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mandées par le général Winchen; cantonnement, la ville de Rendsbourg et les environs;

Quatrième division: troupes prussiennes, cantonnées à Neumunster et aux environs.

La première division était supérieure en forces aux trois autres réunies. On évaluait le total de l'armée allemande à 36,000 hommes; mais bientôt des renforts nombreux élevèrent à 100,000 hommes l'armée d'invasion.

L'attitude défensive des Danois n'allait pas jusqu'à laisser les Allemands tranquillement établis dans leurs positions du Jutland. La ville de Kolding, tête de pont importante, avait été occupée par le général de Bonin. Le 23 avril, les troupes danoises attaquèrent cette position; les Allemands furent repoussés vigoureusement jusque dans l'intérieur de la ville. Là s'engagea une lutte terrible. S'inquiétant peu des conséquences d'une bataille engagée dans une ville qui leur était étrangère, les Allemands se barricadèrent dans les rues; chaque maison devint une forteresse. Cependant les Danois, après des pertes considérables éprouvées par les deux partis, réussirent à chasser le géné ral de Bonin, qui, en se retirant, eut la cruauté d'incendier Kolding. Puis, retranché sur les hauteurs qui environnent la ville, il acheva de la réduire en cendres en la bombardant. Il ne fut pas difficile, dès ce moment, pour le général prussien, de reprendre une position qui n'existait plus, et les Danois se retirèrent en bon ordre dans la direction de Veïse, emmenant une centaine de prisonniers. Dans ce combat acharné, on put remarquer l'attitude significative des corps danois composés de soldats nés dans le Slesvig septentrional: ils se montrèrent plus animés que les autres contre les troupes allemandes.

Le 3 mai, un nouvel avantage fut remporté par les Danois. 26,000 hommes du Slesvig-Holstein étaient sortis de Kolding, avaient tourné Frédéricia, forteresse occupée par les Danois, et s'étaient avancés sur la route qui conduit de Veïse à Aarhuus. Là, ils furent rencontrés par un corps danois d'un millier d'hommes. Le combat dura trois heures et fut terminé par une charge brillante de la cavalerie danoise, qui, soutenue par trois pièces de canon arrivées d'Aarhuus, rompit les rangs des Slesvig

Hólsteinois et les poursuivit, le sabre au dos. Les Allemands laissèrent 135 morts et 200 blessés sur le champ de bataille. Ce n'était là que le prélude d'un engagement plus important. La forteresse de Frédéricia était assiégée par le général de Bonin : cette place est située en face de la pointe septentrionale de la Fionie, dont elle n'est séparée que par un étroit canal. Le 15 mai, le général de Bonin fit commencer le bombardement de Frédéricia. Le 5 juillet, le gros de l'armée allemande était concentré près de Frédéricia, où il formait une masse compacte de 18,000 hommes, non compris les troupes de siége. Le général de Bonin commandait ces derniers, et le corps actif était sous les ordres du général Prittwitz. Le lieutenant-général danois Rye conçut alors le hardi projet de tromper la surveillance de Prittwitz, qui le gardait à vue du côté d'Aarhuus, et de se porter par mer en Fionie. De là, franchissant le canal qui sépare cette île de la forteresse de Frédéricia, il s'introduisit nuitamment dans la place. Le 6 juillet, à une heure du matin, il sortit tout à coup de Fredericia et attaqua de front les assiégeants, pendant que la quatrième brigade danoise, commandée par le major-général de Meissans, débouchait de la forêt de Frédéricia et attaquait les derrières de l'ennemi. Ce mouvement combiné eut un succès complet après une lutte acharnée, les troupes allemandes furent rejetées en désordre sur Havreballe, puis de là chassées jusqu'à la baie de Nebelaa, dans laquelle beaucoup de fuyards trouvèrent la mort. A quatre heures du matin, les Danois étaient maîtres de toute la zone occupée devant Frédéricia par l'armée assiégeante, et ils avaient pris à l'ennemi toute son artillerie de siége et une grande partie de son artillerie de campagne. Pendant que Rye battait les Slesvig-Holsteinois au nord et à l'ouest de Frédéricia, les généraux de brigade de Moltke et de Schleppegrell agissaient contre un corps allemand de 8,000 hommes, au sud de la forteresse. L'aile gauche de ce corps, vigoureusement attaquée par de Moltke, fut promptement mise en déroute; mais le reste fit une résistance désespérée jusqu'à cinq heures du soir. A ce moment, le centre fut enfoncé et le corps allemand dut opérer sa retraite vers Kolding, qui fut occupée immédiatement par les Danois. Quant à l'armée de siége, elle était repous

sée au nord jusqu'à Veïse. Cette déroute complète ne s'effectua pas sans pertes immenses: plus de 3,000 hommes, 96 officiers, 250 sous-officiers tués ou blessés; un matériel important abandonné aux Danois; Frédéricia dégagée, ainsi qu'une grande partie du Jutland, et le découragement mis parmi les insurgés, tels furent les résultats de ce brillant coup de main. L'auteur du plan suivi dans cette glorieuse journée, le lieutenant-général Rye, resta sur le champ de bataille.

Ce revirement inattendu de fortune hâta la conclusion d'un armistice entre la Prusse et le Danemark. Tout en défendant vigoureusement son indépendance, le Danemark n'avait pas cessé de poursuivre les négociations de paix; mais alors même que les chances de la guerre tournaient contre lui, il n'avait pas un instant abandonné son droit. Avant la victoire de Frédéricia, il semblait qu'une action collective des puissances garantes fùt nécessaire pour vaincre les hésitations de la Prusse et le mauvais vouloir de Francfort. Déjà, une flotte russe stationnait sur les côtes du Danemark, comme pour appuyer les réclamations de ce royaume. Enfin, le 10 juillet, une convention fut signée à Berlin, portant cessation d'hostilités pour six mois et six semaines, l'évacuation du Jutland par les troupes prussiennes et allemandes, et la désignation d'une ligne démarcative entre le territoire évacué et le duché de Slesvig, qui continuerait à être occupé par un corps allemand de 6,000 hommes. La garde de la ligne de démarcation serait confiée à un corps de troupes neutres fournies par S. M. le roi de Suède. La levée du blocus des ports allemands et la reddition mutuelle des bâtiments marchands et des prisonniers de guerre suivraient l'occupation par les parties contractantes de leurs positions respectives. Il y aurait pour tout le duché de Slesvig une commission d'administration pendant la durée de l'armistice, au nom du roi de Danemark: elle se composerait de deux membres, l'un nommé par le roi de Prusse, l'autre par le roi de Danemark. A ces deux membres serait adjoint un arbitre nominé par la Grande-Bretagne.

Si le Danemark n'avait pas obtenu par cette convention tout ce qu'il était en droit d'attendre, au moins avait-il réalisé d'honorables avantages. Les duchés auraient une administration sé

parée, tandis que le précédent armistice de Malmoë établissait un système contraire, favorable aux prétentions des insurgés. L'administration des duchés ne serait pas, comme alors, confiée à des partisans de l'insurrection, à des traîtres envers leur souverain légitime. Il fallait espérer qu'à l'armistice succéderait bientôt une paix définitive qui assurerait les droits garantis au Danemark et mettrait à néant les iniques prétentions de l'Allemagne. sur la mer Baltique et sur la mer du Nord. Il y a, en effet, dans question du Slesvig, plus qu'une question de droit imprescriptible. Il s'agit des intérêts commerciaux et de l'équilibre même de l'Europe.

Ce ne fut pas sans résistance que l'Assemblée insurrectionnelle du Slesvig consentit à céder la place au nouveau gouvernement; mais enfin, celui-ci fut installé, le 25 avril, à Flensbourg, sous le nom d'Administration du pays. L'installation de cette commission régulière fut accueillie avec enthousiasme par la grande majorité des habitants du duché de Slesvig. Mais l'agitation insurrectionnelle continua sourdement dans quelques conseils municipaux et parmi un assez grand nombre de propriétaires allemands qui persistaient à ne reconnaître d'autre autorité que la lieutenance général. La presse allemande du Nord, continuait à entretenir l'animosité contre le Danemark. Et, cependant, à l'exception des Allemands et des Slesviccois, compromis dans les intrigues de la lieutenance, le peuple acceptait avec sympathie l'action de la commission administrative. Des mesures, nécessitées par l'insurrection et qui froissaient des intérêts nombreux, étaient même accueillies sans murmurer, celle par exemple qui interdisait l'admission dans les caisses publiques du papiermonnaie émis par le gouverment insurrectionnel. La levée du blocus, l'activité rendue au commerce et à la marine, la tranquillité rétablie dans tout le royaume, ramenaient chaque jour la population paisible aux sentiments de loyauté qui, seuls, peuvent assurer au Danemark et à ses annexes une existence heureuse et honorable.

A l'intérieur, l'Assemblée nationale, après avoir employé près de cinq mois à discuter le projet de Constitution nouvelle, adopta ce projet à la majorité de 119 voix contre 4. Le système des deux

Chambres avait prévalu, malgré une assez vive opposition (25 mai). La loi fondamentale obtint, le 5 juin, la sanction royale. Le même jour, sa majesté prononça la clôture de l'Assemblée constituante.

SUEDE ET NORVÉGE.

On a vu plus haut quelle part la Suède avait prise à l'exécution du traité provisoire conclu entre le Danemark et la Prusse. A l'intérieur, la vieille loyauté suédoise et les efforts intelligents du monarque continuaient à assurer à ce pays une prospérité et une sécurité devenues trop rares en Europe.

Une nouvelle loi de navigation, adoptée par le Parlement britannique (voyez plus loin, Grande-Bretagne), ayant placé les navires suédois, soumis aux conditions stipulées de réciprocité, dans cette situation nouvelle d'ètre, à partir du 1er janvier 1850 (à l'exception du commerce côtier), traités comme les navires britanniques dans tous les ports soumis aux lois britanniques, une proclamation royale rendue à Stockholm, le 26 octobre, ordonna, qu'à partir du 1er janvier 1850: 1° les bâtiments anglais visitant les ports de Suède, à leur arrivée et à leur départ, seraient traités de la même manière que les bâtiments indigènes, relativement aux droits de tonnage et de port, et à tous autres frais; que 2o toutes marchandises étant le produit naturel ou industriel de tous pays quelconques, dont l'importation dans les ports du royaume de Suède serait légalement permise par les bâtiments suédois, pourraient être importées en Suède à bord des bâtiments anglais venant de toute place quelconque, De même, toutes marchandises dont l'exportation de Suède, à bord des bâtiments nationaux serait légalement autorisée, pourraient être exportées de là à bord des bâtiments anglais, sans que, dans les deux cas, ces marchandises, ainsi importées ou exportées, fus sent assujetties à des frais plus considérables ou autres que ceux qui seraient prélevés sur des provenances suédoises.

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