pagnon, qu'on l'accusoit d'avoir tué, reparut. Alors le Centurion chargé de l'exécution, ordonna au bourreau de remettre son sabre dans le fourreau. Ces deux compagnons, après s'être embrassés l'un l'autre, sont conduits vers Pison, au milieu des cris de joie de toute l'armée et d'une foule prodigieuse du peuple. Pison tout écumant de rage, monte sur son tribunal, prononce contre tous trois, sans excepter le Centurion qui avoit ramené le soldat condamné, un même arrêt de mort en ces termes Toi, j'ordonne qu'on te mette à mort, parce que tu as déjà été condamné; To1, parce que tu as été la cause de la condamnation de ton camarade; et Toi, parce qu'ayant eu ordre de faire mourir ce soldat, tu n'as pas obéi à ton Prince. IV. PISON, chef d'une conspiration contre Néron; Voyez 1. SÉNÈQUE et Lateranus. V. PISON, (Lucius Calpurgius) sénateur Romain de la famille des précédens, accompagna l'an 258, l'empereur Vatérien dans la Perse. Ce prince ayant été pris, et Macrien nommé son successeur, le nouvel em¬ pereur envoya Pison dans l'Achaïe pour s'opposer à Valens. Pison, au lieu de les combattre, se retira en Thessalie, où ses soldats lui donnèrent la pourpre impériale. Valens marcha contre fui, et lui fit ôter la vie l'an 261, après un règne de quelques se maines. Comme il étoit doué d'excellentes qualités, le sénat honora, dit-on, la mémoire de ses vertus, en lui consacrant une statue et un char de triomphe, VI. PISON, (Guillaume) né à Leyde, docteur en médecine, la pratiqua au Brésil, aux Indes et à Amsterdam. Les libéralités de Maurice comte de Nassau, le mirent en état de donner son Historia Naturalis Brasilia Leyde, 1648, in - folio, réimprimée à Amsterdam en 1658, in-folio, dans le livre intitulé: De Indice utriusque re Naturali et Medicd. PISONES, Voyez II. Pors. PISSELEU, (Anne de ) dite d'abord Mile de Heilly, depuis duchesse d'Etampes née vers l'an 1508, d'une ancienne famille de Picardie, éteinte en 1628. Elle fut fille d'honneur de Louise de Savoie mère de François I. Ce prince la vit à son retour d'Espagne, et conçut pour elle une passion violente, dont ce père des lettres a laissé quelques mo numens; témoin ce joli dizain : Est-il point vrai, ou si je l'ai songé, Qu'il est besoin m'éloigner et dis? traire De notre amour et en prendre congé ? Las je le veux et si ne le puis faire. Que dis-je ? veux; c'est du tout le contraire : Faire le puis, et ne puis le vouloir; Car vous avez là réduit mon vouloir, Que plus tâchez ma liberté me rendre, Plus empêchez que ne la puisse avoir, En commandant ce que voulez dé fendre. Anne avoit alors tout l'éclat de la jeunesse et de la beauté. Son esprit étoit non-seulement agréable; mais fin, solide et étendu Sensible, peut-être pour mieux captiver son amant aux beautés des bons ouvrages, elle mérita l'éloge de la plus savante des belles et de la plus belle des sa vantes et les titres de Protectrice et Mécène des Beaux Esprits. Quant aux qualités du cœur, elles étoient très - inférieures aux agrémens et à la souplesse de son esprit. François I. la maria en 1536, à Jean de Brosses, qui consentit à cette union déshonorante pour rentrer dans les biens de sa maison, que la défection de son père, ami du connétable de Bourbon, lui avoit fait perdre. Il recouvra non-seulement son patrimoine; mais il obtint encore le collier de l'Ordre, le gouvernement de Bretagne et le comté d'Etampes, que François érigea en duché, pour donner à sa maîtresse un rang plus distingué à la cour. La duchesse d'Etampes parvint au plus haut point de la faveur, et cette faveur dura autant que son amant. Elle s'en servit pour enrichir ses amis et perdre ses ennemis. L'amiral Chabot son ami, dégradé par arrêt du parlement, fut rétabli dans sa charge en 1542, et le chancelier Poyet, dont elle croyoit avoir lieu de se plaindre, fut privé de la sienne en 1545. Ce qui doit le plus ternir la mémoire de cette favorite, c'est qu'abusant de la passion du roi, elle révéla à l'empereur Charles-Quint des secrets importans, qui firent battre nos armées. Elle vouloit par-là s'assu— rer l'appui de ce prince, que la mort du roi lui rendroit quelque jour nécessaire. Elle pensoit à se procurer une retraite hors du royaume, pour le temps auquel elle ne seroit plus rien en France. Cette perfidie auroit été sévèrement punie sous Henri II, si ce monarque n'avoit craint d'outrager la mémoire de son père, en livrant à la justice une maitresse qui l'avoit gouverné pendant 22 ans. D'ailleurs on auroit pu accuser ce prince d'agir à l'instigation de Diane de Poitiers sa maîtresse, qui étoit aussi jalouse de la duchesse d'Etampes, que la duchesse d'Etampes l'étoit d'elle. Cette jalousie entretint pendant quelque temps la dissention dans la famille royale. Toutes les creatures du dauphin étoient mal venues à la cour de François I, et la duchesse d'Etampes ne cessoit de donner des mortifications à Diane. « L'année de ma naissance, disoit elle, est celle où Madame la Sénéchale (c'étoit le nom que portoit Diane de Poitiers) se maria...» Diane étoit en effet plus àgée de sept ans que la duchesse d'Etampes, et elle n'en gouverna pas moins Ur prince plus jeune qu'elle de vingt ans. Henri II n'osant ou ne voulant pas montrer un ressentiment trop vif contre la maîtresse de son père, lui permit de se reti→ rer dans une de ses terres, où elle mourut vers 1576, dans l'oubli, dans le mépris et les remords. Elle embrassa la religion prétendue réformée dans sa retraite, et elle employa le revenu des grands biens qu'elle avoit acquis dans sa faveur, à opérer des conversions. Jean de Brosses son époux étant mort sans enfans ses biens passèrent à Sébastien de Luxembourg, duc de Penthièvre, qui n'eut qu'une fille (Marie de Luxembourg), laquelle porta les duchés d'Etampes et de Penthièvre à Philippe Emmanuel de Lorraine, duc de Mercœur. La fille de celui-ci (Françoise de Lorraine) épousa César duc de Vendôme, qui à ce der nier duché joignit ceux de Mer PISTORIUS, (Jean) né à Nidda en 1546, s'appliqua d'abord à la médecine, et fut reçu docteur avec applaudissement; mais ses remèdes n'ayant pas le succès qu'il en esp:oit, il se livra à la jurisprudence. Son savoir lui mérita la place de conseiller d'Ernest-Fréderic, mar grave de Bade-Dourlach. (Voy. ANDRÉ, n.° xI.) Il avoit embrassé la religion Protestante; mais il la quitta quelque temps après pour se faire Catholique. Il devint ensuite docteur en théologie, puis conseiller de l'empereur, prévôt de la cathédrale de Breslaw et prélat domestique, de l'abbé de Fulde. On a de lui: 1. Plusieurs Traités de controverse contre les Luthériens. II. Artis Cabalisticæ Scriptores, Basle, 1587; recueil peu commun et recherché. III. Scriptores rerum Polonicarum. IV. Scriptores de rebus Germanicis, en trois vol. in-folio, 1603 à 1613; recueil curieux et assez rare il auroit pu être mieux digéré. L'auteur mourut en 1608, à cinquante-deux ans. à et des biens qu'il avoit acquis par ses talens, il entreprit de donner à la chirurgie une forme nouvelle, en fondant le collége ou la société des Chirurgiens à Paris. Ce fut lui principalement qui en dressa les Statuts l'an 1260; mais il ne les publia que plusieurs années après, confirmés par l'au torité royale. Cet ami de l'humanité s'obligea le premier par serment à les observer, et son exemple fut suivi par ses confrères. Il mourut vers 1311. PITAU, (Nicolas ) graveur d'Anvers, donna une grande idée de ses talens par la Sainte-Famille, qu'il grava d'après Raphaël. L'art avec lequel le cuivre est coupé dans cet ouvrage, la correction et la fonte des contours, qui rendent le précieux et l'effet de l'original, peuvent servir de modèle à ceux qui ont l'ambition d'exceller dans la gravure au burin. Parmi les ouvra ges de Pitau, on remarque plusieurs Portraits qu'il grava d'a- ́ près ses dessins, et notamment celui de St. François de Sales, revêtu du Pallium. Il mourut en 1671, à 38 ans. Il eut une fille qui grava le Portrait. PITAVAL, Voyez Gayor. titude de la déclamation, et tient de l'autre main un foudre et des chaines de fleurs, signifiant le pouvoir de la raison et le charme du sentiment, qu'elle sait également employer. On voit à ses côtés un caducée, symbole de la persuasion; et les écrits de Démosthène et de Cicéron, les deux orateurs qu'elle a le plus favorisés. PITHOIS, (le Père N.) Mihime de la province de Champagne, se consacra pendant quelque temps à la chaire. Mais s'étant dégoûté de son état, il se retira à Sédan, où il embrassa la religion Protestante, et où il mourut en 1676, âgé d'environ 80 ans. Il s'étoit fait recevoir avocat, et il réussit dans le barreau; mais il seroit inconnu sans tin livre singulier, intitulé : l'Apocalypse de Méliton, où Révé lation des mystères Cenobitiques, 1662, in-24, et 1668, in- 12. Ce livre très satirique est l'abrégé, en partie, d'un Traité du célèbre évêque de Belley (J. P. Camus), publié sous ce titre : St. Augustin de l'ouvrage des Moines, assorti de réflexions sur l'usage du temps, Rouen, 1633, in-8.o PITHON-CURT, (l'abbé) mort en 1780, avoit publié en 1743 l'Histoire de la noblesse du comtat Venaissin, en quatre vol. in-4.0 Plusieurs généalogies paroissent bien dressées et bien appuyées; d'autres ont souffert des difficultés : la malignité étant toujours prête à contredire la Vanité. I. PITHOU, (Pierre) naquit le premier novembre 1539, à Troye en Champagne, d'une fa mille distinguée. Après avoir reçu une éducation domestique, il vint puiser à Paris sous Turnèbe, le goût de l'antiquité. De Paris il passa à Bourges, où il vint acquérir sous le célèbre Cujas; toutes les connoissances néces→ saires à un magistrat. Ses premiers pas dans la carrière du barreau ne furent pas bien assurés. Il avoit autant de timidité que de génie, et cette timidité glaçant son esprit, il fut obligé de renoncer à une profession qui demande de la hardiesse. Le Calvinisme faisoit alors des ravages sanglans en France; Pithou; imbu des erreurs de cette secte, faillit à perdre la vie dans l'horrible boucherie de la Saint-Barthélemi. Devenu Catholique l'année d'après, il fut substitut du procureur général, puis procu reur général en 1581 dans la chambre de justice de Guienne. occupoit la première place, lorsque Grégoire XIII lança uni Bref contre l'ordonnance de Henri III, rendue au sujet du concile de Trente. Pithou publia alors un Mémoire, où, après avoir dévoilé les vues secrètes des auteurs du Bref, il défendit avec autant de force que de raison, la cause de la France et celle de son roi. Henri IV trouva en luf un citoyen non moins zélé. Quoi¬ qu'il eût été entraîné dans la faction séditieuse de la Ligue, il fit tous ses efforts pour réduire Paris sous l'obéissance de son légitime souverain. Il étoit de la société des beaux esprits qui composè rent la Satire ingénieuse connue sous le nom de Catholicon d'Espagne; satire qui fit plus de mal aux Ligueurs que tous les rai→ Sonnemens des bons citoyens. If publia aussi un petit ouvrage in titulé: Raisons pour lesquelles les Evêques de France ont pu de droit donner l'absolution à Henri de Bourbon, de l'excommunication par lui encourue; même pour un cas réservé au saint Siége. Ce livre qu'il supposa traduit de l'italien, et qui fut imprimé en françois en 1593 et 1595, et en latin en 1594, éclaira les esprits et servit à les ramener à leur prince légitime. Enfin, après avoir vu triompher Henri IV, Pithou mourut le même jour qu'il étoit né, à Nogent-sur-Seine, le premier novembre 1596, à 57 ans. Passerat lui fit cette Epiimphe : Hic, Pithae, jaces, quondam memòrabile nomen Parisioque foro, Pierioque choro. Ossa licèt teneant qui te genuêre Tricasses 5 Longa tibi in libris vita futura tuis. Pithou traça ainsi son portrait dans son Testament. «Dans le siècle le plus malheureux et dont les mœurs sont les plus corrompues, j'ai été, autant qu'il m'a été possible, juste, honnête et fidelle. Sincère dans mon amitié, J'ai toujours préféré l'espérance de vaincre mes ennemis par mes bienfaits, et le mépris des injures au desir de la vengeance. J'ai toujours tendrement aimé ma femme; je n'ai point eu de foiblesse pour mes enfans; j'ai respecté l'humanité dans mes domestiques. J'ai détesté le vice dans ceux même qui me sont les plus chers, et j'ai aimé la vertu partout où je l'ai trouvée, même chez mes ennemis. J'ai fait tout ce qu'un homme sage doit faire pour conserver son bien; mais je me suis peu embarrassé d'augmenter le mien. Je n'ai jamais fait à autrui ce que je n'aurois pas voulu qu'on me fit à moi-même. J'ai méprisé toutes graces injustes, difficiles à obtenir ou vẻ¬ nales. Ennemi de l'avarice et des bassesses, je les ai toujours abhorrées, sur-tout dans les ministres de la religion et de la justice. J'ai toujours respecté la vieillesse et tendrement aimé ma patrie, J'ai préféré par goût le travail aux honneurs de la magistrature; j'ai mieux aimé éclairer les hommes que les dominer. J'ai reconnu avec grand plaisir, par ma propre expérience, qu'on arri voit plus facilement et plus heureusement à son but par une droiture et une franchise éclai rées, que par le manége, la fourberie et intrigue. J'ai préféré i l'art de bien penser à celui de bien dire. J'ai regardé comme mes plus beaux jours, ceux que j'ai pu donner à l'état et à mes amis. J'espère que la part que j'avois dans la tendresse de ma chère épouse s'accroitra à nos enfans; qu'elle se consacrera entièrement à leur éducation, et aux soins que demandent leurs personnes et leurs biens.» On à de lui: I. Un Traité des Libertés de l'Eglise Gallicane, qui sert de fondement à tout ce qu'on a écrit depuis sur cette matière. La meil leure édition est celle de Paris, 1731, 4 vol. in-fol. II. Un grand nombre d'Opuscules, imprimés à Paris, in-4°, 1609. III. Dės Editions de plusieurs Monumens anciens, dont la plupart regardent l'Histoire de France. IV. Des Notes sur différens auteurs profanes et ecclésiastiques. V. Un Com mentaire sur la Coutume de Troyes, in-4. VI. Plusieurs autres Ouvrages sur la Jurispru→ dence Civile et Canonique. VII. I |