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Beliling. Le 7, le prince de Karang-Assem et le chef de Beliling, après avoir demandé une entrevue au commandant en chef des troupes néerlandaises, s'étaient présentés aux avant-postes, escortés de huit à dix mille hommes. On les avait reçus avec les précautions nécessaires à peu de distance du camp. Les princes offraient de se soumettre, pourvu que les intentions du Gouvernement, au sujet de Bali, leur fussent communiquées. Ils demandaient aussi que le prince de Beliling pût être reçu le lendemain comme ils l'avaient été eux-mêmes mais le commandant néerlandais, familiarisé avec les ruses des souverains indigènes, refusa d'arrêter la marche de son armée vers Djaga-Raga. Il avait donc été convenu que la nouvelle entrevue aurait lieu sur la route de Djaga-Raga, à Sangsit-Dalam.

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Le 8, une colonne d'infanterie, précédée d'artillerie, se rendait à Sangsit-Dalam et occupait ce poste; les soldats indigènes s'étaient retirés, les habitants avaient reçu les troupes amicalement. Toutefois, l'entrevue définitive n'eut lieu que le 11, et on s'entendit sur les conditions suivantes :

Les radjahs, ou princes de Beliling et de Karang-Assem, déclareraient se rendre à la merci du gouvernement néerlandais et reconnaître le gouverneur général de Batavia pour leur suzerain; ils enverraient sous peu de jours une députation pour implorer leur pardon; les deux princes se rendraient le 15, auprès du commandant en chef hollandais, et on commencerait immédiatement à démolir les fortifications de Djaga-Raga, afin d'y opérer une ouverture assez large pour que le gros des troupes pût y entrer le 15, jour fixé pour l'érection du drapeau néerlandais sur la forteresse balinaise.

Tout semblait jusqu'à ce moment faire prévoir une issue pacifique. Cependant quelques officiers supérieurs furent envoyés le 13, pour reconnaître où en était la démolition convenue des lignes et redoutes ennemies. Ces officiers cherchèrent en vain quelque trace des travaux de démolition qu'on avait promis de commencer. Aussi le commandant néerlandais renvoya-t-il, le 14, les mêmes officiers pour déclarer catégoriquement aux Balinais qu'il voulait une soumission nette et franche, et qu'il avait chargé les officiers d'indiquer les points où préalablement une

brèche devait être pratiquée. Cette fois, la réponse des Balinais ne laissa plus de doute sur leurs intentions; ils demandaient une nouvelle entrevue. Il était clair dès lors qu'ils ne voulaient que gagner du temps, et les Néerlandais se mirent en devoir d'agir. Les fortifications de Djaga-Raga, construites sur une hauteur, étaient protégées de deux côtés par des ravins et par deux fleuves. rapides. Dans la matinée du 15, une reconnaissance fut tentée sur la rive gauche d'un de ces fleuves, qui coule à l'ouest de la forteresse, par le 7 bataillon d'infanterie; le commandant en chef, avec deux autres bataillons, les 13e et 15, marchait en même temps au front des fortifications ennemies. Bientôt on ouvrit sur tous les points un feu soutenu, auquel la garnison de Djaga-Raga répondit vivement, sans parvenir à entraver les opérations accomplies par les Néerlandais avec un sang-froid et un courage remarquables. Vers six heures du soir, les Balinais firent une tentative de sortie qui fut énergiquement repoussée. A la nuit tombante, on suspendit les hostilités; les troupes bivouaquèrent dans leurs positions. Le résultat de cette première journée était considérable. Les Néerlandais s'étaient rendus maîtres de plusieurs redoutes, et on pouvait espérer pour le lendemain une victoire complète.

Cet espoir ne fut pas trompé, et avant le jour le combat se termina en peu d'instants par la déroute des Balinais, que la colonne du lieutenant-colonel Van Swieten avait vigoureusement attaqués. Les princes rebelles prenaient la fuite dans la direction de Karang-Assem, et, au lever du soleil, le drapeau néerlandais flottait sur les remparts de Djaga-Raga. On put regarder cette victoire comme décisive; la domination hollandaise à Bali était désormais à l'abri de toute atteinte sérieuse. Les Néerlandais avaient fait admirer, dans cette courte campagne, leur courage autant que leur persévérance. Ce triomphe avait été acheté, il est vrai, par d'assez grandes pertes on comptait, de leur côté, 58 morts et 175 blessés; mais la prise de Djaga-Raga affermissait les bases de leur puissance coloniale, et ajoutait une belle page de plus à leur histoire militaire.

Les résultats de la victoire de Djaga-Raga furent considérables. Après la prise de cette ville, la population de Beliling se soumit

au pouvoir néerlandais, chassa les princes récalcitrants, et se mit provisoirement sous la conduite d'un administrateur choisi par elle. Le pays de Djembrana, situé à l'extrémité occidentale de Bali, vis-à-vis la côte de Java, se soumit également et demanda un nouveau prince. Le prince de Banglie, un des chefs dépouillés par le souverain de Beliling, fut remis en possession de son domaine. Plusieurs villages du pays de Karang-Assem reconnurent également ce nouveau souverain, tandis que le chef rebelle de Karang-Assem succombait, assailli par ses propres sujets. Quant au prince de Beliling, il s'enfuit dans les montagnes avec son premier ministre ou Goesti Djilantieh, principal instigateur de la guerre. Partout les populations se soumirent, et le reste de la campagne du général Michiels ne fut qu'une marche victorieuse.

CHAPITRE II.

ALLEMAGNE.

(PREMIÈRE PARTIE.)

AUTRICHE. Situation générale; guerre de Hongrie, entrée en campagne, situation des divers corps d'armée; premier engagement sur la Leitha, défaite de Georgey à Pahrendorf, lenteur des mouvements autrichiens, Georgey gagne la route de Raab; occupation de Presbourg; mouvement général sur Raab; retraite de Georgey sur Ofen, son arrière-garde battue à Babolna ; Perczell cherche à opérer sa jonction avec Georgey, il est battu à Moor; hésitation du prince de Windischgraetz, jonction opérée entre Perczell et Georgey; plan des Hongrois, la ligne de la Theiss choisie pour base, Georgey masque ce plan par une pointe sur la Haute-Hongrie, tentatives en Gallicie; Perczell passe la Theiss à Szolnok, le gouvernement insurrectionnel évacue Pesth; inaction du prince de Windischgraetz, seul Schlick bat la campagne, il défait Messaros à Kaschau, retraite générale des Hongrois, prise d'Eszek, Altarad débloqué, prise de Keskemet, de Leopoldstadt, Schlick à Tokay; Kossuth à Debreczin, mensonges emphatiques, réorganisation sérieuse, espérances de l'insurrection en Transylvanie, les généraux polonais, intrusion d'une idée nouvelle, l'armée maggyaro-slave; Dembinski derrière la Theiss, création d'une armée régulière; Schlick chasse Klapka de Tokay, mal soutena il retourne à Kaschau, Georgey opère sa jonction avec l'armée de la Theiss; Bem en Transylvanie, attaque d'Hermanstadt, intervention russe, Puchner ne soutient pas les Russes, retraite de ces derniers, l'intervention repoussée à Vienne, Bem prend Hermanstadt et Kronstadt, il organise la terreur en Transylvanie, questions de nationalité distincte, dissentiment entre Jellachich et le prince de Windischgraetz; l'armée hongroise est organisée, Georgey froissé par Dembinski, rivalité militaire, plans différents, Schlick échappe à Georgey, reprise de Kaschau par les Hongrois, bataille de Kapolna, défaite des Hongrois, conduite de Georgey; le prince de Windischgraetz ne profite pas de la victoire; prise de Szolnok par Damjanich, absence d'unité dans le commandement des Hongrois, Vetter remplace Dembinski, mouvement apparent de Georgey sur Pesth, son but caché est Komorn, retraite de l'armée impériale sous Pesth, Aulich l'amuse pendant que Georgey prend Waitzen, résolutions tardives du prince, Georgey gagne Komorn, Perczel bat Thodorovich, Bem maître de la Transylvanie; rappel

du prince de Windischgraetz, le général Welden le remplace; fautes com mises, charte d'Ölmütz, les héteurs de la constituante, dissolution de la Diète, concessions à l'esprit de nationalité, résignation à l'intervention russe; fautes du gouvernement insurrectionnel, plans absurdes, les sympathies anglaises; retraite de l'armée impériale sur Presbourg; marche de Georgey vers Komorn, défaite du général Götz, défaite de Wohlgemüth, de la division Csorich, Guyon se jette dans Komorn, Georgey débloque cette place; siége de Bude, prise du château, mort héroïque d'Hentzi, temps perdu par Georgey, propagande polonaise, décret de déchéance, mécontentements dans l'armée ; reconstitution de l'armée impériale, entrée des Russes, reprise de l'offensive dans le sud, nomination de Haynau au commandement en chef; attaque générale, Georgey chassé de Pered, prise de Raab, retraite des Hongrois sur Acs, Georgey resserré sur Komorn, destitution de Georgey, Messaros et Dembinski, Pesth abandonné par le gouvernement, retraite à Szegedin, Georgey enfermé s'échappe, reprise de la ligne de la Theiss par les Austro-Russes, coup de main de Klapka sur Raab, le cercle se resserre autour de l'insurrection, occupation de Szegedin, Dembinski battu à Szoreg, retraite en désordre; la Diète à Arad, proclamation tardive d'égalité, le prince Paskewitsch à Grosswardein, Temeswar débloqué, Dembinski rejeté sur Arad, Georgey battu par Schlick, enfermé par plusieurs corps d'armée, il se rend aux Russes à Vilagos en qualité de dictateur militaire; défaite et fuite de Bem, reddition successive des corps d'armée maggyars; fuite des insurgés en Turquie; reddition de Peterwardein et de Komorn, fin de la guerre; résultats de la victoire, pertes de l'Autriche, rigueurs nécessaires, part prise à l'insurrection par la Pologne, attitude de la Russie; difficultés futures, reconstitution nécessaire de l'Autriche, état grave des finances.

De tous les États européens, c'est l'Autriche qui, au commencement de l'année, avait les plus grands embarras à combattre : menacée par la Prusse de perdre son influence séculaire sur l'Allemagne (voyez le chapitre suivant); ruinée par la guerre civile qui changeait en déserts ses plus fertiles contrées; pressentant le renouvellement imminent de la guerre en Italie, l'Autriche cependant ne perdait pas courage.

Quelques semaines après la prise de Vienne, le prince de Windischgraetz partit à la tête de l'armée considérable avec laquelle il allait poursuivre dans son foyer l'insurrection hongroise. Avec des finances épuisées, la ruineuse et difficile guerre d'Italie interrompue par une trève qui allait bientôt expirer, ce n'était pas trop de cinquante jours pour organiser une armée d'invasion de 120,000 hommes. Le 9 décembre 1848, le prince entra en campagne. Il avait sous ses ordres immédiats 50,000 hommes et

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