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BIENFAISANCE PUBLIQUE;

PAR

M. le Bon DE GÉRANDO,

PAIR DE FRANCE, membre de l'institut, MEMBRE DU CONSEIL GÉNÉRAL
DES HOSPICES DE PARIS, ETC., ETC.

TOME TROISIÈME,

PARIS,

JULES RENOUARD ET Cie, LIBRAIRES,

RUE DE TOURNON, n. 6.

UNIVERSITY

1 0 OCT 1959

OF OXFORD

BIENFAISANCE PUBLIQUE.

SECONDE PARTIE.

LIVRE II.

DES INSTITUTIONS DE PRÉVOYANCE.

CHAPITRE Ier.

1

Des établissemens de prêts.

Si c'est surtout l'éducation qui doit armer d'avance et l'enfant et l'adolescent contre l'adversité; si, par ce motif, nous avons dû chercher dans une bonne éducation les antidotes les plus puissans contre l'indigence, il est cependant aussi des préservatifs utiles à l'adulte, pour économiser, conserver, multiplier ses ressources, pour l'aider à en faire un bon usage. Ce sont ceux qui doivent nous occuper maintenant.

Ainsi, nous suivrons le pauvre, depuis le berceau, pendant le cours entier de sa vie, pour le protéger, à l'aide de tous les moyens que comporte sa destination, contre les dangers qui le menacent.

Plusieurs établissemens ont été conçus pour préserver l'adulte contre le danger de l'indigence, par des mesures plus ou moins efficaces. Les uns lui offrent, au moment du besoin,

le prêt qui peut lui être indispensable; d'autres l'appellent à entrer dans des associations d'assistance mutuelle, en prévision des malheurs qui peuvent le menacer, ou à obtenir quelque sécurité contre les chances du sort, par des combinaisons aléatoires; d'autres, enfin, lui offrent un dépôt où ses épargnes sont conservées et lui profitent pour le moment du besoin.

Nous traitons d'abord des établissemens de prêts, non sans doute comme occupant le premier rang, dans l'ordre dè l'utilité, mais comme les plus anciens dans l'ordre des dates.

Que si les établissemens de prêts ont été les premiers en date, c'est qu'ils ont pour but de subvenir aux nécessités du moment présent; c'est qu'ils semblaient être le moyen le plus direct et le plus simple pour y pourvoir; c'est qu'ils offraient ou paraissaient du moins offrir des ressources plus commodes à ceux qui, ayant négligé l'économie dans le passé, s'inquiètent peu de l'avenir; et n'est-ce pas la disposition la plus générale chez les personnes qui éprouvent de la gêne?

ARTICLE 1er.

Considérations générales sur l'opportunité des prêts faits aux personnes

malaisées.

Un prêt fait à propos peut empêcher la ruine d'une personne malaisée, ou réhabiliter celle qui est tombée dans l'indigence.

Un prêt fait mal-à-propos peut précipiter dans la misère une personne malaisée, perpétuer, aggraver la misère.

Dans le danger, il sera peut-être un moyen de salut; dans le dénûment, il sera peut-être un danger de plus. Il convient donc de considérer les prêts faits aux personnes malaisées, comme appartenant à un système de prévoyance, plutôt qu'à un système de soulagement.

Le prêt n'est utile que comme instrument; comme aliment, il est funeste.

Comme instrument, il apporte des forces, il est fécond; il

sert à reproduire comme aliment, consommé sans retour, après avoir soulagé un instant, il crée une nécessité nouvelle. Un capital, en effet, est souvent indispensable à l'homme laborieux; il lui sert à s'établir, à acheter des outils, des matiè res. L'emprunt d'un capital devient un acte de prudence, s'il est employé en vue de l'avenir, et comme moyen de production.

Obtenu par un prêt, il rend à cet égard un service analogue à celui de l'épargne. Ce dernier a, sans doute, un bien plus haut prix : l'homme qui a épargné, possède le capital acquis; il en dispose avec sécurité : libre et fier, en se créant une ressource, il recueille la récompense de ses efforts et de sa conduite passée. L'homme qui emprunte contracte un engagement vis-à-vis des autres et de lui-même; il accepte une charge; inquiet et dépendant, il s'impose des efforts redoublés dans un avenir qui n'est pas certain. Le premier est propriétaire, le second débiteur. Le premier jouit de ce qu'il a acquis par son économie; le second anticipe sur ce qu'il se promet d'acquérir par la sienne. Les épargnes de l'un sont un fait; celles de l'autre, une espérance.

Il est donc bien plus avantageux à l'homme laborieux, lorsqu'il a besoin d'un capital, de le trouver, en son nom, à la caisse d'épargnes, que d'aller l'emprunter à un tiers.

:

Mais cet homme, peut-être, n'a pu encore déposer à la caisse, des épargnes suffisantes : le temps lui aura manqué; son salaire aura été trop faible; peut-être des nécessités imprévues ont déjà consommé la provision qu'il avait formée ; peut-être il a négligé de la faire. A défaut de cette ressource, l'emprunt lui en présente une autre si cet emprunt est renfermé dans la limite d'une nécessité absolue et urgente; s'il n'est pas soumis à des conditions trop onéreuses; si l'emprunteur a la certitude de s'acquitter sous un bref délai, il se retrouvera, au terme de ce délai, dans la même situation que celui qui aurait déposé à la caisse d'épargnes, et qui aurait employé le montant de ses dépôts.

Plusieurs circonstances, des accidens divers peuvent ren

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