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et le Chili. Le Gouvernement déchu s'était attaché à donner la garantie d'un droit conventionnel aux importantes relations de commerce depuis longtemps établies entre la France et les anciennes colonies espagnoles de l'Amérique du Sud. Les ratifications du traité conclu dès le 15 septembre 1846 n'avaient pas encore été échangées lorsque survint la révolution de 1848. Les négociations, depuis, avaient été reprises, quelques difficultés, sans gravité d'ailleurs avaient été aplanies, et c'est ainsi qu'en dernier lieu M. de Tocqueville avait été amené à signer avec M. de Rosalès, chargé d'affaires du Chilli à Paris, le traité auquel il s'agissait aujourd'hui de donner la sanction des pouvoirs publics. Le principe sur lequel cet acte international plaçait les relations politiques, commerciales et maritimes des deux pays était celui de la jouissance réciproque du traitement de la nation la plus favorisée. Nos affaires commerciales ne sont pas sans importance dans cette partie des mers du Sud; les tableaux qui accompagnaient l'exposé des motifs montraient que sur 40 bâtiments ayant fait l'intercourse en 1847, 37 portaient notre pavillon; c'est-à-dire que notre marine effectue presque seule les transports. Quant à la valeur des marchandises échangées, elle atteignait, en 1847, un peu plus de 18 millions et demi, et, en 1848, près de 17 millions, dont 11 environ à nos exportations. Ces relations, il est vrai, ne se sont pas beaucoup développées depuis dix ans : on retrouve, en 1839, des chiffres presque égaux à ceux de 1848; mais, pour qui sait l'élan extraordinaire qu'a donné, depuis huit ou dix mois, au port de Valparaiso et au commerce chilien en général l'exploration des terrains aurifères de la Californie, pour qui se rend compte du mouvement commercial du nouvel État de la Fédération américaine, le traité conclu avec le Chili prenait aujourd'hui une haute importance.

Le traité contenait des dispositions avantageuses à notre importation au Chili, et tendait à rendre moins inégale notre concurrence avec l'Angleterre et les États-Unis, qui depuis longtemps ont su, par des traités particuliers, se réserver de grands débouchés dans l'Amérique du Sud. Mais le traité actuel, comme ceux de 1822 et de 1826, qui nous lient avec l'Angleterre et les ÉtatsUnis, n'était qu'un traité de réciprocité. Il n'aurait pas les mêmes

résultats que ces derniers, puisque la marine chilienne est peu développée, et que ses navires n'entrent dans notre commerce de concurrence que pour une proportion insignifiante. Nous avons donc tout à gagner dans l'assimilation, quant aux droits de douane, des deux pavillons français et chilien.

Traité de commerce avec les îles Sandwich.

Diverses conventions avaient été conclues en 1839 et en 1846 avec le gouvernement des îles Sandwich, escales importantes, comme on sait, du commerce et des pêcheries de l'Océanie. Un traité général ratifia et étendit ces conventions partielles entre les gouvernements français et hawaïen. Outre ces stipulations ordinaires d'amitié et de réciprocité, le traité fixait à 5 010 de la valeur le maximun des droits qu'auraient à payer nos marchandises dans les ports hawaïens, sauf les vins et les eaux-de-vie, que, par une mesure d'hygiène et de morale publique, qu'on ne saurait blâmer, le gouvernement des îles Sandwich s'était réservé de taxer selon qu'il le jugerait convenable, à condition, remarquait le traité, que le droit ne serait jamais assez élevé pour devenir un empêchement absolu à l'importation de ces boissons.

Si nous n'avons pas encore dans les mers de l'Australie du Nord, comme les Anglais et les Américains, des intérêts trèsconsidérables, nous ne devons pas moins chercher à y étendre nos relations et notre influence, car les nombreux archipels dont est parsemé l'Océan polynésien seront certainement un jour, et avant peu d'années peut-être, appelés à une grande importance commerciale par suite du développement que ne peuvent manquer de prendre les transactions entre l'Inde orientale, la Chine et l'Australie d'une part, et de l'autre les ports du littoral ouest américain. L'Océanie sera la route la plus directe et la plus fréquentée de ces deux mondes.

Tels sont les actes principaux de la politique commerciale. Quant à la part d'influence exercée par la France sur les affaires des autres gouvernements, nous renvoyons à l'étude spéciale de chacun des pays avec lesquels le gouvernement de la République

se trouva en contact pendant le cours de cette année (Voyez Italie, États-Unis pour l'histoire du différend survenu avec ce pays, République Argentine, etc.).

Le tableau du commerce extérieur est en quelque sorte le bilan de la politique étrangère d'un grand peuple. Voici quels en sont les résultats pour 1849. Le commerce total a représenté, en 1849, importations et exportations réunies, une valeur officielle de 2,565 millions, c'est-à-dire 550 millions ou 27 010 de plus qu'en 1848, et 199 millions ou 8 010 de plus que la moyenne des cinq années antérieures.

Si l'on prend, au lieu des valeurs officielles, les valeurs réelles calculées par la commission pour l'année 1849, on trouve que le chiffre de nos échanges descend à 2,291 millions, ce qui s'explique par la diminution de prix qu'ont éprouvée la plupart des produits depuis l'année 1826, époque à laquelle remonte la fixation des tarifs d'évaluation employés encore aujourd'hui pour obtenir les valeurs officielles.

Notre commerce spécial, c'est-à-dire celui qui embrasse seulement l'importation des produits consommés en France et l'exportation des produits français, a atteint la valeur officielle de 1,812 millions; c'est une augmentation de 30 010 sur l'année 1848, et de 8 010 sur la moyenne des cinq années antérieures. Cette somme de 1,812 millions se divise comme suit : 780 millions à l'importation, 1,032 à l'exportation. Pour l'importation, l'avantage est de 40 010, et pour l'exportation, de 24 010 relativement à 1848.

Apprécié d'après le tarif des valeurs actuelles, le commerce spécial, entrée et sortie réunies, est de 1,662 millions, soit inférieur de 8 010 aux valeurs officielles.

Il est intéressant de comparer le mouvement des échanges en 1849 à ce qu'il avait été pendant l'année qui a précédé la révolution de février. Le commerce spécial, en 1847, avait donné lieu à une masse d'affaires montant, suivant le tarif officiel, à 1,877 millions. Mais on sait qu'il avait été accru par une circonstance particulière, nous voulons parler de l'énorme importation de céréales qu'avait nécessitée l'insuffisance de nos récoltes, importation qui s'est élevée à 209 millions. Si l'on fait

abstraction de cette cause malheureuse et toute fortuite qui a grossi exceptionnellement notre mouvement commercial, le chiffre de nos échanges, en 1847, tombera à 1,668 millions. D'où il résulte que nos échanges ont été réellement, en 1849, supérieurs de 144 millions à ce qu'ils avaient été en 1847.

Pénétrons maintenant dans les détails de ces états numériques, et nous y trouverons également des faits d'une grande éloquence.

Que voyons-nous, par exemple, dans les tableaux d'importations des marchandises que nous avons consommées ou mises en œuvre? C'est que les introductions de matières premières qui alimentent le travail de nos fabriques, après avoir éprouvé une réduction déplorable en 1848, se sont relevées, en 1849, à des chiffres qui dépassent de beaucoup ceux de 1847 et des années précédentes. Ainsi, le coton brut figure pour 144 millions au lieu de 80 en 1847, le lin pour 17 millions au lieu de 43, la laine pour 40 millions au lieu de 30, la soie pour 97 millions au lieu de 76. Il en est de même pour la plupart des marchandises. Il n'y a guères d'exception que pour les sucres des colonies françaises, ce qui s'explique par les conséquences fâcheuses d'une émancipation improvisée, et pour les fontes et les fers, ce qui tient à la stagnation des entreprises de chemins de fer et des constructions de toute sorte. En somme, les importations qui avaient été, défalcation faite des céréales, de 766 millions en 1847, et qui étaient descendues à 528 millions en 1848, sont remontées, en 1849, à 779 millions, c'est-à-dire à 13 millions de plus qu'en 1847.

Les tableaux de nos exportations présentent des résultats encore plus satisfaisants; elles montent à 1,032 millions, tandis qu'elles n'avaient été que de 833 millions en 1848 et de 894 en 1847. il n'est pas inutile de rappeler que les exportations ayant été encouragées par des primes extraordinaires pendant les six où sept derniers mois de 1848, il était à craindre de voir nos débouchés diminuer en 1849, par suite de l'encombrement qui pouvait en résulter sur les marchés extérieurs. Or, malgré ces conditions défavorables, nos exportations ont de beaucoup dépassé les chiffres les plus élevés des années précédentes.

Toutes les branches les plus importantes de la production nationale ont participé à cette augmentation. Parmi les produits naturels, nous avons vendu à l'étranger 93 millions de vins et d'eaux-de-vie au lieu de 77 millions en 1847, 55 millions de céréales au lieu de 5 millions, 12 millions de garance au lieu de 10 millions. Parmi les produits manufacturés, les soieries ont vu leur placement extérieur s'accroître de 165 millions en 1847, à 180 en 1849, les tissus de coton de 131 millions à 147, les tissus de laine de 100 millions à 130, la tabletterie et la mercerie de 30 à 35, les poteries, verres et cristaux de 21 à 23, etc. Jamais, à aucune époque, nos exportations n'avaient été aussi prospères que pendant l'année 1849.

Si l'on recherche quelles sont les puissances avec lesquelles nos échanges ont eu le plus d'activité, on trouve, en tête du commerce spécial, les États-Unis, importations et exportations comprises, pour 294 millions, l'Angleterre pour 259, la Belgique pour 175, la Sardaigne pour 150. Viennent ensuite l'Espagne, l'Algérie, la Suisse, l'Allemagne, la Turquie, la Russie, etc.

Nous n'avons pas de résultats moins favorables à constater en ce qui concerne notre transit et surtout notre navigation maritime. Le tonnage des entrées et des sorties s'est élevé à 3,317,000 tonneaux; c'est, il est vrai, une augmentation de 5 p. 010 seulement par rapport à 1848, et une diminution par rapport à 1847. Mais il faut observer encore ici que la navigation avait reçu en 1847, et même au commencement de 1848, une impulsion tout exceptionnelle, par suite des importations extraordinaires de céréales. Abstraction faite de ces circonstances, le mouvement de notre navigation a été en progrès, et l'on remarque principalement avec satisfaction les conquêtes opérées par le pavillon national. Ainsi, dans la navigation de concurrence, notre pavillon a vu sa part, qui n'était que 25 p. 010 en moyenne, pendant les cinq années précédentes, s'élever à près de 55 p. 010.

Tels sont les faits les plus remarquables qui ressortent des états du commerce extérieur de la France en 1849.

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