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Au surplus cet étrange accident de la guerre est aussitôt facétieusement célébré dans le quatrain suivant :

Quand d'Autrichiens morts on compte plus d'un mille,
Nous ne perdons qu'un doigt, encor le plus petit!

Hola! monsieur de Beurnon ville,

Le petit doigt n'a pas tout dit.

Bréda est pris par le célèbre d'Arçon, de l'armée 25 février. de Dumouriez. Cette ville très - forte, armée de deux cents pièces de canon, et défendue par deux mille quatre cents hommes, se rend après trois jours et demi de bombardement. Quelle différence de cette défense à celle de Lille (V. 8 octobre 1792), à celle de Huningue (V. 27 août 1815), et à celle de toutes les places que, dans cet intervalle de vingt-deux ans, ont défendues les soldats français!

Des mouvemens populaires ont lieu à Paris; les 25-26 fév. épiciers sont pillés. Des compagnies de capitalistes, auxquels s'intéressent plusieurs conventionnels, spéculent sur le renchérissement des marchandises d'une consommation habituelle, de seconde nécessité, et ont fait de grands accaparemens de sucre, de café, de savon. La commune cherchant à former une insurrection contre les girondins, qui sont actuellement les modérés de la législature, soulève les individus des basses classes, les précipite sur les magasins, sur les boutiques, et les laisse s'y partager, à vil prix, les denrées qu'ils craignent de payer cher, puisque la guerre maritime est déclarée.

la classe du peuple. Dumouriez, à qui l'on reprochait les éloges dont il accablait Beurnonville, répondit : « Il faut bien le faire mous» ser, tout médiocre qu'il est; c'est pour cela que je l'appelle mon » Ajax. »

28 février.

1er. mars.

Un rapport de Chabot, sur les finances publiques, établit le capital de la dette à huit milliards trentequatre millions; le total des intérêts perpétuels et viagers à trois cent soixante-huit millions; l'actif, qui se compose des biens ecclésiastiques, des biens des émigrés, colléges, hôpitaux, des anciens domaines et des forêts nationales, ainsi que de la valeur des cloches et de l'argenterie des églises, est évalué à neuf milliards cent soixante-dix-huit millions.

Voici la situation militaire à cette époque. La France a huit armées du Nord, Dumouriez; des Ardennes, Valence; de la Moselle, Beurnonville, encore titulaire quoique ministre ( ces deux armées-ci se trouvent sous la direction supérieure de Dumouriez); du Bas-Rhin, Custine; des Alpes, Kellermann; d'Italie, Biron; des Pyrénées, Servan; des côtes, Labourdonnaye.

Excepté l'armée des côtes et celle des Pyrénées, qui n'offrent guère que des états-majors, les armées sont en pleine activité. Là, cependant, un même drapeau rassemble, sans les unir, d'anciens soldats de ligne, des gardes urbaines et des volontaires adolescens. Il faudra du temps pour opérer l'amalgame de ces corps hétérogènes, dans lesquels il n'existe ni subordination, ni discipline. Grand nombre de soldats aspirent au rang d'officier; ils délibèrent, s'érigent en motionnaires, ne reconnaissent de lois que celles qui leur plaisent; ils crient à la trahison, quand leur faiblesse ou leur inconduite les ont fait reculer; ils rejettent les effets de leurs propres désordres et de leur ignorance militaire sur ceux qu'ils accusent de ne pas adopter leurs opinions politiques. Les officiers sont en général peu capables d'exercer le commandement; ils doivent

pour la plupart leurs grades à l'insurrection et à l'expulsion de leurs prédécesseurs, dont beaucoup seraient restés s'ils n'avaient pas été outragés aussi les nouveaux venus n'osent ni retenir, ni réprimer la licence du soldat. L'ardente jalousie du conseil exécutif, l'impéritie de Pache, jadis magister d'un village suisse, et devenu ministre de la guerre, du 5 octobre 1792 au ́ 4 février 1793; l'action des désorganisateurs que la société des jacobins entretient dans les rangs ; la rapacité des fournisseurs envoyés de Paris; les décisions absolues autant qu'ineptes des commissaires de la convention, sont encore des causes de désordre, de nouvelles sources de revers. Parmi ces commissaires, il n'y en aura pas eu de plus malfaisans que Danton et Lacroix, délégués, en novembre 1792, à l'armée du Nord, où ils viennent de s'enrichir par de honteux. trafics et les plus scandaleux pillages. Depuis leur départ, les chefs de cette armée, qui est le pivot des grandes opérations, dépendent immédiatement de cinq ou six avocats, membres de la convention: Camus, Merlin (de Douai), etc. A ce jour, les légions françaises sont dirigées par des hommes de loi, administrées par des poëtes, approvisionnées par des juifs. Les généraux, toujours en butte aux dénonciations, ne disposent d'aucun élément politique ou militaire, et ne sont plus que des instrumens matériels; leurs attributions se réduisent à donner le signal de marche en avant, à commander le feu à des troupes sans discipline, dont le mérite consiste à braver aveuglément la mort en vociférant des hymnes à la liberté. Quel observateur pourrait démêler dans ces informes pelotons d'hommes mal armés, le noyau de ces phalanges qui, pendant vingt campagnes, confondront, par leur science militaire et leur docile bravoure, les ennemis de la

7 mars.

8 mars.

France, rempliront le monde du bruit de leurs exploits, et surchargeront le continent de trophées : phalanges immortelles, devant lesquelles tous les rois du continent s'humilièrent en tremblant ! !

Un décret, rendu sur la proposition de Carnot, porte que Bruxelles est partie intégrante de la république française. Les jours suivans, on décrètera l'annexation du Hainaut autrichien, de Gand, de Liége, etc. (V. le 1er octobre 1795).

Un autre décret annule les traités d'alliance et de commerce avec les puissances auxquelles la république a déclaré la guerre, et défend l'importation des marchandises anglaises.

Gertruydemberg est pris par le général d'Arçon. Ici finissent, après vingt jours, les succès de Dumouriez sur le territoire hollandais.

La convention déclare la guerre à l'Espagne.

Un décret ordonne la vente des biens qui forment les dotations des colléges, bourses et autres établissemens d'instruction publique.

9 mars. On envoie dans tous les départemens des commissaires pris dans la convention, lesquels, investis de pouvoirs illimités, rassembleront des forces suffisantes pour dissiper les ennemis.

10 11 mars.

La première coalition a lieu contre la France. Cette coalition rassemble l'Autriche, la Prusse, l'empire d'Allemagne, la Grande-Bretagne, la Hollande, l'Espagne, le Portugal, les Deux-Siciles, l'État ecclésiastique et le roi de Sardaigne.

Depuis quelque temps on aperçoit dans Paris des

ses

symptômes d'une crise populaire. Les hommes hideux du 10 août, du 2 septembre, reparaissent. On propose dans les clubs de se défaire d'une partie des députés, tels que Lanjuinais, Boissy - d'Anglas, Porcher; on y insiste sur la nécessité d'un grand mouvement. Le duc d'Orléans, qui s'est ignominieusement masqué sous le nom d'Égalité, tient avec affidés, les Genlis, les Laclos, des conférences nocturnes, ou plutôt il préside à des orgies révolutionnaires. Le 10, dans une séance de nuit, les galeries étant pleines de sans - culottes armés et de femmes clubistes de la société fraternelle, Cambacérès monte à la tribune et s'écrie: « Il s'agit de sauver la chose pu>>blique; il faut des moyens actifs et généraux..... >> Tous les pouvoirs vous ont été confiés, vous devez >> les exercer tous ; il ne doit y avoir aucune séparation » entre le corps qui délibère et celui qui fait exécuter; >> il ne faut pas suivre les principes ordinaires. Je » demande que, séance tenante, on forme un tri>>bunal révolutionnaire et un nouveau ministère.... » - « Oui, ajoute Danton, il faut tout décréter sans » désemparer; et que demain nos commissaires partent » de tous côtés; que la France entière se lève, coure >> aux armes, marche à l'ennemi; que la Hollande soit >> envahie; que la Belgique soit libre; que le commerce » de l'Angleterre soit ruiné; que nos armes, partout » victorieuses, apportent aux peuples la délivrance et >> le bonheur, et que le monde soit vengé! >>

Conformément aux propositions de Cambacérès et de Danton, le décret suivant est rendu dans cette nuit même: « Il sera établi à Paris un tribunal criminel extraordinaire révolutionnaire. Ce tribunal connaîtra de toute entreprise contre- révolutionnaire, de tout attentat contre la liberté, l'égalité, l'unité et l'indivisi

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