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fut le signal des grandes hostilités. Dès ce jour, elles devinrent opiniâtres et se succédèrent sans relâche; mais l'offensive était toujours restée, et restera aux jacobins. Le parti de la Gironde, depuis l'insurrection du 20 juin, dont lui seul avait tracé le plan, et qui devait assurer sa domination, va chaque jour, au contraire, perdant de son influence. Pour la conserver, il lui faudrait s'abandonner toujours au torrent de la démagogie; il en précipite le cours, et s'efforce vainement de le ralentir alors qu'il a sa plus grande violence. Ces factieux ne laissaient pas que d'avoir une tendance vers un système régulier, tandis que leurs adversaires, plus insensés à la fois et plus malfaisans, proscrivent absolument tout ce qui constitue l'état de sociabilité; l'apparence d'un gouvernement fondé sur quelques principes de justice les effraie comme l'idée d'un Dieu vengeur; ils veulent en empêcher le rétablissement jusqu'à ce jour où ils pourront régner sans opposition ou partage. Les girondins, moins audacieux et moins habiles dans le jeu des ressorts populaires, ont la faconde de tribune, et des prétentions à la science de la haute politique ils aiment à discourir, se persuadant des dissertations et des périodes sont les moyens les plus efficaces dans une démocratie; tandis que les jacobins, s'insinuant dans les moindres canaux de la popularité, sachant associer la multitude à leurs intérêts, haranguent avec une violence chaque jour plus hardie, et déclament sans relâche comme sans ménagement contre leurs antagonistes ! Déjà, le 22 janvier, Péthion, faisant le panégyrique du député Lepelletier, assassiné la veille, pour avoir voté la mort du roi, Péthion, naguère l'idole des Parisiens, est interrompu, menacé, vivement insulté

que

par Tallien, Thuriot, Collot-d'Herbois. Alors commencent à retentir dans les clubs des cris de proscription contre Brissot, Vergniaud, etc. Les montagnards s'attachent la populace de Paris en l'ameutant au pillage (V. 25, 26 février); ils parviennent à n'introduire au comité de sûreté générale que des hommes sans caractère ou des démagogues forcenés (V. 25 mars); ils n'admettent que ces derniers au comité de salut public (V. le 6); ils accusent Brissot, Gensonné, etc., d'être les complices de Dumouriez; Robespierre dénonce Brissot, et demande avec emportement qu'il soit décrété d'accusation. A des dangers aussi proches, le parti de ce dernier, reprenant quelque énergie, emporte la mise en jugement de Marat lui-même triomphe d'une bien courte durée. Mais les girondins, en obtenant cette mesure destructive du principe de l'inviolabilité, contre leur adversaire, tout vil et chargé de crimes qu'il est (V. le 8), donnent un exemple qui va retomber sur leurs têtes. Les jacobins s'en autoriseront pour faire immoler par le tribunal dont ils disposent, les membres du corps législatif dont l'opposition les fatigue. Cette sauve-garde enlevée, la faction dominante sera libre d'agir par des proscriptions et des coups d'état, armes éternellement à l'usage de l'injustice et de la lâcheté.

Une loi enjoint aux autorités municipales de fixer 4 mai. un maximum du prix des grains et farines. Jusqu'ici les jacobins comprenaient sous le nom d'aristocratie le clergé, la noblesse, avec la haute magistrature; ils inventent aujourd'hui les dénominations d'aristocratie bourgeoise, d'aristocratie mercantile ou de négociantisme; traitant de suspects et de contre-révolution

5 mai.

5 mai.

naires les hommes utilement laborieux, exerçant une honorable industrie; et c'est pour les ruiner et les rabaisser au niveau des prolétaires, qu'on rend ce décret et qu'on en rendra plusieurs autres semblables (V. 11, 29 septembre 1793; 24 février, 25 décembre 1794).

La ville de Thouars est prise après un combat. Les chefs royalistes de la Vendée, Lescure, Bonchamp, La Rochejacquelein, s'emparent de douze canons, et font mettre bas les armes à six mille républicains commandés par Quétineau.

Un décret porte création de douze cents millions d'assignats. Il est établi que la somme en circulation est de trois milliards cent millions (V. 1er. février), et que la dette exigible liquidée se trouve réduite, par les remboursemens effectués, à la somme de six cents millions. Il est encore établi que les ressources consistent, 1°. en cinq cents millions d'arriéré des contributions; 2°. en cinq cents millions de créances liquidées, sommes à recouvrer sur les sels et les tabacs, sur l'arriéré des fermes, des domaines et des régies; 3°. en deux milliards dus, sur les biens nationaux vendus; 4o. en douze cents millions de bois et forêts; 5o. en trois cents millions des biens de la liste civile, 6o. en cent millions de bénéfices sur les domaines engagés ; 7o. en cinquante millions de droits territoriaux, dont les droits primitifs existent; 8°. en cinquante millions de salines et salins; 9o. en trois milliards de biens nationaux provenant des émigrés, toutes dettes défalquées. Total, sept milliards sept cents millions; somme excédant de quatre milliards la somme des dettes; ce qui, après cette nouvelle émission de douze

cents millions, présentera encore un excédant libre de deux milliards huit cents millions.

Un décret autorise d'arrêter et d'amener dans les 9 mai. ports de la république les navires neutres chargés de marchandises quelconques, même de vivres, et destinés pour des ports ennemis ( V. 8 juin ).

La convention, abandonnant la salle du Manége, 10 mai. tient sa première séance au château des Tuileries.

Une loi proroge les membres du comité de salut II mai. public dans leurs fonctions, restreintes à un mois par le décret d'institution. Bientôt, ces prorogations devenant une forme illusoire, l'autorité la plus étendue comme la plus effective se perpétuera dans les mêmes mains (V. 24 août 1794).

Dans la Vendée, le premier combat de Fontenai est 16 mai. livré. Charette, chef royaliste, est battu, mis en déroute, et perd presque toute son artillerie, une vingtaine de canons.

Le traité d'Aranjuez établit l'alliance de l'Espagne 18 mai, et de l'Angleterre contre la France.

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Les girondins obtiennent l'établissement d'une commission extraordinaire, à l'effet de contenir les terroristes. Cette mesure amène une scission complète des deux partis. La commission sera dissoute le 27, rétablie le 28, et définitivement supprimée le 31.

Une loi établit un emprunt forcé d'un milliard, im- 20 maí, posable seulement sur les riches (V... 3 septembre).

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25 mai.

26 mai.

29 mai.

30-31 mai.1-2 juin.

Fontenai est emporté après un second combat. Charette, rallié à Bonchamp, la Rochejacquelein et Lescure, bat complétement les républicains, qui perdent environ deux mille tués ou blessés, avec qua

rante canons.

Les Corses, à la persuasion de Paschal Paoli, prennent le parti de se soustraire à la domination de la France. Il se forme une consulte, c'est-à-dire une assemblée extraordinaire des députés de toutes les communes. Paoli sera nommé généralissime ou chef suprême de l'île. Le clergé sera réintégré, les émigrés seront rappelés, et les émissaires de la république française proscrits (V. 22 mai, 19 juin 1794).

Une insurrection générale éclate à Lyon contre les jacobins (V. 4 février).

Le complot d'assassiner les députés modérés qui sont la majorité de la convention, complot tramé par les jacobins et les cordeliers, ayant échoué dans la nuit du 10 mars (V. cette date), par la ferme contenance du bataillon du Finistère, les dantonistes ont changé de plan. Le 15 avril, des commissaires de la commune et de la majorité des sections dénoncent à la convention vingt-deux de ses membres, et demandent leur expulsion: improuvant cette dénonciation, l'assemblée la déclare calomnieuse. La voie de l'accusation directe n'aboutissant pas au résultat attendu, les conjurés reprennent leurs premières idées : ils tiennent des conciliabules où l'on convient d'égorger ces députés; l'exécution se prépare, lorsque des sections de Paris viennent dénoncer le complot à la convention. Une commission est aussitôt nommée pour

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