Slike stranica
PDF
ePub

confirme ou détermine tous ces saints et glorieux efforts. L'ouvrage de M. Theiner paraît donc être bien complet; du commencement de l'Église il conduit jusqu'à nos jours l'histoire des établissemens d'éducation ecclésiastique.

Nous ferons cependant remarquer qu'il nous semble que, dans un pareil livre, saint Dominique et saint François, les institutions que ces grands hommes ont créées et qui ont eu de l'influence sur la direction scientifique et morale du clergé, appelaient une mention plus étendue.

Nous regrettons aussi que M. Theiner ait, pour ainsi dire, exclu de son travail l'Église d'Orient.

Nous faisons cette double remarque dans l'espoir que le savant auteur s'appliquera, dans une nouvelle édition, à combler les lacunes que nous signalons.

Quant à l'Eglise d'Orient, ce pourrait être l'objet d'un volume supplémentaire; qui, mieux que lui, pourrait le faire digne des deux autres que nous publions?

M. Theiner, du reste, suivant la coutume des auteurs allemands, a enrichi son ouvrage de notes nombreuses et très intéressantes, en même temps que de plusieurs pièces justificatives que tout le monde voudra lire.

Parmi ces pièces se trouvent les bulles des souverains pontifes pour la création et le développement des séminaires et notamment du collége germanique à Rome; on y voit aussi une immense et noble liste de tous les hommes célèbres sortis de cette grande et glorieuse école des Jésuites.

La résurrection contemporaine de l'Université catholique de Louvain devait trouver là sa place.

Pour notre compte, nous avons ajouté la belle instruction pastorale de Mgr l'archevêque de Paris publiée en cette année même pour le rétablissement des conférences ecclésiastiques et l'institution d'une faculté de théologic.

Cette instruction n'a pas rencontré de critique ni de contradiction; elle a été bien accueillie par tous, elle a été l'objet d'une louange universelle. Nous avons obtenu du savant et pieux pontife l'autorisation d'en faire un tirage particulier; de cette manière on pourra, à peu de frais, se procurer cette production si utile par ses enseignemens et à laquelle le caractère sacré de son auteur imprime une si grande autorité.

Nous ne disons rien de l'auteur même du livre dont nous donnons la traduction au public; M. Theiner est assez connu dans le monde catholique et savant; d'ailleurs l'introduction qu'il a placée en tête de son ouvrage, et dans laquelle il raconte avec foi et simplicité son retour à la croyance et à la pratique de la religion, le fera mieux apprécier qu'une biographic imparfaite, rédigée par une main étrangère.

A M. LE PROFESSEUR

En réponse à la bienveillante épître qu'il a daigné adresser à l'auteur, le récit suivant, servant de préface à cet ouvrage, est respectueusement dédié.

MONSIEUR LE PROFESSEUR,

Vous avez eu, cher et respectable Ami, une influence si grande et si décisive sur la direction de ma vie religieuse, qui a eu pour résultat une réunion intime avec notre sainte Église catholique, apostolique et romaine, que j'ose compler sur votre indulgence si je me permets d'entrer dans quelques détails à ce sujet, ne fût-ce que pour faire connaître à vous et au public les circonstances qui se rattachent à l'origine de cet ouvrage.

Il y a déjà plus d'un an que je vous dois une réponse à votre aimable lettre du 13 octobre 1832. Vous aurez été surpris sans doute de voir interrompre si subitement et pour si long-temps une correspondance qui ne datait encore que de quatre mois, et dans laquelle je trouvais une source de félicité. Mais vous cesserez de m'en vouloir, quand je vous aurai dit que j'ai gardé le même silence avec tout le monde, même avec les personnes qui me sont les plus chères, avec ma famille.

La vie de chaque individu présente parfois des momens solennels où l'homme se méfiant de toute impression étrangère, rentre en lui-même, afin de n'avoir d'autres témoins de la lutte intérieure de sa vie spirituelle que sa conscience et son Dieu. Telle était la situation dans laquelle je me suis trouvé. Elle servira à vous expliquer mon silence. Aujourd'hui enfin je puis le rompre avec vous, avec ma famille, avec le public.

Vous vous rappelez, je pense, les premières lettres que je vous écrivis d'abord de Paris, puis d'Orléans. Je ne saurais y songer sans un vif sentiment de honte et de repentir. Oh! que j'étais alors misérable d'esprit! Je me trouvais, à l'égard de la contemplation chrétienne, dans ce moment terrible et effrayant où une décision quelconque était devenue inévitable. Ou bien je devais conser

ver la position contraire à l'Eglise, dans laquelle je m'était placé, et défendre cette position contre les attaques auxquelles elle avait été en butte (c'était en effet le parti auquel je m'étais arrêté); ou bien il fallait rentrer dans le giron de notre sainte mère l'Eglise, afin d'y puiser de nouveau, avec toute humilité et abnégation, cette consolation et cette vie qui avaient animé ma jeunesse, et dont la seule pensée me reportait sans cesse avec une volupté ineffable vers ces années de bonheur. La Providence divine a daigné m'accorder cette dernière grâce. Le protestantisme, tant sous le rapport social qu'en qualité d'Eglise, en admettant même qu'il soit possible de reconnaître dans le protestantisme le caractère d'une Eglise dans la véritable acception du mot, était trop contraire à mes convictions politiques et religieuses pour que je pusse me décider en sa faveur; et quant à l'indifférentisme matérialiste, il m'avait trop fait souffrir pour que je pusse supporter plus long-temps son joug avilissant et son fléau dédaigneux. On aurait tort de penser que l'indifférence soit une chose très facile. J'ai pu, pendant le cours de mes plus belles années, acquérir la preuve du contraire; de ces années pendant lesquelles son souffle empoisonné tue inexorablement dans leur germe les plus beaux projets de la jeunesse, à moins que, par un retour inespéré de la destinée, une main

« PrethodnaNastavi »