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deux dito de ligne, cinq frégates et sept autres bâtimens de moindre dimension; trente-huit sont conservés.

Les Anglais agissent à Toulon comme ils agirent en Flandre (V. 6, 9 septembre), comme ils se conduiront en Corse (V. 19 juin 1794), à Quiberon (V. 21 juillet 1795), dans la Vendée (V. 29 mars 1796), à Saint-Domingue (V. 9 mai 1798); partout, et dans tous les temps, ils montrent la même déloyauté, la même rapacité, les mêmes perfidies. Ils pénètrent à Toulon en s'annonçant comme libérateurs, en promettant d'être de fidèles dépositaires des propriétés du roi de France; ils s'y conduisent en flibustiers; ils l'abandonnent en laissant les habitans à la merci des bourreaux. Si le ministre Pitt avait eu le dessein d'appuyer la maison de Bourbon, n'aurait-il pas admis l'offre des émigrés qui demandèrent à faire partie de la garnison de cette place? Il refusa leur concours dans leur propre cause, parce qu'il voulait détruire ce port. Le désespoir et la haine contre des tyrans domestiques avaient fait ouvrir les portes à l'étranger; car les Toulonnais n'avaient admis les pavillons espagnol et britannique que sous condition de protéger le roienfant, Louis XVII, avec la constitution de 1791; de laisser aux magistrats, agissant au nom et sous l'autorité de Monsieur (comte de Provence), la direction des affaires générales. Les Espagnols avaient adopté ces propositions, les Anglais de même, avant d'être introduits; ceux-ci ne tardèrent pas à les enfreindre, et secondés dans leurs projets de désorganisation et de rapine, par des Français dont le nom restera à jamais flétri, ils se conduisirent en révolutionnaires, en pirates, en véritables brigands, volant et incendiant les propriétés du roi de France, dont ils évitaient avec soin de proclamer les droits!!!

Fréron et Barras, délégués de la convention, dignes émules de Collot-d'Herbois et de Fouché, commettent à Toulon des actes de destruction et de barbarie semblables à ceux commis à Lyon (V. 12, 30 octobre). Une proclamation ordonne, sous peine de mort, aux citoyens propriétaires, de se rendre au Champ-deMars pour recevoir des communications importantes. Environ trois mille personnes arrivent et se placent de la manière qui leur est indiquée. Une batterie, démasquée tout à coup, tire sur eux à mitraille. Ceux que le canon n'a pas atteints se jettent à terre, feignant d'avoir perdu la vie. Un moment après, l'un des commissaires (Isnard dit que c'est Fréron) s'écrie: « Que >> ceux qui ne sont pas morts se lèvent, la république >> leur fait grâce. » Trompés pour la seconde fois, ceux qui respirent encore se lèvent : aussitôt une décharge de mousqueterie les renverse; le sabre et la baïonnette achèvent les mutilés. On lit dans les Mémoires de Fréron (éclaircissemens historiques, pièce intitulée Isnard à Fréron): « Par obéissance, nous » allons au Champ-de-Mars; trois mille citoyens s'y >> rendent comme nous... Fréron dit à ses bourreaux : « Entrez dans la foule; séparez-en tous ceux que vous » voudrez, et rassemblez-les le long de ce mur..... On >> entraîne deux cents victimes...... Fréron donne le » signal : de toutes parts le feu tonne. Le crime est » consommé !!! » Il est juste d'observer qu'Isnard attribue tous les désastres de Toulon à Fréron: « Qui a fait cela? C'est Fréron, et toujours Fréron, » dit Isnard.

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On enveloppe dans la proscription générale un grand nombre d'habitans de la campagne, accourus pour se réjouir de la retraite des Anglais : on les fusille avec les Toulonnais. Les fusillades continuent plusieurs jours, et la guillotine sacrifie des femmes

et des enfans. Un vieillard de quatre-vingt-quatorze ans (Beaussier) est porté dans une chaise à bras sur l'échafaud. Une femme vient d'accoucher elle est arrachée de son lit et traînée au supplice. Le sieur Clérin, maître mâteur de vaisseaux qui, quoique âgé de soixante-dix ans, rendait encore les plus grands services à l'arsenal par ses connaissances; un officier retiré, le citoyen Delor, qui avait perdu un bras au service, et le fils de ce dernier ne voulant pas quitter son père, sont fusillés tous trois. On comptait à Toulon vingt-huit mille quatre cents habitans; après quelques semaines, la population ne s'élèvera qu'à sept mille. Barras écrit au comité de salut public, le lendemain même, 30 frimaire : « Chers collègues....... Les >> seuls honnêtes gens que j'aie trouvés à Toulon sont » les galériens........... Tout ce qui est étranger est fait pri» sonnier, tout ce qui est français est fusillé. La jus» tice nationale s'exerce journellement..... » Les con-ventionnels commissaires écrivent le même jour:.......... « La >> vengeance nationale se déploie, l'on fusille à force; déjà tous les officiers de la marine sont exterminés; » la république sera vengée d'une manière digne d'elle; » les mânes des patriotes seront apaisées..... Signé Sa» licetti, Fréron, Ricord, Robespierre jeune, Barras.» Leurs lettres des 16 et 19 nivôse, ou 5 et 8 février 1794 portent : « La majeure partie des habitans s'est embar

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quée, et la justice nationale n'est pas assouvie comme » elle devrait l'être... On avait ouvert l'avis de dé>>truire la ville par l'effet des mines; on ne le pouvait » pas sans risquer de brûler les magasins et l'arsenal. » Il a été décidé que tous les maçons des six départe» mens environnans seront requis d'accourir avec leurs » outils, pour une démolition générale et prompte. » Avec une armée de douze mille maçons, la besogne

» ira grand train, et Toulon doit être rasé en quinze » jours..... Tous les jours, depuis notre entrée, nous »fesons tomber deux cents têtes. Il y a déjà huit cents >> Toulonnais fusillés...... Les fusillades sont ici à l'or» dre du jour........... Fusillades jusqu'à ce qu'il n'y ait plus » de traîtres. » La reprise de Toulon exerce beaucoup d'influence sur l'ensemble des opérations militaires, en rompant toutes les combinaisons auxquelles la possession de cette forteresse par les Anglais servait de base, et dont l'objet était d'amener les hostilités dans le midi de la France. L'importance de cet événement est considérable par l'enthousiasme qu'il répand dans toutes les armées républicaines. Du Var à Brest, des Pyrénées aux bords du Rhin, au cri qui s'élève de toutes parts, « Tou«<lon est pris, les Anglais sont en fuite, » une nouvelle ardeur anime les soldats. Les vainqueurs de Toulon volent en Roussillon, et refoulent les Espagnols en Catalogne. Masséna prélude aux grands succès de l'armée d'Italie (V. 17-28 avril 1794). Sur le Rhin, Pichegru fait lever aux Prussiens le siège de Landau. Vers la Flandre, l'armée de Sambre-et-Meuse, aux ordres de Jourdan, prend une meilleure attitude. Les royalistes de l'ouest sont mis hors d'état d'entreprendre. On pourrait donc assurer que la reprise de Toulon, qui vient d'immortaliser Dugommier, est la cause indirecte de tous les succès qui signaleront la campagne de 1794.

Le combat de Savenay est livré aux Vendéens par 22 décemb. Westermann, Marceau, Kléber, généraux républicains. Après plusieurs rencontres, dont presque toutes sont au désavantage de l'armée des royalistes jetée à la droite de la Loire (V. 16 octobre, 14, 15 novembre), cette armée voudrait se reporter de l'autre côté; mais,

à la vue des difficultés de ce passage, les soldats n'osent entreprendre de le forcer, malgré les instances ef l'exemple de leur chef, La Rochejaquelein, qui, se jetant dans une petite barque, gagnera la rive opposée. Plus intimidés encore depuis son absence et celle de Stofflet, ils fuieront de toutes parts: ces jours verront l'entière dispersion de ces bandes naguère si redoutables. Chefs, officiers, soldats, presque tous périront par la mitraille, le fer, dans les eaux du fleuve1. Ainsi se fond cette armée de quarante mille hommes environ, qui l'avait passé à Saint-Florent. Ils seront impitoyablement mis à mort; et les populations dont la complicité sera présumée par les délégués de la convention, Carrier, Lequinio, hommes dont les noms font frémir, seront presque anéanties.

D'abord, on avait cru retrouver dans ces paysans le courage des Gaulois qui se précipitaient nus et à peine

1 On se ferait difficilement une idée de la confusion et des désordres qui régnaient à cette époque dans l'armée royale; ils étaient, en très-grande partie, l'effet des intrigues, et des prétentions des émigrés arrivant, de Londres, dans l'ouest et en Bretagne ; ils voulaient tous diriger le plan des opérations, et commander en chef. De leur côté, les anciens chefs vendéens voulaient, et avec raison, conserver leur commandement, tandis que les grands seigneurs de l'ancien régime se targuaient, dans la Vendée comme à Londres et en Allemagne, de la supériorité de leur rang et des droits de leur naissance. Parmi ceux-ci, le prince de*** fut un des personnages les plus nuisibles aux succès de l'armée royale. Après la déroute complète de Savenay, le prince de*** se lamentait sur les bords de la Loire, ne sachant comment traverser le fleuve, et n'osant s'exposer à le passer au gué. Stofflet, indigné des questions que lui adressait le prince, lui applique deux coups de plat de sabre sur la figure, en lui disant : « Tiens, voilà comme on passe la Loire. » Le prince se réfugie dans les bois avec son jockei, est traqué et pris par les républicains, et condamné à mort. Il montra peu de courage en montant à l'échafaud. Nous tenons ces faits de témoins oculaires dignes de foi.

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