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DE FRANCE,

DEPUIS

LA FIN DU RÈGNE DE LOUIS XVI,

JUSQU'A L'ANNÉE 1825.

SUITE DU LIVRE II.

GOUVERNEMENT RÉPUBLICAIN.

CHAPITRE III.

SUITE DE 1793.

UN rapport est fait à la convention sur l'organisa- 29 janv.
tion d'un pouvoir exécutif. Après avoir aboli la
royauté, les démagogues, voulant lui substituer une
forme de gouvernement, ont chargé de ce travail le
comité de défense générale. Syeyès devient l'organe
du comité. Ce nébuleux métaphysicien qui, dans
TOME IV.

1

31 janv.

1er. février.

toutes les crises suivantes, aura d'abstruses combinaisons, des modèles compliqués à présenter au corps constituant; dont le cerveau renferme, dans ses nombreux compartimens, des pacotilles de constitutions; à qui, jusqu'en 1799, la France, l'Italie, la Hollande, la Suisse demanderont des moules de corps social; Syeyès, enfin, vient présenter un projet de décret pour établir un économat national, formé d'un ministre, d'un administrateur, d'un directeur, d'un conseil intime, spécialement chargé des approvisionnemens de terre et de mer. Ce projet n'aura pas de suite, et son inventeur sera le seul à s'en affliger.

Le comté de Nice est réuni à la France.

Un décret porte création de huit cent millions d'assignats. Suivant le rapport, les assignats créés jusqu'à ce jour se portent à trois milliards cent millions, dont trois milliards soixante millions ont été émis et employés; six cent quatre-vingt-deux millions réunis par le paiement des fruits et capitaux des domaines nationaux, ont été brûlés, de sorte que le montant des assignats en circulation se porte à deux milliards trois cent dix-huit millions. La circulation des assignats pourra se porter à la somme de trois milliards cent millions.

La convention déclare la guerre à l'Angleterre et à la Hollande. Brissot, ancien espion diplomatique, entraîne l'unanimité de cette résolution. Il prononce un long discours dans lequel, par une odieuse et dangereuse fiction, séparant les peuples de leurs gouvernemens, il insiste sur la nécessité de venger les outrages faits aux droits de l'homme. En adop

tant sans délibération un parti violent et téméraire, les girondins unis aux jacobins remplissent les désirs du ministère anglais qui, sous le manteau de la neutralité, prévoyait que les factions dominant chez nous ne pourraient long-temps rester dans les termes de la modération. Pitt se réjouit de les voir prendre l'initiative dans cette rupture inévitable, attendu que la France est sans finances, sans armes, et presque sans armées. Ses forces navales ne consistent qu'en soixante-six vaisseaux de ligne, quatre-vingt-seize frégates ou corvettes, etc. (V. 31 octobre 1791), le tout en assez bon état; mais l'émigration a enlevé presque tous les officiers de la marine. La marine royale anglaise est forte de cent cinquante-huit vaisseaux de ligne, vingt-deux vaisseaux de cinquante, cent vingt-cinq frégates, cent huit cutters. La Hollande a cent vaisseaux de guerre, de différentes grandeurs. La marine marchande française était, en 1790, d'environ cinq mille cinq cents navires, dont le port s'évaluait à six cent mille tonneaux, sans comprendre les barques de pêcheurs - côtiers et les bâtimens employés au petit cabotage dont on porte le nombre à plus de onze mille.

Les habitans de Lyon ferment le club des Jacobins 4 février. établi dans cette ville, et font des dispositions pour résister à l'oppression des émissaires de la convention (V. 29 mai).

La convention nomme le général Beurnonville, ministre de la guerre, en remplacement de Pache. Le Suisse Pache, qui vient d'abandonner le ministère de la guerre, est élu maire de Paris, en obtenant onze mille huit cent quatre-vingts voix, sur quinze mille neuf cents votans. Le nombre de citoyens actifs, ou

17 février.

19 février.

24 février.

ayant droit de voter, s'élève à plus de quatre-vingt mille; d'où l'on peut induire combien est grande la timidité de la population dont une aussi grande partie s'absente des assemblées primaires.

L'avant-garde de Dumouriez fait une irruption en Hollande. Pitt trouve enfin, dans cette agression, un moyen d'entraîner sa nation à favoriser ses projets de coalition contre la France. Il fait valoir les anciens traités qui lient l'Angleterre et les ProvincesUnies pour la défense mutuelle de leur territoire et de leur indépendance.

L'impératrice de Russie rompt le traité de commerce fait avec la France le 11 janvier 1787.

Un décret ordonne une levée de trois cent mille hommes. L'empressement, déjà si vif des jeunes Français, enthousiastes de la gloire nationale, de la liberté et de l'égalité, à se rendre sous les drapeaux (V. 11 juillet 1792), est d'autant plus impétueux, qu'on a plus exagéré les succès accidentels des armes de la république. On ne vit jamais de gouvernement porter à un si haut degré le mensonge et la forfanterie. Une dépêche, répandue sous le nom d'un chef d'armée, avait annoncé que « les Autrichiens avaient » perdu bien au delà de douze cents des leurs, dans >> un engagement près de Consarbruck, tandis que >> notre perte se réduit, grâce à leur maladresse en >> tirant trop haut ou trop bas, à la perte d'un petit >> doigt de nos chasseurs,» assure mot à mot le général' qui signe cette relation tout-à-fait singulière.

I

Beurnonville (dont le nom de famille est Riel), est né dans

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