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sa personne et en promettant qu'il serait gardé à vue. Guerrazzi fut en effet, enfermé au fort du Belvédère.

La première mesure prise par la municipalité toscane fut de dissoudre la garde nationale et d'en ordonner la reconstitution immédiate. L'objet de cette réorganisation fut d'éliminer des rangs de la garde nationale tous les galériens et tous les détenus de Voltierra que le Gouvernement provisoire avait fait enrôler. Pour être inscrit sur les nouveaux cadres, il fallut justifier de sa moralité. Un second décret interdit les clubs et les cercles politiques, et porta que le droit de réunion et d'association serait réglé par une loi à intervenir.

Toutes les villes de Toscane s'associèrent successivement au mouvement de Florence, une seule exceptée. Un dernier effort était nécessaire pour rétablir complétement l'ordre en Toscane. L'anarchie régnait toujours à Livourne. Une commission de Gouvernement s'y était formée le 12 avril, composée de membres démocrates. Des constituants chassés de Florence s'y réunissaient pour y reconstituer l'Assemblée révolutionnaire. La foule, trouvant ce point d'appui nouveau, força le conseil municipal à se dissoudre. Pendant quelques jours, une bande armée fut maîtresse de la ville. Les troupes toscanes fidèles se massaient hors des murs; on hésitait à attaquer Livourne, et l'audace des révoltés s'accroissait. Eufin, les séditieux organisèrent le pillage, commençant par celui des caisses publiques et par une contribution forcée sur les riches. Dans la journée du 23 avril, le peuple eleva tout l'argent qui existait 'dans les caisses de l'État, de la municipalité et de la douane. On avait préludé à cette opération en allant saccager la citadelle, où l'on prit toutes les armes et jusqu'aux carabines des préposés à la garde des galériens. Tous les ouvriers avaient des fusils, des sabres ou des pistolets. Cet excès de force brutale ayant complélement réussi, et les caisses publiques n'ayant pas fourni une assez forte somme, on décréta une contribution de 500,000 francs. La chambre de commerce, convoquée d'urgence par autorité du peuple, fut contrainte de faire aussitôt la répartition de cette somme sur les négociants et les propriétaires. Toutefois, on se borna à n'exiger immédiatement que les premiers 100,000 fr.

Il fallait par jour une somme de 12 à 15,000 francs pour solder le peuple de Livourne, qui ne se livrait plus à aucun travail, trouvant plus commode de vivre aux dépens de l'autre partie de la population.

Déjà cette situation commençait à devenir dangereuse pour la Toscane. L'esprit monarchique y était unanime, et cependant une seule ville, rendez-vous de toutes les émeutes réprimées, tenait en échec les troupes toscanes, trop faibles pour entreprendre un siége. Le triumvirat romain envoyait des secours en argent à l'insurrection livournaise et on allait en solder 7,000 Lombards réfugiés à la Spezzia, lorsque le capitaine Lugeol, du bateau à vapeur français le Magellan, s'opposa à l'embarquement de ce renfort. I fallait en finir. L'impuissance des troupes royales était patente. Malgré l'opposition des municipalités toscanes, le général autrichien, baron d'Aspre, franchit les frontières de la Toscane le 3 mai et, le 11, entra dans Livourne, dont il força les troupes à coups de canon. Cette intervention, non sollicitée, mettait enfin terme au désordre en Toscane et permettait le rétablissement complet de l'autorité du grand duc.

Ainsi, peu à peu se resserrait le cercle de la démocratie en Italie. Lombardie, Piémont, Toscane, Parme et Modène étaient pacifiés chacune des insurrections sur lesquelles avait compté la République romaine, était vaincue à son tour. Les Autrichiens s'avançaient sur Bologne, laissant Venise assiégée plus vigoureusement. Un nouvel ennemi allait bientôt surgir contre le triumvirat insurrectionnel. Le roi des Deux-Siciles, un moment arrêté par une insurrection de la Sicile, allait enfin se trouver libre de joindre ses efforts à ceux de l'Autriche pour rétablir le Saint-Père dans ses Etats.

Le parlement napolitain s'était ouvert le 1er février. Une assez vive agitation s'était produite à Naples le 29 janvier en vue de cette solennité politique; les cris de: Vive la Constituante italienne! s'étaient fait entendre, et le parti du désordre avait cherché, mais en vain, à troubler la tranquillité publique. Mais, en Sicile, l'agitation n'était pas seulement le fait d'une minorité mal intentionnée; elle était le produit naturel de causes locales, d'une haine invétérée contre l'administration napoli

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taine. Les taxes levées sur les populations des campagnes étaient exorbitantes, et le mode de perception les rendait encore plus désastreuses de là le mouvement de janvier 1848. Ce mouvement, auquel l'Angleterre avait pris une part intéressée, avait bientôt, cependant, été contrarié par l'état moral d'un peuple où la campagne ne saurait longtemps faire cause commune avec les villes, où les villes se jalousent réciproquement, comme Messine et Palerme. Tout avait été terminé dans le mois de septem-bre 1848, après la prise de Messine par le général Filangieri. Depuis lors, le statu quo s'était prolongé au milieu des alternatives d'une négociation qui traînait encore, lorsque la dernière. explosion de l'Italie centrale renouvela les dangers de l'année précédente. Le statu quo avait mis le comble aux maux de la Sicile; il l'avait livrée à tous les désordres politiques d'une situation mal définie; il avait ruiné son commerce en interdisant à ses matelots l'approche des côtes de Naples ; il avait paralysé lés troupes napolitaines. Il fallait enfin agir. L'amiral Baudin et l'amiral Parker, M. Temple et M. Rayneval se rendirent auprès du roi Ferdinand, le 25 février, pour combiner avec lui un ultimatum définitif.

La négociation était devenue difficile, à cause de l'insistance légitime avec laquelle le général Filangieri défendait les droits. de la royauté napolitaine : les médiateurs voulaient excepter Palerme du nombre des places qui seraient désormais occupées par les troupes royales; le général déclara qu'il donnerait plutôt l'ordre de recommencer les hostilités. L'ultimatum proposé était des plus modérés.

Le roi serait roi des Deux-Siciles, représenté dans l'île par un lieutenant qui devrait être un prince de sa maison ou un Sicilien. Il n'y aurait pour les deux pays qu'une seule armée, une seule flotte, une seule administration des affaires étrangères. La Sicile paierait 4 millions de contributions arriérées, et 1 million. comme contribution de guerre; mais, en revanche, elle aurait son Parlement séparé, ses finances à elle, ses municipalités, ses tribunaux indépendants, toute sa Constitution de 1812 modifiée. Enfin, l'on proclamerait une amnistie générale; mais la première condition pour un accommodement, c'était la bonne volonté

des Siciliens eux-mêmes. Or, le parti qui s'était intronisé à Palerme refusait l'occupation de cette ville par les troupes royales. Cette condition était à juste titre impérieusement réclamée par le général Filangieri. Les plénipotentiaires étrangers se rendirent à Gëte, auprès du roi, et en obtinrent que les troupes napolitaines n'entreraient point à Palerme, et que la ville et les forts seraient confiés à la garde nationale. Il fut question aussi d'une amnistie complète, et Sa Majesté déclara que son intention n'était pas de punir, et qu'on se bornerait à faire sortir de la Sicile quelques personnes qui en compromettaient la tranquillité.

On regarda, dès lors, les négociations comme terminées à Naples, et les amiraux qui s'étaient chargés de proposer ces conditions aux Siciliens se préparèrent à partir pour Palerme. On n'attendait plus que les proclamation's qui s'imprimaient, et l'on devait mettre sous voile le 3 mars, quand, le 2 au soir, l'amiral Parker fit savoir au ministre de France qu'il avait eu connaissance, dans la journée, d'une liste de quarante-cinq noms qui étaient désignés comme ne devant pas profiter du bénéfice de l'amnistie; qu'il ne pouvait consentir à une pareille mesure, et qu'il ne partirait pas, si elle n'était révoquée; qu'en consé quence, il se proposait de se rendre dès le lendemain à Gaête, auprès du roi, pour lui parler dans ce sens, et qu'il demandait à l'amiral Baudin de se joindre, à lui.

Le 3 mars, les deux amiraux se rendirent à Gaëte. Admis auprès du roi, ils déclarèrent qu'ils ne se chargeaient point de porter aux Siciliens les conditions proposées, s'ils n'étaient point en mesure d'annoncer un complet oubli du passé; que cet acte de clémence et d'humanité pouvait seul faire réussir leur démarche, en assurant à l'arrangement stipulé le caractère de réconciliation que la médiation cherchait à lui donner. Le roi répondit qu'il ne connaissait aucun des noms portés sur la liste dont les amiraux venaient de lui parler; qu'il s'était borné à vouloir éloigner quelques hommes dangereux; mais qu'il était tout disposé à ou blier le passé, et qu'il s'en remettait entièrement aux amiraux eux-mêmes pour l'avenir. C'était là, sans doute, montrer une excessive modération; car la pacification de la Siciie eût été une œuvre difficile sans l'occupation de Palerme, ce foyer d'agitations

démagogiques; et on sait quelle est, en tous pays, la reconnaissance des amnistiés. Toutefois, un statut constitutionnel fut rédigé dans ces nouveaux termes; mais la junte de Palerme le rejeta à l'unanimité.

D'ailleurs, à Naples même, une opposition violente se déclarait contre la couronne. Déjà la majorité menaçait le ministère de refus de l'impôt il fallut dissoudre la chambre (13 mars). Les meneurs de Palerme s'emparèrent de cette mesure nécessitée par l'opposition pour déclarer qu'ils ne pouvaient avoir confiance dans un roi qui violait la Constitution. L'armistice de Sicile dut donc être dénoncé le 19 mars, les hostilités devaient recommencer le 30. Le gouvernement napolitain adressa aux représentants des diverses puissances une note annonçant le blocus de Palerme. Déjà les ministres d'Angleterre et de France, MM. Temple et de Rayneval étaient partis pour cette ville, afin de tenter un dernier effort en faveur de la conciliation. Mais une proclamation du gouvernement révolutionnaire annonçait que cette tentative serait sans résultat et témoignait d'une résolution désespérée de périr « au milieu des ruines de la patrie. » Le général Filangieri, prince de Satriano, parti de Naples avec sept mille hommes et une escadrille à vapeur, débarqua, le 4 avril, sur les côtes de Sicile, emporta sur la légion étrangère les positions d'Ali et de Taormina, entra sans opposition dans Aci-Reale dont la population l'accueillit aux cris de vive le roi, et trouva les insurgés devant Catane, à Baltiati, dans une position retranchée armée de canons. Ce premier obstacle fut enlevé vigoureusement par ses troupes. Poursuivant leurs succès, les Napolitains franchirent les portes de Catane, mêlés avec les insurgés en retraite. Cette glorieuse imprudence pensa leur coûter cher les bataillons napolitains se trouvèrent engagés dans la grande rue de Stesicosca, après avoir pris les premières barricades, et eurent à subir un feu très-vif parti des maisons. Il fallut prendre chaque maison comme une citadelle et enlever un grand nombre de barricades dont la dernière était armée de pièces de douze. Enfin, les insurgés furent repoussés hors de la ville, se dirigeant sur Palerme, et laissant cinquante canons et une masse énorme de munitions aux mains des troupes royales. Les excès qui, l'année précédente avaient

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