Slike stranica
PDF
ePub

:

habitudes et de leur faire respirer une existence toute nouvelle. Le dépôt de mendicité se distingue de la prison, en ce que, dans la prison, le détenu doit subir un châtiment; le reclus dans un dépôt de mendicité doit seulement être soumis à un régime de réformation. Le condamné détenu est un coupable; l'effet de la punition doit être pour lui le repentir le mendiant reclus est un malade qu'il s'agit de guérir. On appliquera au premier les salutaires rigueurs du régime péniten tiaire, le silence, l'isolement : une vie réglée et active, la propreté, la décence, l'ordre, l'application, constitueront le régime donné au second. Chez le premier, on rencontre des passions à réprimer; chez le second, une inertie apathique, qu'il faut ranimer. Le logement, le coucher, le vêtement, la discipline, ne sauraient donc être semblables, dans ces deux ordres d'établissemens. La séquestration ne pourra être aussi rigoureuse. On pourra accorder au simple reclus du dépôt de mendicité, une plus forte part dans le produit du travail.

Le dépôt de mendicité se distinguera de l'hospice. Dans l'hospice, le vieillard et l'infirme doivent obtenir le repos et le soulagement, pour le reste de leurs jours. Dans le dépôt de mendicité, le reclus doit trouver une rénovation qui le rende, s'il se peut, à la société. L'indigent admis dans l'hospice est incurable; celui qui entre au dépôt doit y être régénéré.

[ocr errors]

Le reclus du dépôt sera donc tour-à-tour corrigé et encouragé ; une tâche de travail lui sera assignée; sa négligence à l'accomplir sera punie. Il ne jouira ni de la même nourriture, ni des mêmes commodités de la vie, que les infortunés accueillis dans un asile. S'il ne se porte à l'ouvrage avec bonne volonté, il sentira la contrainte. En aucun cas, la situation du mendiant reclus ne doit paraître digne d'envie à quiconque peut vivre par un travail indépendant.

En appliquant aux maisons de travail forcé, les règles relatives aux maisons de travail libre, qui ont été exposées dans le chapitre précédent, il convient donc de leur

donner un caractère plus rigoureux. La sévérité de la discipline est un bienfait pour des êtres dégénérés, privés de toute énergie morale.

Ces distinctions sont certaines; ces limites sont positives. Mais il faut que l'administration sache reconnaître les unes et appliquer les autres. La tâche par elle-même est difficile ; elle demande le concours d'une philantropie éclairée et d'une juste fermeté; son exécution se lie aux mesures d'ordre public et aux réglemens de police.

Enfin, et cette considération explique aussi pourquoi les dépôts de mendicité ont souvent manqué leur but; cette institution ne peut se suffire à elle-même. Elle a besoin d'être coordonnée avec un système entier d'institutions dont elle est le complément. Elle suppose qu'il a été suffisamment pourvu aux nécessités des indigens estimables; que le travail a été offert à ceux qui, doués de bonne volonté, n'ont pas trouvé d'emploi. Si, en effet, le pauvre n'obtient ni un asile où il puisse se réfugier dans l'abandon, ni le pain qui doit le faire subsister, ni l'occupation qu'il sollicite, comment n'assiégera-t-il pas les portes du dépôt de mendicité? Ne préférera-t-il pas subir le régime austère qui est imposé au fainéant, plutôt que de périr de faim et de froid? Il se confondra lui-même avec le fainéant, pour obtenir la pitié, sous la forme de correction. On ne pourra le repousser sans barbarie; ce serait le traiter plus durement dans son malheur, qu'on ne traite des individus méprisables. L'extension des dépôts de mendicité, alors, n'aura plus de limites; leur caractère sera dénaturé. Cependant, on croira avoir satisfait à tous les besoins; les autres branches de secours publics seront plus facilement négligées, et ainsi les dépôts de mendicité s'éloigneront d'autant plus de leur destination, qu'on attendra d'eux plus qu'ils ne doivent faire.

C'est seulement lorsque les secours à domicile, lorsque les asiles ouverts à la vieillesse et aux infirmités, lorsque les institutions de travail libre pour les indigens, ont reçu tout le développement exigé pour répondre, chacun dans leur sphère,

aux besoins pour lesquels ils sont établis, que les dépôts de mendicité peuvent s'ouvrir avec fruit pour servir de refuge aux malheureux trop souvent dégradés, que les autres ordres d'établissemens ne peuvent recueillir. Ceci nous explique pourquoi l'institution des dépôts de mendicité est encore aujourd'hui celle qui reste la plus imparfaite, parmi les établissemens de bienfaisance de l'Europe. Par sa nature, elle ne vient qu'à la suite des autres: elle doit clore le système. Les bases sur lesquelles elle doit reposer sont elles-mêmes encore trop incomplètes, pour qu'elle puisse être solidement assise.

FIN DU TROISIÈME VOLUME.

TABLE DES MATIÈRES

TRAITÉES

DANS LE III VOLUME.

SECONDE PARTIE (SUITE DE LA).

LIVRE DEUXIÈME. DES INSTITUTIONS DE PRÉVOYANCE,
CHAPITRE II. Des établissemens de prêts.

ARTICLE 1. Considérations générales sur l'opportunité des prêts

[blocks in formation]
[ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]
[blocks in formation]

6.

Des reproches faits aux monts-de-piété.

41

[merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small]

ARTICLE 2.

3.

1

[ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]
[blocks in formation]

le principe des assurances aux chances de l'indi-
gence.

4. Comment le système des assurances peut être utilisé en

faveur des institutions de prévoyance pour la classe

laborieuse.

§ 1. Comment les sociétés de prévoyance mutuelle pour-
raient s'appuyer sur les établissemens d'assurance
relatives à la vie humaine.

§ 2. De la constitution des établissemens d'assurances
sur la vie humaine, considérés comme institu-
tions de prévoyance.

[blocks in formation]
« PrethodnaNastavi »