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dulgence pour cette ville infâme? Ce n'est pas une » ville celle qu'habitent des conspirateurs; elle doit » être ensevelie sous ses ruines. Que devez-vous res» pecter dans votre vengeance? la maison de l'indigent persécuté par le riche; la charrue doit passer sur tout >> le reste. Le nom de Lyon ne doit plus exister; vous l'appellerez Commune-Affranchie, et, sur les ruines » de cette infâme cité, il sera élevé un monument qui >> fera l'honneur de la convention et qui attestera le » crime et la punition des ennemis de la liberté. Ce » seul mot dira tout: Lyon fit la guerre à la liberté ; Lyon n'est plus. >>

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Les commissaires de la convention, Collot-d'Herbois, Fouché (de Nantes), exécutent les dispositions ordonnées avec une férocité raisonnée dont on ne trouve aucun autre exemple dans l'histoire moderne avant cette époque. Ils écrivent à la convention (Moniteur, nos. 57, 64): « ................ La terreur est véritablement ici à » l'ordre du jour; elle dépouille le crime de ses vête>> mens et de son or..... .... La commission révolutionnaire » que nous venons d'établir remplit ses devoirs avec » une sévérité stoïque et une impartiale rigueur; c'est » sous les voûtes de la nature qu'elle rend la justice, » comme le ciel la rendrait lui-même.... Nous sommes » convaincus qu'il n'y a d'innocent dans cette infâme » cité que celui qui fut opprimé et chargé de fers par » les assassins du peuple.... Nous sommes en défiance » contre les larmes du repentir.... Rien ne peut dés» armer notre sévérité.... Cette mission est la plus pénible et la plus difficile; il n'y a qu'un amour ar» dent de la patrie qui puisse consoler, dédommager » l'homme qui, résistant à toutes les affections que la >> nature et une douce habitude ont rendues chères à » son cœur, à toute sensibilité personnelle, à son exis

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»tence entière, ne pense, n'agit et n'existe que dans » le peuple et avec le peuple; qui, fermant les yeux » sur tout ce qui l'entoure, ne voit que la république » s'élevant dans la postérité sur les tombeaux des conspirateurs et sur les tronçons de la tyrannie..... >> Les démolitions sont trop lentes; il faut des moyens plus rapides à la vengeance républicaine. L'explosion » de la mine et l'activité de la flamme peuvent seules exprimer la toute-puissance du peuple : sa volonté »> ne peut être arrêtée comme celle des tyrans; elle » doit avoir les effets du tonnerre.... Nous célébrons >> aussi des fêtes civiques; mais c'est en immolant à la justice du peuple, sans ménagement, sans exception, >> tous les ennemis de la liberté. Ces sortes de fêtes » présentent, au premier coup d'œil, l'aspect funèbre » des ruines et du néant; mais elles laissent à la mé>> ditation cette pensée consolante, que les tombeaux » de la domination du vice et du crime renferment les » germes féconds, les matrices vigoureuses d'une gé» nération d'hommes libres..... Nous le jurons, le

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peuple sera vengé notre courage sévère répondra » à sa juste impatience; le sol qui fut rougi du sang » des patriotes sera bouleversé; tout ce que le vice et » le crime avaient élevé sera anéanti; et, sur les débris » de cette ville superbe et rebelle qui fut assez cor>> rompue pour demander un maître, le voyageur verra >> avec satisfaction quelques monumens simples élevés » à la mémoire des martyrs de la liberté, et des chau» mières éparses que les amis de l'égalité s'empresse» ront de venir habiter pour y vivre heureux des bien>> faits de la nature..... » Fouché a l'honneur d'avoir rédigé cette lettre à la convention; il l'avoue avec orgueil dans la fameuse séance des jacobins, dont nous parlerons bientôt. En passant à Dijon (ville célèbre

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par les grands hommes qu'elle a produits, et par exemples de grand patriotisme qu'elle a donnés sous les ducs de Bourgogne, sous les rois de France), Fouché fait rassembler la garde nationale, et la harangue. Rien n'est plus froidement atroce que les phrases patriotiques débitées, dans cette circonstance, par le représentant du peuple! Il se rend, le soir, à la société populaire, et y prononce un discours dont les furies et les démons semblent avoir dicté chaque mot. Heureuse encore la ville de Dijon, que Fouché n'y ait pas établi sa résidence proconsulaire!! La conduite politique de cet oratorien est véritablement remarquable: en 1789, 1790, 1791, il professe le plus grand respect pour la constitution, et en 1792 il trahit la constitution; en 1793 et 1794, il est l'admirateur le plus passionné et le défenseur le plus ardent de la montagne et de la terreur, et en 1795 il trahit la terreur et la montagne; en 1795, il est le plus chaud partisan de la constitution de l'an III ou directoriale, et en 1799 il trahit cette constitution et le directoire ; il est, en 1800, le séide du gouvernement consulaire, et il trahit ce gouvernement en 1804; en 1805, il est le séide de Napoléon, et il trahit l'empereur en 1809 et en 1814; il trahit de nouveau Napoléon en 1815; mais, il faut être juste, si malheureusement Napoléon, vainqueur à Waterloo, eût ressaisi la tyrannie impériale, Fouché aurait trahi, en juin 1815, Louis XVIII en faveur de Napoléon! De forfaits en forfaits, et de trahisons en trahisons, Fouché mourra après avoir été trois ou quatre fois ministre après avoir été ministre de Louis XVIII, et revêtu par ce prince d'une ambassade de famille ! !! car l'on doit envisager comme telle l'ambassade de Saxe : le dauphin, père de Louis XVIII, ayant épousé une princesse de Saxe, Louis XVIII

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était cousin-germain du roi de Saxe, auprès duquel lè régicide Fouché déployait le caractère d'ambassadeur.

Collot-d'Herbois, Fouché, Laporte, Albitte, écrivent au comité de salut public: « Citoyens-collègues, >> nous sommes arrêtés sans cesse dans la rapidité de >> notre marche révolutionnaire par de nouveaux ob> stacles qu'il faut franchir, par des complots toujours >> renaissans qu'il faut étouffer. Notre pensée, notre >> existence tout entière sont fixées sur des ruines, sur >> des tombeaux où nous sommes menacés d'être ense» velis nous-mêmes; et cependant nous éprouvons de » secrètes satisfactions, de solides jouissances. La na» ture reprend ses droits, l'humanité nous semble vengée; la patrie consolée, et la république sauvée » assise sur ses véritables bases, les cendres de ses » lâches assassins. Ah! si une sensibilité aussi mal » conçue que dénaturée n'égarait la raison publique, >> ne trompait la conscience générale; si une sérieuse » et courageuse proscription contre tous les oppres>> seurs était prononcée avec la même énergie dans >> toute l'étendue de la république, demain Toulon » serait évacué, tous les ennemis de la France se>> raient anéantis.... La terreur, la salutaire terreur est » vraiment ici à l'ordre du jour; elle comprime tous » les efforts des méchans; elle dépouille le crime de » ses vêtemens et de son or: c'est sous les haillons >> honteux de la misère que se cache le riche royaliste » fumant encore du sang des républicains..... >>

Fouché, Laporte, Méaulle écrivent au comité de salut public: «<......... Il nous paraît difficile de vous exprimer combien nos cœurs sont attristés de l'ex» cessive indulgence avec laquelle vous souffrez qu'on » vienne impunément, à votre barre, enlever la con» fiance et le respect public aux hommes vertueux qui

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» suivent avec le plus d'ardeur et de constance les principes et la marche de la révolution..... Qu'on ▸ vienne couvrir d'accusations impures la commission >> révolutionnaire de Commune-Affranchie..... Ce tri>> bunal mérite toute votre estime..... Ses arrêts ras>> surent et consolent le peuple qui les entend et les » approuve....... C'est à tort qu'on pense nous faire » les honneurs d'un sursis; nous n'en avons point ac» cordé. Notre confiance est sans bornes dans l'austère » probité du tribunal, et nous n'oublierons jamais les principes, au point de croire que nous ayons le droit >> de suspendre le cours de la justice. On cherche en vain, de toutes les manières, à intéresser notre sen» sibilité, à affaiblir l'énergie de notre caractère. Nous » avons fait le sacrifice de nos affections personnelles : >> nous nous enveloppons avec la justice; nous reste>> rons forts et impassibles avec elle. »

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Fouché seul, écrivant au comité de salut public (Moniteur, no. 180, an II) : « Le tableau qu'offrait, » dans la fête qui eut lieu hier, la commission révolu>>tionnaire suivie de deux exécuteurs de la justice na» tionale, tenant en main la hache de la mort, a excité les cris de la sensibilité et de la reconnaissance des >> bons patriotes du peuple...... Ses édifices odieux >> tomberont sous le marteau des républicains et seront » convertis en salpêtre tyrannicide..... (Moniteur, » no. 224, an II). Le sang du crime féconde le sol de la » liberté et affermit sa puissance sur des bases iné>> branlables. >>

Fouché à Collot-d'Herbois, son collègue et son ami (en mission à Toulon): « Et nous aussi, mon ami, » nous avons contribué à la prise de Toulon (V. 19 dé>>cembre) en portant l'épouvante parmi les lâches qui » y sont entrés, en offrant à leurs regards des milliers

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