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catégoriquement : J'attache plus d'importance à « l'acte de l'état civil, » pour lequel on aura, j'en suis sûr, la déclaration de Deneux, qu'à la constatation quelle quelle soit. Pensez-vous comme moi?

Cela résolu affirmativement, devons-nous passer par-dessus les considérations d'humanité, de danger et même de décence?

Je pense énergiquement que non! Pensez-vous comme moi (1)?

La constatation ne sera-t-elle pas une superfétation de l'acte de l'état civil, et ne servira-t-elle pas plutôt à nier qu'à convaincre?

Ne vaudrait-il pas mieux faire certifier tout simplement la déclaration de Deneux par les témoins désignés en même temps que par le maire, et leur faire tous signer l'acte de l'état civil?

C'est mon opinion. Outre que cela vous dispenserait de moyens odieux, dangereux, qui vous porteraient peu de profit, cet acte ne pourrait jamais être accusé de fausseté; on poursuivrait devant les tribunaux les écrivains qui l'attaqueraient. Pourrez-vous me dire si vous mettrez Madame en liberté, si la constatation a lieu? Je pourrais m'en servir. Réponse, s'il vous plaît, le plus tôt possible.

BUGEAUD.

(1) L'avis du général Bugeaud prévalut. Grâce à son insistance auprès des ministres, cette pénible et douloureuse épreuve, la constatation, fut épargnée à Me la duchesse de Berry.

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conduite et celle de la presse me donnent le droit de prendre, je vous rends responsables de la liberté de Madame. J'ai la certitude que le Gouvernement la mettrait en liberté immédiatement après l'accouchement, s'il était bien constaté. C'est à vous de savoir si vous désirez qu'elle soit libre. Si vous ne prévenez pas dès que vous serez informés des premières douleurs, il sera prouvé au monde que vous avez sacrifié la Duchesse à l'espérance la plus illusoire, la plus vide qui fut jamais. La barbarie sera de votre côté et je n'aurai rien à me reprocher, car j'ai tout fait pour faire mettre Madame en liberté. Je vous l'ai dit, vous n'hériterez pas. La Société des droits de l'homme saura nous venger. Je vous aurais préféré à elle, il y a peu de temps; aujourd'hui je suis dans le doute, car vos organes ont le même langage, employant les mêmes moyens.

J'ai l'honneur, etc., etc.

Dépêche télégraphique à monsieur le comte d'Argout.

3 mai.

M. le docteur Dubois, fatigué du rôle qu'il jouait, a chargé les docteurs Deneux et Ménière de demander à la Duchesse si elle voulait qu'il restât pour attendre ses couches. Dans le cas d'une réponse négative qui ne me paraît pas douteuse, le docteur Dubois veut se mettre en route immédiatement pour Paris.

A monsieur le comte d'Argout.

3 mai.

Je vous ai adressé ce matin une dépêche télégraphique qui a besoin d'être développée.

Plus j'y réfléchis, plus je suis convaincu de l'inutilité et du danger d'une constatation. Quoi que vous fassiez, cet acte sera taxé de nullité. Eussiez-vous cent témoins qui auraient vu........, que les journaux légitimistes n'en diraient pas moins que c'est faux. Ce serait donc sans aucun profit que nous prendrions préventivement des mesures acerbes et qu'au moment du travail d'enfantement nous exposerions la Princesse aux dangers des impressions trop vives. L'acte de constatation n'est pas protégé par la loi. Il est vulnérable de toute part. Loin d'être un auxiliaire utile, il servira de conducteur à tous les coups qu'on voudra porter à l'acte de l'état civil. Celui-ci, s'il était seul, serait despote quiconque l'attaquerait serait conduit devant les tribunaux. Avec le plastron de l'acte de constatation, il sera mille fois percé de part en part. Il ne faut pas donner ces avantages à nos ennemis. Laissons le glaive de la loi suspendu sur leur tête en ne faisant qu'un acte de l'état civil. Aisément, sans violence aucune, nous l'entourerons de toute la solennité que vous voudrez. Tous les témoins désignés pour constater l'accouchement pourront assister à la déclaration que MM. Deneux et Ménière feront devant le maire, et signer l'acte de l'état civil. Nous les réunirions également dans le salon de la Duchesse dès que nous serions informés des douleurs de l'enfantement.

Ce parti me paraît incontestablement le plus sage, surtout quand on considère que, selon toute apparence, nous n'aurions qu'une constatation très imparfaite. Je connais la tactique qu'on se propose d'employer et la voici : On n'acceptera rien à l'amiable, c'est un parti pris; on s'opposera à tout, et voici la réponse arrêtée : « Ce que vous voulez faire est atroce, mais vous avez la force. » On doit endurer sa douleur le plus longtemps possible et puis l'on appel

lera Deneux lequel, en arrivant, déclarera que la présence d'autres personnes que les accoucheurs et deux femmes serait dangereuse pour la Duchesse. A supposer que nous arrivions à temps, nous serions forcés de rester dans le salon, à moins d'être barbares; et que pourrions-nous faire et dire qui vaille la déclaration que viendra faire Deneux devant le maire et nous? Je disposerais de cent voix (1) dans le Conseil qu'elles seraient toutes pour l'acte unique de l'état civil. C'est le parti le plus sûr, le plus simple, le plus facile, le plus honorable.

Déclarez cela bien vite au Conseil et donnez-moi vos ordres

promptement; songez que, malgré toutes les précautions prises, je n'ai aucune certitude d'être prévenu à temps, lors même que je ne quitterais pas la Duchesse. J'ajoute que nos témoins de constatation sont extrêmement pointilleux ; ils ne venlent rien signer, s'ils n'ont point visité la chambre et le lit. Pesez aussi cette circonstance que M. Deneux déclare que, s'il ne fait pas l'accouchement, il ne fera aucune déclaration,.il ne signera rien, et que, le faisant, il déclarera la naissance. Il faut donc lui laisser toute liberté, car il est notre meilleure garantie physique et morale.

M. Dubois ne sera admis qu'en cas de dangers graves et sur la demande des docteurs Deneux et Ménière.

Le général Bugeaud au comte d'Argout.

4 mai.

Mme la duchesse de Berry, qui, comme je le prévoyais, a simulé une grande émotion de ce que MM. Deneux et Ménière

(1) Le général revient encore avec énergie sur l'inutilité de la constatation préalable de l'état de la Duchesse. Le gouvernement, à Paris, ne se rendant pas compte des dangers et surtout de la cruauté de cette mesure, insis tait très vivement pour qu'elle eût lieu. Député important et personnellement T. I. 22

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