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Davis et Ke-Yug. La Grande-Bretagne réservait ses droits, attendant une occasion favorable.

COLONIES OCCIDENTALES.

A la Guyane, à la Jamaïque, à Sainte-Lucie, aux iles Ioniennes, au Canada, au cap de Bonne-Espérance, partout l'autorité du Gouvernement fut méconnue, et les complications n'étaient pas plus tôt résolues sur un point qu'elles renaissaient sur l'au

tre.

CANADA.

On sait que le Canada fut autrefois doté par le Parlement anglais d'une Constitution presque équivalente à l'indépendance absolue, et que, excepté un gouverneur, aujourd'bui lord Elgin, nommé par la reine, et une garnison anglaise de 7,700 hommes, le. régime politique actuel du Canada ressemble presque à celui d'une monarchie représentative. Toutefois, ces concessions ne de. vaient pas satisfaire le parti qui rêve l'indépendance absolue ou l'annexion aux États-Unis, et qui représente la très-grande majorité du pays. Dans le Bas-Canada, habité presque exclusivement par une population de descendance française, il compte la pres que unanimité, et dans le Haut-Canada ce même parti que dirigent MM. Papineau et Lafontaine s'appuie également sur une majorité considérable. Le parti tory, royaliste ou conservateur, celui qui défend la suprématie de la métropole, fut donc facilement battu aux élections de 1849 pour le Parlement canadien. Sur 84 membres qui composent la Chambre d'assemblée, il n'obtint que 26 de ses candidats. Ce résultat força lord Elgin à composer son ministère des amis de M. Papineau. Diverses mesures montrèrent bientôt quel était l'esprit de la nouvelle administration; il en est une surtout qui sembla être un défi jeté à Angleterre et à ses lois,

et qui produisit dans le pays une émotion si grande qu'on put craindre d'en voir sortir la guerre civile. Ce fut une proposition faite par le Parlement canadien d'accorder sur le Trésor public des indemnités à tous ceux qui avaient éprouvé quelque dommage dans leur fortune ou dans leurs intérêts par suite de l'insurrection de 1837. Le projet de loi disait, il est vrai, que tous les condamnés par jugement contradictoire seraient exceptés du bénéfice de la mesure; mais comme on ne pouvait pas emprisonner une population entière, comme on ne pouvait pas, en 1837, compter sur le jury pour obtenir des condamnations, même contre les accusés les plus évidemment compromis, il ne fut alors procédé régulièrement que contre un très-petit nombre d'individus, et il s'ensuivait aujourd'hui que les insurgés qui n'avaient pas été inquiétés, que les chefs qui, comme M. Papineau, étaient parvenus à se réfugier sur le territoire des États-Unis, ou qui avaient été transportés par un coup d'Etat de lord Durham aux Bermudes et étaient rentrés depuis dans leur pays, grâce à une amnistie complète, seraient en vertu du bill autorisés à faire valoir des droits contre le Gouvernement anglais. C'était là une véritable prime accordée à l'insurrection contre le Gouvernement de la métropole. La première lecture du bill fut autorisée par une majorité de 58 voix contre 20. La discussion fut des plus violentes. Le lendemain, la ville était dans un état d'agitation extraordinaire.

Adopté par la Chambre d'assemblée, le bill passa également dans la Chambre haute à la majorité de 6 voix. A Toronto, capitale du Haut-Canada, la nouvelle de ce vote causa une véritable émeute. Trois indemnitaires furent brûlés en effigie et leurs maisons saccagées. Mais, pour que le bill eût force de loi, il lui manquait encore la sanction de ford Elgin. Pour forcer ce consentement, une agitation s'organisa; des pétitions furent envoyées en Angleterre pour obtenir le rappel du gouverneur. L'imprudence de la population royaliste exaspéra le parti français et irlandais. De véritables batailles furent livrées à Sainte-Catherine du HautCanada et à Saint-Jean du Nouveau-Brunswick. Ces conflits firent de nombreuses victimes. Le parti de l'annexion s'empara de cette situation pour former une ligue dite anglo-américaine, dont les

délégués devaient se réunir en convention à Kingstown. Cette convention se réunit le 25 juillet; mais ses travaux se bornèrent à provoquer la réunion de toutes les colonies anglaises de l'Amérique du Nord en une seule confédération. L'idée d'annexion aux États-Unis fut écartée. Mais les troubles n'étaient pas terminés, bien que la séparation ne fût pas encore imminente. A Québec même, au siége du Gouvernement, on attaqua la maison du principal ministre; à Montréal, le palais du Parlement fut brûlé par une foule ameutée, et la maison dans laquelle les magistrats siégeaient pour juger les coupables fut assiégée et livrée aux flammes.

ANTILLES ANGLAISES.

L'île de Sainte-Lucie fut troublée, le 9 mars, par une révolte de noirs, qui eut lieu aux cris de Vive Soulouque! Il est juste de dire qu'aucune complicité n'existait entre les rebelles et le chef du gouvernement d'Haïti. 500 noirs se présentèrent en armes à l'hôtel du gouvernement pour demander la suppression d'un impôt sur les plantations. Le gouverneur leur ordonna de se retirer; ils s'y refusèrent, envahirent l'hôtel, brisèrent les meubles, maltraitèrent et blessèrent un aide de camp et un autre employé. La garde accourut, les dispersa et fit prisonniers quelquesuns des chefs. Les rebelles revinrent à la charge, exigèrent la mise en liberté des prisonniers et menacèrent de tout mettre à feu et à sang. La garnison marcha contre eux avec quelques compagnies de milice, elle fit feu, mais à poudre. Les insurgés, encouragés par cette indulgence, s'élancèrent sur les soldats pour les prendre corps à corps. Cette fois une décharge en jeta par terre une dizaine. Ces malheureux se retirèrent alors dans le quartier du Gros-Islet, en appelant aux armes les noirs des habitations, et en incendiant les bâtiments et les plantations. La goëlette française la Légère, commandée par le lieutenant de vaisseau Simon, offrit ses services au gouverneur, qui les accepta. Le commandant Simon réunit ses matelots et se joignit à la troupe, qui marchait sur le Gros-Islet. La lutte s'engagea, et vingt

cinq des insurgés, presque tous anciens esclaves évadés de la Martinique, restèrent sur le carreau. Les black-men, soldats africains conduits par des officiers blancs, se mirent à leur poursuite et en arrêtèrent un grand nombre.

CAP DE BONNE-ESPÉRANCE.

En 1849, un bill avait prohibé l'importation des convicts à la Nouvelle-Galles du sud. Depuis cette époque, toutes les colonies anglaises se refusaient à recevoir cette classe dangereuse d'émigrants. Plus que toute autre la vieille et rude population calviniste du Cap, qui tire son origine des anciens fermiers hollandais, et des Français réfugiés de l'édit de Nantes, se refuse à l'idée d'une immixtion avec le rebut des bagnes de la Grande-Bretagne. Malgré l'opposition des colons, le comte Grey crut pouvoir ordonner le transport au Cap de 300 forçats extraits de l'établissement des Bermudes. L'effet produit par cette mesure fut des plus fâcheux. La population se prépara à la résistance: le gouverneur lui-même, le général sir Harry Smith, s'associa au mouvement public; toutes transactions cessèrent un moment avec la métropole et, le gouvernement anglais fut forcé de céder.

ILES IONIENNES.

Les usages féodaux subsistent encore dans les îles ioniennes, et Céphalonie est divisée en un certain nombre de fiefs. Une insurrection de paysans avait éclaté au mois de septembre 1848," contre les possesseurs de ces fiefs. Les chefs amnistiés depuis lors, recommencèrent leurs menées. Le 27 août, une bande, sous les ordres de Théodore Vlacco et du pope Gregorio Nodaro, se réunit au nombre de deux à trois mille hommes. Dans leur marche, les rebelles essayèrent d'entraîner les basses classes de la population;

mais leurs efforts furent vains. Le 2 septembre, ils furent chassés dans la montagne Noire. Le 4 septembre, une rencontre eut lieu entre les troupes de la reine et les insurgés sous les ordres de Vlacco et de Nodaro. Ces derniers voulurent se faire jour à tra vers la troupe. Neuf de leurs hommes furent arrêtés; deux furent fusillés. La loi martiale fut proclamée à Omola, à Iconissia, à Talomi, à Samos, à Pirgi et le pays fut bientôt pacifié.

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