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tré la pureté de son àme. On ne découvre pas un signe de faiblesse où d'affectation dans son air et sa conduite, pas un instant d'hésitation ou de trouble dans ses réponses, pas un mot qui puisse compromettre personne elles sont des modèles d'une élévation de sentimens à laquelle peu d'accusés sont parvenus parmi les nombreuses victimes immolées à ces époques; elle ne marchande point sa vie avec ses juges. « Con>>> naissez-vous ce couteau ? » — « Qui, c'est celui avec ». lequel j'ai tué cet anarchiste. »«. Y a-t-il. long» temps que vous aviez formé ce projet ? » — « Depuis » le 31 mai dernier; d'ailleurs j'ai appris que celui » que j'ai tué distribuait de l'argent pour allumer le >> feu de la guerre civile. » — « Comment avez – Vous »pu former le dessein d'assassiner un homme que vous >> ne connaissiez pas? » « Je l'ai fait pour sauver >> cent mille hommes.»-« Ne vous êtes-vous pas es»sayée pour porter le coup ? » — « Non. » — « Il est >> cependant démontré que vous ne l'auriez pas tué si >> vous l'eussiez frappé un peu plus bas. » « Eh bien! » c'est le hasard, etc. » Son arrêt ne dérobe rien de la douce sérénité de ses traits. Elle monte tranquillement sur la charrette, et entend avec le même calme les huées, les rugissemens, les imprécations d'une populace stupide et féroce qui la suit et se presse autour de l'échafaud. Après s'être illustrée par une action qui semblait bien au-dessus de son sexe, elle se montre par sa mort supérieure au reste des hommes. Elle a été conduite au supplice recouverte d'une draperie rouge destinée aux assassins. L'assurance de presque toutes les victimes étonnant le peuple, les tyrans s'alarment, et mettront quelquefois en usage ce déguisement qui fait paraître pâles et défaits les visages des condam

nés.

Une proclamation des autorités autrichiennes dé 20 juillet. fend aux émigrés l'entrée des parties conquises du territoire français, et conserve provisoirement le séquestre sur leurs biens (V. le 28). Voilà une abominable conduite!

Une loi prescrit les formalités relatives à l'admi- 23 juillet. nistration, à la vente des biens des émigrés et à la liquidation de leurs dettes (V. 2 septembre 1792, 44-28 mars 1793).

Mayence se rend aux Prussiens, après un siége de 23 juillet. près de quatre mois. Quatre-vingt mille assiégeans sous le général Kalkreuth, le roi de Prusse présent. Doyré, commandant; Aubert Dubayet, commandant d'armes; vingt-deux mille hommes au commencement du siége; dix-sept mille capitulent, à la seule condition de ne point servir d'un an contre les puissances coalisées. Cette garnison sera précipitamment envoyéc dans la Vendée, où, après avoir porté les plus terribles coups aux royalistes, elle périra jusqu'au dernier homme. Mais cette mesure sera plus efficace que toutes celles prises jusque-là pour l'extinction de cette guerre civile (V. le 28).

Des sbires, envoyés de Milan, saisissent, sur le 25 juillet. territoire neutre des Ligues - Grises, les citoyens Maret, Huguet - Semonville, se rendant à Naples et à Constantinople, en qualité de ministres de la république. On croira savoir par la suite qu'ils avaient ordre de s'arrêter à Florence, et de s'y concerter en secret avec des agens de Naples et de Toscane, dont les souverains, désirant prévenir le dernier coup prêt à tomber sur les quatre victimes qui gémissent encore dans les cachots du Temple, seraient parvenus

à faire admettre leur médiation. Cette proposition susceptible de rendre encore plus acharnés tous les démagogues dé la convention et des sociétés populaires, aurait cependant (suivant les mêmes rumeurs) obtenu dans le conseil exécutif l'assentiment de la majorité, qui jugerait convenable d'adoucir les rigueurs de la persécution.

L'arrestation des deux envoyés français rend impossible l'ouverture de la négociation, et, soit que par la suite de cet étrange incident, le projet se découvre, ou que, par d'obscures communications, le comité de salut public en ait reçu quelque vague information, quelques indices confus, il se pourrait que ce soit le motif qui hâtera l'envoi de MarieAntoinette à la Conciergerie, prison qui est comme le premier degré de l'échafaud, et si justement nommée le vestibule de la mort. De même l'on sera induit, et par d'assez nombreuses apparences et d'assez fortes probabilités, à conjecturer que les préparatifs de la descente à Quiberon, au mois de juin 1795, faits avec tant d'appareil et d'ostentation, auront déterminé les oppresseurs de l'enfant royal, qui languit et s'éteint dans le sombre donjon du Temple, à précipiter le terme d'une vie dont la durée les importune déjà; car son dernier soupir précédera seulement de vingt jours le premier débarquement de l'apparition des émigrés, cette expédition anglaise si fastueusement disposée, et si bruyamment annoncée depuis plusieurs mois (V. 8-29 juin 1795 ).

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L'influence ou la conduite du cabinet de Vienne n'aura guère été moins funeste que la prépondérance ou l'action du cabinet de Saint James. A chaque époque aussi le conseil aulique sera malfaisant; mais il voile sa perfidie avec moins d'adresse. Jamais, lors

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qu'il le pourra sans danger, il ne se fera un scrupule d'enfreindre le droit des gens ou la foi des traités positifs. Ne déviant point des traditions de la tyrannię féodale, il semblera même négliger de se cacher avec soin sous le masque de l'hypocrisie, dont le conseil britannique sait si bien se couvrir aux yeux du parlement, de la nation anglaise et de l'Europe. L'inobservation de la capitulation de Dresde, la violation du territoire helvétique par le généralissime Schwartzemberg, fourniront, après vingt années encore, deux exemples à jamais mémorables de la foi des Jugurthas autrichiens (V. 11 novembre, 21 décembre 1813).

En définitive, l'examen des papiers des deux diplomates français, si déloyalement arrêtés, n'apportera point d'adoucissement à la rigueur de leur détention. Transportés à Mantoue, puis à Kuffstein, où pendant trente mois ils seront tenus au secret, ils seront enfin livrés en échange de la fille de Louis XVI, échange dont le comte de Montgaillard fera l'ouverture au premier ministre autrichien, par ordre de Louis XVIII et du prince de Condé, et que la cour de Vienne obtiendra du directoire français (V. 19 décembre 1795). Cette cour se flattera que la jeune princesse ne saurait refuser sa main à l'archiduc Charles, le héros de cette maison, si stérile depuis le jour où elle s'assit sur le trône impérial; dès lors l'Autriche s'attribuera le droit de revendiquer la Lorraine et l'Alsace, fiefs non masculins: car aucune prétention n'est oblitérée pour une puissance dont la politique est essentiellement expectante; sa devise est : « Honte avant, s'il le faut, mais profit après. »

Un décret ordonne l'établissement des télégraphies.

2 juillet.

26 juillet. Une loi décrète : L'accaparement est un crime capital. Sont déclarés coupables d'accaparement, ceux qui dérobent de la circulation les marchandises ou denrées de première nécessité, ainsi que ceux qui les font ou les laissent périr. Dans leur énumération sont compris le pain, la viande, le vin, les grains, les fruits, le beurre, l'eau-de-vie, le miel, le sucre, le fer, les cuirs, les draps, la toile, et généralement toutes les étoffes, ainsi que les matières premières qui servent à leur fabrication, les soieries exceptées. Injonction de faire sur-le-champ la déclaration de ces objets, de les mettre en vente par petits lots, et à tout venant. Ceux qui s'y refuseront, ou qui feront de fausses déclarations, seront punis de mort. Ordre aux fabricans, négocians et marchands de mettre, à l'extérieur de leurs fabriques, magasins ou boutiques, une inscription annonçant la nature et la quantité de leurs marchandises; faute de quoi, ils seront traités comme accapareurs. Tout dénonciateur aura le tiers du produit des marchandises et denrées sujettes à confiscation. Les jugemens rendus par les tribunaux criminels, en vertu de la présente loi, ne seront pas sujets à l'appel.

27 juillet.

28 juillet.

Robespierre entre au comité de salut public.

Valenciennes se rend aux Autrichiens, après un siége de deux mois, les assiégés ayant épuisé tous leurs moyens de défense. Ferrand, commandant; le duc d'York présent au siége; la garnison, forte de six mille hommes, est renvoyée libre: elle est aussitôt dirigée contre les Vendéens (V. le 23). La prise de possession de cette place se fait au nom de l'empereur (V. le 20). On y efface, ainsi qu'à Condé, pris le

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