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Ensuite de ces dispositions, le comité de sûreté générale ( V. 25 mars) est dorénavant chargé d'administrer la police, que le comité de salut public doit diriger et régler par des mesures générales. Ce premier comité est une sorte de puissance exécutive; il se qualifie comité du gouvernement, ne reconnaissant d'autorité supérieure à la sienne que les décrets de la convention nationale: cependant, il obéit au génie du gouvernement, et le gouvernement réside essentiellement dans le comité de salut public. Ce comité ne s'attribuera la suprématie sur les autres comités qu'après la chute des girondins, à l'époque où ses délibérations seront commandées et ses arrêtés dictés par les triumvirs, Robespierre, Couthon, Saint-Just. Alors, ils appelleront le comité de sûreté générale non pour prendre ses avis, mais pour lui prescrire leurs volontés. Le comité qu'ils font ainsi prédominer et qu'ils concentrent dans leurs trois personnes, pourra supposer ou dissimuler les besoins, exagérer ou cacher les ressources disposant de la fabrication et de l'émission des assignats, donnant des ordres directs à la commune de Paris, il dirigera les insurrections: enfin, ne rendant à la convention que des comptes sommaires, il réunit tous les moyens du pouvoir suprême, d'un pouvoir sans contrôle ; il a tous les moyens de fanatiser la grossière multitude et d'enchaîner les citoyens.

« A Rome, dit Montesquieu, il y avait une loi de » majesté contre ceux qui commettaient un attentat >> contre le peuple romain. Tibère se saisit de cette loi, » et l'appliqua, non pas aux cas pour lesquels elle avait » été faite, mais à tout ce qui put servir sa haine ou ses défiances. Ce n'étaient pas seulement les actions >> qui tombaient dans le cas de cette loi; mais des pa» roles, des signes et des pensées même : car, ce qui

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» se dit dans ces épanchemens du cœur que la conver»sation produit entre deux amis, ne peut être regardé » que comme des pensées. Il n'y eut donc plus de li» berté dans les festins, de confiance dans les parentés, » de fidélité dans les esclaves........ L'amitié fut regardée >> comme un écueil, l'ingénuité comme une imprudence, » la vertu comme une affectation qui pouvait rappeler » dans l'esprit des peuples le bonheur des temps pré>> cédens. >>

8 avril. Un décret porte que les députés convaincus d'un délit national seront livrés sur - le - champ au tribunal révolutionnaire. Cette résolution, fortement appuyée par les girondins, est une arme terrible qui ne tardera guère à les frapper eux-mêmes. Bientôt, les jacobins, parvenant au faîte du pouvoir (V. 11 mai), mais interprétant ou changeant les lois, seront impunément cruels, dévastateurs; ils feront un exécrable usage de ce décret; ils trouveront, dans cet acte qui détruit l'inviolabilité des députés, la facilité de se porter aux dernières extrémités, en épouvantant la majorité de la convention : majorité composée d'hommes dont l'âme n'est ni dépravée ni sanguinaire; mais, hommes faibles, peu instruits, abusés et entraînés par des idées de gloire ou de régénération nationale. L'adoption de ce décret décèle une complète ignorance des élémens de la liberté publique.

8 avril.

9 avril.

D'après un décret, tous les individus de la famille de Bourbon, hors ceux détenus au temple, seront détenus à Marseille (V. 16 décembre 1792 ).

Tous les Bourbons désignés dans le décret du jour précédent partent pour Marscille, y compris Philippe Égalité (duc d'Orléans) dont la convention a refusé

la demande d'être excepté de cette mesure, quoiqu'il fasse valoir son vote pour la mort de Louis XVI.

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Une loi révolutionnaire énblit près de chaque 9 avril. armée des représentans du peuple, pris dans la convention et investis de pouvoir illimités. Les géné➡ raux et tous les fonctionnaires civils sont tenus d'obéir à leurs ordres. La convention met sur pied dix armées du Nord et des Ardanes, Custine; de la Moselle, Houchard; du Rhin, Aexandre Beauharnais; des Alpes, Kellermann; d'Italie Brunet; des PyrénéesOrientales, Deflers; des Pyrénes - Occidentales, Dubousquet; des Côtes de la Rochelle, Canclaux; des Côtes de la Manche, Félix Vimppen; de l'Ouest Westermann.

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Une loi défend la vente du numéraire, sous peine 11 avril. de six années de fers.

Le parti dit de la Gironde (V. 29 mai 1792), au- 13 avril. jourd'hui séparé des jacobins, fait décréter d'accusation le féroce Marat, conventionel et journaliste. Le décret est émis à la majorité è deux cent vingt voix contre quatre-vingt-douze, arès un appel nominal qui, commencé la veille, ne e termine que le matin à sept heures. Quarante-huit membres se récusent, par le motif qu'ils sont habituellement dénoncés dans les écrits de Marat. L'effrayane popularité dont jouit cet homme, a fait de l'appe nominal une sorte de solennité. Le décret proclamé, l'assemblée se sépare en silence, mais assaillie par les murmures, les cris et les menaces des habitués es tribunes (V. le 24). Tout cela montre que la grande majorité des députés désire la fin des excès mais que, pour entrer

15 avril.

16 avril.

17 avril.

dans une meilleure route, il leur manque ce qu'on n'aura trouvé dans la majorité de presqu'aucune de nos assemblées législatves, ce qu'on aura tout aussi vainement cherché hors de leurs enceintes, pendant trente années de déso dres, de malheurs, de gouvernemens malfaisans, de ministères sans bonne foi ou sans capacité; c'est-à-dire la force d'âme dans l'individu, l'énergie poliique dans les masses. Jamais, sans doute, on ne vt l'honnête citoyen aussi pusillanime, on ne vit ure aussi permanente lâcheté dans une nation civilisée e qui possède un grand nombre d'hommes éclairés. Émigrés! pourquoi ne pas rester au sein de vos foyer? En recouvrant une partie de votre influence, vou exerceriez à ce jour un utile patronage. C'est au rilieu de vos compatriotes qu'il fallait vous montrer pour votre propre avantage, comme pour l'avantge commun; en fuyant votre patrie, vous avez maifesté que vous ne compreniez ni l'importance ni l'utlité de vous faire citoyens.

Une pétition des conmissaires des sections de Paris (V. 31 mars), est dirée contre vingt-deux députés girondins Brissot, Vergniaud, Péthion, etc., ou signalés par leur oppoition aux jacobin's sans appartenir à d'autres faction: Lanjuinais, Doulcet de Pontécoulant, etc. (V. le 20 ).

Les Anglais prennen l'île française de Tabago.

Un décret ordonne b séquestre des biens de Philippe Égalité (duc d'Orléans ), détenu à Marseille (V. le 9).

Les Espagnols envahisent le Roussillon.

Un décret déclare calomnieuse, la pétition des com- 20 avril. missaires des sections (V. le 15).

Dans la guerre de la Vendée, des actions assez 23 avril. fréquentes, depuis trois semaines, ont mis en évidence l'accroissement des forces royalistes qui ont pris le nom collectif d'armée catholique et royale, dont d'Elbée est généralissime. On a partagé le pays en divisions militaires, à la tête desquelles sont des commandans soumis au généralissime, qui est, en même temps, président du conseil supérieur. Les chefs la Rochejacquelein, d'Autichamp, Bonchamp, Domagné, Cathelineau, Stofflet, commandent dans l'Anjou et le Haut-Poitou; Lescure, Talmont, Duhoux-d'Autrive, le centre; Charette, Savin, Joli, etc., l'armée du Bocage, ou Bas-Poitou.

D'Elbée, joint par Bonchamp, remporte un avantage important pour la solidité de leur parti, dans une affaire qui détermine le gros des troupes républicaines à repasser la Loire, en évacuant la plupart des postes de la rive droite.. Les départemens de Maineet-Loire, de la Vendée et des Deux-Sèvres seront, pendant près de quatre mois, soustraits aux lois de la convention.

Marat est acquitté par le tribunal révolutionnaire 24 avril. (V. le 13); les sans-culottes, la tête couronnée de lauriers, le portent en triomphe dans la salle de la convention. Ses accusateurs sont consternés.

La divergence d'opinions existant entre les girondins et les jacobins se prononça plus ouvertement, aussitôt après le dix août la scission éclata pendant le procès du roi, et l'événement du 21 janvier

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