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JUGÉS AVANT ET DEPUIS

LA RÉVOLUTION;

Contenant le détail des circonstances qui ont
accompagné la condamnation des grands cri-
minels, et des victimes qui ont péri sur
l'échaffaud;

TOME TREIZIÈME :

PAR le Citoyen DESESS ARTS.

A

PARIS,

Chez l'Auteur, rue et place du Théâtre François.

De l'Imprimerie de PLASSAN, rue du Cimetière-
André-des Arcs, no. 10.

AN IV. (1796 v. st.)

PROCÈS et Supplice de Chabot, Bazire, Delaunay d'Angers, Fabre d'Églantine, membres de la Convention nationale; et de d'Espagnac, fournisseur des armées.

EN

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N VOYANT Roberspierre abandonner ses partisans les plus chauds, les observateurs de la conduite tortueuse de ce tyran, se dirent tout bas: cet ambitieux a conçu des projets qui étonneront, s'il n'est pas arrété dans sa marche. En effet, sans l'heureuse révolution du 9 thermidor, qui pourroit calculer tous les maux dont il eût accablé la France?... C'est à une des époques les plus brillantes de ses affreux triomphes, qu'il fit traduire au tribunal révolutionnaire Chabot et Bazire.

--

On jugera de l'intimité qui régnoit entre Roberspierre et Chabot, par le billet suivant, que ce dernier lui adressa de la prison du Luxem bourg, quelques jours après son arrestation.

« Toi, qui chéris les patriotes, (écrivoit Chabot à Roberspierre ), daigne te souvenir que tu m'as compris dans leur liste; que j'ai toujours marché dans le chemin de la vertu et de l'humanité; ne m'abandonne pas à la fureur de mes ennemis qui sont les tiens, n'en doute pas. N'oublie pas surtout que je suis malade, au secret, pour avoir ponctuellement exécuté tes ordres. Signé François Chabot. »

Ces intantes prières ne firent aucune im

pression sur Roberspierre. Chabot lui avoit avoué qu'il s'étoit laissé corrompre, et qu'il avoit reçu pour prix des services qu'il avoit promis une somme de 100,000 liv. En s'attendrissant sur le sort de son ami Chabot, il eût compromis sa réputation d'incorruptibilité. Aussi fourbe qu'amb tieux, il résolut donc de se faire un mérite de sa sévérité envers un collègue qu'il avoit cru, disoit-il, digne de sa confiance, et qui l'avoit perdue par une bas sesse. Cette conduite de Maximilien n'est pas difficile à expliquer; elle est une suite de cette hypocrisie dont il a donné une foule de preuyes, pour obtenir la popularité dont il a tant et si longtemps abusé pour le malheur de la France et de l'humanité.

Au reste, nous invitons nos lecteurs à suspendre leur jugement sur les accusés, dont nous allons écrire le procès, jusqu'à ce qu'ils nient parcourú les détails de cette affaire. Elle leur rappellera des circonstances qui répandront un grand jour sur différentes époques importantes des travaux de la Convention, et sur les manoeuvres que des hommes pervers employoient pour lui arracher des dé crets favorables à la cupidité.

Il circuloit depuis quelque temps des bruits qui accusoient Chabot de complicité avec des agioteurs, qui vouloient s'enrichir en provoquant des mesures pour faire hausser ou baisser les fonds publics à leur gré.

Le mariage de ce député avec la sœur de deux barons allemands, qui lui avoient assuré ane dot considérable, donna encore plus de

consistance aux soupçons. Ils devinrent si forts, que Chabot crut devoir ouvrir son ame toute entière à Roberspierre. Ce fut après lui avoir confié, au milieu de la nuit, ses inquiétu des, qu'il se détermina, le 25 brumaire de l'an II, à faire sa confession au comité de Sûreté générale. La déclaration qui la renferme, et qui a été trouvée parmi les papiers de Roberspierre, après le supplice de ce tyran, con ient des détails infiniment curieux. Cest une pièce digne d être recueillie, et qui doit être transmise à la postérité, pour lui dévoiler les intrigues criminelles dont se sont rendus coupables des hommes qui avoient su se ménager une grande popularité dans la révolution. Mais, avant de rapporter ce qu'il y a de plus important dans cette pièce, nous croyons que nos lecteurs nous sauront gré d'esquisser les portraits des principaux personnages qui ont joué des rôles dans cette affaire.

Nous commencerons par tracer celui de Chabot. Il étoit âgé d'environ trente ans lorsqu'il fut nommé à l'assemblée législative. Il étoit alors vicaire épiscopal, et avant la révolution, il étoit capucin. Si on doit l'en croire il avoit été religieux d'aussi bonne foi qu'il étoit franc patriote, et défenseur de la liberté et de l'égalité. "Sa taille étoit petite. Son corps ramassé et nerveux, annonçoit une constitution forte et vigoureuse. Aussi nous apprendil, dans une lettre qu'il écrivoit à Roberspierre, qu'il avoit reçu de la nature un tempérament de feu; qu'il aimoit les femmes à la fureur, et que cette passion exerçoit sur ses sens, et

« PrethodnaNastavi »