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pouvoir de s'adresser à l'âme, de pénétrer dans le sanctuaire de la conscience, de féconder par conséquent les vraies sources de l'amélioration morale.

ARTICLE VIII.

Du travail considéré comme un moyen d'éducation.

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Moyen d'éducation physique, le travail développe les organes de l'homme, devient un exercice gymnastique, donne aux perceptions des sens une perspicacité, à la main une dextérité singulière : moyen d'éducation intellectuelle, il devient un exercice pour l'attention; il enseigne à comparer, combiner, à apprécier les rapports des causes aux effets, à pénétrer dans les secrets des arts, à connaître les lois de la nature moyen d'éducation morale, il inspire la modération, la constance, l'empire sur soi-même; il prévient les vices, les réprime; il rappelle à l'homme sa destination terrestre; il lui conserve sa dignité, en lui procurant l'indépendance. La nécessité qui commande le travail à l'homme, comme moyen d'existence, se montre donc à nous, comme un véritable bienfait, dans les plans de la Providence. Le pauvre doit s'en applaudir, loin de s'en plaindre. Le salaire qui assure sa subsistance à moins de prix que l'occupation qui le préserve des écarts de conduite, et qui forme ses mœurs. Toutefois ces salutaires enseignemens ont plus ou moins d'efficacité suivant les dispositions que porte au travail celui qui l'entreprend, suivant la nature et les conditions propres à chaque genre de travail.

Le travail ne profite pleinement, comme éducation, qu'à celui qui s'y livre de bonne volonté, qui l'entreprend avec joie, qui le poursuit avec sérénité, et qui trouve son plaisir dans son devoir. Le travailleur s'en acquitte alors d'autant mieux : il en est moins fatigué; il est satisfait de lui-même; il se sent en possession de sa propre estime. Le travail subi comme une peine

pourra, quelquefois, corriger un caractère vicieux, mettre un frein aux passions, guérir la légèreté; mais, s'il n'est accepté qu'avec répugnance, accompli qu'avec aversion, il pourra aussi révolter, aigrir l'être qui se verra condamné à cette espèce de supplice. Quels ravages alors n'éprouvera pas son caractère! il se verra courbé sous le joug; il se croira humilié; il maudira sa destinée; son cœur se fermera, peut-être, aux sentimens de la bienveillance; le dégoût de l'occupation le rendra accessible aux séductions les plus funestes. Est-ce donc servir les intérêts du pauvre, que de lui exagérer, avec l'expression d'une pitié apparente, les sacrifices que le trávail lui impose; que de le lui représenter sans cesse, comme une contrainte, une servitude? N'est-ce pas aussi lui porter de graves préjudices, que de lui faire supposer dans l'oisiveté, une source de félicité, un privilège et presque un honneur?

Si la tâche du travail n'est pas embrassée avec plaisir, la faute peut en être ou à celui qui l'accomplit, ou bien à celui qui la commande. L'occupation, par- elle-même, excite quelquefois une juste répugnance, si elle n'est pas en rapport avec les forces, les habitudes, les dispositions de celui qui est contraint de la subir. Laissez donc au travailleur la liberté du choix, et surtout éclairez-le dans ce choix.

Le travail le plus favorable à la santé, est celui qui occasionne les mouvemens les plus variés; qui permet de respirer un air pur, de changer de place, d'attitude : on se fatigue^^ moins lorsque les divers systèmes de muscles sont mis en jeu à-la-fois, ou tour-à-tour. Le travail le plus favorable au développement intellectuel, est celui qui accorde une plus grande part aux combinaisons de l'esprit, dans l'exécution des ouvrages matériels; celui qui appelle à observer un plus grand nombre d'objets, à les comparer avec plus de soin; celui qui laisse à l'ouvrier une plus entière disposition de lui-même. Les opérations qui ne demandent que l'application continuelle du même organe, et la répétition constante des mêmes actes, peuvent donner à l'ouvrier une grande habileté, une

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adresse singulière, dans quelques fonctions spéciales; mais, cette spécialité d'aptitude est achetée aux dépens des autres facultés, et devient quelquefois désavantageuse à force d'être exclusive. Les conditions qui rendent le travail plus attrayant et plus agréable, sont donc aussi celles qui le rendent plus utile à l'éducation physique, intellectuelle et morale. Puissent donc les progrès de l'industrie tendre toujours à relever la dignité du travailleur! qu'ils fassent une plus large part à son intelligence; qu'ils laissent aux agens matériels l'exécution des détails qui n'exigent que la force motrice et qui supposent la répétition uniforme des mêmes effets. Les animaux, les élémens, l'eau, le vent, la vapeur, les métaux, sont à la disposition de l'homme, pour exécuter, sous sa direction, ce qui ne demande qu'un emploi aveugle de la force. Qu'enfin, l'homme, lui-même, réserve son bras, pour régler et diriger cette force matérielle! Voilà le vrai perfectionnement qu'invoquent les arts utiles, et qu'invoque surtout la dignité de notre nature. Mais, pour qu'il puisse porter ses fruits, il ne faut pas que ce rang assigné à l'intelligence dans le travail, reste le privilège d'un petit nombre d'ouvriers, tandis que les autres seraient condamnés à des opérations toujours plus mécaniques; il faut que ces nouvelles fonctions deviennent de plus en plus générales, par les progrès de l'industrie.

Les artisans, qui travaillent isolément, jouissent d'une plus grande indépendance, accomplissent à eux seuls des opérations plus variées. Mais, réunis en grands ateliers, les ouvriers embrassent de leurs regards une scène plus vaste. Si chacun d'eux, par la division du travail, est confiné dans une fonction bornée et toujours semblable, il prend cependant quelque notion de l'ensemble du système, des rapports qui lient toutes les fonctions entre elles. Si, dans ces réunions nombreuses, la contagion des mauvais exemples peut être ⚫ quelquefois à redouter, cependant la hiérarchie établie, la discipline nécessaire à la marche des opérations, l'ordre et la symétrie qui président à l'établissement, l'habitude de l'o

béissance, l'émulation entretenue par le concours des travailleurs, le mouvement général imprimé à la communauté, l'harmonie qui naît de l'accord de toutes les parties, ce tableau animé d'une société organisée, dans l'activité d'une création féconde, peuvent donner au travail lui-même un vif attrait, étendre les idées de ceux qui l'exécutent, leur faire contracter de bonnes habitudes. C'est aux chefs de ces ateliers, à leur influence personnelle, qu'il appartient de provoquer ces avantages. Que leur bon esprit leur fasse voir que leur propre intérêt est identifié avec celui des hommes laborieux dont ils emploient le concours! Qu'ils se montrent toujours bienveillans, équitables envers leurs ouvriers! qu'ils leur offrent en toutes choses des exemples louables! qu'ils établissent et maintiennent dans leur établissement un sage régime! que, s'élevant à de hautes pensées morales, ils se sentent appelés par la Providence à servir de guides à leurs semblables! qu'ils soient préparés à comprendre et à accomplir cette mission! que des influences morales se répandent dans les écoles où les jeunes ouvriers étudient les arts mécaniques et chimiques! qu'un souffle religieux pénètre dans ces régions de l'industrie, où règnent trop exclusivement les froides combinaisons du calcul, les manipulations matérielles! que l'éducation des entrepreneurs, des chefs d'ateliers eux-mêmes, préparent et secondent cette grande éducation de la classe ouvrière, que nous invoquons de nos v

Ce que nous venons de dire des ateliers industriels, s'applique en partie au service militaire de terre et de mer. Ici, aux heureuses influences du sentiment d'honneur et dé fierté, d'un courage calme et constant, viennent se joindre les salutaires effets de la discipline, lorsque sagement conçue et appliquée, elle ne s'égare pas en prescriptions arbitraires, en vains et puérils détails, mais devient une expression habituelle de l'ordre et du devoir. Si le métier des armes ne suffit pas toujours par lui-même, pour entretenir constamment une activité laborieuse chez le soldat, qu'on lui crée une nou

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velle branche d'occupations qui le garantisse de l'oisiveté, et qui, en l'exerçant à des travaux variés, serve encore à son instruction. Dans les états où la loi du recrutement appelle, chaque année, sous les drapeaux, ou à bord des vaisseaux, une classe entière de jeunes gens, pour les rendre quelques années après à leurs familles, les soldats retirés du service y rapporteront alors les fruits de cette éducatión militaire, des habitudes mâles, une disposition de fierté, de fermet et l'habitude de respecter les lois.

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CHAPITRE V.

Des établissemens de réformation pour les mœurs.

Continuation du même sujet.

C'est déjà une précieuse conquête pour les mœurs publiques, que de ramener dans les sentiers du devoir, les êtres pervertis; que de leur rendre la plus féconde et la plus constante des ressources pour obtenir une aisance honnête, en leur enseignant à se bien conduire, et en les réhabilitant dans l'estime d'autrui. Mais, en réussissant à les réformer, on protège aussi ceux qu'eût atteints la contagion de leurs exemples; on sauve les victimes qui eussent été immolées par leurs désordres. Les établissemens de réformation sont donc aussi des moyens de préservation. Jetons un coup-d'œil sur leurs trois espèces principales.

ARTICLE Ier.

Des maisons de refuges pour les femmes.

Quels services ne rendent pas, sous ce rapport, les établissemens formés pour arracher au libertinage les filles qui ont

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