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jours provocante, quelquefois suspecte, avait valu au ministère la froideur de la cour de Vienne. Lord Palmerston, après avoir refusé sa médiation à l'Autriche, au commencement de 1848, avait, à la fin de cette même année, pris parti pour la Sardaigne contre la couronne impériale dans la question de l'armistice italien. Il n'avait pas peu contribué par ses actes à encourager une nouvelle levée de boucliers qui serait fatale au Piémont. En Espagne, les relations n'avaient pu encore être rétablies, malgré les efforts conciliants de Léopold, roi des Belges. En Grèce, la connivence visible de la diplomatie britannique avec tous les désordres amoindrissait chaque jour l'influence anglaise. A RioJaneiro et à Buenos-Ayres, lord Howden avait également échoué dans ses négociations avec la cour brésilienne et avec le dictateur argentin. Forcé par lord Palmerston d'exiger que le premier de ces gouvernements adhérât au système improductif et vexatoire de l'abolition de l'esclavage, l'envoyé britannique n'avait pu rétablir avec la cour impériale ses débouchés commerciaux. Quant à Rosas, la mission n'avait servi qu'à exagérer son arrogance. Déjà le dictateur de la Plata refusait officiellement de recevoir le ministère britannique, M. Southern (voyez plus loin, Etats de l'Amérique du Sud). En Portugal, ce n'était que comme contraint et forcé que le Foreign-Office avait pris parti pour la reine il avait d'abord, selon ses habitudes, pactisé avec les révoltés das Antas et Sa da Bandeira. En Suisse, en Italie, lord Palmerston offrait une médiation trompeuse et poussait en même temps à la guerre. Malgré les nombreux intérêts britanniques engagés dans le royaume des Deux-Siciles, le chef de la diplomatie anglaise avait déloyalement cherché à démembrer ce pays. Lord Minto avait applaudi à l'insurrection de Palerme, abandonnant toutefois Messine à l'énergique répression des armes napolitaines. M. Temple l'avait remplacé à Naples mais le but de sa mission était moins de résoudre la question italienne, que de chercher à faire oublier les fautes commises et à conjurer les justes rancunes de Naples et de la Russie. Enfin, il fallait ajouter à cette triste revue les retards calculés, les honteuses faiblesses qui avaient fait échouer la médiation danoise, malgré les engagements les plus solennels.

Telle était la situation diplomatique de la Grande-Bretagne quand commença l'année 1847.

La session du Parlement fut ouverte le 1er février. S. M. la reine Victoria annonça dans son discours, soit la révocation totale, soit la modification de l'ancien code de navigation. Ce serait là un nouveau pas fait dans la liberté commerciale. L'Etat toujours alarmant de l'Irlande nécessitait la continuation des pouvoirs exceptionnels accordés l'année précédente au Gouvernement. La loi des pauvres en Irlande devrait être révisée, en même temps que la détresse normale de ce malheureux pays réclamerait de nouveaux votes de subsides extraordinaires.

Dans la discussion de l'adresse à la Chambre des lords, le ministère fut attaqué avec violence, et sur tous les paragraphes, par le chef de l'opposition protectioniste, lord Stanley, qui proposa comme amendement une phrase de blâme sur la politique du cabinet. Cet amendement ne fut rejeté que par une majorité de 2 voix. S. G. le duc de Wellington prêta au ministère l'appui de son vote.

Dans la chambre des communes, le cabinet fut attaqué par M. d'Israëli. Son discours mordant fut résumé dans un amendeinent de blâme sur la politique extérieure et intérieure. M. Grattan, membre irlandais, proposait aussi un amendement, sur le paragraphe relatif à l'Irlande; le but de cette modification était d'enlever ce que la rédaction pouvait avoir de menaçant. Après un discours de lord John Russell, la Chambre rejeta l'amendement de M. Grattan par 188 voix contre 12.

Restait l'amendement de M. d'Israëli. Ce fut le théâtre de la lutte. Le chef du cabinet se retrancha derrière un résultat qui, sans doute, lui appartenait moins qu'à tout autre, mais qui n'én était pas moins un argument victorieux : le maintien de la paix. Toute la défense du ministère porta sur ce point: « Nous nous présentons, dit lord Palmerston, comme défenseurs de la paix, comme ayant fait tous nos efforts, soit pour prévenir, soit pour suspendre, soit pour arrêter la guerre. Voilà ce que nous reprochent les partisans de la guerre; c'est à la Chambre à prononcer entre nous. >> Quelle que fût la sincérité de cette déclaration, les faits étaient incontestables. L'opposition voulut faire ajourner le

débat; mais la proposition fut rejetée par 221 voix contre 80. M. d'Israëli retira son amendement. Si, dans la Chambre des lords, le cabinet avait eu pour lui la haute autorité du duc de Wellington, dans la Chambre des communes, il s'était vu soutenu par le concours indirect ou par la neutralité bienveillante de sir Robert Peel.

Les utopies de M. Cobden employèrent sans résultat utile plusieurs des premières séances du Parlement. Le 26 février, M. Cobden fit, à la Chambre des communes, une motion ayant pour but de faire opérer dans les armements de l'armée et de la marine des réductions qui ramèneraient le budget au chiffre de l'année 1855, c'est-à-dire une réduction de 250 millions de francs. La motion fut rejetée le 27, à la majorité de 275 voix contre 78. M. Cobden avait passé en revue tous les accroissements apportés depuis quatorze ans dans la marine et l'armée. En 1835, on craignait une guerre avec la Russie, on ajouta 5,000 hommes à la marine; les appréhensions de guerre passèrent, mais les marins restèrent. En 1838, c'était l'année de la révolte du Canada; l'armée fut augmentée de 8,000 hommes, qui furent gardés après la répression de l'insurrection. Lors des troubles du pays de Galles, 5,000 hommes encore furent ajoutés à l'armée, et furent également maintenus. Ainsi encore, lors de l'expédition de Syrie, 5,000 hommes; lors de la querelle des frontières avec les États-Unis, 5,000 hommes encore furent ajoutés à la marine. En 1845, à cause de la dispute de l'Orégon, près de 2 millions sterl., et encore à propos des mariages espagnols, une augmentation nouvelle, vinrent grever le budget; et, pour conclusion, même lorsque les causes disparurent, on garda toujours les armements.

La réponse du chancelier de l'échiquier était facile. Comme les peuples n'en sont pas venus encore et n'en viendront jamais à ce degré de sagesse qui pourrait les faire convenir entre eux d'un désarmement général, pour le moment, l'état des affaires publiques ne permettait pas des réductions radicales dans les forces militaires; réductions qui ne seraient imitées par aucun pays. Ce pendant, le chancelier ajouta qu'il comptait pouvoir équilibrer les dépenses avec les recettes, et que les réductions se monteraient à près de 1 million 500,000 liv. sterl. (37 millions de fr.)

Une autre motion du même genre fut encore présentée par M. Cobden le 12 juin : celle-ci tendait à ce que la reine fût priée par une adresse de conclure des traités internationaux, à l'effet de soumettre désormais à un arbitrage toutes les causes de querelles entre les peuples, et à ne plus s'en rapporter au sort des armes. Lord Palmerston combattit cette invention philosophique en disant que si l'Angleterre prenait le parti de ne plus répondre à aucune provocation, elle serait bientôt en butte aux agressions des puissances. Lord John Russell ne repoussa pas la proposition d'une manière aussi complète, et pensa qu'il fallait encourager tous les efforts tendant à la paix. La question préalable, demandée par lord Palmerston, fut votée à une majorité de 176 voix contre 73. Un essai de résurrection chartiste ne fut pas plus heureux. Le 3 juillet, dans la Chambre des communes, M. F. O'Connor présenta une motion relative à une nouvelle réforme parlementaire qui n'eût été rien moins que le suffrage universel et la consécration des principes socialistes français. La motion, combattue par lord John Russell, fut rejetée par une majorité de 222 voix contre 13.

Le 19 février, lord John Russell présenta de nouveau, dans la Chambre des communes, le bill relatif à l'admission des Israélites dans le Parlement. La proposition, déjà adoptée par la Chambre des communes, mais rejetée par la Chambre des lords, supprimait, dans la formule du serment, quand il serait déféré à un israélite, ces mots : « Sur la vraie foi d'un chrétien. » La motion pour que la Chambre se formât en comité fut adoptée par 214 voix contre 111, ou 105 voix de majorité.

L'élection de M. Lionel de Rotschild par la Cité de Londres rendait nécessaire une décision définitive. Après le rejet du bill par la Chambre-Haute, M. de Rotschild avait donné sa démission des fonctions de représentant de la Cité. Mais ni la Cité ni son candidat n'abandonnaient la lutte. Une nouvelle élection eut lieu, et le baron Lionel de Rotschild obtint 6,017 voix contre 2,814 données à lord John Manners. Tout n'était pas fini par cette élection, et la lutte se renouvellerait encore entre les deux Chambres.

La session des Chambres anglaises-fut close le 1er août par le grand chancelier, S. M. la reine étant alors en tour

née en Irlande. Le Parlement fut prorogé jusqu'au 9 octobre.

Le résultat le plus important mais le moins connu encore des travaux législatifs de cette année était la réforme des anciennes lois de navigation; nous aurons à y revenir dans le prochain Annuaire.

Une motion d'enquête sur l'état de la nation, motion faite par M. d'Israëli dans le but avoué de renverser le ministère, avait eu, bien que rejetée à une forte majorité (296 contre 156, 6 juillet), le mérite d'appeler l'attention sur le résultat des réformes commerciales de 1846. Sir Robert Peel, attaqué dans la personne de ses successeurs, revendiqua la responsabilité de son œuvre, à laquelle M. d'Israëli attribuait les souffrances de l'industrie et la misère de la nation. Voici les chiffres donnés dans cette discussion en faveur des réformes:

Sous l'empire de l'ancienne législation, l'importation des céréales en Angleterre avait été en 1859, de 13 millions 163,000 hectolitres, avec un prix de 25 fr. 50 l'hectolitre; pour la moyenne des cinq années suivantes, on trouve 10 millions 880,000 hectolitres, à un prix d'environ 28 fr. A partir de 1846, une première réforme dans la législation des céréales permit d'introduire successivement par année, 14, 34, puis 21 millious d'hectolitres, et si le prix s'élève accidentellement très-haut en 1847, par suite de la mauvaise récolte, on le voit retomber en 1848 à 21 fr. 75, avec une importation, pour les huit premiers mois seulement, de 17 millions 500,000 hectolitres.

Ainsi, en 1859, l'Angleterre, pour compléter les approvisionnements nécessaires à ses populations, dépensait pour acheter 13 millions 165,000 hectolitres, près de 402 millions de francs, tandis qu'en 1849 elle n'avait eu à dépenser pour 17 millions 500,000 hectolitres que 541 millions environ. Ces valeurs, hàtons-nous de le dire, peuvent être, en fait, exagérées, attendu que les prix cités sont ceux du froment, tandis que les quantités indiquées comprennent des seigles, des avoines, du maïs et même des pois et des fèves dont les prix sont naturellement plus bas; mais la relation n'en subsiste pas moins dans l'ensemble des valeurs composées, et l'on voit qu'en résumé l'Angleterre, grâce à la forme de son tarif des céréales, a considérablement accru

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