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ACTES DE L'ASSOCIATION

SÉANCES DU COMITÉ

5 juillet 1888. Présidence de M. Croiset. M. Kasdonis écrit pour remercier l'Association du prix décerné à l'Aestia.

M. l'abbé Rayon est admis à faire partie de l'Association en qualité de membre donateur. Sont admis comme membres ordinaires, MM. E. Sanson, architecte; G. Sotiriadis, d'Odessa; L.-L. Oulianoff, E.-S. Cappa, N.-A. Serbos, de Nicolaïef.

M. Huit lit un mémoire sur les rapports d'Aristophane et de Platon.

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OUVRAGES OFFERTS A L'ASSOCIATION

BERNARDAKI.

1888.

Euripide, Phéniciennes, (Bibl. Zôgraphos), Athènes,

BOLTZ.- Hellenisch, die allgemeine Gelehrtensprache der Zukunft, Leipzig (sans date).

KONSTANTINIDÈS. Platon, Euthyphron, Apologie, Criton, avec notes critiques, impr. aux frais de L. G. Zariphi, Athènes, 1888. KYRIAKOS. Malerai, Athènes, 1888.

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Les Études grecques de Pétrarque, Impr. nationale,

Cultura, an. VII, vol. 9, num. 9-10, 1-15 mai 1888.

Papers of the American School of classical Studies al Athens, vol. III et IV, Boston, 1888.

Παρνασσός, 1. ΙΑ', τεῦχ. Η' καὶ Θ', Athènes, 1888.

Le Puy, typographie Marchessou fils, boulevard Saint-Laurent, 23.

DE LA TÉTRALOGIE

DANS L'HISTOIRE DE LA TRAGÉDIE GRECQUE

C'était, comme on le sait, la loi ordinaire des concours dramatiques à Athènes au ve siècle, que chaque concurrent fît représenter trois tragédies et un drame satyrique. Un groupe ainsi constitué était pour les contemporains une didascalie; à cette appellation on substitua dans la suite le nom plus précis de tétralogie, qui a prévalu dans l'usage moderne. La tétralogie s'offre à nous sous deux formes distinctes tantôt les quatre pièces étaient relatives à une même série d'événements; c'est ce qu'on peut appeler, pour la commodité du langage, la tétralogie liée; tantôt elles étaient indépendantes les unes des autres par le sujet et réunies seulement d'une manière arbitraire par la représentation: c'est la tétralogie libre.

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De ces deux formes, la seconde subsiste presque seule au temps de Sophocle et d'Euripide, la première semble prédominante chez Eschyle. On considère généralement la tétralogie liée comme un perfectionnement de la tétralogie libre, dû au génie d'Eschyle. La succession des faits, telle qu'on la suppose, est donc celle-ci à l'origine, des tragédies indépendantes; plus tard, un groupement qui n'implique encore aucune liaison intérieure; puis un autre groupement plus étroit fondé sur l'unité de la légende ; en dernier licu, un retour en arrière, qui maintient l'assemblage tout en rompant la liaison intime (1).

(1) C'était là l'opinion de Casaubon, De satirica poesi, p. 122 sq. Cf. Dahlmann, Primordia et successus veteris comediae, 1811. Hermann, De tetralogia (Op., II. p. 306) ne s'explique pas sur ce point. Welcker le premier a com

Ainsi conçue, l'histoire de la tragédie grecque offre une série d'anomalies vraiment singulières. Tout d'abord l'origine du groupement tétralogique reste inexpliquée : la tétralogie libre apparaît à une date indéterminée, sans raison connue; puis, de cette forme imparfaite naît une autre forme plus savante, qui règne un moment et disparaît, chose singulière, justement lorsque l'art dramatique se perfectionne. Tout cela est capricieux et confus, obscur et contraire à l'ordre naturel des choses, qui veut que les formes se succèdent dans l'art comme dans la vie en suivant une loi d'évolution.

Une explication des faits, qui rétablirait cette loi, en tenant compte, bien entendu, des témoignages, serait à mes yeux justifiée par ses résultats mêmes. Cette explication est-elle possible et vraisemblable? On en jugera par le rapide exposé qui va suivre.

I

Aristote nous apprend que la tragédie est issue du dithyrambe et qu'elle était à l'origine, en partie au moins, improvisée (1); il ajoute que ses progrès furent lents et que son caractère propre n'apparut que peu à peu (2). On peut conclure de là qu'assez longtemps elle ne fut guère qu'une forme spéciale du dithyrambe, peu différente de la forme ancienne et commune, puis de plus en plus distincte. Par suite, quand les concours

pris que la tétralogie (ou plutôt la trilogie, car il laisse de côté le drame satyrique) devait être sortie d'une extension de la tragédie primitive (Die Eschyl. Trilogie, t. I, p. 498); mais il attribue cette extension à Eschyle seul, qui l'aurait imaginée avant la bataille de Marathon et mise en pratique surtout après (Ibid. p. 499). Cela est fort arbitraire, et l'invention ainsi mise au compte d'Eschyle présente toute sorte de difficultés. Otfried Müller est revenu purement et simplement à l'idée de Casaubon sans l'expliquer autrement (Litt. Gr., trad. Hillebrand, in-12, t. II, p. 412). Bergk admet, comme Welcker, qu'Eschyle aurait introduit à la fois l'usage de présenter trois tragédies à chaque concours et celui de les lier (Gr. Litt., t. III, p. 229).

(1) Poétique, c. 4.

(2) Ibid. Κατὰ μικρὸν ηυξήθη προαγόντων ὅσον ἐγίγνετο φανερὸν αὐτῆς.

tragiques s'établirent, probablement vers 525 avant J.-C. (1), ils durent ressembler beaucoup aux concours dithyrambiques. Le groupement tétralogique, étranger à ceux-ci, le fut égale

ment à ceux-là.

Ainsi, ce n'est point par héritage que l'habitude de ce groupement est venue à la tragédie. Il n'est guère probable non plus qu'elle soit née d'un simple accident d'organisation matérielle, d'un mode d'arrangement suggéré par l'expérience des concours. Deux choses principalement rendent cette conjecture invraisemblable. D'abord les concours musicaux étaient nombreux et variés à Athènes or nous ne voyons pas que le même genre de combinaison ait été jamais appliqué en dehors du concours de tragédie; nous n'en trouvons aucune trace notamment dans le concours des poètes comiques, bien que la comédie ait imité d'ailleurs la tragédie à tant d'égards. Si la tétralogie est restée à ce point propre à la tragédie, n'est-ce pas une raison de croire qu'elle tenait à sa nature même, et par suite, qu'elle a dû naître spontanément par le fait de son développement? En outre, pour peu qu'on y réfléchisse, il est impossible, ce me semble, de ne pas reconnaître que le groupement tétralogique, loin de faciliter le fonctionnement du concours, devait au contraire l'embarrasser singulièrement. Pour ne parler que du jugement final entre les concurrents, combien n'était-il pas plus malaisé de comparer entre elles ces séries de pièces souvent très inégales que de se prononcer sur des pièces isolées? Qu'on ait passé par dessus cette difficulté, si la force des choses l'a imposée, on le comprend; mais qu'on l'ait créée à plaisir par une étrange fantaisie d'organisation, voilà qui paraîtra sans doute peu croyable.

Dès à présent donc, une chose au moins semble acquise: c'est qu'il faut chercher dans les premiers progrès de la tragé die même l'acheminement naturel qui a dû la conduire à la forme tétralogique.

(1) Selon Suidas (v. Xorpidos), Choerilos aurait concouru pour la première fois dans la 64 Olympiade (524-1 av. J.-C.); c'est le plus ancien concours dont la date soit connue avec quelque certitude. Le marbre de Paros parle bien de prix décernés dès le temps de Thespis, mais la date qu'il indique est à demi effacée et n'a pu être restituée que par conjecture.

Ces premiers progrès, Aristote les a résumés dans une phrase concise, mais pleine de renseignements : "Et dè tò péyeθος ἐκ μικρῶν μύθων καὶ λέξεως γελοίας, διὰ τὸ ἐκ σατυρικοῦ μεταβαλεῖν, ¿yè àπecepvúvon (1). Si l'on étudie de près ce témoignage, on y découvre trois faits importants: 1° la tragédie se dégage complètement de l'élément satyrique; 2o son style qui au début prêtait à rire (λéis yeλcía) acquiert peu à peu de la noblesse; 3o les pièces qui étaient courtes (pixpoi polot) prennent une étendue qui leur donne un aspect plus noble (τὸ μέγεθος... ἀπεσεμνύνθη).

Ce dernier point est celui qui doit attirer d'abord notre attention. Comment la tragédie put-elle croître en étendue ? Aristote nous renseigne encore à cet égard: ce fut par l'insertion d'un plus grand nombre de récits ou de dialogues entre les chants du chœurs : Ἔτι δὲ ἐπεισοδίων πλήθη καὶ τὰ ἄλλα ὡς ἕκαστα noopyОñjvai λéysta: (2). Ce qu'il ne nous dit pas, c'est quelle fut la matière de ces épisodes multipliés; là pourtant est le point délicat de notre recherche. Admettrons-nous que les prédécesseurs d'Eschyle savaient varier un sujet par des inventions accessoires qui donnaient naissance à des péripéties? Ce serait supposer qu'ils étaient plus habiles qu'il ne le fut lui-même, et la conduite si simple de ses drames serait le meilleur argument à opposer à cette opinion, si elle était possible. Etait-ce donc de l'étude des caractères qu'ils tiraient la matières de leurs développement nouveaux? Moins encore. Un sujet étant donné, il était impossible aux poètes d'alors de l'enrichir par le dedans : si l'un d'eux eût été capable de le faire, c'est lui, et non Eschyle, qui aurait mérité d'être regardé comme le père de la tragédie. Ce qu'Aristote atteste doit donc s'expliquer d'une d'autre manière. Evidemment, au lieu de prendre une seule scène d'épo pée ou de légende pour en faire la matière d'une tragédie, on en prit plusieurs, on prit même au besoin l'épopée ou la légende tout entière. De là de longues pièces sans unité de temps qui par la composition ressemblaient à des poèmes épiques. Un passage d'Aristote nous en a conservé le souvenir, et à cet égard c'est un des plus précieux de la Poétique. « La tra

(1) Poetique, c. 4. (2) Poétique, c. 4.

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