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elle nous paraît être l'effet presque nécessaire de la nature du pays, à cause de la multitude infinie des grands et petits cols qui, se jetant les uns dans les autres, obligent forcément les généraux à tenir partout des postes plus ou moins forts d'observation pour éviter les surprises; mais, en cas de besoin, ces postes s'avertissent, se renforcent les uns les autres, et frappent ensuite de concert les grands coups.

Il nous a paru comme à vous, chers collègues, qu'il ne régnait pas entre Dumas et Badelaune cette cordialité franche qui exclut toute idée de mésintelligence. Peut-être avait-on mis en tête à Dumas que Badelaune visait au commandement en chef. C'est du moins ce que nous avons pu indirectement recueillir sur la cause de cette espèce de petite jalousie de métier. Mais le fait est que, si Dumas l'a cru, il l'a cru trop légèrement, et que jamais rien dans la conduite de Badelaune ne nous a paru justifier cette idée. Heureusement nous avons trouvé le moyen de faire en sorte que cette rivalité ne portât aucun préjudice aux intérêts de la République.

Au fond, le mont Saint-Bernard, confié à Badelaune, nous paraît être en très bonnes mains. Les Piémontais s'y étaient portés en force; Badelaune a demandé du secours, il lui a été envoyé, et les esclaves ont été frottés par main de maître. Vous voyez qu'il n'y a là rien d'alar

mant.

Maintenant il paraît que c'est contre le mont Cenis qu'ils vont diriger leurs efforts. Declaye y commande; nous allons nous y rendre, et, s'ils attaquent, nous espérons leur donner une nouvelle leçon à la répu

blicaine.

Par une de vos précédentes lettres vous nous demandez des renseignements sur les officiers généraux; nous recueillons des instructions, nous observons dans nos tournées, et nous vous dirons le plus tôt possible ce que nous aurons appris et reconnu sur chacun d'eux. L'expérience nous apprend que nous sommes arrivés à l'armée des Alpes un ou deux mois trop tard; ce n'est pas dans un jour que l'on peut approfondir le caractère des hommes. Comptez sur notre vigilance comme sur notre zèle infatigable.

Salut et fraternité,

[Ministère de la guerre; Armées des Alpes et d'Italie.]

ALBITTE, LAPORTE.

LES MÊMES AU COMITÉ DE SALUT PUBLIC.

Au quartier général à Briançon, 23 messidor an 11-11 juillet 1794. (Reçu le 19 juillet.)

Chers collègues,

Par une de vos lettres, partie du bureau des représentants en mission en date du 16 du présent, vous nous demandez s'il existe ou s'il a existé dans les départements sur lesquels s'étend notre mission quelques tribunaux révolutionnaires, commissions militaires ou populaires. Nous nous empressons de répondre à votre demande.

Notre arrondissement comprend les départements suivants :

1° Mont-Blanc: Il a eu un tribunal révolutionnaire établi par Simond et Dumaz pour juger les révoltés d'Annecy; ce tribunal a cessé, par décret, depuis deux mois.

2° Rhône : Il y a eu, à Commune-Affranchie, le tribunal militaire établi le 10 octobre (vieux style) et la commission populaire, laquelle n'est entrée en fonctions que vers le 16 octobre (vieux style); ils ont été remplacés par le tribunal révolutionnaire le 8 frimaire, lequel a jugé jusqu'au 15 floréal. Il y a eu en outre une commission militaire, laquelle a été cassée par les représentants du peuple, et dont les papiers ont été remis au tribunal militaire de l'armée des Alpes.

3° Loire: Il y a eu à Feurs une commission populaire, qui n'a commencé ses fonctions que quatorze ou dix-huit jours après celle de Commune-Affranchie, c'est-à-dire vers la fin de vendémiaire; il a aussi existé à Feurs une commission militaire à peu près à la même époque. C'est, nous croyons, au commencement de nivôse que le représentant Javogues a établi un seul tribunal à Feurs, qui a continué ses fonctions. jusqu'à la fin de la mission dudit représentant dans le département de Loire. La durée de cette dernière commission a été d'environ deux mois.

3° Isère: N'a eu ni tribunal ni commission.
4° Drôme: N'a eu ni tribunal ni commission.
5° Ain: N'a eu ni tribunal ni commission.

6 Hautes-Alpes: N'a eu ni tribunal ni commission.

District de Barcelonnette, département des Basses-Alpes : N'a eu ni

tribunal ni commission.

Salut et fraternité,

[Arch. nat., AF 1, 188.]

ALBITTE, LAPORTE.

LES MÊMES AU COMITÉ DE SALUT PUBLIC.

Au quartier général à Briançon, 23 messidor an 11-11 juillet 1794. (Reçu le 19 juillet.)

[Albitte et Laporte transmettent sept arrêtés que différentes circonstances ont motivés (1). - Arch. nat., AF 11, 252. De la main d'Albitte.]

LES MÊMES AU COMITÉ DE SALUT PUBLIC.

Au quartier général à Briançon, 23 messidor an 11-11 juillet 1794.

[En partant pour le mont Cenis et le Saint-Bernard, ils envoient copie d'une lettre (2) qui fera connaître la véritable idée que l'on peut avoir des projets des émigrés et de leurs pauvres succès. «L'étoile polaire brille au Nord, c'est de là que partira tout. Vive la République!» - Ministère de la guerre; Armées des Alpes et d'Italie. De la main d'Albitte.]

Il n'y a que quatre arrêtés joints: 1° interdisant aux officiers et employés de l'armée qui voyagent pour leurs affaires particulières de se faire délivrer l'étape, sous peine de destitution (18 messidor); 2oordonnant le payement des courses faites par deux voituriers, de Commune-Affranchie au port d'Aix, dans le Mont-Blanc (19 messidor); 3° ordonnant la confection de douze cents selles, brides, bridons, etc., dans les ateliers de Commune-Affranchie, ainsi d'autres objets pour que la cavalerie (17 messidor); 4° augmentant la ration de pain et d'eau-de-vie aux soldats can

tonnés sur le mont Cenis et dans les bivouacs (19 messidor).

(2) Lettre d'un nommé Roch (6 juillet, Genève) au citoyen Sommelier: Complot ourdi par Lameth, Fitz-Gerald, Du Rouverai, Vergennes, Mallet, Du Pan et autres, dévoilé par Fanod, ancien administrateur du département du Jura, complot ayant pour but d'enlever le département du Jura, et d'abord Genève, pour avoir de l'artillerie. Il y a lieu de croire que cette conspiration manquée amènera l'expulsion des émigrés du canton de Berne.

UN DES REPRÉSENTANTS à l'armée DES ALPES AU COMITÉ DE SALUT public.

Briançon, 23 messidor an 11-11 juillet 1794. (Reçu le 19 juillet.)

Chers collègues,

Je suis depuis dix-huit mois en commission; vous me connaissiez avant, vous devez me connaître depuis le moment de mon départ; je n'ai point changé, je vous ai tous connus, et je conclus que vous n'avez pas changé. On m'écrit que les citoyens Desilles, Martines, Rollet, Frilet et Alban, de Bourg, sont rigoureusement poursuivis, particulièrement Desilles. Pendant mon séjour dans le département de l'Ain, je n'ai trouvé, dans Desilles surtout et dans ceux que je viens de vous nommer, que de bons et de loyaux patriotes, victimes du fédéralisme qui avait régné dans le département. Je ne sais pas quelles fautes ils ont pu commettre depuis; mais ce que je sais bien, c'est qu'ils sont persépar plusieurs de nos collègues de ce département et qu'ils ont pour ennemis tous les fédéralistes, les aristocrates et les détenus du district de Bourg.

cutés

Moi, je les crois innocents; c'est à vous à les juger, et je suis sûr que vous jugerez bien.

Si vous avez quelques doutes, notre collègue Méaulle peut vous donner des renseignements.

Mes chers collègues, je viens d'obéir au cri de ma conscience; je suis celui de mon cœur en partant sur-le-champ pour aller au mont Cenis apprendre aux Piémontais que l'étoile du Nord a brillé.

Salut et fraternité,

[Arch. nat., AF 11, 252".]

ALBITTE.

LE REPRÉSENTANT DANS L'ARIÈGE, LES PYRÉNÉES-ORIENTALES, L'AUDE ET L'HÉRAULT AU COMITÉ DE SALUT PUBLIC.

Tarascon, 23 messidor an 11-11 juillet 1794. (Reçu le 21 juillet.)

Je

ne néglige point, citoyens collègues, de recueillir, dans le cours de ma mission, les actes de vertu; en voici un que je crois devoir vous

(En marge d'une analyse de cette lettre, on lit: Le Comité a rendu un arrêté qui charge le représentant Méaulle

d'examiner cette affaire et d'y statuer. L'arrêté et la lettre sont à la signature depuis le 12 du courant. 15 thermidor."

faire connaître et que je vous prie de transmettre à la Convention. Je vous envoie à cet effet la lettre que j'ai reçue de la Société populaire de Narbonne (1).

Salut, égalité et fraternité,

[Arch. nat., AF II, 196.]

CHAUDRON-ROUSSAU.

COMITÉ DE SALUT PUBLIC.

Séance du 24 messidor an 11-12 juillet 1794 (2).

1. Le Comité de salut public, informé par le rapport de la 7° Commission qu'il s'élève des difficultés et des réclamations fréquentes relativement à l'exécution de l'arrêté du 11 de ce mois qui a mis en réquisition les charretiers avec les chevaux et voitures de Paris et des communes environnantes (3); que ces difficultés ont pour objet quelques parties du service public, la commodité des citoyens qui désireraient faire partir leurs chevaux à différents intervalles; que ces réclamations sont susceptibles d'une décision d'autant plus prompte et plus facile que tous les citoyens sont également animés du désir de concourir à Fobjet important de la réquisition et ne se proposent que de concilier, autant que cela se pourra, leur service ordinaire avec le service pour lequel ils sont requis extraordinairement; arrête ce qui suit : 1o La 7° Commission statuera sur toutes les pétitions et réclamations qui seront fournies par les citoyens requis ou dont les charretiers seront requis avec les chevaux et voitures, en exécution de l'arrêté du 11 de ce mois. 2o Les citoyens qui présenteront des pétitions remettront en même temps à la Commission l'avis de leur section ou de leur munici

(1) La Société de Narbonne y mande qu'une citoyenne Vaulete recueillit chez elle deux dragons atteints d'une maladie contagieuse qui a causé de grands ravages dans la contrée. Elle les soigne deux mois et demi jour et nuit, et les rend à la vie. Les deux soldats, en reconnaissance, veulent lui offrir tout l'argent qu'ils ont sur eux; elle refuse, quoique pauvre, n'ayant que son

travail pour vivre, Cette femme a un fils dans l'armée des Pyrénées occidentales, âgé de seize ans, qui, dans un combat du 23 juin, fit mordre la poussière à trois Espagnols et, en outre, fit à lui seul sept prisonniers.

(2) Le registre du Comité ne contient aucun arrété se rapportant à cette date. (3) Voir t. XIV, p. 592, l'arrêté n° 14.

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