiller particulièrement sur les subsistances, d'établir enfin la seule égalité réelle, celle des biens.

Les conventionnels Camus, Quinette, Lamarque, Bancal, et le ministre de la guerre Beurnonville envoyés pour arrêter le général Dumouriez, sont euxmêmes arrêtés et livrés aux Autrichiens.

Le général Dumouriez, ayant trop présumé de ses moyens et de son influence, ne pouvant engager les soldats qu'il commande à seconder ses projets pour délivrer la France de la tyrannie de la convention, rétablir la constitution de 1791, et mettre le duc de Chartres - Orléans (général Égalité) sur le trône de France, s'échappe de son quartier général, établi aux Bains-Saint-Amand (Nord), et se réfugie aux avant-postes autrichiens, accompagné du duc de Chartres-Orléans, et de Valence, généraux de division. Jamais il ne fut dévoué à Louis XVI, ni franc constitutionnel, ni républicain de bonne foi. D'un esprit inquiet, d'un caractère turbulent, il voulait se faire distinguer à quelque prix et sous quelque point de vue que ce fût, sans cesse prêt à sacrifier

tout à son ambition et à sa vanité. Ici néanmoins se termine la carrière politique d'un homme beaucoup trop cité, qui prit Pintrigue pour la gloire, le bruit pour la célébrité; qui désavouait les doctrines et changeait de conduite au gré des circonstances, et qui ne fit qu'entreprendre sans obtenir de résultat. Dumouriez, dont l'influence politique fut si désastreuse pour Louis XVI, a néanmoins trouvé des panégyristes parmi les émigrés; Rivarol a fait son éloge; M. de Châteaubriand, dans son Essai historique, politique et moral sur les révolutions, vol. fer. pag. 332, Londres, 1797, a dit de ce général :

.

.... De petites formes, de petits traits, un air >> remuant et pertinent, cachent cependant dans » M. Dumouriez des talens peu ordinaires. On lui a fait un crime de la versatilité de ses principes : >> supposé que ce reproche fût vrai, aurait-il été plus coupable que le reste de son siècle? Nous >> autres, Romains de cet âge de vertu, tous tant que >> nous sommes, nous tenons en réserve nos costumes >> politiques pour le moment de la pièce; et moyen»> nant un demi- écu qu'on donne à la porte,' chacun >> peut se procurer le plaisir de nous faire jouer avec la toge ou la livrée, tour à tour un Cassius ou un >> valet. >>> Après avoir été l'homme de la révolution et celui du roi, après avoir été l'homme de Philippe d'Orléans (Égalité) et celui des girondins, Dumouriez ne put échapper à la mort que par la fuite. Rentré dans une obscurité désespérante,`il publiera des mémoires à sa louange; mais loin de croire aux protestations de la pureté de ses vues, chacun restera persuadé que si cet ambitieux sans pudeur trahit les jacobins, ce ne fut qu'au moment où il cessa de leur convenir, et où sa tête était destinée

[ocr errors]

se

au fer de la guillotine. Le prince de Cobourg, commandant les Autrichiens, qui avait annoncé l'emploi de ses forces pour la restauration de la constitution de 1791, reçoit de son cabinet l'ordre de ne donner aucun espoir de cette nature, puisque ce prétexte, mis en avant pour s'attacher un parti, ne saurait plus servir depuis l'évasion du général français. Il est remarquable que Dumouriez, dont la haute fortune venait de ses liaisons avec les girondins, avec ces hommes qui ravirent au roi son pouvoir et sa liberté, que Dumouriez, membre du club des Jacobins, voie favorablement traité de ces mêmes puissances qui retiennent prisonnier avec une si brutale dureté La Fayette (V. 18 août 1792), dont la vie politique est exempte de ces taches ignominieuses. Le duc de Chartres-Orléans conservera toujours sa confiance et son amitié à Dumouriez, et entretiendra avec lui une correspondance suivie. En 1822, le duc d'Orléans accordera à Dumouriez une pension de dix mille francs. On a dit dans le temps que les conseils de Dumouriez déterminèrent le duc d'Orléans à offrir en 1843 (V. cette date), son nom, son bras et son épée à la régence espagnole. Les magnanimes sentimens qui animaient le prince le décidèrent à soutenir de tous ses efforts la cause sacrée de la légitimité et les droits de Ferdinand; mais la calomnie avait précédé l'arrivée du duc d'Orléans à l'île de Léon, et ce prince reçut l'ordre de quitter l'Espagne sous vingtquatre heures. La régence nomma le capitaine général Castanos pour en répondre jusqu'au moment de son embarquement.

Dumouriez ne cessera, pendant vingt années, de susciter des ennemis à la France, d'exciter à de nouvelles guerres toutes les puissances du continent; il

fera plans de campagne sur plans de campagne; il deviendra le conseiller dirigeant du duc de Wellington en Espagne, lui indiquera la marche et les opérations à suivre, et contribuera puissamment par ses conseils à la gloire du général anglais, qui lui exprimera dans ses nombreuses lettres (on les a fues) toute sa reconnaissance des services que le général français lui aura rendus. Enfin Dumouriez tracera à Wellington la marche à suivre pour entrer en France et envahir les provinces méridionales du royaume.

Dans la séance du 10 mars, Cambacérès s'était élevé avec beaucoup de véhémence contre des pétitionnaires de la section Poissonnière, qui dénonçaient Dumouriez comme, trahissant la république, qui citaient, en preuve de la trahison, ses intelligences avec des généraux autrichiens, les intrigues qu'il tramait ouvertement à Paris, et les lettres qu'il y écrivait à ses affidés; les pétitionnaires ne craignaient pas de dire que les opérations militaires de Dumouriez tendaient, d'une manière directe, à ouvrir aux ennemis les frontières de la république; ils réclamaient les mesures nécessaires pour sauver la chose publique. Cambacérès, après avoir beaucoup parlé de la haine qu'il portait à la royauté, et de l'ardeur de son républicanisme, fit le plus pompeux éloge des talens, des services et du civisme de Dumouriez. Le 26 mars, Cambacérès monta à la tribune, et présenta, au nom du comité de sûreté générale, un rapport sur l'infâme défection de Dumouriez, communiqua les pièces qui la constataient, et annonça à l'assemblée que le comité avait pris les mesures les plus énergiques pour s'assurer de tous les individus « qui, soit >> par leur naissance, soit par leurs liaisons avec >> Dumouriez, ses agens ou partisans, pouvaient être

[ocr errors]

>> soupçonnés d'avoir pris part au projet formé par » ce général pour rétablir la royauté. » La virulente sortie de Cambacérès jeta l'épouvante parmi les girondins, et fut en quelque sorte le prélude de la révolution du 31 mai (V. plus bas cette date). Dès cet instant, Dumouriez ne fut plus aux yeux de tout le monde que ce qu'il était réellement, un intrigant qui travaillait, dans les vues de son ambition personnelle, à placer la couronne sur la tête du duc d'Orléans.

6 avril. Une loi établit au sein de la convention un comité de salut public composé de neuf membres. Il est chargé de surveiller et de diriger l'action du pouvoir exécutif. Ses délibérations seront secrètes. Dans les circonstances urgentes, il prendra des mesures générales. Il fera, chaque semaine, un rapport général et par écrit, de ses opérations et de la situation de la république. Les patriotes, jugés dignes d'y être reçus à sa formation, sont : Barrère, Delmas, Bréard, Cambon, Jean Debry, Danton, Guyton-Morveau (chimiste), Treilhard, Delacroix; les suppléans sont : Isnard, Lindet, Cambacérès. Le renouvellement doit s'effectuer de mois en mois. Les attributions du comité comprennent la correspondance générale, et l'initiative exclusive des décrets en matières administratives. Le comité remet des pouvoirs illimités aux commissaires de la convention envoyés dans les départemens; il dresse leurs instructions. Bientôt, il obtiendra la faculté de les déplacer et de les remplacer. La distribution de tous les emplois dérive de lui, dans le régime actuel, par son influence sur les ministres ; et sans intermédiaire, après la pression du conseil exécutif (V. 1o, avril 4794).

sup

« PrethodnaNastavi »