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18 sept.

» de la révolution; que quiconque outre-passe le but, >> souvent n'y est pas encore arrivé. » Enfin, on en viendra à ajouter aux gens suspects de Merlin (de Douai), des gens suspects d'être suspects.

A Saint-Domingue, les troupes anglaises entrent à Jérémie, province du sud. Elles en prennent possession par suite d'une convention faite le 3, entre le gouverneur de la Jamaïque et Venant de Chamilly. Les habitans de la Grande-Anse ont invoqué la protection de l'Angleterre, afin d'échapper aux fureurs des nègres ainsi qu'aux mesures révolutionnaires des délégués de la convention, Santhonax et Polverel.

Cette ressource semble maintenant la seule au choix des malheureux colons. Mais pourquoi se sont-ils euxmêmes réduits à cette extrémité par leurs constantes cruautés, leurs préjugés invétérés et leur funeste orgueil; en voulant gouverner l'île, et se rendre à peu près indépendans de la mère-patrie, à cette époque où les décrets de l'assemblée constituante ne brisaient pas les fers des esclaves, où ces décrets ne faisaient que les alléger, comme le demandaient l'humanité, la justice et la charité chrétienne? A peine les troubles éclatent au commencement de 1791, que plusieurs grands planteurs, aussi mauyais Français que politiques injudicieux, se rendent à Londres et y négocient. A la déclaration de guerre, en février dernier, ils y renouvellent leurs propositions et les font accueillir; le gouvernement britanniqué consent à les protéger en qualité de sujets, à prendre possession de la colonie, pourvu qu'il y exerce l'autorité souveraine en son nom, et en l'administrant à l'instar des colonies anglaises, sauf les priviléges de la communion catholique (V. 9 mai 1798).

Dans la guerre de la Vendée, le jacobin Santerre, à 18 sept. la tête de trente mille hommes de la levée en masse, se fait complétement battre à Coron (près Doué) par des forces royalistes inférieures de plus de moitié.

A la bataille de Torfou (près Chollet), quarante 19 sept. mille royalistes, conduits par Lescure, Bonchamp, Charette, s'élancent avec furie sur vingt-cinq mille républicains, dont douze mille de vieilles troupes commandées par Kléber (V. 23 juillet) leur causent une perte considérable, et enlèvent leur artillerie. C'est à Lescure que les armes vendéennes doivent l'avantage de la journée : ce chef, voyant que les siens commençaient à reculer, met pied à terre et leur crie : « Y a-t-il quatre cents hommes assez braves pour venir périr avec moi? » Le petit nombre d'hommes qui l'entourent jurent de se défendre jusqu'à la dernière extrémité et, à leur tête, il se maintint pendant deux heures dans la position qu'il occupait.

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Des lois révolutionnaires portent: « Les galériens ne 21 sept. porteront plus le bonnet rouge, devenu l'emblème de la liberté. Les femmes se pareront de la cocarde nationale, sous peine de huit jours de détention, et, en cas de récidive, d'être regardées comme suspectes, et enfermées jusqu'à la paix. La cuisine du Temple est supprimée. Les détenus (le fils, la fille, la sœur de Louis XVI) seront réduits au strict nécessaire; des femmes et valets de chambre seront renvoyés. >>

L'an II de la république commence. De ce jour 22 sept. partent les dates et les dénominations de l'annuaire qui sera formé en exécution du décret du 5 octobre de cette année.

22 sept.

23 sept.

25 sept.

25 sept.

A Saint-Domingue, les forces anglaises entrent au môle Saint-Nicolas (V. le 18). Ce poste, nommé le Gibraltar des Antilles, tombé dans leurs mains sans coup férir, livre deux cents canons et deux cents milliers de poudre (V. 9 mai 1798).

Une loi enjoint de remettre dans les caisses nationales les dépôts faits chez les notaires et autres officiers publics.

Un arrêté de la commune de Paris porte: « Il ne sera plus permis de parler aux suspects détenus (V. le 17); les lettres écrites ou rèçues par eux seront lues par les surveillans. »

28 sept.

La bataille d'Entrames (entre Laval et ChâteauGontier) est livrée. L'armée royaliste, réunie depuis peu sur la rive droite de la Loire, et commandée par La Rochejaquelein qu'appuie Stofflet, bat complétement les généraux de la convention, Westermann et Danican. Les Vendéens volent d'une victoire à l'autre ; leur activité et leur intrépidité semblent miraculeuses; faisant tête à plus de soixante mille hommes de troupes réglées, ils ont, depuis le commencement du mois, dispersé et rendu nulle une masse prodigieuse de citoyens armés contre eux.

29 sept.

Un décret ordonne une émission de deux milliards d'assignats.

Une loi spécifie les denrées de première nécessité sujettes au maximum (V. 4 mai). Ce sont tous les comestibles et les combustibles d'un usage ordinaire, les matières premières qui servent aux fabriques, les mé

taux usuels, les étoffes, les toiles, le tabac, les souliers, les sabots.

Au combat de Saint-Symphorien (près Mortagne), 30 sept. Bonchamp, l'un des chefs royalistes, quoique venant d'être abandonné par Charette (qui, en toute circonstance, montre une jalousie extrême), reste encore supérieur en nombre à Kléber, commandant la garnison de Mayence. Il attaque impétueusement ces vieux soldats; il éprouve une perte considérable et se voit repoussé.

L'état des prisons de Paris se porte à deux mille 1er. octob. quatre cents détenus.

Différens décrets sont rendus. 1er. Les congrégations 3 octobre, des filles employées au service des pauvres ou des malades, ou à l'instruction des enfans, seront déchues de leurs fonctions, sur leur refus de prêter le serment civique.

2o. En cas de partage d'opinions, dans les procès sur les délits contre- révolutionnaires, l'avis le plus doux ne doit pas prévaloir. En conséquence, toutes les fois que les juges d'un tribunal criminel seront partagés, ils seront tenus d'appeler un cinquième juge pour les départager.

3. La convention accuse, comme étant prévenus de conspiration contre l'unité et l'indivisibilité de la république, contre la liberté et la sûreté du peuple français, quarante - un députés tenant au parti de la Gironde. Les plus distingués sont Brissot, Vergniaud, regardés comme les chefs, esprits systématiques, excessivement ambitieux de renommée et de pouvoir; Carra, Fauchet (abbé), pamphletaires et journalistes

incendiaires; Condorcet, académicien, dont la conduite politique prouve que la culture de la haute philosophie est un bouclier aussi faible contre les passions de la domination et du despotisme, que les croyances religieuses qu'ont professées tant de princes absolus, depuis Philippe II d'Espagne jusqu'à Louis XIV. Philippe Égalité (duc d'Orléans), Sillery-Genlis, ami et confident de ce prince, sont du nombre des proscrits. Ces quarante-un députés seront traduits devant le tribunal révolutionnaire. Vingt-un autres députés, précédemment déclarés traîtres à la patrie, leur sont assimilés; parmi eux se trouvent Péthion, Buzot et le journaliste Gorsas, trois fauteurs remarquables des attentats de la commune au 10 août; on y voit aussi Lanjuinais qui n'a cessé de distinguer sa vigoureuse opposition à toutes les mesures injustes et violentes, Lanjuinais, que les proscripteurs aiment à confondre avec leurs adversaires, sans doute parce qu'il est le seul honnête homme de l'assemblée qui développe du caractère. En outre, soixante-quatorze députés, signataires de protestations (mais de protestations secrètes) contre les journées du 31 mai, 1er. et 2 juin, sont décrétés d'arrestation. Ainsi, le même décret frappe cent trente-six députés. Cette minorité pourrait, en agissant avec quelque énergie, dès les premières menaces, en concertant une défense, en se serrant, ébranler l'égoïsme et réveiller de leur torpeur cette partie considérable de la convention qui, par sa nonchalance et son incurie, fait la force d'un petit nombre de tyrans mais tous les députés inculpés cèdent sans essayer un quart d'heure de résistance; chacun d'eux n'envisage que sa sûreté personnelle, ne considérant pas qu'il l'expose bien plus gravement, en laissant le champ libre à cette poignée de jacobins

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