Slike stranica
PDF
ePub

fait mettre à mort plusieurs milliers d'innocents. Le feld-maréchal Haynau ne condamna que quelques coupables. Enfin, la sympathie avait accompagné depuis la première heure cette insurrection féodale, qui avait fini par s'appuyer sur la démagogie, qui n'avait pas eu un moment une idée sérieuse, un but appréciable au contraire, des colères réelles ou feintes avaient accueilli la courageuse défense d'une monarchie défendant ses droits...

Le fait le plus important peut-être de cette insurrection, c'était la part qu'y avait prise la Pologne révolutionnaire. En Hongrie comme à Vienne, comme à Rome, comme à Gênes, comme en Sicile, la présence des soldats polonais dans toutes les armées de la démagogie européenne avait créé une funeste solidarité.entre la cause de la Pologne et celle du désordre. Avec la Hongrie tombait en même temps l'allié qui s'était imposé à elle, et si on avait pu dire à juste titre, en parlant de la Hongrie féodale vaincue à Vilagos: Finis Hungariæ, on put dire une dernière fois sur le même champ de bataille: Finis Poloniæ.

La féodale Hongrie venait de disparaître dans une immense défaite. L'Autriche était délivrée tout à la fois d'un danger sérieux et d'une difficulté jusqu'alors inextricable. Cette unité, qui est le rêve et le besoin de l'Autriche, la législation exceptionnelle de la Hongrie y faisait le plus infranchissable obstacle. Aujourd'hui l'unité devenait possible. Une constitution nouvelle ayant pour base l'égalité civile et donnant des garanties suffisantes à la liberté politique tel était l'instrument naturel de cette unité. L'Autriche victorieuse songea donc à accomplir ses promesses, parce que, aujourd'hui, il était possible et utile de le faire. Une diète centrale s'élevant au-dessus des pouvoirs locaux, jusqu'alors indépendants, ce serait un sûr moyen de réduire insensiblement et de ramener à l'unité ces nationalités diverses qui ont si souvent compromis la puissance et le repos de l'empire. La charte octroyée le 4 mars avait dû être réservée pendant la guerre l'état de siége et la suspension nécessaire des libertés politiques allaient enfin faire place à un gouvernement régulier, à un loyal essai du système constitutionnel.

En attendant cette reconstitution difficile, l'Autriche se trouvait

en présence d'embarras sérieux créés par la longue guerre qu'elle venait de subir. L'insurrection avait lancé dans la circulation des valeurs énormes en billets aujourd'hui annulés. Depuis longtemps la circulation du numéraire était arrêtée dans le pays. Le papiermonnaie de l'État ne suffisait plus aux transactions ordinaires, et un emprunt de 60 millions de francs devint nécessaire. Aux derniers jours de l'année, la situation était grave, mais non pas désespérée. La plaie ouverte par la guerre de Hongrie ne devait pas se fermer de longtemps.

CHAPITRE III.

ALLEMAGNE.

(DEUXIÈME PARTIE.)

L'unité allemande, la Diète de Francfort et l'esprit révolutionnaire, principe historique de race, projet de Constitution, essai de démembrement et d'exclusion de l'Autriche, attitude de l'Autriche, choix d'un chef de l'Empire, ambition de la Prusse, particularisme, échange de notes entre la Prusse et l'Autriche; nouvel essai de représentation nationale en Prusse, Constitution octroyée, ouverture des Chambres prussiennes; situation précaire de l'Autriche, la Prusse veut en profiter, motion Welcker, rejet, concessions du veto et du suffrage universel direct, offre de l'empire héréditaire au roi de Prusse, prétentions de la démocratie, réponse ambiguë du roi, protestation autrichienne; agitation générale en Allemagne, recrudescence démagogique dans le Wurtemberg, résistance du roi, il est forcé de céder, agitation parallèle dans le Hanovre, dissolution et prorogation des Chambres, attitude semblable des partis en Bavière, contre-coup de l'agitation en Prusse, hostilité des Chambres, dissolution et prorogation, tentative insurrectionnelle réprimée, émeute sanglante à Dresde, caractère républicain de l'insurrection, défaite du parti radical, émeute réprimée à Leipzig, fuite du roi de Hanovre ; déclaration de l'Autriche, protestation contre le pouvoir central, le roi de Prusse refuse l'empire, il provoque un congrès anti-révolutionnaire; le synode de SaintPaul recherche hautement un conflit, insulte faite à la Prusse, rappel des représentants prussiens, annonce d'une Constitution allemande octroyée; insurrection dans le grand duché de Bade et dans le Palatinat, fuite du grandduc, gouvernement provisoire; le synode de Saint-Paul à Stuttgardt, excitations à la révolte, amoindrissement successif de cette Assemblée, comité central de Francfort, sociétés secrètes, le gouvernement insurrectionnel de Bade dépassé par le parti communiste, ramifications avec la démagogie européenne, gouvernement provisoire insurrectionnel à Stuttgardt; traité des trois rois, projet d'une Constitution nouvelle, attitude expectante de la Bavière; opérations militaires contre le Palatinat, concentration de troupes, engagement à Heppenheim, Mieroslawski et les corps francs, escarmouches préli

minaires, attaque générale, passage du Neckar, les corps francs battus à Waghousel, occupation de Manheim, Mieroslawski battu à Simsheim, à Ubstadt, dissolution des corps francs, occupation de Carlsruhe, investisse ment de Rastadt, fuite des insurgés en Suisse, reddition de Rastadt; l'insurrection jugée par elle-même, aveux du dictateur Brentano, enseignement donné par la démagogie; notes échangées à propos du traité des trois rois, proposition d'un directoire, négociations, la Bavière et les États purement allemands, histoire parlementaire de la Bavière, résistance à la Prusse; renaissance de l'influence autrichienne, entrevue de Toeplitz, la Prusse et les petits États; traité créant une commission de l'Empire, pouvoir intérimaire, fin du pouvoir de l'archiduc Jean, la Saxe et le Hanovre se séparent de la Prusse, essai de retour à l'ancienne Diète germanique; la Prusse et les petits États décident l'ouverture d'une Diète constituante; dernier coup d'œil sur le Wurtemberg, Chambre radicale, sa dissolution; retour à l'esprit d'ordre et de gouvernement en Prusse, Parlement nouveau, majorité modérée, docilité parlementaire; finances de la Prusse.

Pendant que l'Autriche soutenait en Hongrie et en Italie ces deux luttes décisives d'où eût pu sortir la ruine d'un empire moins robuste, l'Allemagne cherchait dans les luttes plus dangereuses peut-être, de la parole et de la presse, la voie nouvelle qu'elle aspirait à s'ouvrir. Aux illusions enthousiastes de l'année précédente, avaient succédé des hésitations bien justifiées par de tristes expériences une réaction légitime contre les excès du libéralisme remplaçait dans beaucoup d'esprits l'aveugle fanatisme inspiré par les théories révolutionnaires; mais la révolution avait laissé des semences vivaces, et l'une de ses créations les plus bizarres, la Diète de Francfort, survivait à la fièvre démocratique qui avait agité les peuples allemands autour de son ber

ceau.

On se rappelle que le parti historique et philosophique qui formait, en 1848, la majorité dans la Diète de Francfort, avait hautement posé le principe de race comme le fondement d'une politique nouvelle. Là où il n'y avait qu'une seule race, qu'une seule langue, il ne devait y avoir qu'un seul empire. La patrie de l'Allemand, disait-on, est partout où l'on parle allemand. Cette théorie avait même enfanté des actes politiques iniques et des déclamations ridicules. On avait menacé le Luxembourg, encouragé la révolte dans le Danemark; on avait presque réclamé l'Al

sace et la Lorraine, ce qui n'avait pas empêché les ultra-allemands de sympathiser avec l'Autriche dans sa querelle contre l'Italie. Ce parti était représenté surtout par M. Dahlmann, professeur à Goettingue, puis à Bonn, l'un de ces loyaux mais dangereux opposants qui fomentent des révolutions en toute sincérité de conscience et par esprit de logique, et que S. M. ErnestAuguste avait dû chasser de ses États en 1837.

Le parti dont M. Dahlmann était le chef, s'était, comme à l'ordinaire, coalisé avec l'opinion radicale pour introduire dans le projet de Constitution allemande deux paragraphes desquels allaient sortir toutes les difficultés de la situation nouvelle. Ces paragraphes réalisaient, en effet, le démembrement de l'empire.

« Aucune partie de l'Empire, disait le § 2 du projet de Constitution, ne pourra être réunie en un seul État avec des pays non allemands, » et le § 3 ajoutait : « Si un pays allemand a le même souverain qu'un pays non allemand, les rapports entre les deux pays ne pourront être réglés que d'après les principes de l'union personnelle pure. D

M. de Gagern combattit ces deux paragraphes, mais inutilement; ils furent adoptés à la première lecture du projet. Or, que signifiaient-ils, sinon la dissolution du vaste corps formé par les États autrichiens? Ce que l'on appelait l'union personnelle, qu'était-ce autre chose que la connexité qui résultait pour des États différents de ce seul point qu'ils ont pourtant un même prince tout en ayant chacun une existence à part. Avec le système de la monarchie absolue, cette sorte d'union n'était pas sans consistance, puisque la volonté du monarque pouvait intervenir partout et relier tout comme une autorité sans appel. Cette union, au contraire, ne serait qu'illusoire dans un État constitutionnel tel que l'Autriche d'à présent où la volonté d'un seul souverain ne décide pas, mais où la majorité des diverses représentations du peuple trace aux conseillers responsables de la couronne la route qu'ils doivent suivre, et ce d'après des tendances divergentes ou peut-être même entièrement opposées. C'était en ces termes si sages que s'exprimait tout un district électoral de la ville de Vienne dans une pétition adressée le 30 novembre à l'em

« PrethodnaNastavi »