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cessité de faire connaître les noms des écrivains anonymes et pseu

donymes.

Dès le moment où les savans de France eurent fait une science de la bibliographie, c'est-à-dire dans le temps que Naudé, déjà connu par la publication du catalogue systématique des livres de la bibliothèque de l'abbé de Cordes, formait la bibliothèque Mazarine; que les frères Dupuy et Ismael Boulliau (Bullialdus) rédigeaient le catalogue de la riche bibliothéque fondée par JacquesAuguste de Thou l'historien, Vincent Placcius, jurisconsulte ct professeur à Hambourg, s'occupait avec zèle de la découverte des Anonymes et des Pseudonymes. Il publia en 1674, son Theatrum anonymorum et pseudonymorum. Ce n'était alors qu'un petit volume in-4o, dans lequel l'auteur dévoilait quinze cents écrivains tant anonymes que pseudonymes. Mais, dans la suite, soit par ses propres recherches, soit par le secours de plusieurs savans, il augmenta considérablement sa collection. On voit en effet près de six mille auteurs tant inconnus que déguisés, dans l'édition de son ouvrage, donnée après sa mort, par Dreyer, avec une préface de J. A. Fabricius, Hambourg, 1708, in-fol. Il ne se trouve dans ce nombre qu'environ mille écrivains français, les recherches de l'auteur s'étant étendues sur des ouvrages écrits en allemand, en hollandais, en anglais, en italien et en diverses autres langues.

En 1690, notre savant Adrien Baillet publia ses Auteurs déguisés. Ce n'était qu'un traité préliminaire qui devait être suivi du Recueil des auteurs déguisés. Il le termina par une liste purement historique de son Recueil. Mais il mourut en 1706, sans avoir exécuté son grand projet, et ne laissant qu'une Préface. Elle contient, à la vérité, des recherches aussi curieuses que variées. Mon Dictionnaire indique plusieurs anonymes sur lesquels on n'avait que des notions vagues du temps de Baillet, entre autres le Donatiste Tichonius, qui, depuis la savante Dissertation de l'abbé Morel sur l'Ambrosiaster, c'est-à-dire depuis 1762, est regardé comme l'auteur des Commentaires sur les Épîtres de saint Paul, fausse

ment attribués à saint Ambroise. Baillet n'a pas même placé Tichonius parmi les cinq auteurs à qui, de son temps, l'on attribuait ces Commentaires.

Le savant la Monnoye a relevé plusieurs fautes commises par Baillet, relativement aux pseudonymes; mais il n'a rien dit de l'article concernant le président Claude Fauchet, que Baillet présente faussement comme s'étant déguisé sous le nom de Pyrame de Candole. Il est probable que son erreur a été occasionée par l'article de la Bibliothèque françoise de Charles Sorel, où il est dit que la traduction de Tacite par Claude Fauchet, parut sous le nom de Pyrame de Candole. Les exemplaires que j'ai vus, sont anonymes 1. D'ailleurs Sorel donne seulement à entendre que Pyrame de Candole avait publié une édition de la version de Tacite par Fauchet, ce qu'il avait déjà fait pour la traduction de Xénophon par de Seyssel. En annonçant cette édition de la traduction française des OEuvres de Xénophon, je donne, sur Pyrame de Candole, des détails qui sont peu connus.

Je crois avoir découvert un pseudonyme dont Baillet ne parle pas, et qui a donné lieu à de fréquentes méprises jusqu'à ce jour. C'est le traducteur de Xiphilin, Antoine de Bandole, nom imaginaire que prit Jean Baudoin, en arrivant à Paris, et qu'il mit en tête de deux ouvrages. Les erreurs commises à ce sujet consistent en ce que l'on a dit et répété qu'il avait paru en 1610, deux traductions de Dion Cassius, l'une par Jean Baudoin, et l'autre par Antoine de Bandole. En comparant à la bibliothèque de l'Arsenal, un exemplaire portant le nom d'Antoine de Bandole, avec un exemplaire anonyme, connu pour être de Jean Baudoin, je me suis assuré que c'était la même édition de la même traduction de Xiphilin, abréviateur de Dion Cassius. L'article de mon Dictionnaire

1 Ce sont les éditions imprimées à Paris, 1582, in-fol.; 1583, in-4; 1584, in-8. Après avoir revu et amendé cette traduction en infinis passages, Pyrame de Candole en donna une édition à Genève en 1594, in-8. Elle a été reproduite à Anvers en 1596, et à Douay en 1609, in-8. (N. N.)

relatif à l'Histoire de Dion Casssius,.... présente d'autres détails sur ce sujet.

Je reviens à l'ouvrage de Placcius. Il se répandait dans la république des lettres, malgré les défauts qu'y remarquaient les savans. On reprochait à l'auteur de n'avoir pas suivi l'ordre alphabétique dans l'indication des ouvrages; d'avoir noyé, pour ainsi dire, ses anonymes et pseudonymes dans un déluge de citations; enfin, d'avoir traduit en latin les titres des ouvrages français, au lieu de les présenter dans leur propre langue. On avait aussi remarqué la multitude de fautes de tout genre qui défigurent cet ouvrage. Les omissions de l'auteur n'étaient pas moins nombreuses. En 1740, Jean-Christophe Mylius, bibliothécaire d'Iéna, publia un supplément à l'ouvrage de Placcius; il s'est borné aux ouvrages allemands, latins et français. Ses découvertes s'élèvent à trois mille deux cents articles, dont mille sept cents français. L'ouvrage de Mylius étant rangé par ordre alphabétique, il est plus aisé à consulter que celui de son prédécesseur. Il présente aussi moins d'incorrections et moins de citations 1.

Vers le milieu du dernier siècle, l'abbé Bonardi, docteur et bibliothécaire de Sorbonne, qui a aidé le P. Desmolets dans la Continuation des mémoires de Littérature, se livrait avec ardeur à la composition d'un dictionnaire des ouvrages anonymes et pseudonymes. Il est mort en 1756, sans l'avoir publié. Avant la révolution de 1789, son manuscrit était conservé au séminaire de Saint-Irénée de Lyon; il est sans doute perdu depuis les troubles qui ont agité cette grande ville, et c'est inutilement que j'en ai

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1 On retrouve dans son ouvrage, avec d'utiles augmentations, l'excellente dissertation d'Heuman sur les livres anonymes et pseudonymes, publiée pour la première fois en 1711. Les noms de ces auteurs sont toujours cités avec éloge; l'ex-jésuite de Valois a troublé maladroitement ce concert dans un discours sur les anonymes, où l'on rencontre d'ailleurs de justes réflexions. Voyez son Recueil de dissertations littéraires, Nantes, 1766, in-8, p. 245. Il y a quatre fautes d'impression dans les einq noms qu'il cite. (N. N.)

demandé des nouvelles à des personnes qui eussent pu en avoir la communication.

Il parut à Paris, en 1758, une France littéraire, rédigée en partie par l'abbé de la Porte, sur le plan qu'avait donné DuportDutertre, en 1751, dans son Almanach des Beaux-Arts. On y inséra la liste alphabétique des ouvrages connus des auteurs : elle était suivie d'une autre liste indiquant les ouvrages anonymes. Cet ouvrage eut trois supplémens jusqu'en 1763 inclusivement.

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Le succès qu'obtint ce livre, détermina le libraire à en annoncer une nouvelle édition, très-augmentée, pour l'année 1767; elle ne parut qu'en 1769, mais c'était, pour ainsi dire, un ouvrage nouet l'on est redevable à l'abbé d'Hebrail, plus qu'à l'abbé de la Porte, des augmentations qu'il contient. Sur 6000 ouvrages, environ, annoncés dans le Catalogue alphabétique du tome deuxième il s'en trouve au moins 3000 tant anonymes que pseudonymes. Malheureusement aucun signe particulier ne distingue ceux-ci d'avec les autres, et d'ailleurs, la comparaison que j'ai faite des titres avec les frontispices mêmes des ouvrages, m'a fait voir qu'un grand nombre de ces titres sont tronqués : c'est ainsi que l'Instruction théologique en forme de catéchisme, par Osmont du Sellier, est indiquée sous le titre de Catéchisme; de même l'Amitié après la mort, contenant les Lettres des morts aux vivans, ouvrage traduit de l'anglais, de madame Rowe, figure sous le titre de Lettres des morts aux vivans. Beaucoup de titres ne sont suivis d'aucune date; ceux-là sont souvent imaginaires. Je considère comme tels les Lettres littéraires sur divers sujets, sans date, 2 vol. in-12., et les Mémoires historiques et curieux, aussi sans date, 2 vol. in-12, indiqués sous le nom de l'abbé de la Roche, connu par l'édition qu'il a donnée des Maximes de la Rochefoucauld, avec des notes. L'auteur a peut-être voulu parler des Lettres curieuses sur divers sujets, Paris, 1725, 2 vol. in-12, attribuées à un nommé Duval1,

1 J'ai découvert plusieurs ouvrages anonymes de cet auteur. Voyez son article dans mon Examen critique des Dictionnaires historiques. (N. N.)

dans le catalogue de la bibliothèque du roi. J'ai indiqué dans mo Dictionnaire plusieurs autres fautes du même genre. L'on ne trou pas dans ce volume le catalogue des ouvrages anonymes annore dans l'avertissement qui précède le tome premier. Cette omission est à regretter, car les éditeurs des supplémens qui ont paru en 1778 et 1784, eussent sans doute trouvé dans ce catalogue béaucoup d'ouvrages dont les auteurs étaient connus depuis 1769, et celui qu'ils nous ont transmis en serait plus satisfaisant. En général, ces deux supplémens sont très-inférieurs aux deux premiers volumes. J'ai remarqué dans le même avertissement une omission répréhensible, relativement aux savans qui ont communiqué des articles aux premiers éditeurs; ceux-ci avaient proclamé avec reconnaissance les noms de l'abbé Saas, connu par ses critiques du Catalogue de la bibliothèque du roi, du Dictionnaire de Ladvocat et des sept premiers volumes de l'Encyclopédie, etc.; de D. Gerou, bénédictin, qui a laissé une Bibliothèque des auteurs orléanais; de l'abbé Sepher, bibliographe renommé; du P. Roset, dominicain, qui avait envoyé la notice de tous les écrivains de la FrancheComté puisque les nouveaux éditeurs ont profité des recherches et des renseignemens de ces hommes laborieux, ils devaient en perpétuer le souvenir par une mention expresse.

M. Ersch, bibliothécaire de l'université d'Iéna, a copié dans la France littéraire, imprimée à Hambourg depuis 1797 jusqu'en 1806, et composée aujourd'hui de 5 volumes, toutes les fautes de celle de Paris, et il y en a ajouté de bien plus graves; telle est la confusion des auteurs les uns avec les autres: par exemple, il prend Ribaud de la Chapelle pour Besset de la Chapelle; le marquis de Guasco pour l'abbé de Guasco; M. André, bibliothécaire de d'Aguessau, pour l'abbé André, instituteur du comte Desfours à Prague, auteur d'une Histoire de Bohême; Élie Bertrand, né en Suisse, pour M. Bertrand né à Besançon; l'abbé Champion de Nilon pour l'abbé Champion de Pontalier; le ministre Calonne pour M. de Calonne, cultivateur des environs de Paris; l'avocat Dumont pour Dumont

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