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fera plans de campagne sur plans de plans de campagne; il deviendra le conseiller dirigeant du duc de Wellington en Espagne, lui indiquera la marche et les opérations à suivre, et contribuera puissamment par ses conseils à la gloire du général anglais, qui lui exprimera dans ses nombreuses lettres (on les a lues) toute sa reconnaissance des services que le général français lui aura rendus. Enfin Dumouriez tracera à Wellington la marche à suivre pour entrer en France et envahir les provinces méridionales du royaume.

Dans la séance du 10 mars Cambacérès s'était élevé avec beaucoup de véhémence contre des pétitionnaires de la section Poissonnière, qui dénonçaient Dumouriez comme trahissant la république, qui citaient, en preuves de la trahison, ses intelligences avec des généraux autrichiens, les intrigues qu'il tramait ouvertement à Paris, et les lettres qu'il y écrivait à ses affidés; les pétitionnaires ne craignaient pas de dire que les opérations militaires de Dumouriez tendaient, d'une manière directe, à ouvrir aux ennemis les frontières de la république ; ils réclamaient les mesures nécessaires pour sauver la chose publique. Cambacérès, après avoir beaucoup parlé de la haine qu'il portait à la royauté, et de l'ardeur de son républicanisme, fit le plus pompeux éloge des talens, des services et du civisme de Dumouriez. Le 26 mars Cambacérès monta à la tribune, et présenta, au nom du comité de sûreté générale, un rapport sur l'infâme défection de Dumouriez, communiqua les pièces qui la constataient, et annonça à l'assemblée que le comité avait pris les mesures les plus énergiques pour s'assurer de tous les individus « qui, soit » par leur naissance, soit par leurs liaisons avec › Dumouriez, ses agens ou partisans, pouvaient être

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6 avril.

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soupçonnés d'avoir pris part au projet formé par » ce général pour rétablir la royauté. » La virulente sortie de Cambacérès jeta l'épouvante parmi les girondins, et fut en quelque sorte le prélude de la révolution du 31 mai ( V. plus bas cette date). Dès cet instant, Dumouriez ne fut plus aux yeux de tout le monde que ce qu'il était réellement, un intrigant qui travaillait, dans les vues de son ambition personsonnelle, à placer la couronne sur la tête du duc d'Orléans.

Une loi établit au sein de la convention un comité de salut public composé de neuf membres. Il est chargé de surveiller et de diriger l'action du pouvoir exécutif. Ses délibérations seront secrètes. Dans les circonstances urgentes, il prendra des mesures générales. Il fera, chaque semaine, un rapport général et par écrit, de ses opérations et de la situation de la république. Les patriotes, jugés dignes d'y être reçus à sa formation, sont : Barrère, Delmas, Bréard, Cambon, Jean Debry, Danton, Guyton-Morveau (chimiste), Treilhard, Delacroix; les suppléans sont : Isnard, Lindet, Cambacérès. Le renouvellement doit s'effectuer de mois en mois. Les attributions du comité comprennent la correspondance générale, et l'initiative exclusive des décrets en matières administratives. Le comité remet des pouvoirs illimités aux commissaires de la convention envoyés dans les départemens; il dresse leurs instructions. Bientôt, il obtiendra la faculté de les déplacer et de les remplacer. La distribution de tous les emplois dérive de lui, dans le régime actuel, par son influence sur les ministres ; et sans intermédiaire, après la suppression du conseil exécutif (V. 1er avril 1794).

En suite de ces dispositions, le comité de sûreté générale (V. 25 mars) est dorénavant chargé d'administrer la police, que le comité de salut public doit diriger et régler par des mesures générales. Ce premier comité est une sorte de puissance exécutive; il se qualifie comité du gouvernement, ne reconnaissant d'autorité supérieure à la sienne que les décrets de la convention nationale : cependant, il obéit au génie du gouvernement, et le gouvernement réside essentiellement dans le comité de salut public. Ce comité ne s'attribuera la suprématie sur les autres comités qu'après la chute des girondins, à l'époque où ses délibérations seront commandées et ses arrêtés dictés par les triumvirs, Robespierre, Couthon, Saint-Just. Alors, ils appelleront le comité de sûreté générale non pour prendre ses avis, mais pour lui prescrire leurs volontés. Le comité qu'ils font ainsi prédominer et qu'ils concentrent dans leurs trois personnes, pourra supposer ou dissimuler les besoins, exagérer ou cacher les ressources; disposant de la fabrication et de l'émission des assignats, donnant des ordres directs à la commune de Paris, il dirigera les insurrections : enfin, ne rendant à la convention que des comptes sommaires, il réunit tous les moyens du pouvoir suprême, d'un pouvoir sans contrôle; il a tous les moyens de fanatiser la grossière multitude et d'enchaîner les citoyens.

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« A Rome, dit Montesquieu, il y avait une loi de majesté contre ceux qui commettaient un attentat » contre le peuple romain. Tibère se saisit de cette loi, » et l'appliqua, non pas aux cas pour lesquels elle avait »été faite, mais à tout ce qui put servir sa haine ou » ses défiances. Ce n'étaient pas seulement les actions qui tombaient dans le cas de cette loi; mais des ра» roles, des signes et des pensées même car, ce qui

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8 avril.

8 avril.

9 avril.

» se dit dans ces épanchemens du cœur que la conver»sation produit entre deux amis, ne peut être regardé que comme des pensées. Il n'y eut donc plus de » liberté dans les festins, de confiance dans les parentés, de fidélité dans les esclaves........ L'amitié fut regardée comme un écueil, l'ingénuité comme une imprudence, la vertu comme une affectation qui pouvait rappeler dans l'esprit des peuples le bonheur des temps précédens.

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Un décret porte que les députés convaincus d'un délit national seront livrés sur-le-champ au tribunal révolutionnaire. Cette résolution, fortement appuyée par les girondins, est une arme terrible qui ne tardera guère à les frapper eux-mêmes. Bientôt, les jacobins, parvenant au faîte du pouvoir (V. 11 mai), mais interprétant ou changeant les lois, seront impunément cruels, dévastateurs; ils feront un exécrable usage de ce décret; ils trouveront, dans cet acte qui détruit l'inviolabilité des députés, la facilité de se porter aux dernières extrémités, en épouvantant la majorité de la convention : majorité composée d'hommes dont l'âme n'est ni dépravée ni sanguinaire; mais, hommes faibles, peu instruits, abusés et entraînés par des idées de gloire ou de régénération nationale. L'adoption de ce décret décèle une complète ignorance des élémens de la liberté publique.

D'après un décret, fous les individus de la famille de Bourbon, hors ceux détenus au Temple, seront détenus à Marseille (V. 16 décembre 1792).

Tous les Bourbons désignés dans le décret du jour précédent partent pour Marseille, y compris Philippe Egalité (duc d'Orléans) dont la convention a refusé

la demande d'être excepté de cette mesure, quoiqu'il fasse valoir son vote pour la mort de Louis XVI.

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Une loi révolutionnaire établit près de chaque gavril. armée des représentans du peuple, pris dans la convention et investis de pouvoirs illimités. Les généraux et tous les fonctionnaires civils sont tenus d'obéir à leurs ordres. La convention met sur pied dix armées du Nord et des Ardennes, Custine; de la Moselle, Houchard; du Rhin, Alexandre Beauharnais; des Alpes, Kellerman; d'Italie, Brunet; des PyrénéesOrientales, Deflers; des Pyrénées-Occidentales, Dubousquet; des Côtes de la Rochelle, Canclaux; des Côtes de la Manche, Félix Wimpfen; de l'Ouest Westermann.

Une loi défend la vente du numéraire, sous peine 11 avril. de six années de fers.

Le parti dit de la Gironde (V. 29 mai 1792), au- 13 avril. jourd'hui séparé des jacobins, fait décréter d'accusation le féroce Marat, conventionnel et journaliste. Le décret est émis à la majorité de deux cent vingt voix contre quatre-vingt-douze, après un appel nominal qui, commencé la veille, ne se termine que le matin à sept heures. Quarante-huit membres se récusent, par le motif qu'ils sont habituellement dénoncés dans les écrits de Marat. L'effrayante popularité dont jouit cet homme, a fait de l'appel nominal une sorte de solennité. Le décret proclamé, l'assemblée se sépare en silence, mais assaillie par les murmures, les cris et les menaces des habitués des tribunes (V. le 24). Tout cela montre que la grande majorité des députés désire la fin des excès; mais que, pour entrer

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