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let 1789 sans justifier de sa rentrée en France dans les délais fixés par le décret du 30 mars 1792; 2o. tout Français qui ne justifiera pas d'une résidence sans interruption, depuis le 9 mai 1792, etc. Dans huitaine, il sera formé des listes des émigrés avec indication leurs biens; ces listes seront affichées. Pour justifier de la résidence, il faudra présenter un certificat signé de neuf citoyens actifs. Toutes les ventes et autres dispositions des biens des émigrés, depuis le 1er juillet 1789, sont nulles. Les émigrés qui n'ont pas réclamé contre leur inscription sur les listes, lorsqu'elles auront été définitivement arrêtées par les directoires de département, ne pourront plus réclamer. Les émigrés trouvés en France seront convaincus par le seul témoignage de deux personnes d'un civisme reconnu, et condamnés à mort dans les vingt-quatre heures, sans qu'il puisse y avoir lieu à aucun sursis, recours ou demande en cassation. Les filles émigrées, de plus de quatorze et de moins de vingt-un ans, qui rentreront ou sont rentrées en France, seront déportées, et dans le cas où elles reviendraient après la déportation, elles seront punies de mort. Ceux qui seront convaincus d'avoir favorisé la rentrée d'un émigré, en le substituant à quelque autre personne, seront punis de quatre années de fers, et en outre responsables sur leurs biens des torts que ce délit aura occasionés à la république.

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En adoptant ces dispositions, de prétendus républicains imitent un roi (Louis XIV) qui saisit les biens des calvinistes empressés de fuir une patrie marâtre. Dès 1689, quatre ans après la révocation de l'édit de Nantes, le fisc se trouvait détenteur des héritages de cent mille citoyens; quoique des biens considérables eussent été déjà livrés à de nouveaux convertis pour

animer leur ferveur, ou bien à des protégés de la cour. Toutes les formes légales, établies dans la monarchie, avaient été violées par ces confiscations, aucun arrêt des tribunaux n'en avait prononcé la validité; on n'avait point intenté de procès contre cette multitude de proscrits, et, pour s'emparer de leurs propriétés, une simple dénonciation avait suffi. Font-ils autre chose les démagogues actuels, que reproduire en les calquant tous ces actes du pouvoir absolu de Louis XIV, de ce souverain abusé et gouverné par une vieille bigote, par de cupides jésuites, et par de méchans et ineptes ministres? Chaque horreur, chaque iniquité commises à cette époque de notre révolution sont l'imitation d'un trait de notre propre histoire ; il n'y a que la condamnation de Louis XVI qui soit puisée dans l'histoire d'Angleterre.

Une loi ordonne, dans les villes au-dessus de 29 mars. trois mille âmes, d'afficher à l'extérieur des maisons les noms, âges et professions de ceux qui les habitent. Cambacérès, dans la séance de la veille, avait appuyé vivement le projet de loi présenté pour accélérer la vente des biens des émigrés. Dans la séance de ce jour, il insiste sur la nécessité de connaître tous les ennemis de la république, et d'empêcher, par tous les moyens possibles, que l'obscurité ne les dérobe au glaive de la loi. Cambacérès regarde comme une mesure qui doit puissamment contribuer au salut de la patrie, l'obligation imposée aux propriétaires ou locataires principaux de maisons de faire afficher à l'extérieur, dans un endroit apparent et à portée de vue, les noms, prénoms et qualités de tous les individus qui y sont logés. On ne saurait refuser à Cambacérès le génie des mesures et des précautions révolutionnaires.

31 mars.

rer, avril.

4 avril.

Dumouriez négocie en secret avec les Autrichiens il leur livre Bréda et Gertruydemberg, comme des gages de la sincérité de son projet d'attaquer la convention et le gouvernement républicain.

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Un arrêté pris par les commissaires de la majorité des sections de Paris (V. le 12), déclare qu'ils se constituent en assemblée centrale de salut public correspondant avec les départemens, sous la sauvegarde du peuple; exposant en outre que leur objet est de surveiller les administrations, les ministres, la convention nationale elle-même (V. 15 avril) de veiller particulièrement sur les subsistances, d'établir enfin la seule égalité réelle, celle des biens.

Les conventionnels Camus, Quinette, Lamarque', Bancal, et le ministre de la guerre Beurnonville, envoyés pour arrêter le général Dumouriez, sont euxmêmes arrêtés et livrés aux Autrichiens.

Le général Dumouriez ayant trop présumé de ses moyens et de son influence, ne pouvant engager les soldats qu'il commande à seconder ses projets pour délivrer la France de la tyrannie de la convention, rétablir la constitution de 1791, et mettre le duc de Chartres-Orléans (général Égalité) sur le trône de France, s'échappe de son quartier général, établi aux Bains-Saint-Amand (Nord), et se réfugie aux avant-postes autrichiens, accompagné du duc de Chartres-Orléans, et de Valence, généraux de division.. Jamais il ne fut dévoué à Louis XVI, ni franc constitutionnel, ni républicain de bonne foi. D'un esprit inquiet, d'un caractère turbulent, il voulait se faire distinguer à quelque prix et sous quelque point de vue que ce fût, sans cesse prêt à sacrifier

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tout à son ambition et à sa vanité. Ici néanmoins se termine la carrière politique d'un homme beaucoup trop cité, qui prit l'intrigue pour la gloire, le bruit pour la célébrité; qui désavouait les doctrines et changeait de conduite au gré des circonstances, et qui ne fit qu'entreprendre sans obtenir de résultat. Dumouriez, dont l'influence politique fut si désastreuse pour Louis XVI, a néanmoins trouvé des panégyristes parmi les émigrés; Rivarol a fait son éloge ; M. de Châteaubriand, dans son Essai historique, politique et moral sur les révolutions, vol. 1er., pag. 332, Londres, 1797, a dit de ce général : De petites formes, de petits traits, un air >> remuant et pertinent, cachent cependant dans » M. Dumouriez des talens peu ordinaires. On lui a » fait un crime de la versatilité de ses principes : supposé que ce reproche fût vrai, aurait-il été plus coupable que le reste de son siècle? Nous » autres, Romains de cet âge de vertu, tous tant que »> nous sommes, nous tenons en réserve nos costumes politiques pour le moment de la pièce ; et moyennant » un demi-écu qu'on donne à la porte, chacun peut » se procurer le plaisir de nous faire jouer avec la >> toge ou la livrée, tour à tour un Cassius ou un valet.» Après avoir été l'homme de la révolution et celui du roi, après avoir été l'homme de Philippe d'Orléans (Egalité) et celui des girondins Dumouriez ne put échapper à la mort que par la fuite. Rentré dans une obscurité désespérante, il publiera des mémoires à sa louange; mais loin de croire aux protestations de la pureté de ses vues, chacun restera persuadé que si cet ambitieux sans pudeur trahit les jacobins, ce ne fut qu'au moment où il cessa de leur convenir, et où sa tête était destinée

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au fer de la guillotine. Le prince de Cobourg, commandant les Autrichiens, qui avait annoncé l'emploi de ses forces pour la restauration de la constitution de 1791, reçoit de son cabinet l'ordre de ne donner aucun espoir de cette nature, puisque ce prétexte, mis en avant pour s'attacher un parti, ne saurait plus servir depuis l'évasion du général français. Il est remarquable que Dumouriez, dont la haute fortune venait de ses liaisons avec les girondins, avec ces hommes qui ravirent au roi son pouvoir et sa liberté, que Dumouriez, membre du club des jacobins, se voie favorablement traité de ces mêmes puissances qui retiennent prisonnier avec une si brutale dureté La Fayette (V. 18 août 1792), dont la vie politique est exempte de ces taches ignominieuses. Le duc de Chartres-Orléans conservera toujours sa confiance et son amitié à Dumouriez, et entretiendra avec lui une correspondance suivie. En 1822, le duc d'Orléans accordera à Dumouriez une pension de dix mille francs. On a dit dans le temps que les conseils de Dumouriez déterminèrent le duc d'Orléans à offrir en 1813 (V. cette date), son nom, son bras et son épée à la régence espagnole. Les magnanimes sentimens qui animaient le prince le décidèrent à soutenir de tous ses efforts la cause sacrée de la légitimité et les droits de Ferdinand; mais la calomnie avait précédé l'arrivée du duc d'Orléans à l'île de Léon, et ce prince reçut l'ordre de quitter l'Espagne sous vingt-quatre heures. La régence nomma le capitaine général Castanos pour en répondre jusqu'au moment de son embarquement.

Dumouriez ne cessera, pendant vingt années, de susciter des ennemis à la France, d'exciter à de nouvelles guerres toutes les puissances du continent; il

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