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attachés à M. Van Hall. Des trente-un membres nouveaux, plusieurs appartenaient à la haute aristocratie. Le prince Frédéric, qui avait été porté au nombre des candidats dans plusieurs provinces, avait décliné le choix du souverain; M. Baud, ancien gouverneur des Indes et ministre des colonies, désigné par la seconde ville commerciale du royaume, n'avait pas été accepté, tandis que cette faveur était conférée au ministre des affaires étrangères, M. Lightenweld.

Le pays, doté maintenant d'une Constitution réformée sur des bases plus radicales, fonctionnait avec un nouveau cabinet et avec des députés issus d'un nouveau système d'élections. Les élections directes, appliquées pour la première fois à la place du régime des anciens priviléges, avaient entraîné le peuple néerlanlandais dans la voie difficile qui, du régime constitutionnel, mène au régime démocratique; les prédications radicales n'avaient pas encore prise sur sa proverbiale sagesse mais elles avaient pu se faire entendre. Les libéraux avancés du pays n'avaient encore exercé aucune influence sérieuse dans l'arène électorale, et leur chef, M. Lipman, y avait même été abandonné. Les journaux révolutionnaires, peu contents d'institutions plus radicales qu'ils n'auraient osé les espérer un an avant, ne faisaient pas encore de nombreux prosélytes. D'un autre côté, et comme preuve de ce bon esprit de la nation, les anciens conservateurs, qui s'étaient longtemps opposés à tout changement dans la Constitution et qui en avaient vu la révision de très-mauvais œil, s'étaient accordés à prendre désormais la Constitution révisée pour unique fondement de leur politique. Aussi il n'y avait point eu, à proprement parler, de partis aux prises dans les élections néerlandaises: tout le monde s'était rallié à l'idée d'une représentation à la fois libérale et modérée; il n'y avait plus en jeu de questions de principes. C'était partout des questions de personnes. Sur ce terrain difficile, les électeurs avaient montré un bon sens remarquable.

La seconde chambre des états était aujourd'hui composée de 68 membres; elle n'en comptait autrefois que 56. De ces 68 membres, qui formaient la nouvelle chambre, il y en avait 23 pris à l'ancienne, et bien déterminés à ne point s'avancer plus loin que la Constitution. L'opposition parlementaire

de 1847 avait retrouvé ses siéges, et, comme elle avait maintenant plus qu'elle ne demandait alors, elle était, jusqu'à nouvel ordre, conservatrice. Par contre, il n'était pas un des ultra-conservateurs de l'ancienne législature qui eût été réélu. Cependant ceux des chefs de l'opposition qui étaient devenus ministres, n'avaient pas tous été renommés à la chambre, ou ne l'avaient été qu'avec beaucoup de peine, comme M. Dunker Curtius, ministre de la Justice; le ministre de l'Intérieur, M. de Kempenaer, celui du Culte réformé, M. Van Heemstra, n'y étaient pas rentrés. Il y avait beaucoup d'hommes distingués parmi les 45 membres nouveaux, et entre autres M. Van Hall, ancien ministre des Finances, élu à Amsterdam, malgré une violente opposition, par la faveur de la Bourse, qui se fiait surtout à son expérience en matière de crédit.

Le 1er février, S. M. le roi de Néerlande ouvrit la session des états généraux. C'était la première réunion des chambres depuis la modification de la loi fondamentale. Dans son discours, le roi exprima l'espoir de résoudre pacifiquement les difficultés élevées entre lui et le Parlement central de Francfort, au sujet du duché de Limbourg. Il annonçait aussi des réductions dans le budget de la Guerre (voyez le texte à l'Appendice).

Sa Majesté ajoutait :

Les commotions qui ont agité l'Europe ont, il est vrai, exercé aussi chez nous une influence défavorable sur le commerce et l'industrie; mais à peine la tranquillité semblait-elle se rétablir, que le mouvement commercial et industriel se ranimait aussitôt. Le moment actuel promet un meilleur avenir. »

Telle était la situation du pays quand, le 15 mars, S. M. Guillaume II mourut à Tilburg.

Guillaume II, né le 6 décembre 1792, était monté sur le trône en 1849, par suite de l'abdication de son père Guillaume le. Son successeur, Guillaume-Alexandre-Paul-Frédéric-Louis, prince d'Orange, était né le 19 février 1817; il avait épousé, en 1839, la princesse Sophie, fille du roi de Wurtemberg. Ce prince, qui se trouvait à Londres, fut proclamé en son absence.

Guillaume-Alexandre-Paul-Frédéric-Louis, fils de S. M. Guillaume II, fut déclaré roi de Néerlande sous le nom de Guillau

me III. On remarque dans la proclamation du nouveau roi, à son avénement au trône (21 mars), ces nobles paroles :

Guillaume 1 accepta le pouvoir souverain, qui devait être exercé suivant une constitution.

> Guillaume II, d'accord avec la représentation nationale, modifia la loi fondamentale d'après les besoins de l'époque.

› Ma mission sera de donner, dans le même esprit, à la loi fondamentale sa complète action. Je compte, pour m'aider à accomplir cette mission, sur le fidèle concours de tous les pouvoirs constitutionnels. Néerlandais, restez fidèles à la devise de nos pères : L'union fait la force, et cherchez avec moi la vraie liberté dans la soumission aux lois. >>

Il s'opéra, au mois de juin, un revirement ministériel. M. Dunker Curtius, rebuté par quelques difficultés parlementaires, donna sa démission. Son successeur au ministère de la Justice fut M. Wichers, jurisconsulte distingué qui arrivait des Indes Orientales, où il avait présidé à la mise en vigueur de la nouvelle législation. Le ministre des Colonies, M. Baud, donna aussi sa démission de ses fonctions, par suite des obstacles qu'avait rencontrés dans le Parlement le projet de traité à conclure avec la Société de commerce; il fut remplacé par M. Van den Bosch, contre-am iral.

La seconde chambre des états généraux, à la reprise de son travail, s'occupa de deux projets de loi importants, l'un sur les étrangers résidant en Hollande, l'autre relatif aux domaines de la couronne. Dans la discussion du projet de loi sur les étrangers, deux opinions se trouvèrent en présence d'un côté on ne voulait soumettre qu'à quelques restrictions, justifiées par l'état de l'Europe, cette ancienne hospitalité hollandaise qui s'exerçait si libéralement du temps des persécutions religieuses; de l'autre, on réclamait des mesures toutes préventives. Le principe du projet du Gouvernement, et qui lui laissait une grande liberté d'action, fut adopté. La chambre était loin d'avoir arrêté aussi nettement une opinion sur le projet relatif aux domaines de la couronne et à la liste civile. La résolution du roi de réduire cette liste de 400,000 florins, fut accueillie très-favorablement dans le pays; mais il restait à examiner si les domaines de la couronne tomberaient sous la gestion de l'administration publique, ou s'ils resteraient soumis à l'intendance royale. Une partie

de la chambre désirait le premier mode d'administration, se fondant sur la plus grande régularité du système, et sur l'intérêt bien entendu de l'État et de la couronne. D'autre part, on trouvait injuste d'ôter au roi l'administration de domaines dont il percevait les revenus. La question se réduisait à celle-ci : allouerait-on annuellement au roi un million de florins en argent, ou bien 600,000 florins en argent, 400,000 florins en produits de domaines? A l'appui de ce dernier mode, on citait l'exemple de la France impériale: Napoléon, par le décret du 1er mars 1808, sauvegarda «la splendeur qui convient à la dignité du trône » en assurant au chef de l'État la possession de revenus indépendants de la couronne. Les intérêts d'un prince qui a de nombreux domaines, sont d'ailleurs plus étroitement liés aux intérêts du pays, et bien que la division du sol soit désirable en général, il faut avoir soin de garder quelques grands propriétaires; une saine économie l'exige. Toutes ces considérations firent hésiter la chambre, et le projet du ministère serait l'objet, selon toute apparence, d'une vive discussion. Déjà deux dispositions importantes et contraires au cabinet avaient été introduites dans ce projet l'une, proposée par M. Van Zuylen, interdisait la perception de dimes au profit des domaines royaux sur les terres défrichées après la promulgation de la loi; l'autre, présentée par M. Thorbeeke, imposait à l'administration des domaines l'obligation d'en faire connaître le provient dans son rapport annuel. 31 voix contre 30 avaient fait passer la première proposition; 35 contre 25 adoptèrent la seconde.

Dans les derniers jours de septembre eut lieu une autre crise ministérielle, produite par la même cause qui avait déjà causé la retraite de M. Wichers. L'avant-dernière session s'était terminée par quelques débats assez vifs sur le renouvellement du contrat entre l'État et la Société de commerce, débats dans lesquels l'avantage était resté au ministère. Dans le cours de la nouvelle session, la situation n'avait pas tardé à s'aggraver pour le cabinet. Le discours du trône, bien qu'offrant un tableau satisfaisant de l'état des finances, avait paru généralement pâle au point de vue politique. Aussi la discussion de l'adresse s'était-elle terminée par un échec grave pour le ministère, auquel on reprochait d'a

voir laissé à l'état de théorie les principes consacrés par la nouvelle Constitution, et de manquer de l'énergie nécessaire pour asseoir sur cette base les lois organiques attendues par le pays. Déjà affaibli par la retraite de deux membres, M. Wichers, ministre de la Justice, et M. le vice-amiral Ryck, ministre de la Marine, placé, d'ailleurs, entre la nécessité de se dissoudre ou de dissoudre les chambres, le cabinet offrit sa démission au roi. Cette démission fut acceptée, seulement, le roi chargea MM. Lightenvelt, ministre des Affaires étrangères, et Dunker Curtius, de l'aider de leurs conseils pendant la durée de la crise. MM. Lightenvelt et Dunker Curtius s'adressèrent à deux des membres les plus influents du Parlement, MM. Thorbeeke et Storm. Dans un paragraphe de l'adresse, en réponse au discours du trône, la seconde chambre exprima son désir très-vif de voir se rétablir promptement l'accord entre le Parlement et les conseillers de la couronne. En présence de ces dispositions nettement exprimées, l'ávénement d'un nouveau ministère ne pouvait se faire longtemps attendre. Il est juste de reconnaître que le cabinet demissionnaire léguait à ses successeurs les finances du pays dans un état florissant. Même après l'annonce de la retraite du cabinet, M. ministre des Finances Van Bosse dut, en vertu de la Constitution, présenter le budget de 1850. M. Van Bosse fit ressortir Pheureux privilége de la Néerlande, qui, préservée du fléau des agitations intérieures, avait pu travailler paisiblement au maintien de sa prospérité matérielle. Le budget des dépenses qu'il proposait pour l'exercice 1849-50, était de 69,996,411 florins; celui des recettes, de 71,194,969 florins. Il y aurait donc un excédant de 1,200,000 florins. Restait à combler le déficit du service de 1849; restait aussi à établir une nouvelle assiette d'impôts pour satisfaire à des vœux dont l'opposition s'est faite depuis longtemps l'organe.

L'attention des Hollandais fut appelée par un brillant succès militaire sur les colonies, et surtout sur celle de Bali. Une expédition, composée de sept à huit mille hommes, dont deux mille Européens, sous le commandement du général Michiels, remporta, vers le milieu du mois d'avril, une victoire complète sur les révoltés de l'intérieur; les troupes néerlandaises s'emparèrent, le 16 avril, de Djaga-Raga, résidence fortifiée du prince révolté de

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