Slike stranica
PDF
ePub

pour l'ordre contre le désordre, pour le gouvernement contre l'anarchie. Le parlement nouveau, ouvert le 7 août, issu du suffrage à deux degrés de la loi du 30 mai, nommé par les conservateurs seuls, car les démocrates s'étaient abstenus en masse, ne comptait dans ses rangs aucun des agitateurs de 1848. L'administration énergique de MM. de Brandenbourg et de Manteuffel, s'appliquait à rétablir partout l'ordre matériel et l'ordre moral. L'opinion publique désormais plus hostile à la licence qu'avide de liberté, le soutenait dans cette tâche. La vigoureuse expédition prussienne dans le grand-duché de Bade, avait été éminemment populaire, et l'Assemblée nouvelle, bien que contre-révolutionnaire, ne semblait pas l'être encore assez aux yeux du peuple prussien réveillé de ses rêves démocratiques. Aussi la seconde Chambre se montrait-elle d'une docilité exemplaire; elle exemptait l'armée de l'obligation de prêter serment à la Constitution; elle acceptait, à quelques modifications près, l'article 105 de cette Constitution, qui laissait une part énorme d'initiative à la puissance royale; une fois seulement, elle tentait d'introduire une modification essentielle dans les conditions de la perception de l'impôt (art. 108); mais, sur la menace d'une dissolution, elle s'empressait de se soumettre.

A cette situation politique de la Prusse, s'ajoutait une situation financière satisfaisante. Malgré les dépenses extraordinaires nécessitées par les circonstances, on n'avait été obligé de recourir ni à un emprunt, ni à une aggravation d'impôts. Dans le budget. pour 1848-49, le déficit de 5,608,000 thalers pour 1848, était couvert par l'excédant de l'année précédente. L'emprunt volontaire avait donné avec l'excédant, 6,442,014 thalers. On avait pu ainsi payer les dépenses extraordinaires de l'année courante, sans recourir à des expédients fâcheux. On avait fait, il est vrai, un emprunt de 1,373,000 thalers aux caisses d'épargne; mais seulement par prévoyance d'événements qui ne s'étaient pas réa

lisés.

CHAPITRE IV.

DANEMARK. Armistice de Malmoë, médiation anglaise, déloyauté du gouvernement de Francfort, marche de troupes allemandes vers le Jutland, conduite singulière de lord Palmerston, dénonciation de l'armistice, reprise des hostilités; succès des Danois, perte de deux vaisseaux, activité nouvelle; retraite des Danois dans l'ile d'Alsen, affaire de Duppeln, attaque infructueuse de la tête de pont de Sundewitt; invasion du Jutland, prise de Kolding, incendie de la ville, engagement près de Frédéricia, siége et bombardement de cette forteresse, plan hardi du lieutenant-général Rye, il s'introduit dans la place, attaque et défaite complète des Slesvig-Holsteinois, pertes énormes des assiégeants, mort de Rye; conclusion d'un armistice avec la Prusse, conditions du traité, administration nouvelle du Slesvig, attitude de la population; adoption d'une Constitution nouvelle, clôture de l'Assemblée constituante. SUEDE ET NORVÉGE. Rôle de la Suède dans l'affaire du Danemark; état du pays; rapports commerciaux avec la Grande-Bretagne.

DANEMARK.

L'armistice de Malmoë avait, à la fin de la dernière campagne, donné quelque répit au Danemark dans cette lutte honorable qu'il soutenait à la fois contre une insurrection de ses propres sujets et contre l'injuste intervention de la Prusse. Un moment on put croire, au commencement de Pannée nouvelle, que le prétendu pouvoir central de Francfort accepterait une base de pacification proposée par le Gouvernement anglais, c'est-à-dire l'entière indépendance du Slesvig. Le Gouvernement danois, qui, d'abord, et se fondant sur les traités, avait manifesté l'intention de réclamer l'intervention de la Russie et de la. France, avait consenti à accepter la médiation de la Grande-Bretagne. Il avait, en conséquence, donné son assentiment à une suspension des

hostilités prolongée jusqu'au 3 avril, sous la réserve de regarder celte concession comme non-avenue, si l'Allemagne, après en avoir été instruite, continuait à faire avancer des troupes dans les duchés. Cette modération ne fut pas imitée par l'Allemagne. Les troupes danoises s'abstinrent rigoureusement de toute collision avec les troupes allemandes et celles des insurgés; mais le Gouvernement provisoire de Francfort profita de cette honorable attitude pour faire avancer ses troupes vers la frontière du Jutland et rendre ainsi la position militaire de l'armée danoise aussi mauvaise que possible. L'Assemblée de Francfort semblait ainsi, avec plus d'habileté que de loyauté, vouloir tourner les difficultés intérieures en poussant à une guerre injuste à l'étranger. En même temps, la mauvaise volonté habituelle de. lord Palmerston et cette duplicité politique qui le pousse incessamment à fomenter des désordres profitables à ses vues secrètes, lui inspirèrent de rendre inévitable la reprise des hostilités en retardant de plusieurs jours l'ouverture des dépêches danoises contenant l'ultimatum, qui resta, par conséquent, inconnu jusqu'à l'expiration de l'armistice. Dans ces conditions inégales, la continuation de l'armistice ne pouvait plus qu'être dangereuse. L'administration mixte instituée dans les duchés (voyez le dernier Annuaire), était ouvertement hostile au royaume et aux populations danoises. Tout en persistant à négocier, le Gouvernement danois se vit donc forcé de reprendre le blocus maritime contre les centres commerciaux de l'Allemagne. Du côté de la terre, le Jutland était déjà menacé: or, c'est là le dernier retranchement du Danemark sur le continent.

Dans la nuit du 2 au 3 avril, les hostilités commencèrent. Les Danois quittèrent l'ile d'Alsen et repoussèrent les troupes prussiennes sur Kinkenis et Gravenstein; mais, en même temps que l'armée danoise obtenait cet avantage sur le général de Bonin, une perte cruelle affligeait sa marine. Le vaisseau le Christian VIII, la frégate la Géfion et les bateaux à vapeur l'Hécla et le Geiser avaient reçu l'ordre de déloger les batteries qui garnissent le port d'Eckernfoërde. En exécution de cet ordre, la frégate la Géfion y entra le 4 avril, à sept heures et demie du matin. Après avoir, pendant quelque temps, soutenu seule le combat, elle ap

pela à son secours le vaisseau de ligne. Au moment où le Christian VIII venait d'entrer dans le port, le vent, qui, au commencement de l'action, avait été favorable, permettant et l'entrée et la sortie du port, tourna vers l'est et souffla avec une telle violence qu'il devint impossible aux deux steamers de faire ressortir les deux bâtiments qui devaient infailliblement se perdre dans cette formidable échauffourée, malgré leur dévoûment et leur courage. Le feu venait d'éclater à bord du Christian VIII, et la Géfion, après avoir perdu ses câbles, fut poussée par le vent sur un bas-fond. Après des efforts infructueux pour remorquer les deux vaisseaux, les bateaux à vapeur, non sans de grandes avaries, réussirent à s'échapper avec quatre-vingts hommes de l'équipage du Christian VIII. Après un combat de douze heures, le vaisseau de ligne, assailli pendant tout le temps par des boulets rouges, sauta; la Géfion se vit obligée de se rendre, n'ayant plus de munitions et ayant reçu à son bord les blessés du vaisseau de ligne. Le nombre des prisonniers faits sur les Danois dans cette malheureuse affaire fut de six cent onze, parmi lesquels on comptait plus de quarante officiers.

L'amertume causée par ce revers ne découragea pas les Danois. Un nouvel élan sembla, au contraire, s'imprimer à leurs efforts pour en réparer promptement les suites morales et matérielles. On travailla jour et nuit à l'armement d'un autre vaisseou, le Skjold; un enrôlement général et volontaire s'établit à Copenhague; les fils des meilleures familles s'empressèrent de se rendre à l'armée comme simples soldats; en même temps, la Havfruan réussit à démonter toutes les batteries dans le port d'Apenrade.

Cependant les Allemands s'avançaient avec une supériorité de forces qui contraignit bientôt l'armée danoise à se retirer de nouveau dans l'ile d'Alsen. Le 15 avril, les Prussiens attaquèrent les Danois en face de Duppeln, de Ballegraade et de Bardesboy. Ils réussirent même à s'emparer des redoutes de Duppeln; mais les chaloupes canonnières danoises et les batteries de l'ile d'Alsen les en eurent bientôt chassés. L'armée danoise coupa, dans sa retraite, le pont qui sépare Alsen et le Sundewitt. Le 14, des troupes bavaroises et saxonnes attaquèrent de nouveau la tête du

pont de Sundewitt, seul point du continent du Slesvig encore occupé par les Danois, car le fort de Duppeln n'avait pu tenir plus longtemps. Les Allemands furent repoussés, comme la veille, avec des pertes considérables. Deux canons furent pris par les Danois, restés maîtres de la position.

Dans le combat de Duppeln, 257 Danois, retranchés dans le fort, avaient lutté héroïquement contre près de 7,000 hommes. 28 d'entre eux avaient été faits prisonniers, 87 avaient été tués ou blessés; les autres étaient parvenus dans Alsen, n'abandonnant le fort qu'après en avoir encloué les canons.

Forcé de lutter avec 30,000 hommes contre une armée de 100,000 hommes, le Gouvernement danois ne pouvait songer à défendre les duchés et le Jutland, dépourvu de positions mili taires il n'avait plus qu'à se tenir sur la défensive, à se retirer dans ses îles et à attaquer l'Allemagne dans son commerce maritime. Le petit royaume, fort de son droit, et ainsi retranché, pouvait encore longtemps soutenir une guerre inégale.

L'entrée des troupes allemandes dans le Jutland signala une phase nouvelle de la guerre. Le 20 avril, quarante-huit bataillons d'infanterie, huit batteries et 2,000 hommes de cavalerie passérent la rivière de Königsan, qui sépare le Jutland du Slesvig. Jusqu'alors, l'attaque du Slesvig, considéré comme terrain liligieux, pouvait ne pas exciter de réclamations jusqu'au règlement définitif du différend; mais l'invasion d'une province purement danoise mettait ce petit, mais énergique royaume, à la merci de ses puissants voisins. L'Europe maritime était d'ailleurs vivement intéressée à la conclusion pacifique de la lutte.

L'armée allemande se composait de quatre divisions: Première division (au delà de 20,000 hommes): troupes de Slesvig-Holstein, commandées par le général de Bonin et cantonnées depuis Flensbourg jusqu'à la Kœnigsau;

Deuxième division: troupes bavaroises, wartembergeoises, badoises et de la Thuringe, commandées par les généraux prince Edouard de Saxe-Altenbourg et Spangenbergh; cantonnement, la ville de Slesvig et les environs;

Troisième division: troupes handvriennes et saxonnes, com

« PrethodnaNastavi »